Sylvie Guillem

Saison 15/16 au Théâtre des Champs-Elysées

Mercredi 8 avril, le TCE présente sa nouvelle saison. Une saison riche, avec des invités prestigieux et toujours des spectacles d’une grande qualité. C’est dès demain que vous pourrez vous y abonner. Le théâtre fait partie de ceux où l’abonnement réserve non seulement les meilleures places mais aussi des réductions avantageuses. Ainsi pour la danse, l’opéra et l’orchestre, vous pouvez bénéficier d’une réduction de 30% sur vos places dans la catégorie de votre choix. Regardez la saison et laissez-vous tenter.

Abonnements saison 15/16 TCE

 

Bien entendu je commence par la danse, même si ce n’est pas le coeur de la programmation. Cela étant dit, la danse tient une grande place au sein du théâtre. Elle a toujours été présente et le T.C.E. a toujours su faire preuve d’audace. L’exemple du Sacre du Printemps reste le meilleur.

  • Life in progress, Sylvie Guillem du 17 au 20 septembre 2015 

11081126_356333921228264_4841556483716633547_n

 

Sylvie Guillem a choisi le Théâtre des Champs-Elysées pour faire ses adieux au public français. L’étoile atypique, unique, si singulière, va présenter un programme avec quatre pièces : une nouvelle création (un solo) d’Akram Khan, Duo de William Forsythe, une pièce de 1996 qu’elle dansera avec deux danseurs de The Forsythe Company, Brigel Gjoka et Riley Watts, une création de Russel Maliphant qu’elle dansera avec Emanula Montanari (Ballet de La Scala) et la pièce de circonstance, Bye de Mats Ek, un solo de 2011. Quatre dates pour voir ce mythe faire sa révérence. A ne pas manquer.

Relire ma chronique sur 6 000 miles away, clic

  • Mirror and Music, Saburo Teshigawara du 6 au 8 novembre 2015 

Vu pour la première fois à Chaillot, j’avais été fascinée par l’univers de ce chorégraphe. Le T.C.E. continue de lui faire confiance après le somptueux Solaris. Teshigarawa est un prodige qui signe chorégraphie, scénographie, choix musicaux, et costumes. Si l’art cinétique vous touche, il ne faut pas manquer cette pièce.

MirrorMusic001_1713f4

 

Relire ma chronique, clic

« Mon premier travail n’est pas de fixer ces corps dans une structure chorégraphique mais de les guider et de laisser le mouvement jaillir » aime à expliquer le chorégraphe japonais. Ce qui le motive est de trouver un sens
au mouvement, développer un vocabulaire qui lui est propre et l’offrir à ses interprètes pour qu’ils s’en emparent à leur tour. Sous ses airs silencieux, Saburo Teshigawara est un artiste du don, de l’échange. Mais c’est aussi un homme-orchestre qui aime à s’immerger dans les tous les domaines de ses spectacles. Chorégraphe avant tout, il se fait aussi volontiers metteur en scène, homme de lumières et de costumes et même librettiste comme ce fut le cas pour l’aventure de la création de l’opéra Solaris de son compatriote Dai Fujikura. Toujours et sans cesse, cette volonté d’explorer la danse comme un champ vierge ouvert à tous les possibles.

  • From black to blue, Mats Ek du 6 au 10 janvier 2016 

Un beau programme, lui aussi produit par Transcendanses. Trois pièces, avec la venue du Semperoper Ballet de Dresde qu’on a vu cette saison, éblouissant le Festival d’Automne (clic). On verra donc  She was black (1994) avec les danseurs du Semperoper Ballet Dresden, Solo for two (1996) dansé par Dorothée Delabie et Oscar Salomonsson et Hâche (2015) dansé par Ana Laguna et Yvan Auzely.

g_tv10laguna01

Extrait vidéo, clic

  •  Para ll-èles, Nicolas Le Riche / Clairemarie Osta du 11 au 13 mars 2016 

« Il ne peut y avoir aucun espace entièrement vide » (Descartes)
Au travers d’un voyage allégorique, Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta nous parlent des liens qui nous unissent dans l’espace qui nous sépare. Para-ll-èles est ainsi une poésie dansée à deux, seul(s)… ensemble.

