Teshigarawa

Saburo Teshigarawa Mirror and Music à Chaillot

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Choc esthétique, cette pièce de Teshigarawa m’a absorbée du début à la fin. J’avais déjà eu cette même sensation avec Air et Glass Tooth. Le chorégraphe a l’habitude de régler tout dans les moindres détails lui même. C’est un scénographe hors pair et j’apprécie énormément son travail de la lumière. Dans cette pièce, il revient à la base, le miroir et la musique comme muses de création. Dès le début, on est plongé dans une atmosphère de conte merveilleux. On a l’impression d’être au milieu d’une forêt. Au milieu des personnages, un passe, en glissant le ventre couché sur une planche à roulettes. Un chemin se trace au sol avec de la lumière. tout est très graphique, et emmène votre oeil dans un imaginaire qui se déploie peu à peu. Teshigarawa va casser les
ambiances, les rythmes. Après une danse de groupe, le voilà dans un solo, avec une chorégraphie qui engage beaucoup les bras. Les mains sont animalières, la tête bouge comme si elle se détachait du reste du corps. Le corps semble être dans du chewing gum; l’air ne lui laissant pas beaucoup d’espace pour la rapidité des enchaînements. Puis, petit à petit, ce corps va plonger dans une matière plus aquatique, plus épaisse, mais plus douce aussi. On a la sensation de le voir manipuler des objets imaginaires, comme des boules ou des fils de soie.

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Après dix minutes d’envoûtement par Saburo, qui est un danseur fabuleux, on est surpris par la course d’une danseuse. Si les pieds sont très dans le sol, les bras s’agitent et ressemblent assez vite à des ailes. On a envie de courir avec eux. Les mouvements sont courbes et ronds, comme le reflet des corps dans un miroir. Teshigarawa crée des contrastes volontaires entre la musique et le mouvement. A musique lente, mouvement rapide. Tout se retourne, comme quand on est face au miroir. La réalité est inversée. Elle se dédouble aussi, et pour cela, la chorégraphie se répète, déteint, se multiplie comme si on se trouvait dans une galerie des glaces. Teshigarawa imprime des images dans nos têtes mais tout est très furtif, le stroboscope jouant avec le spectateur.

Chaque solo est une petite histoire, peint un portrait, un moment de vie, raconte quelque chose. C’est plein de poésie, les phrases se répétant dans des directions différentes, comme un texte qu’on vous souffle à l’oreille.

Face à cette poésie, un choc, une violence musicale. Des bruits d’usine, le stroboscope, une lumière rasante sur un visage qui devient comme un masque. On ne peut pas, ne pas penser aux visages que l’on voit dessinés dans les mangas. Les costumes noirs avec des touches très discrètes de gris, font penser aux peintures de Soulages. Le jeu avec les lumières permet de rendre ce noir couleur de lumière. Les éclairages se reflètent et offre une palette visuelle incroyable.

Des plaques dorées sur lesquelles la lumière se reflète. Dessus, des corps. Un spectacle d’une beauté simple mais qui vous frappe et qui reste en mémoire. Des tableaux vivants en somme. Choc visuel, mais aussi choc musical. Les musiques s’enchaînent pour former des atmosphères différentes. Les musiques baroques succèdent aux musiques électroniques. On passe de l’autre côté du miroir, c’est comme un sablier qui se renverse. La plaque de miroirs incurvés joue avec ce principe. Les reflets des danseurs qui courent en manège accentuent l’effet de passage, de renversement.

La fin de la pièce est forte. Les danseurs sautent sur place, les bras le long du corps. Douze minutes, douze minutes où ils sautent toujours avec le même regard droit, la même nonchalance. On dirait des gouttes de pluie qui glissent le long de la scène. Ils tombent et se redressent, puis disparaissent un par un dans une lumière noire. Les reflets du danseur s’en vont, il reste seul, face à lui même quand le miroir disparaît.

Une image forte, les corps plongés dans le noir, seuls les visages vous fixent. Pas prête d’oublier cette puissance.

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© Laurent Philippe

J’ai vraiment eu un choc visuel devant tant de beauté. J’ai mis du temps à revenir à mes esprits. J’ai vu ce spectacle des coulisses avec l’équipe d’ target= »_blank »>Arte Live Web.

J’ai vu un travail fascinant en plus du spectacle. Les réalisateurs subliment le spectacle par une captation faite avec un oeil avisé sur la danse et la scénographie. Merci à Luc, Farid, Rachel, Emilie et ceux que j’oublie pour m’avoir laissé regarder leur travail. La captation sera disponible dès le 15 avril sur le site d’Arte Live Web et ce pendant six mois.

