Vincent Chaillet

Rencontre autour de Roméo et Juliette, Sasha Waltz

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Pour un premier jour de vacances, quoi de mieux que d’assister à une répétition à l’amphi Bastille ? Et bien rien alors après un petit verre avec V***, rencontrée par Danse en Seine,  avec qui on papote de danse, d’abonnements, et d’Arop, direction l’amphi.

Installée au premier rang, avec Elendae et Fab, j’ai une place idéale pour apprécier la répétition. Brigitte Lefèvre présente la répétition. Roméo et Juliette de Sasha Waltz succède à La Bayadère à Bastille. Cette pièce est un opéra dansé. Elle permet de réunir différents artistes qui trouvent plaisir à travailler ensemble. C’est une très belle oeuvre. Gérard Mortier a pensé à mettre une chorégraphie sur cette musique et Brigitte Lefèvre a pensé à Sasha Waltz. Cette dernière a accepté assez facilement. Quand elle était à l’Opéra, le temps était différent, car c’était un temps de création et donc d’émulation. Sasha Waltz a la même devise que Picasso « Je ne cherche pas, je trouve ». Elle a su trouver une osmose entre elle et les danseurs.

Elle avait deux assistants à l’époque qui sont venus remonter la pièce : Luc Dunberry et Juan Kruz Diaz de Garaio Esnaola (que pour des commodités on appellera Juan!). C’est ce dernier qui va conduire la répétition.

Ce sont Mélanie Hurel et Vincent Chaillet qui vont danser les rôles de Juliette et Roméo. Ils nous montrent la répétition du premier pas de deux, celui de l’amour. Ils se sont vus, ils se sont plus, maintenant ils vont danser ensemble.

La répétition fut passionnante, menée par Juan, qui aiguise au millimètre les intentions de la chorégraphe. Il rappelle d’emblée la spontanéité du mouvement, il ne doit pas être
dirigé, ni anticipé. si un choix se fait avec le corps, il faut que ce soit au dernier moment, pour garder le plus de naturel possible. D’autre part, il faut les deux danseurs se rappellent, qu’ils sont au tout début de leur amour. si Roméo sait que c’est elle qui le touche, c’est la première fois que Juliette l’approche de si près, c’est donc une étape importante dans leur relation. Roméo et Juliette sont presque des enfants, ils découvrent cette sensation de l’amour « Ne sois pas convaincu, ne te dis pas elle est à moi ». Chaque petit pas doit être un frisson, car c’est une étape de plus dans cet amour naissant. Les mouvements doivent être exécutés avec cette idée « j’ose ou je n’ose pas ». Il y a besoin de pudeur dans cette relation et par conséquent dans l’intention des gestes. En même temps, c’est une relation où on doit s’assurer de certaines choses, c’est pour cela que souvent Juliette doit se laisser aller dans les bras de Roméo. « Mélanie, assure-toi que c’est lui qui te porte ». Le porté où Juliette est contre le buste de Roméo et monte sa jambe pour être en planche, est très délicat et on sent l’harmonie des corps entre les deux danseurs.

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La relation progresse à mesure que le pas de deux avance. Si il y a toujours de la pudeur entre les deux amants, mais Juliette émet le désir d’être caressée par Roméo quand elle prend ses bras s’enlace avec. Roméo doit montrer ce désir en ne la quittant jamais des yeux. Ainsi Vincent Chaillet doit se tordre le cou dans de nombreuses rotations. Ils doivent le moins possible lâcher le contact entre eux. Les jambes doivent avoir la même sensualité que les jambes. D’ailleurs, le moment où Roméo est au sol et Juliette joue de ses jambes autour de lui, est applaudi par la salle absorbée par ce moment de sensualité.

Juan insiste sur la légèreté du corps, et le placement du poids du corps, pour ne pas perdre d’énergie. Le pas de deux dure douze minutes, il faut donc faire attention à garder
la même énergie et pour cela, pour à la fois être juste dans le mouvement et dans les intentions, il faut laisser aller son corps dans certaines inerties. Mélanie Hurel doit étirer sa planche à son maximum sans cambrer, pour gagner en légèreté et ainsi soulager Vincent Chaillet. En outre, en s’étirant, le visuel sera plus beau. On aura cette sensation de plénitude. « Le plus vous vous laissez aller l’un à l’autre, le moins vous aurez à vous reposer sur votre propre corps. » Mélanie Hurel doit se laisser emmener dans un porté « Reste derrière, attend qu’il t’amène. » Il faut laisser les lois physiques travailler par elles mêmes. Les chutes doivent continuer, il faut laisser le mouvement continuer. De même, la tête doit être relâchée et suivre le mouvement. Juan corrige la puissance dans les jambes. Si la technique est là, il faut plus dépendre de l’autre. Quand Juliette est en arabesque contre son corps, il faut qu’elle dépendent de lui. Si il n’est pas là, elle doit tomber. Le regard doit être attiré par cela, pas par l’arabesque.