Nicolas Le Riche poursuit son aventure hors Opéra de Paris. La saison passée, il avait présenté un soirée Carte Blanche au TCE, le voilà qui revient en duo avec sa femme, l’étoile Clairemarie Osta pour une nouvelle création, sur une musique de Nils Peter Molvaer. A découvrir.

Nicolas Le riche le 9 juillet

 

  • Déesses et Démones, Blanca Li / Marie-Agnès Gillot du 22 décembre 2015 au 3 janvier 2016.

Il y a quelques mois, on les voyait toutes deux bras dessus, bras dessous, bien entourées par Jean-Paul Gautier, à l’occasion d’une soirée caritative. De cette rencontre est né un projet, où vont se mêler les univers de ces deux femmes, qui ont chacune une place particulière dans leur art.

 

eye-gaultier131

 

Déesses et Démones, ou la rencontre de deux étoiles de la danse pour une création « mythologique ». Comme au temps des dieux grecs, elles s’allient et s’affrontent, se transforment en démones ou en divinités bienfaisantes pour changer le destin des humains, semant autour d’elles force, joie et énergie. Ces deux femmes qui dansent sont-elles les deux faces de la même médaille ? Elles manient le chaud et le froid, elles sont le chaos et l’harmonie. Ces deux forces de la nature, virtuoses et sensibles, déesses et démones sont à la fois semblables et dissemblables.

Pour Blanca Li, la chorégraphe inclassable, et Marie-Agnès Gillot, la danseuse étoile atypique du Ballet de l’Opéra de Paris, il s’agit d’une opportunité exceptionnelle d’explorer ensemble leurs personnalités intimes. Malgré leurs parcours différents, elles se retrouvent ici en jumelles, tant dans l’harmonie que dans la violence. Elles affirment leurs différences et leurs ressemblances. Différentes et égales à la fois, avec une gestique très lyrique et puissante, elles évoquent la force des figures mythologiques et totémiques.

  • Irina Kolesnikova, Saint-Pétersbourg Ballet Théâtre du 25 au 28 février 2016

Voilà une compagnie habituée au T.C.E chez qui elle élit domicile tous les ans. La compagnie vient avec Le Lac des cygnes, Don Quichotte et Casse-Noisette. La star de la compagnie, Irina Kolenikova est la raison pour laquelle on se déplace voir la compagnie. Pour ce qui est du corps de ballet on repassera.

Irina Kolesnikova

Relire ma chronique, clic

  • Orphée, Studio 3 du 15 au 17 juin 2016 

Après avoir revisité la vie de Maria Callas la saison dernière et plus récemment le parcours de la grande chorégraphe américaine Martha Graham, la compagnie de danse brésilienne Studio 3 explore le mythe d’Orphée. Les enfers prennent ici les formes du chaos urbain et des ombres nocturnes de la grande métropole de São Paolo. Mythe antique ou réalité moderne ? Fondamentalement universel quoi qu’il en soit.

52553Studio-3-Cia-de-danca-Theatre-des-Champs-Elysees

 

Voilà pour la saison Danse. On notera l’absence du traditionnel Gala des étoiles du XXIe siècle. La précédente édition avait pourtant été une belle soirée.

OPERA MIS EN SCENE

Haendel, Theodora, mise en scène de Stephen Langridge, du 10 au 20 octobre 2015
Bellini, Norma, mise en scène de Stéphane Braunschweig, du 8 au 20 décembre 2015 (4 dates)
Mozart, Mithridate, mise en scène de Clément Hervieu-Léger du 11 au 20 février 2016 (5 dates)
Ravel, L’Enfant et les sortilèges, mise en scène de Gaël Darchen 19 et 30 mars 2016
Wagner Tristan et Isolde, mise en scène de Pierre Audi du 12 au 24 mai 2016 (5 dates)
Rossini, L’Italienne à Alger mise en scène de Christian Schiaretti, 8 et 10 juin 2016

OPERA EN CONCERT ORATORIO

Weber Le Freischütz
Mozart L’Enlèvement au sérail
Strauss Ariane à Naxos
Puccini Messa di Gloria
Rossini Zelmire
Haendel Partenope
Haendel Rinaldo
Haydn Les Sept Dernières Paroles du Christ en croix
Bach Passion selon Saint Jean
Lully Persée
Massenet Werther
Bellini La Somnambule
Bach Magnificat
Scarlatti Oratorio pour la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ
Donizetti Lucia di Lammermoor
Spontini Olympie
Pergolèse Stabat Mater 

Les textes en italique sont extraits de la brochure de la saison du T.C.E.