A lire Toute la culture, Danses avec la plume.

Site officiel de Saburo Teshigarawa

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© Laurent Philippe

 

Chorégraphie, scénographie, lumières, costumes Saburo Teshigawara

Sélection musicale Saburo Teshigawara, Izumi Nakano

Coordination technique, régie lumières Sergio Pessanha

Son Tim Wright

Régisseur plateau Markus Both

Avec Saburo Teshigawara, Rihoko Sato, Eri Wanikawa, Kafumi Takagi, Riichi Kami, Nana Yamamoto, Jeef, Mie Kawamura


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© Chaillot

 

Saison 2011-2012 à Chaillot (danse)

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Depuis que le couple de chorégraphe Dominique Montalvo et José Hervieu ont repris la direction de ce théâtre, il y a beaucoup plus de danse, ce qui n’est pas pour me déplaire. Après tout, il y a si peu de théâtres dirigés par des danseurs ou des chorégraphes profitons-en!! Didier Deschamps reprend le flambeau à partir de juillet 2011, espérons pour lui que la saison soit belle.

La saison complète est , je vais pour ma part, présenter seulement la danse.

  • Soirée Trisha Brown du 5 au 14 octobre 2011

Elle vient sur la scène de la salle Jean vilar avec 4 pièces, dont Les Yeux et l’âme, présentée pour la première fois en Europe, Opal Loop/Cloud Installation#72503,
Watermotor et une nouvelle Création.

Trisha Brown se situe dans la mouvance de la post-modern dance américaine, et j’avoue que ce n’est pas toujours ma tasse de thé. L’an dernier il y avait eu une belle exposition vidéo au CND consacrée à la chorégraphe qui m’avait permis de découvrir plus en profondeur son travail. Il y a beaucoup de travail que j’assimile à de la performance et qui ne présente pas toujours un intérêt chorégraphique.

Autour de l’œuvre: pratiquer les 30 septembre et 1er octobre de 10h à 13h. Et aussi des performances, des projections de films.

 

  • Rosalba Torres Guerrero/Lucas Racasse/ Les ballets C de la B du 5 au 8 octobre 2011

Il s’agit là d’une projection vidéo, Pénombre, qui a lieu au Studio. Cela parle d’une femme qui se transforme. Rosalba est une ancienne danseuse de Découflé et de chez Anne Teresa de Keersmaeker.

  • Legend Lin Dance Theatre les 17 et 18 novembre 2011

C’est la première venue de cette compagnie au théâtre de Chaillot qui vient avec Chants de la destinée (Songs of pensive Beholding). Cette compagnie d’origine taïwanaise mêle tradition et modernité. A découvrir.

 

  • William Forsythe et le Ballet Royal de Flandre 24/11-30/11 et 6/12-10/12

C’est ce que je ne veux pas manquer!! Premier programme, Artifact, du 24 au 30 novembre, puis Impressing the Czar. Quoi de mieux qu’un bon Forsythe, de belles lignes épurées, de la danse pure? Et bien rien!

Foncez, prenez vos places pour voir ces deux programmes et découvrir le génie du chorégraphe.

Autour de l’œuvre: les danseurs au travail, des présentations du travail de Forsythe au CND.

 

  • William Forsythe et The Forsythe Compagny du 15 au 17 décembre

Et pour clôturer le tout une nouvelle création du chorégraphe avec ses danseurs. 3 dates ce n’est pas beaucoup, aucune raison de les manquer.

  • Richard Siegal / R&Sie(n) du 15 au 17 décembre

Civic Mimic. Performance. Travail autour de l’architecture et du design.

  • Cirque Éloize du 24 décembre au 20 janvier 2012

iD arrive sur la scène de Chaillot après Rain au Rond-Point l’an dernier. Ce spectacle plein de féerie et de magie plaira aux grands comme aux petits. Le cirque Eloize a des
scénographies superbes, des artistes fabuleux. C’est un fin mélanges des genres.

 

  • Marion Lévy du 4 au 13 janvier 2012

Dans le ventre du loup.  Ce spectacle de danse-théatre questionne nos peurs les plus intimes. Salle Gémier

  • Russell Maliphant Company du 31 janvier au 10 février 2012

C’est avec une création autour de Rodin que vient la compagnie.Dans cette création pour 5 danseurs, on espère retrouver un peu plus de fougue chez le chorégraphe que dans Eonnagata.