Il faut voir la jeunesse de Roméo et Juliette, le public doit comprendre cela. Dans la chorégraphie il y a des moments ludiques, presque comme un jeu. Par exemple, les
tourbillons dans lesquels ils se cherchent du regard, les petits sauts. Il faut garder cet esprit ludique plutôt que d’essayer de bien danser, il faut donc se débarrasser de tout les habitudes qu’on peut avoir avec les danse classique. Relâcher la tête, avoir une course naturelle.

La chorégraphie jongle entre ces moments de jeu et des moments d’amour et de sensualité. Juliette tombe sur le buste de Roméo, il la caresse de sa main et choisit le visage. Ce moment est comme un chantage émotionnel. Juliette doit s’assurer de nouveau qu’elle ne se trompe pas. « Est-ce que tu m’aimes ? Tu m’aimes vraiment ? Montre moi que tu m’aimes. «  Là encore Juliette émet un désir, elle poursuit cette caresse autour de son cou et de sa poitrine. Il faut qu’on voit la continuité entre la main de Roméo et la sienne. C’est ce qu’elle aurait aimé qu’il fasse.

Après une heure de répétition, elle se termine. Nous n’avons pas pu revoir tout le travail du début faute de temps, ni le pas de deux en entier. J’aurai pu rester des heures à voir Juan corriger, affiner, conseiller, faire sentir expliquer chaque pas. C’était une fois de plus très intéressant. Rendez-vous l’an prochain pour les prochaines répétitions publiques. Au programme, on verra Sous Apparence de MAG, Don Quichotte, Kaguyahime, un extrait de la soirée mixte, et La Sylphide.

A lire aussi Blog à petit pas

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Les distributions de Roméo et Juliette :

Les 7, 9, 10, 12, 15, 17, 20 mai

Juliette Aurélie Dupont
Roméo Hervé Moreau
Père Laurence Nicolas Paul

Les 13 et 16 mai

Juliette Mélanie Hurel
Roméo Vincent Chaillet
Père Laurence Vincent Cordier

 

Hector Berlioz Musique
Sasha Waltz Chorégraphie (Opéra national de Paris, 2007)
Pia Maier-Schriever, Thomas Schenk et Sasha Waltz Décors
Bernd Skodzig Costumes
David Finn Lumières

Il y a des places pour toutes les dates. Pour réserver, suivez le lien.

Nouvelles du 14 novembre

Making of d'un film de Deyan Parouchev

© Deyan Parouchev

Mais qui se cache dans le reflet de ce miroir ? Une danseuse de l’Opéra de Paris.. mais laquelle? A vous de trouver ! Mon ami Deyan a réalisé un petit film avec la jolie coryphée, d’une féerie fabuleuse. J’espère qu’un jour, vous aurez l’occasion de le voir.

  • La sortie de la semaine : Viva V.e.r.d.i. !

Samedi soir je suis allée voir La Force du destin avec mon amie H***. Cette dernière, chanteuse fabuleuse, dont j’ai découvert la voix il y a quinze jours, m’avait proposé qu’on aille voir cet opéra. « Il faut voir ça ! Il n’a pas été joué à Paris depuis 30 ans ! Tu vas écouter le meilleur ténor en plus !  » Galère pour trouver des places (merci D***), on pensait en avoir quatre, finalement on en a eu que deux, que faire de l’ami venu en plus tout content de voir le dit opéra. Ni une, ni deux, je fais un petit panneau avec mon carnet. J’ai du attendre une minute, un charmant monsieur me fait don d’une place, cadeau inespéré sachant que nous devions être une cinquantaine avec le même message. Je remercie encore ce généreux gentleman.

Je n’ai jamais vu une générale comme cela. Tout d’abord, l’Opéra était plein comme un œuf. Quand je dis plein, c’est plein, à savoir que j’ai vu le premier acte debout, au deuxième balcon. Vous vous en doutez, j’ai réussi à me replacer après. Je veux bien découvrir l’opéra et essayer de comprendre quelque chose mais dans de bonnes conditions. J’ai beaucoup aimé la musique, qui m’a envoûtée. C’est un opéra qui s’écoute avec aisance, les airs sont tellement connus qu’ils vous restent en tête. La trame de l’histoire est un vrai roman d’aventures. Je vous la fait courte (attention spoiler !). Une jeune femme veut fuir une nuit avec son amant, mais elle tombe sur son père et l’amant le tue par accident. Elle s’enfuie, se réfugie dans une abbaye, où elle deviendra une ermite, apeurée par la menace de mort de son frère. L’amant s’engage dans l’armée, où il croisera son « beau-frère » qui voudra le tuer. Il fuira et se fera moine dans la fameuse abbaye. Le frère le retrouve, ils se pourchassent, arrive à la grotte de Léonora (oui c’est le nom de la jeune femme). Il reconnaît sa soeur, la tue, se fait tuer. Seul l’amant reste en vie. Fin de l’histoire.