Soirée Nicolas Le Riche

Tant attendue depuis un an, la soirée Nicolas Le Riche a rempli toutes ses promesses. Spectacle bien rythmé, le danseur s’est fait plaisir et a mis une fois de plus tout le monde d’accord sur son talent. Le sourire aux lèvres de l’étoile, la fête et les émotions étaient au rendez-vous. Humour, musique, amitiés, souvenirs, toute l’histoire de Nicolas Le Riche et de l’Opéra Garnier a été racontée dans cette soirée.

Nicolas Le Riche par IkAubert

L’excitation était à son comble et la salle frissonnait déjà. Bien entourée par deux vieux messieurs, l’un discret, l’autre bavard, la vue sur la scène était imprenable. De ma loge on voit les coulisses ; danseurs, machinistes, habilleuses, accessoiristes, tous sont là dans un silence religieux pour voir l’étoile danser. Les ministres s’installent au balcon, les journalistes au premier rang de l’orchestre. Le rideau s’ouvre et dans le fond on aperçoit la silhouette du danseur qui jaillit du rideau de fond de scène. Matthieu Chedid s’avance, guitare à la main. L’homme qui danse s’avance, il rejoint les notes et semble parfois improviser avec beaucoup de grâce sur les accords graves et métalliques de la guitare. La balade nous berce, c’est un moment d’émotion qui semble une promesse pour la suite « Des années que je n’ai pas vu un show comme ça… ». Je regarde beaucoup les mains et les chaussons de Nicola sLe riche pendant ce passage. Les chaussons sont comme patinés, ils l’emmènent vers une autre aventure. « Où aller ? Où?  » répète doucement M. C’est sûr ce soir Nicolas Le Riche savait où nous emmener.

L’orchestre a pris ses quartiers dans la fosse et pour ne pas y passer des paragraphes entiers, on peut dire sans mauvais jeu de mots qu’il était la fausse note de la soirée. Les fausses notes, en particulier dans Le jeune homme et la mort et dans le Boléro, ont fait crisser les dents de plus d’un spectateur.

Les Forains de Roland Petit, un des rares ballets qui ne parle pas de la relation d’un homme et d’une femme mais du statut de l’artiste, ouvre la fête. On commence l’histoire de Nicolas Le Riche avec celui que l’on peut appeler son maître et avec les élèves de l’école de danse. Au milieu d’eux, Nicolas Le Riche parait très juvénile, comme si son âme d’enfant prenait le dessus sur le corps. La troupe de forains s’installe, ils trinquent, le petit théâtre se monte. Bientôt on pourra danser. Nicolas Le Riche retrouve ici son souvenir d’enfance, où il a rencontré pour la première fois Roland Petit. Puis les danseurs se figent, le regard vers le public, le danseur s’avance et nous présente la suite du spectacle « Le jeune Francesco qui va interpréter la variation du tambour du bal des cadets ». Le jeune homme s’avance sous le regard réjoui de ses camarades. Il ne manque pas de talent et malgré le stress, il garde sa posture de jeune premier. Les élèves de l’école s’enfuient avec l’étoile poursuivi par Abderam (Stéphane Bullion) et Raymonda (Dorothée Gilbert). Les sarrasins entrent et dansent avec un bel enthousiasme. C’est dans doute moi qui le suis moins, n’ayant jamais trop apprécié ce ballet. C’est un divertissement plaisant qui permet, comme le dit Nicolas Le Riche « de fédérer et de célébrer la Compagnie ».

La soirée se poursuit avec L’après-midi d’un faune, de Nijinski. On ne saurait oublier Le Riche dans ce rôle aux côté d’Emilie Cozette notamment. Ce soir c’est son ami Jérémie Bélingard qui dansait avec Eve Grinsztajn. Absent depuis un moment de la scène de Garnier, Jérémie Bélingard n’en a pas pour autant perdu de sa sensualité et il campe un faune peu flegmatique, tendu par l’odeur et la vue de la superbe nymphe. Le tableau s’anime, se remplit des nymphes, dont les pas sont minutieusement réglés. Là encore, un autre moment de l’histoire de la danse, de l’histoire de Nicolas Le Riche, qui admire « l’incomparable génie créateur » de Nijinsky. Un joli faune, bien dansé et joliment interprété. Voilà qu’il est temps d’aller faire des mondanités à la rotonde des abonnés.

