Dimanche, toujours rien à Garnier… vivement jeudi que j’y aille pour la séance de travail des Enfants du Paradis. Heureusement qu’il y a la retransmission des ballets du Bolchoï au
cinéma. Cet après midi je vais voir Le Lac des cygnes dans une version que je ne connais pas du tout. Je rate le prologue à cause d’un léger retard de métro. J’arrive en plein premier acte, et c’est avec plaisir que je vois le bouffon entrer en scène. J’aime bien ce rôle, il permet de donner un troisième rôle masculin important. Ce soir il est dansé par Lopatin. Les danses du corps de ballet sont belles. Les costumes tons or et argent donnent un aspect très noble à cette cour. Le petit pas de trois est assez réussi malgré une deuxième soupirante qui a tendance à s’emmêler les pinceaux. La variation du prince est impeccable, je suis juste étonnée qu’il ne batte pas ses assemblés. Ceci-dit ses envolées sont amples et tombent dans des cinquièmes bien fermées, ce qui donne un air rigoureux à ce personnage. Lopatin quant à lui m’émerveille dans sa variation où il accomplit de très beaux fouettés. Les emboîtés, par contre, frôlent le ridicule dans cette variation. La danse des coupes est celle que j’avais vu en grande leçon au CNSMDP et c’est vrai que c’est tout de même pas mal en danse de couples.
Au deuxième acte, je suis très surprise par la scène de l’entrée d’Odette. J’avais du mal à imaginer Alexandrova en cygne. Elle a ce côté pétillant qui donne du corps à des rôles
comme Kitri ou Jeanne comme on a pu le voir récemment. En Odette, pas
de sourire, et c’est bien dommage, car c’est tout de même cela qui fait le charme d’Alexandrova. L’entrée d’Odette se fait sans pantomime. Pas d’explication sur ce lac avec des cygnes, pas d’explication sur cette princesse enfermée dans le corps d’un cygne. Ici c’est un oiseau, dominé par un être maléfique. Elle a un regard désespérée qui charme le prince. C’est bizarre cette entrée d’Odile sans la pantomime, ça a moins de sens, on ne comprend pas bien pourquoi il tombe amoureux d’elle. L’acte blanc est superbe. Enfin quatre petits cygnes impeccables, avec des têtes liées, de la légèreté, bref quelque chose qui a du sens, et qui danse ! La coda qui est mon passage préférée est très rythmée, Alexandrova peut s’y exprimer dans un travail de pointes et de bras
assez admirable.Je reste cependant sceptique sur le choix d’Alexandrova qui n’a définitivement pas le physique d’un cygne et dont le tutu blanc ne met pas le corps en valeur.
Le troisième acte semble toujours un peu long en attendant l’arrivée d’Odile et de Rothbart. A mon étonnement, les danses traditionnelles, différentes de celles qu’on voit ici
dans la version Noureev, sont beaucoup plus intéressantes. L’espagnole est superbe, pleine de vie, la napolitaine est réjouissante, seul petit point faible, le tambourin ne produit aucun son, la danse hongroise est un défilé de petites poupées, et la danse bulgare (ou russe cela dépend des versions..) est elle aussi pleine de surprises. Toutes sont sur pointes avec jolies danseuses, qui en toute logique deviennent les fiancées proposées au prince. Cela a d’ailleurs plus de sens que dans la version Noureev où surgissent de nulle part, six fiancées pour le prince. L’arrivée de Rothbart et d’Odile me fait pouffer de rire par tant de kitsch ! Un rideau tombe au milieu de la scène ; dessus deux cygnes s’enlacent, un blanc un noir. Rothbart vient avec une armée de cygnes noirs (j’exagère, six !) qui encadrent la scène. J’ai adoré Alexandrova en Odile, les deux variations sont impeccables. Et oui car dans cette version il y a la deuxième variation d’Odile que j’aime tant. Le duo avec Rothbart est génial, le jeu de séduction est maléfique. Le piège est bien ficelé, on se laisse embarquer malgré le décor kitsch.
Au quatrième acte, je décroche. Peut être est-ce le fait que ce soit au cinéma ou bien parce que je reste très contente de la performance d’Alexandrova en Odile. Je ne sais pas.
L’orage mêle cygnes noirs et blancs, pas de fin Walt Disney (il y a déjà suffisamment de kitsch comme cela) heureusement ! Pas d’émotions pour moi dans ce dernier acte, je reste à côté.
Comme d’habitude j’ai passé un bon moment au cinéma. Je trouve l’initiative très bonne. J’ai appris récemment que les ballets par le Bolchoï attiraient plus de monde que ceux de l’Opéra de Paris. L’an prochain, on pourra voir Esmeralda, La Belle au bois dormant, Casse-Noisette, Le Corsaire, Le Clair Ruisseau et Raymonda. Je vous en reparlerai d’ici là bien entendu.
Musique : Piotr Ilyich Tchaikovsky
Libretto: Yuri Grigorovich
Choréographie : Yuri Grigorovich
Scènes choreographiées par : Marius Petipa, Lev Ivanov, Alexander Gorsky
Mise en scène revue par : Margarita Prokudina
Odette : Mariya Aleksandrova
Prince Siegfried : Ruslan Skvortsov
Rothbart : Nikolay Tsiskaridze
Musique par l’Orchestra of the State Academic Bolshoi Theatre of Russia
Maîtres de ballet : Svetlana Adyrkhaeva, Lyudmila Semenyaka, Marina Kondratieva, Tatiana Krasina, Nikolay Fadeechev, Vasiliy Vorokhobko, Valeriy Lagunov