La Force du destin

On est complètement happé par l’histoire. Ça avance vite, on a envie de savoir la suite, comme quand on lit un bon roman. Le hic pour moi se trouve dans la mise en scène. J’ai trouvé ça très laid. Que ce soit les costumes, les décors, la scénographie, je n’ai vraiment pas été convaincue. J’ai lu dans En scène, que le metteur en scène a voulu nous plonger au coeur du XIXème siècle, dans l’univers de Verdi. Ça bouge tout le temps pour rien, on met des rideaux, on les enlève, on voit les cintres sans cesse, on met la table, on enlève la table, on plie les nappes, on installe des brancards, on les retire. Tout ça pour ne pas mettre beaucoup en valeur les chanteurs au final. Le gros Jésus Christ qui descend du ciel écrase la chanteuse. Il n’y a que la scène de fin qui trouve grâce à mes yeux, j’ai trouvé cela plutôt beau.

Le monde du lyrique est décidément bien différent de celui de la danse. Quand je n’aime pas une pièce de théâtre ou un ballet ou n’importe quel spectacle vivant à vrai dire, il m’arrive de partir de la salle si la chose est insoutenable, ou bien si je suis courageuse et tiens jusqu’à la fin des saluts, et dans ce cas, je m’abstiens d’applaudir. Or, pour la première fois, j’ai entendu le public huer une artiste, de façon très virulente. Au moment où la chanteuse est entrée sur scène, un flot de hurlements, de sifflements se sont abattus sur elle. Fâchée, elle est sortie immédiatement de scène. Je suis restée bouche bée. J’aime bien comprendre j’ai donc demandé à mes voisins qui faisaient visiblement partie des mécontents. La réponse « Elle n’a pas chanté à pleine voix, c’est son choix, il faut assumer ». Wahou ! Ils sont fous ces mélomanes. Je n’imagine pas l’idée de huer Nicolas Le Riche (bizarre c’est le premier nom qui me vient à l’esprit…) qui marquerait pendant une répétition… J’ai trouvé cela sévère quoi qu’il en soit.

Je résume, allez-y, parait il que ça n’a pas été donné à Paris depuis trrrrrès longtemps, la musique et le chant sont sublimes. Vous pourrez fermer les yeux sur la mise en scène, si comme moi la ringardise vous pique les yeux.

Si vous ne pouvez pas vous y rendre, l’opéra sera diffusé en direct le 10 décembre sur France Musiques.

  • En vrac

 

Pensez à réservez vos places (gratuites) pour le junior Ballet contemporain les 23, 24 et 25 novembre. Réservations par mail au reservation@cnsmdp.fr.   Pour ma part
j’y serai le 24.

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Edward Villela aurait été forcé de partir du Miami City Ballet. A lire dans le New-York Times, un article qui explique le dilemme.

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Vincent Chaillet est retiré des distributions de Cendrillon, 5 semaines d’arrêt lui sont nécessaires pour soigner la déchirure. Mathias Heymann lui aussi blessé, après avoir bien tiré sur la corde, ne dansera pas Onéguine.

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Samedi à 17h, il y a une conférence à Chaillot avec Federica Fratagnoli (docteur au Département danse de l’Université de Paris 8) sur le thème « frapper » en danse.

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Toujours d’actualité, Deyan vend le sac Repetto qui a servi au tournage. Si cela vous intéresse suivez le lien pour voir le sac et contactez en message privé pour plus de renseignements.

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Je suis en pleine préparation de ma liste de Noël (oui déjà). J’ai fait un tour à la boutique de l’Opéra, j’ai déjà vu plein de jolies choses. Et ils ont enfin remis du miel ! Comme quoi il n’y en a pas que pour le restaurant.

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Joy Womack a remporté le Youth America Grand Prix qui se déroulait à Paris.

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Ne manquez pas dimanche à 16h dans vos cinémas le Bolchoï au cinéma avec La Belle au bois dormant

Et oui encore le concours ! D’ailleurs beaucoup de vidéos des concours
précédents ont disparu. Je ne trouve plus l’Arepo de Vincent Chaillet, la Raymonda de Kora Dayanova, les variations d’Allister Madin. Heureusement que Mathilde Froustey, Sophia Parcen, et
Sébastien Bertaud laisse les leurs. Voici justement la superbe variation de Sébastien Bertaud de cette année. Quel dommage qu’il ne soit pas monté tout de même.