 

Nicolas Le Riche

 

Quelques coupes de champagnes, quelques discussions où les superlatifs fusent, chacun essaie d’exprimer ce qu’il vit ce soir. Pas encore au bout des surprises, la rotonde met peu de temps à se vider, car mieux que les bulles de champagne, il y a les bulles de rêve que nous offre l’étoile ce soir. Il faut dire que la suite du programme fut sans doute, pour ma part, la plus émouvante de la soirée. Comment parler du jeune homme quand on a vu Nicolas Le Riche le danser tant de fois. Choisi par Roland Petit, ce cadeau fait au danseur est un cadeau en retour pour le public. Ce soir, Nicola sLe Riche était magique. De ma loge j’entendais son souffle mais jamais ses pieds toucher le sol. Si l’orchestre n’avait pas écorché la partition, l’instant aurait été divin. Heureusement, le regard absorbé par les deux interprètes, ma main posé sur le rebord de la loge, presque tremblante sous le coup de l’émotion, je n’en ai pas perdu une miette et c’est sans doute, le plus beau Jeune homme et la mort que j’ai vu. Eleonora Abbagnato est sans doute la mort la plus sensuelle qui m’ait été donnée à voir. Féminine jusqu’au bout des pointes, magnétique, son regard posé dans celui de Nicolas Le Riche produisait une tension si électrique que la salle retenait son souffle. Pendant les saluts, on sentait Eleonora Abbagnato absorbée par son émotion, presque encore habitée par ce qu’il venait de se passer. Le parterre se met debout, et l’ovation commence déjà.

Le jeune homme et la mort était si fort, qu’il fallait bien s’en remettre avec un entracte. Les yeux mouillés, je retrouve amis et balletomanes anonymes. Je bavarde avec des gens qui voyaient Le jeune homme et la mort pour la première fois et qui sont sous le choc de la pièce. L’effervescence du public est en pleine ascension. Pas un grincheux à l’horizon pour venir gâcher la fête.

Nicolas Le Riche & Sylvie Guillem

Appartement de Mats Ek marquait le retour d’une grande diva de la danse, partenaire privilégiée de Nicolas Le Riche, Sylvie Guillem. Leur duo sur la chorégraphie de Mats Ek était parfaite. Guillem est juste, tout le temps, sa danse est sans concession et on a l’impression que Mats Ek danse dans ses veines. En toute simplicité, le couple danse, sur cette scène que Sylvie Guillem a choisi de quitter il y a 25 ans. Aux saluts, le couple rit aux éclats, presque surpris d’être là, ensemble, de partager avec le public, cette grande joie d’être sur scène. Un moment aussi rare qu’inoubliable.

Guillaume Gallienne, ami du danseur, sociétaire de la Comédie-Française entre sur scène et déclame un texte écrit pour l’étoile. Je ne résiste pas et je vous le retranscris.