Autour du spectacle : pratique pour amateurs confirmés le 8 février à 17h30.

  • Hervé Robbe du 31 janvier au 3 février

Un terrain encore vague.  Le chorégraphe travaille sur les liens qui peuvent exister entre danse et sculpture et pose ainsi un vrai questionnement sur le corps comme matière.

Studio

Autour de l’oeuvre: pratique le 28 janvier à 16h. Exposition d’oeuvres de Richard Deacon dans le Grand Foyer.

  • Cie 14:20 du 14 au 17 février 2012

Vibrations

 

  • Carolyn Carlson du 15 au 17 février 2012

Il n’y a plus besoin de présenter la grande chorégraphe dont chaque pièce est un petit trésor. Inanna est inspiré de la déesse mésopotamienne du même nom. Cette pièce est une affaire de femmes ! Ecrite pour 7 danseuses, la chorégraphe raconte des destins à travers la poésie de sa danse.

Autour de l’oeuvre : au musée Guimet aura lieu une performance de Carolyn Carlson le 16 février autour du thème Encre et calligraphie.

  • José Montalvo et Dominique Hervieu du 6 au 10 mars 2012

Orphée reprise ! Comme tous les spectacles de la compagnie, vidéos, animaux rigolos et super musique sont aus rendez-vous. Je l’ai vue l’an dernier, c’est un petit régal. Allez-y vous y passerez un bon moment, d’autant plus si vous n’avez jamais vu la compagnie (pour ceux qui connaissent bien ça commence à être répétitif…)

 

 

  • Thomas Lebrun du 15 au 17 mars 2012

La jeune fille et la mort. Titre qui donne envie évidemment quand on connaît l’amour que j’ai pour la pièce de Cocteau et ce qu’en a fait Roland Petit. La pièce de Thomas Lebrun n’a pas grand chose à voir avec celle de Roland Petit. Elle s’inspire de l’enlèvement de Coré, fille de Démeter, par le dieu des Enfers. C’est un voyage au cœur d’un romantisme moderne que nous propose le chorégraphe.
Salle Gémier

  • Joanne Leighton du 15 au 17 mars

Made in Taiwan Solo de la chorégraphe. A chaque représentation les spectateurs choisiront la musique et le costume. Elle veut présenter ses influences, et donc
« copier » ce dont elle a pu être inspirée.
Studio

  • Saburo Teshigawara + Karas du 29 au 31 mars 2012

J’ai découvert Teshigawara au Palais Garnier en 2005 (Air) et ce fut une révélation. Je me souviens d’un langage très épurée, d’une scénographie très belle, de lignes douces, pleines de nuances, d’un questionnement sur le corps comme matière malléable et comme élément naturel. J’ai hâte de découvrir Mirror and Music
Salle Jean Vilar

 

  • Koen Augustijnen / les ballets C de la B du 4 au 7 avril 2012

Au-delà.  Des quadragénaires dansent sur de la musique jazz et interrogent le corps dans son vieillissement.
Salle Gémier

  • Jean-Claude Gallotta du 6 au 11 avril 2012

Le Sacre du printemps ! Après avoir vu celui de Pina Bausch en décembre dernier, il va être très intéressant de découvrir ce qu’en a fait Gallotta. Pas très amatrice de ce chorégraphe mais amoureuse de la musique de Stravinsky, je ne manquerai pas cette énième version. Le Sacre sera précédé de Tumulte et Pour Igor.

Autour de l’oeuvre : un bal démasqué le 7 avril à 22h, et un Chaillot adulte le 10 avril à 18h.

Projection du film Les Printemps du sacre de Jacques Malaterre le 7 avril à 18h30.

  • José Montalvo et Dominique Hervieu du 2 au 19 mai 2012

Lalala Gershwin J’ai vu cette pièce à la MAC il y a deux ou trois ans. Un pur délice! Troisième volet de la trilogie consacrée à Gershwin, une des meilleurs pièces de la compagnie sans aucun doute. C’est un voyage à travers l’Amérique par la musique du grand jazzman. Les amoureux du jazz se régaleront.
Salle Gémier

autour de l’oeuvre : Bal Gershwin le 19 mai à 22h. Au CND expo vidéo.

 

  • Luc Petton du 6 au 14 juin 2012

Swan: Après La Confidence des oiseaux, Luc Petton reste fidèle aux volatiles. La photo du spectacle dans la maquette montre une jeune femme qui danse avec un cygne.. à
découvrir.