 

Nouvelles de la Toussaint

Les vignes de Givry en Saône et Loire

 

De la Bretagne à la Bourgogne, il n’y a qu’un pas. Après une escapade maritime, me voilà au milieu des vignes, pour grappiller les derniers raisins laissés après les vendanges et surtout boire les fameux vins. Voici celles de Givry, qui produisent le divin breuvage. Rien de tel avec un bon poulet de Bresse, qui me rappelle l’enfance. Ecoutez la chanson de Juliette, Petite Messe Solennelle, le vin réjouit les coeurs, surtout ceux de la côte châlonnaise !

  • La sortie de la semaine : Marie-Antoinette à l’Opéra de Versailles

Deux bonnes raisons d’aller voir ce ballet : c’est une première en France et c’est à Versailles. Le ballet raconte l’histoire de cette princesse autrichienne devenue reine de France. C’est dansé par le ballet de Vienne, dirigé par notre belle étoile, Manuel Legris. Voici le détail du programme que vous pouvez aussi retrouver sur le site officiel :

ACTE I
SORTIE DE L’OMBRE
Georg Philipp Telemann, extrait du concerto pour violon en G-Dur | Destin et ombre

À LA COUR DE VIENNE
Antonio Vivaldi, extrait du concerto pour violon en D-Dur « Il Grosso Mogul » | Marie-Thérèse, Marie-Antoinette, Mercy, membres de la Cour de Vienne
Luis Miguel Cobo | Destin et ombre


BIENVENUE EN FRANCE

Chevalier de Saint-Georges, extrait de la symphonie concertante en G-Dur | Destin et ombre, Marie-Thérèse, Louis XV, Marie-Antoinette, Louis XVI en tant
que Dauphin, Madame Elisabeth, Mercy

Luis Miguel Cobo | Destin et ombre, membres de la Cour de Vienne et de Versailles

LA REINE DU ROCOCO

Wolfgang Amadeus Mozart, extrait de la symphonie en B-Dur KV Anh. 214 (45b) | Le bal
Georg Philipp Telemann, extrait de la suite en a-Moll pour flûte à bec, hautbois, instrument à cordes et basse continue | Marie-Antoinette, Louis XVI,
Madame Elisabeth, Mercy,
Axel von Fersen

Antonio Vivaldi, extrait du concerto pour violon en D-Dur « L’Inquietudine » | Marie-Antoinette,Axel von Fersen
Georg Philipp Telemann, extrait de la sonate en G-Moll pour 2 violons, 2 violes, violoncelle et basse continue | Louis XVI
Luis Miguel Cobo | Destin et ombre

TRIANON
Georg Philipp Telemann, extrait de la suite en A-Moll pour flûte et instrument à cordes | Madame Elisabeth et membres de la Cour
Antonio Vivaldi, extrait du concerto en G-Dur pour 2 mandolines | Marie-Antoinette, Axel von Fersen
Johann Christian Bach, extrait de la symphonie en G-Moll, op. 6.6 | Louis XVI, Madame Elisabeth
Luis Miguel Cobo | Marie-Antoinette
Jean-Philippe Rameau, extrait de « Les Boréades » | Louis XVI, Marie-Antoinette, Madame Elisabeth, Axel von Fersen, destin et ombre
 

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ACTE II
ATTAQUE DE VERSAILLES
Jean-Philippe Rameau, extrait de « Les Indes galantes » | Destin, les révolutionnaires
Luis Miguel Cobo | Marie-Antoinette, Louis XVI, destin et ombre
Jean-Fery Rebel, extrait de la sonate pour violon en D-Moll | Marie-Antoinette, Axel von Fersen
Luis Miguel Cobo | Destin et ombre,  Axel von Fersen, Marie-Antoinette, Louis XVI, Vision Marie-Thérèse

TENTATIVE DE FUITE
Antonio Vivaldi, extrait du concerto en D-Moll pour viola d’amore RV 393 | Marie-Antoinette, Louis XVI, destin et ombre
Jean-Philippe Rameau, extrait de « Les Indes galantes », retravaillé par Luis Miguel Cobo | Révolutionnaires, Louis XVI, Marie-Antoinette, Madame
Elisabeth, destin et ombre