« Avant que d’enchaîner avec Caligula
Laissez-moi vous parlez un peu de Nicolas.
Si riche de talent, que c’est son patronyme,
Et si tous ses aïeux sont restés anonymes,
Et j’en profite ici pour saluer ses vieux
Qui sans soute ont tous deux des larmes plein les yeux,
C’est pour que brille mieux cette étoile si rare,
Dont nous fêtons ce soir un tout nouveau départ,
Que nous lui souhaitons aussi beau, aussi dense,
Que celui qui lui fit se lancer dans la danse,
Il y a déjà 34 ans de cela.
Sa richesse pour moi se situe au delà de son nom, c’est certain, et même de son charme,
Elle provient surtout de son art qui désarme,
Tellement il paraît naturel, comme un don du seigneur,
et que lui dans un fol abandon dépasse chaque soir, humblement, avec grâce,
Pour nous faire voler dans ces airs qu’il embrasse.
Avez-vous remarqué la finesse des doigts ?
Et sa délicatesse, alternée quelque fois, par une unique rage, une sauvagerie terrible
Puis d’un coup, avec espièglerie, il s’adoucit.
Soudain, nous voyons cet enfant, qu’il est souvent encore à 42 ans.
Il bondit comme un tigre et vole comme un ange,
Il atterrit en chat et tel une mésange, virevolte à nouveau sans même se soucier
De savoir si nous autres avons pu respirer.
J’ai vécu grâce à lui mes plus belles apnées.
Et n’oublierai jamais ces acmés insensés, que dans tous ses ballets il a su nous donner.
Mais ce n’est pas fini…tout ça va continuer…
Ce ne sont pas des adieux non ce n’est qu’un passage
Ton génie Nicolas est plus grand que ton âge.
Et que si cet endroit te déclare trop vieux, pour continuer ici tes grands sauts périlleux
Et bien tu les feras ailleurs, sur d’autres scènes,
Tu auras pour créer le soutien des mécènes
Ou celui de l’Etat ! Ce serait pas mal ça !
Que tu puisses transmettre !
Enfin ce n’est pas tout ça, mais j’entends en coulisses, un cheval qui trépigne,
Et n’ayant pu trouver de belle rime en -igne
Avant que ce canasson me dise allez ouste
Je m’en vais pour conclure citer Marcel Proust
Il dit, pour définir un autre immense artiste,
Ce qu’à mon tour je puis dire pour ce soliste – qui est mon ami,
En toute simplicité, il l’appelle novateur à perpétuité. »

Mathieu Ganio et Audric Bézard livre un joli tableau de Caligula. On regrettera seulement de n’avoir pas vu vraiment danser Mathieu Ganio dont les lignes peuvent rappeler celles de Nicolas Le riche plus jeune. Ce n’est donc pas pour rien que le chorégraphe a choisi cet autre grand danseur pour interpréter le rôle de l’empereur romain.

Nicolas Le Riche & Friends

 

Les machinistes installent le décor du Boléro à vue, pour le plus grand bonheur du public. Réglages des lumières pour les bras du début du ballet. Les chaises rouges s’alignent, la table est au centre. Il y plane comme un fantôme au-dessus, qui va prendre chair dans quelques instants. Le Boléro commence, les mains s’animent, le regard fixé au fond de la salle. Les corps sur les chaises commencent à bouger. Tout s’enchaîne vite trop vite, on voudra ralentir le rythme de la caisse claire. Les danseurs sont déjà tous debout, prêts autour de la table, comme un sacre autour d’un dieu dansant. Il sourit à tous ces danseurs autour de lui, qui ont admirablement dansé ce soir. C’est cette histoire qu’il nous a raconté ce soir, celle du petit garçon de l’école, du danseur et de ses maîtres, des oeuvres qui l’ont marqué, de sa place dans la danse aujourd’hui, sans doute, comme idole. Il s’est imposé comme le plus grand danseur de sa génération et ce soir il a encore montré tout son talent. L’ovation que le public lui rend est intense et très longue (le minutage diverge selon les sources et, à dire vrai, je n’ai pas du tout regardé ma montre). Ce fut un moment d’une joie intense, faite de partage entre le public, les artistes et le danseur.

Nicolas Le Riche a ensuite été fait commandeur des arts et des lettres. Il a fait un discours très touchant où il a retracé cette fois-ci avec des mots son parcours dans cette maison ; en commençant par l’examen de santé, puis le premier cours, le couloir des cent mètres, les premiers pas sur scène. Discours qu’il termine sur ces mots : « J’espère que l’honneur qui m’est fait ce soir est un signe pour l’avenir « . 

Plus de photos sur ma page Facebook, clic
La soirée à voir et à revoir sans modération sur ARTE concert, clic

Les citations sont extraites du programme.

Nouvelles du 11 juin

alt= »Marina Guizien et Ashley Wittle du ballet de Bordeaux photographiés par Deyan Parouchev » src= »http://img.over-blog.com/600×400/2/73/26/39/DANSEURS/163536_10150797423883204_1558346886_n.jpg »>

© Deyan Parouchev Photography

 

Pas le courage de faire grand chose dans la semaine qui fut assez chargée niveau boulot, la danse est passée à la trappe ! Pas complètement, ce ne serait pas possible ! Je me suis rattrapée ce week end. J’ai passé mon samedi à feuilleter une vieille revue anglaise Dance and Dancers, dont m’a fait cadeau une gentille dame. A chaque une, un danseur ou un couple, des critiques et analyses des spectacles du mois. Une mine. J’ai de la lecture pour tout l’été.

