Théâtre Elysabéthain

Sider de Forsythe

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© Dominik Mentzos

 

Sider est une pièce qui déroute, qui dérange, qui interpelle. Elle m’a personnellement beaucoup oppressée. C’est une scène ouverte comme dans le théâtre élisabethain. Au sol des grandes planches de carton. Au plafond des néons qui vont s’éteindre, s’allumer. Le fond sonore, une ambiance de fin de monde, une usine, bref un bruit. En réalité c’est la bande-son d’un film sur le théâtre élisabethain. Des personnages entrent et sortent de l’espace avec ou sans carton dans les mains. Quand ils n’ont pas de cartons, la danse est souvent virtuose et frôle quelque chose d’à peine croyable. Les corps se disloquent, se figent, ont des énergies presque futuristes. Les pliés sont d’une grande souplesse. Les cous semblent pouvoir tourner dans tous les sens.

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© Dominik Mentzos  

Les cartons d’une grande taille semblent difficiles à manipuler. L’utilisation intuitive transforme vite ces papiers rigides en instruments à percussions. Le sol crisse, on tape
dans les cartons. On glisse sous les cartons, on les jette, on enferme un personnage à l’intérieur. Parmi les danseurs, presque tous encagoulés, un se distingue par ses cartons avec des écritures. « Is isn’t ». Il est habillé de rose, il débite dans un anglais inaudible un monologue. Le ton change, on suppose qu’il s’énerve ou qu’il raconte une histoire. Ici, peu importe le texte, c’est le geste et la situation dans laquelle il se trouve. Il arrive à faire rire avec son ton. Des personnages se dessinent. Des dominants, des dominés, des forts, des faibles. Chacun se distingue par une personnalité.

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© Dominik Mentzos

Je ne déconseillerai pas la pièce, qui interpelle et peut déranger. Il y a quelque chose d’assez génial dans ce spectacle, une unité, une ambiance, des pas qui captent votre regard. Loin de ce qu’on peut voir dans une pièce comme Artifact, Sider est une pièce qui a aussi le génie de vous marquer, de ressortir de la pièce avec une impression que quelque chose a changé dans votre regard.

Merci à Pink Lady pour la place.

Une pièce de William Forsythe et The Forsythe Company

Musique Thom Willems

Objets lumineux Spencer Finch

Lumière Ulf Naumann, Tanja Rühl

Costumes Dorothee Merg

Conception sonore Niels Lanz

Assistants à la dramaturgie et à la production Billy Bultheel*, Freya Vass-Rhee, Elizabeth Waterhouse

 

Avec Yoko Ando, Esther Balfe, Dana Caspersen, Katja Cheraneva, Brigel Gjoka, Amancio Gonzalez, Josh Johnson, David Kern, Fabrice Mazliah, Roberta Mosca, Jone San Martin, Riley Watts, Ander Zabala

Créé à HELLERAU – Europäisches Zentrum der Künste, Dresden le 16 juin 2011

Coréalisation Festival d’Automne à Paris / Théâtre National de Chaillot