LA PRISON – SOLITUDE D’UNE REINE

Luis Miguel Cobo | Marie-Antoinette, destin et ombre
Antonio Vivaldi, extrait du concerto pour violon en E-Dur « Il Riposo » | Marie-Antoinette, Madame Elisabeth
Luis Miguel Cobo | Marie-Antoinette, destin, Madame Elisabeth
Antonio Vivaldi, extrait du concerto en D-Moll pour viola d’amore RV 395 | Madame Elisabeth
Luis Miguel Cobo | Madame Elisabeth, destin et ombre
Georg Philipp Telemann, extrait du concerto pour violon en A-Moll | Vision Marie-Thérèse, destin et ombre
Chorégraphie et Mise en scène Patrick de Bana
Musique Georg Philipp Telemann, Antonio Vivaldi, Chevalier de Saint-Georges,
Wolfgang Amadeus Mozart, Johann Christian Bach, Jean-Philippe Rameau, Jean-Féry Rebel
et Luis Miguel Cobo

Costumes Agnès Letestu

Décors Marcelo Pacheco, Alberto Esteban / Area Espacios Efimeros
Lumières James Angot

Marie-Antoinette Olga Esina
Louis XIV Roman Lazik (3 et 5 novembre) Vladimir Shishov (4 novembre)
Madame Elisabeth Ketevan Papava (3 et 5 novembre) Erika Kovacova (4 novembre)
Le destin Kirill Kourlaev
L’ombre de Marie-Antoinette Elisabeth Golibina (4 novembre) Alice Firenze (3 et 5 novembre)
Axel de Fersen Kamil Pavelka
Marie-Thérèse Dagmar Kronberger (3 et 5 novembre) Alena Klochkova (4 novembre)
Mercy Fabrizio Coppo
Louis XV Christoph Wenzel
La cour de Vienne, La cour de Versailles le ballet de l’Opéra de Vienne

 

  •   La presse de la semaine

 

Danser fait sa couverture avec la nouvelle exposition du Centre Pompidou qui s’appelle Danser sa vie, qui aura lieu du 23 novembre 2011 au 2 avril 2012. C’est le dossier du mois, avec une présentation de l’exposition par ses deux commissaires, Christine Macel et Emma Lavigne. On pourra aussi y lire un entretien avec le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, amateur de danse contemporaine.
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Danse magazine fait sa couverture sur La Source avec Ludmila Pagliero. A lire, les critiques d’Esmeralda par le Bolchoï, de Phèdre, de Psyché, de La Source, un article sur le film de Dominique Delouche et bien sûr la danse en régions et à l’étranger.

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  • Le ciné de la semaine : La Source en direct !

Si vous n’êtes pas à Paris, profitez de la soirée du 04 novembre pour aller au cinéma et aller voir La Source.

J’ai vu pour ma part la répétition générale et la première. Si vous êtes à Paris en revanche, je dirais que ça ne vaut pas le coup, autant aller faire la queue à la billetterie le jour même et dégoter un billet.

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A voir, une interview de Jean-Guillaume Bart sur TV5 monde.

A voir aussi, la nouvelle section Opéra Vidéo, où il y a plein de vidéos des coulisses, des répétitions.

Autre cinéma à ne pas manquer, un film sur Maïa Plissetkaïa au Centre Pompidou le jeudi 3 novembre à 20h. Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, tous les premiers jeudis du mois, le Centre Pompidou propose un film de danse, parfois un ballet, parfois un documentaire, un portrait. J’y allais beaucoup quand j’avais une carte d’abonnement à Beaubourg car le cinéma est gratuit. Cela vaut vraiment le coup, on y fait de belles découvertes.

  • En vrac

Frédéric Flamand, chorégraphe du Ballet de Marseille, va travailler à Mons 2015, capitale européenne de la culture. A lire sur la RTBF info.

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Des danseurs de l’Opéra de Paris seront en Gala au Grand Quevilly le 6 novembre. Tout le programme est .

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Allez une petite interview de Marie-Agnès Gillot dans Sud ouest.

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Le 5 novembre (nuit du 06) sera diffusé à 00H20 sur France 3 un docu sur La Source. Et juste après Coppélia de Patrice Bart. A vos magnétos !

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A voir, les photos d’Agathe Poupeney de La Source en suivant ce lien.

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Benjamin Millepied prend sa retraite au NYCB. On attend qu’il nous fasse de nouvelles chorégraphies !

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Le premier novembre, la compagnie Saint-Pétersbourg Ballet avec sa soliste Irina Kolesnikova viennent danser au Palais des Congrès (beurk!). Ça peut être sympa (c’est pas non plus le Bolchoï!), mais tout de même attendez qu’ils passent au Théâtre des Champs-Elysées, pour voir de la danse c’est quand même mieux ! Ce sera au mois de février, on en reparlera d’ici là.