Samedi soir, concert de Dvorak, Stabat Mater à l’église Sainte Elisabeth de Hongrie. J’ai beaucoup apprécié les parties avec choeur et le solo de l’alto Inflammatus et accensus.
Dimanche, vote (certains ont du oublier au vu de l’abstention…) et Decouflé à la
Villette
, véritable arme contre la morosité et la pluie qui ne cesse de tomber sur Paris.

Cette semaine, on peut aller voir les répétitions de La Fille Mal Gardée, voir Peter Gynt pour la dernière semaine à la comédie Française ou encore découvrir le Best Of de Découflé à la Villette.

  • Les sorties de la semaine

Pas grand chose à se mettre sous la dent cette semaine côté danse. si vous êtes à l’Arop vous irez peut être comme moi à la séance de travail de La Fille Mal gardée. Danses avec la plume a assisté à une conférence de Sylvie Jacq Mioche passionnante visiblement, qui retrace l’histoire du ballet et de sa création. La première aura lieu le 18 juin. La générale a lieu samedi soir, mais je serai en bord de mer, marre de toute cette pluie ici.

409075_332670030086226_1208094932_n.jpg

Viva Danza s’expose à partir du 14 juin à La chaumière à Musique rue de Vaugirard dans le 6ème. Vous pourrez voir les photos de Sébastien Mathé jusqu’au 15 juillet. Avis aux amateurs !

  • En vrac

Interview de Guillem dans Le Figaro « J’ai envie de grands combats ».

***

Le 12 juin, les premières divisions de l’école de danse de l’Opéra de Paris passent le concours interne.

***

Le 14 juin présentation de la saison 2012-2013 au Châtelet.

***

L’opéra de Paris change de contrat pour le cinéma et confie ses ballets à UGC. A lire ici.

***

L’Eléphant Paname, centre de danse de Fanny Fiat ouvrira ses portes en septembre.

***

  • Bonus vidéo

Solo de Muriel Zusperreguy dans une chorégraphie de Nicolas Paul..

 

Sylvie Guillem 6000 miles away

Sylvie-Guillem_Bye_3_mBill-Cooper.jpg

Il est des monstres de la danse qu’on voudrait immortels. Parmi eux, il y a évidemment Sylvie Guillem. Parce que même immobile, elle vous capte, elle vous raconte une histoire
avec une respiration, elle vous touche quelque part où d’autres peinent à entrer.

 Il est aussi des chorégraphies qui siéent particulièrement à certains artistes. Parmi mes amis et des lecteurs de ce blog, certains connaissent mon amour pour les chaussures.
Quand une paire va parfaitement à vos pieds, avec toutes les tenues, elle reste en permanence dans mon couloir. Elles sont comme une seconde peau, je ne peux plus m’en séparer. Les chorégraphies sont comme une seconde peau pour Guillem. Un langage qui lui va parfaitement. Son corps est au service de ces chorégraphies  et on passe une soirée rare.

 La première pièce de Forsythe fut comme un rêve flou, dans lequel on trace des lignes. Un carré de lumière sur les deux interprètes, Guillem et Massumaru. Un
musique presque sourde, qui semble suivre les interprètes. On retrouve un langage très dessiné mais sans être raide. C’est une danse fluide, où les danseurs semblent détachés de la scène. Ils sont un objet en mouvement, que l’on observe par intermittence. En effet, le duo danse entre des noirs où tout se coupe. A chaque réveil, de nouveau ces tracés avec les bras. Des cercles rencontrent les lignes des jambes. C’est très géométrique, mais cela se mêle à une certaine poésie de l’expression du corps.

La deuxième pièce fut celle que j’ai préféré chorégraphiquement. On ne se refait pas, et le langage de Kylian est celui qui me touche profondément. Scénographiquement, c’est très élégant. On joue avec le tapis de scène, on explore la relation à cette seconde peau, on s’enroule dedans, on disparaît dessous. L’espace est sans cesse bousculé, reconstruit. Les lumières rasantes découpent la scène en plusieurs espaces pour danser. Les lumières douces mettent en valeur les mouvements. Kylian joue une fois de plus la carte
de la nudité sans jamais être vulgaire. Le vêtement n’est que le prolongement de la peau. Il parvient dans les mouvements à faire oublier la nudité, là où, ailleurs, elle dérangerait
probablement. Très joli duo, j’ai complètement adhéré à cette pièce.

Guillem revient sur la scène avec Bye de Mats Ek. Petit bonbon pétillant qui vous donne un grand sourire, Bye est comme ces histoires courtes qu’on vous raconte et qui vous procure une grande joie. Tout le talent de Guillem ressort dans cette chorégraphie poétique. L’histoire d’une femme, qui part en voyage, qui revient. Au milieu du
décor composé juste d’un panneau, sur lequel on projette des images, ou bien dans lequel on peut entrer, se faire numériser, Guillem danse. Ouvrant son âme au public le temps de cette pièce, elle livre un spectacle touchant, qui vous captive. Son visage est un masque qui se transforme à loisirs. Son corps me fascine totalement, cette danseuse est un ovni qu’il faut voir danser. On ne peut se lasser de voir ces jambes s’étirer à l’infini, ces pieds qui à eux seuls peuvent faire une chorégraphie.

Rearray – création en France
William Forsythe  chorégraphie, costumes & conception lumières
David Morrow  musique
Rachel Shipp  réalisation lumières
Duo interprété par Sylvie Guillem et Massimo Murru (17 et 21 mars), danseur Etoile du Théâtre de la Scala.

27’52’’
Jiří Kylián chorégraphie & décors
Dirk Haubrich musique
Joke Visser costumes
Kees Tjebbes lumières
Duo interprété par Aurélie Cayla et Lukas Timulak

Bye – création en France
Mats Ek chorégraphie
Beethoven (sonate pour piano op. 111, enregistrement interprété par Ivo Pogorelich)  musique
Katrin Brännström décors & costumes
Erik Berglund  lumières
Coproduit par Dansens Hus Stockholm
Solo interprété par Sylvie Guillem

 

Musique enregistrée

 

Nouvelles du 21 novembre

Une_Cendrillon.jpg

© Opéra de Paris

Après une semaine très calme côté sorties, je suis tout de même allée un peu au cinéma, la semaine à venir s’annonce plus sympathique. Je revis dès que je suis dans un théâtre moi ! J’étais bien éteinte cette semaine. J’ai beaucoup lu, je vous en ferai part dans un billet prochain. C’est Noël avant l’heure en tous les cas, car j’ai reçu le livre de l’expo sur la robe de Marylin, très beau livre, avec des photos très sympas.

Cette semaine, des ballets classiques, contemporains, une expo, bref plein de choses agréables en perspective!

  • Le ballet classique  de la semaine : Cendrillon !

Cela fait bien longtemps que je n’ai pas vu ce ballet. J’ai le DVD, donc je me suis fait une piqûre de rappel. Je vais aussi relire les contes de Grimm et de Perrault. Je vous conseille aussi la merveilleuse pièce de Joël Pommerat qui se joue au théâtre de l’Odéon (mais que j’ai raté vendredi soir, l’appel de Y*** ayant abouti sur mon répondeur….grrrrr). Pour compléter, on fera un petit tour à Garnier, voir  La Cerentolla de Rossini. Si j’ai le temps de faire tout ça ce serait merveilleux !

J’ai bien la ferme intention d’aller à la première vendredi soir.prokofiev letestu agnes cendrillon cinderella

Côté distributions,
cela donne ça, et il y en a beaucoup !

 

Les 25, 27 (14h30) novembre, les 4, 7, 12 décembre

Cendrillon Agnès Letestu
L’acteur vedette Stéphane Bullion
Les deux soeurs Mélanie Hurel, Ludmila Pagliero
La mère Stéphane Phavorin
Le producteur Karl Paquette
Le professeur Christophe Duquenne

Le 28 novembre, les 1er, 3 décembre

Cendrillon Dorothée Gilbert
L’acteur vedette Nicolas Le Riche
Les deux soeurs Nolwenn Daniel, Alice Renavand
La mère Simon Valastro
Le producteur Karl Paquette
Le professeur Alessio Carbone