***

Vincent Chaillet s’est blessé. J’aurais tellement voulu le revoir dans La Source… Plein de courage pour lui en espérant qu’il se remette bien vite.

  • Bonus vidéo

Allez un petit extrait de Marie Antoinette, pour vous donner envie de venir à Versailles. J’y serai pour ma part le 5 novembre (merci Y***).

 

La Source première !

Mathias Heymann en Zaël

© Julien Benhamou

Quand la rumeur court, elle est tenace. Des tweets, des posts sur Facebook, tout le monde disait que ce soir là, Ludmila Pagliero serait nommée étoile. N’ayant jamais vu de nomination, je ne voulais manquer cela sous aucun prétexte. Je revends mes places de la soirée Découvertes des danses partagées, qui me permettra de m’offrir un billet pour la première de La Source. Dans ma tête la soirée est à 20h, je ne me presse pas et prends le bus vers 19h10. Les textos arrivent de Pink Lady, de Fab, « alors tu as eu une place? »… euh ben je suis dans le bus.. Ah c’est à 19h30, il serait temps que le petit rat mette le turbo sous ses pattes pour arriver à l’heure. Je cours, je cours, j’arrive dans le hall à 19h28, « plus de pass jeunes? » Siiiiiiiii! Moi! 19h29 obtention d’un pass jeune et direction le dixième rang d’orchestre.

Mon souvenir tout frais de la soirée de vendredi, va me permettre d’apprécier
encore plus ce ballet. Quoique les « officiels » derrière moi n’ont cessé de bavarder, je vous fais un résumé « Oh c’est Matthias! il est bien Matthias, il saute haut! oh c’est Vincent! Ah il est très bien aussi. Oh c’est Alexis [ah non… c’est Christophe Duquenne…] ».

Ce soir là je suis plus rentrée encore dans la musique. Les bruits des appareils photo en moins m’aident aussi. Le premier acte est vraiment l’acte le plus prenant, tant par les
danses de groupes que par les variations de solistes. Matthias Heymann est la superstar incontestée de ce ballet. Ses sauts vertigineux, plein d’amplitude émerveillent l’audience. Il éxécute tout avec une facilité insolente et pas un bruit sur le plancher n’ose retentir, tant ses pliés sont moelleux. Enfin un rôle qui lui va à merveille, dans lequel il peut s’épanouir complètement. On retrouve l’étoile tel qu’il l’était à ses débuts. C’est avec une joie non dissimulée que le public l’applaudit et cri bravo, sans même attendre les saluts. On en
redemanderait ! A côté Karl Paquette a bien du mal à convaincre, même si il sait jouer de son expérience pour donner à Djémil un caractère intrépide et curieux. J’apprécie la
couleur qu’il donne à son personnage. Il faut aussi saluer nos quatre elfes et amis de Zaël qui une fois encore, sont absolument fabuleux.

Cette distribution m’a plus plu que celle de la veille, car elle me semble plus équilibrée, les rôles ayant été mieux distribués. Vincent Chaillet offre un spectacle viril. Son Mozdock est violent, terrien, et sans demi mesure. C’est avec intensité qu’il réalise chaque variation. On sent la tension qu’il exerce sur son peuple jusqu’au bout de ses doigts. Il est un chef
au physique noble dont le rythme entraîne ses camarades. La relation qu’il a avec Nourreda est très protectrice. Isabelle Ciaravola est une Nourreda fragile, et lunaire. A mon sens, son caractère est parfois un peu trop proche de ce que devrait être Naïla. Les jambes de Ciaravola, c’est tout de même quelque chose ! Telles des fils infinis, elle s’étendent et charment tout le monde.

Si la rumeur court, en tous les cas, elle booste Ludmila Pagliero. On apprécie sa maîtrise technique de la chorégraphie et son implication dans le rôle. Si elle manque parfois
d’évanescence, elle charme Djémil avec ardeur. Très souriante, elle est une Naïla joyeuse et enthousiaste, après passée l’appréhension de ce chasseur inconnu.

Vincent Chaillet en Mozdock

© Julien Benhamou

Le premier acte me laisse une meilleure impression que la veille. Le rythme est soutenu, un véritable enthousiasme émane des danseurs malgré les difficultés techniques de la chorégraphie.

A l’entracte, l’euphorie se retrouve sur les visages de Pink Lady, Fab et moi. Pink Lady qui a déjà assisté à deux nominations (Paquette et Bullion, si je ne l’aimais pas je
serai jalouse..) nous explique comment cela se passe. Après les saluts, le grand lustre reste éteint. Puis le rideau se soulève à nouveau et Brigitte Lefèvre arrive sur scène. Fab s’intéresse aux problèmes techniques du genre « Aura-t-on le temps de twitter? » et moi à la position de Bri-bri dans la salle.

Retour à l’orchestre pour le 2ème acte. Si le rythme ralentit et que l’action a des longueurs, la chorégraphie n’en est pas moins travaillée. La forme circulaire (ou l’arc de
cercle) reste la plus employée. Les variations s’enchaînent au milieu des autres personnages. Pas sûre que ce soit très agréable quand on est placé sur un côté de la scène.

Nolwenn Daniel est une Dadje colérique et entêtée dont la danse est électrique. Elle en fait des tonnes en matière de jalousie et cela permet de donner un peu de vie à ce
deuxième acte. Jean Guillaume Bart a utilisé peu de pantomime dans tout son ballet, et parfois, il est vrai que pour lire l’action cela peut manquer un peu. En même temps, il est aussi joli de voir la danse parler d’elle même sans un code pré-établi. Vincent Chaillet montre de nouveau de très belles qualités dans son rôle de Mozdock. Sa danse devient encore plus imposante. Sa prestation est quelque chose de fort, qui vous reste dans la tête longtemps après le spectacle. Les variations que Jean Guillaume Bart a écrites pour Ciaravola la mettent en valeur. Son port de tête est imposant et le pas de deux avec Christophe Duquenne montre un jeu de séduction intéressant. Mais bien vite, quand Naïla arrive avec sa bande de joyeux elfes trouble-fête, c’est dans les yeux de cette dernière que le Khan va plonger les siens et la belle Nourreda n’a que les bras de son frère pour pleurer. L’humiliation suprême vient quand elle doit dévêtir la robe de favorite.
Je trouve que ce passage aurait du être plus lent, parce que là, cela fait limite, on n’a plus de place en coulisses pour changer Nourreda. Ralenti, on sentirait encore mieux l’humiliation de cette femme, qui n’osait pas se dévoiler devant un incoonu, et qui se voit là, nue, forcée de repartir dans ses contrées caucasiennes.

Le passage qui suit divise. J’aime beaucoup pour ma part la scénographie sombre, sans décor, on est comme plongé dans l’esprit de Nourreda. On est dans un rêve. A partir de ce moment là, on ne sait plus si tout cela est réel. Il y a un côté aparté qui me plaît. Et le pas de deux entre Nourreda et Djémil est celui que je préfère de tout le ballet. Il y a quelque chose de tragique dans cette danse, bien plus que dans le sacrifice de Naïla qui suit. Ici, toute la tragédie est dans le rejet de Nourreda des hommes, d’où ce décor vide. Rejet de son frère protecteur et dominant, rejet de l’amour de cet homme dont elle ne sait rien. C’est par l’usage des dons de Naïla que Djémil peut conquérir le coeur de Nourreda, je vois là dedans un leurre. Jusqu’au dernier moment Nourreda n’aime pas Djémil. Les charmes de Naïla n’agissent qu’à sa mort, que seul Zaël pleure. Je trouve que Ludmila Pagliero rentre bien dans le tragique de la dernière scène, elle tient le rôle de bout en bout. Si elle avait du être nommée ce soir cela aurait été amplement mérité. Belle prestation et grande générosité. Malheureusement pour elle, ce ne sera pas ce soir. Si j’ai l’impression que nous sommes nombreux à attendre, je me trompe car le lustre se rallume après des applaudissements très très chaleureux, des spectateurs debout et des bravos nombreux. C’est un succès !

Djémil et Naïla au premier acte

© Julien Benhamou

  • A lire dans la presse

Essayages dans la garde-robe du ballet La Source La Croix

La source réinvente le romantisme Le JDD

La surprise de la Source au palais Garnier Le figaro, Ariane Bavelier

La Source rejaillit à L’Opéra de Paris, La Croix

  • Distribution du 22 octobre 19h30
Naila Ludmila Pagliéro
Djemil Karl Paquette
Nourreda Isabelle Ciaravola
Mozdock Vincent Chaillet
Zael Mathias Heymann
Dadje Nolwenn Daniel
Le Khan Christophe Duquenne
  • Bonus vidéo

Je préfère tout de même le redire, ce n’est pas moi qui ai filmé. C’est un extrait visiblement filmé à la générale, avec la deuxième distribution. A voir sur le site de l’opéra de Paris, les vidéos des coulisses et de nombreuses interviews.

 

Rain, pluie de lumière sous la coupole de Garnier

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© Laurent Phillipe / Fedephoto.com

C’est avec une grande joie que je suis retournée voir Rain, d’Anne Teresa de Keersmaeker dans une autre distribution que la première fois. J’ai essayé d’emmener Pink Lady avec moi, celle-ci a préféré tenter un Pass pour les Noces de Figaro, qui s’est soldé par un échec (ahaha rire maléfique!). J’ai tout de même réussi à convaincre mon photographe et sa pétillante petite soeur, qui venait à Garnier pour la première fois. Attendant désespérément un Pass, en bonne deuxième je n’en ai pas eu et ai filé à 19h59 au première étage pour me replacer. Après une ouvreuse particulièrement mal aimable à qui j’aurai bien mis un coup de griffe de rongeur après sa phrase pincée « Ah non Mademoiselle, vous ne pouvez pas être debout dans le fond de la grande loge, certainement pas, et en plus vous avez une trrrès bonne place! (fond de l’amphi..) « , sa collègue plus jeune et plus sympa, m’a de suite replacée sans dispute.

Entre la séance de travail et cette représentation j’ai eu le temps de lire le programme et de beaucoup repenser à ce ballet. C’est avec un regard différent que j’ai abordé la pièce ce soir là. Une fois encore je suis emballée par la scénographie. Ces cordes sont un jeu de transparence qui me plaît, car un doute persiste. Pleut-il dehors ou les danseurs dansent-ils sous la pluie? J’avais parlé la première fois d’un enclos et cela m’est apparu encore plus comme une évidence. Cette image de l’enclos comme un lieu rassurant est renforcé par les lignes au sol. On ne le voit pas immédiatement, mais les lignes forment des rectangles dans lesquels peuvent aller les danseurs, comme une sorte de maison.

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La chorégraphie est plus lisible cette fois-ci, je vois clairement la phrase chorégraphique qui se démultiplie. Je vois les courses et les marches qui sont des silences face au mouvement. Je vois l’engagement sur la scène de ces danseurs merveilleux. Vincent Chaillet n’a plus rien à prouver, mais il montre une fois encore une danse incroyablement libre, fluide et nuancée. Nicolas Paul semble lui aussi très à l’aise sur cette scène et ses qualités sont mises en valeur. Son charisme lui donne une place bien particulière parmi les danseurs. Quant à Daniel Stokes, j’avais découvert ses qualités dans Kaguyahime de Jiri Kylian, il se confirme être un excellent danseur contemporain. Sa personnalité s’affirme aussi plus dans ce ballet. Je trouve qu’il a de très beaux sauts.

La répétition qui s’opère tant dans la musique que dans la danse. Les notes de xylophones résonnent sur les corps des danseurs. Les courses et les marches se font en miroir par rapport aux musiciens qui changent eux aussi de places. C’est d’accord le seul parallèle qu’il existe dans cette pièce, car les danseurs sont toujours dans des constructions irrégulières. Trois qui dansent, un assis, deux qui courent, etc. La répétition est poussée à l’extrême, tout comme la lumière qui passe du jaune au rose en passant par un sable argenté, la danse se remplit de nuances, change de rythme. Ainsi de la même manière, les costumes varient du chair au fushia, on ose même les paillettes sur une chemise pour rappeler les touches argentées qui émanent des lumières. Dans cette répétition permanente, il y a des point d’orgues, qui permettent de lier tous les éléments. Léonore Baulac, par ailleurs merveilleuse dans ce contre-emploi, est le point central, qui lie tous les éléments. Ses courses sont différentes, son énergie semble être la même pendant tout le ballet, ce qui tient pour moi de la véritable performance.

La simplicité de ce ballet réside dans la complexité de sa construction. Le fait de retrouver toujours les mêmes éléments familiarise peu à peu le spectateur avec le langage d’ATDK. Passionnée de mathématiques et de constructions géométriques, obsédée par le nombre d’or, la chorégraphie a l’air tellement difficile dans sa construction que je reste béate d’admiration devant le travail accompli. Et pourtant, la simplicité du langage, la facilité d’exécution des danseurs, est profondément bouleversante. Une fois encore, l’émotion est entière, toute comme celle des danseurs sur scène. Ce soir, la salle applaudit longtemps, le sourire des danseurs et celui de la chorégraphe laisse apparaître une joie sincère et partagée.

A lire dans la presse : Libération, Le JDD, Le Monde, Le Nouvel Obs, Telerama, Marianne, La Croix. Le nouvel Obs deuxième.

A lire sur les autres blogs : Le clapotis clapotas de Palpatine, l’épisode unique
d’Amélie, l’avis de Fab, les mikados et billes de la souris, les photos de Syltren, l’avis de Joël.

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  • Distribution du 28 mai 2011 20H00

Ludmila Pagliéro
Muriel Zusperreguy
Vincent Chaillet
Aurélia Bellet
Valentine Colasante
Miteki Kudo
Nicolas Paul
Daniel Stokes
Amélie Lamoureux
Léonore Baulac

 

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