Le 30 novembre, les 6, 10, 14 décembre

Cendrillon Marie-Agnes Gillot
L’acteur vedette Florian Magnenet
Les deux soeurs Amandine Albisson, Sabrina Mallem
La mère Aurélien Houette
Le producteur Yann Saïz
Le professeur Florimond Lorieux

Les 9,13, 16, 20, 23 décembre

Cendrillon Laëtitia Pujol
L’acteur vedette Jérémie Bélingard
Les deux soeurs Christelle Granier, Caroline Bance
La mère Simon Valastro
Le producteur Alessio Carbone
Le professeur Mallory Gaudion

Les 19, 21, 25 et 30 décembre

Cendrillon Emilie Cozette
L’acteur vedette Vincent Chaillet (ah bon?) / Karl Paquette
Les deux soeurs Géraldine Wiart, Laure Muret
La mère Alexis Renaud
Le producteur Yann Saïz
Le professeur Alessio Carbone

Les 22, 26, 28 et 31 décembre

Cendrillon Aurélie Dupont
L’acteur vedette Josua Hoffalt
Les deux soeurs Mélanie Hurel, Ludmila Pagliero
La mère Stéphane Phavorin
Le producteur Alessio Carbone
Le professeur Emmanuel Thibault

Il reste plein de places, y compris pour le 31. Pour réserver, c’est par ici.

  • Le ballet contemporain de la semaine : Artifact de Forsythe

RBFartifact2009_00434.jpg

© Johann Persson / Théâtre de Chaillot

Alors c’est LE ballet à ne pas manquer. Si vous voulez voir de la danse pure, des beaux ensembles, un travail de lumières qui met les lignes et les gestes en valeur, bref si vous n’avez jamais vu de Forsythe, il faut absolument voir cela. Artifact, c’est LA pièce de Forsythe. C’est à partir de celle là, que tout le reste de sa danse se construit. Pas d’argument, mais une technique qui ne laisse pas de place aux hésitations. Pas de personnages, juste de la danse… tout ce que j’aime.

C’est le Ballet Royal de Flandre qui danse la pièce et qui a maintenant l’habitude de danser les chefs d’œuvre de ce chorégraphe de génie. Ça se passe à Chaillot du 24 au 30 novembre, dans le cadre du Festival d’automne. J’y vais le 26, j’ai hâte, j’ai hâte !
Allez petit extrait vidéo pour vous donner envie :

 

  • Le transfert choc de la semaine : Osipova et Vassiliev quittent le Bolchoï !

Wahou la bombe dans le monde du Bolchoï. On pouvait lire sur sa page Facebook le 14 novembre au matin « BIG NEWS COMING SOON…I’m So Excited To Share With You
All… »
, puis « 
For me, a native Muscovite, the decision to move to The Mikhailovsky – Is a very serious step. The main reason why I’m leaving the Bolshoi
Theatre – is the lack of repertoire: everything that you could dance, I danced. We are going for creative freedom. Life has become too comfortable for me, I feel a great need for change and
desire for artistic expression. I hope you understand and have a beautiful day!
« .


378042_307755302586688_302848983077320_1234321_647226090_n.jpg

 

Je ne vous parle pas du déchaînement sur Twitter. Moi qui n’avais pas tout suivi (oui des fois je bosse!) et bien il fallait rattraper le débat. Les deux amoureux, stars
du Bolchoï ont décidé de quitter le Grand théâtre pour rejoindre le Mikhailovsky dirigé depuis peu par Nacho Duato, dont le répertoire est ici. Ils ont signé ensemble un contrat de 5 ans.

A lire sur le sujet :

Le communiqué de presse du Mikhailovsky.

Un article de la BBC News.

Une interview des deux danseurs (traduction google désolée !) dans un journal russe.

La dépêche de l’AFP.

Un article dans le journal russe Izvestia (google traduction).

La dépêche de Reuters.

 

Personnellement je trouve la décision courageuse et intéressante de vouloir aller se confronter à l’univers de Nacho Duato, dont j’adore les chorégraphies.. Avoir travaillé avec Kylian, ça laisse des traces.

  • L’exposition de la semaine : Danser sa vie

L’inauguration a lieu mercredi. C’est la nouvelle grosse exposition de Centre Pompidou.La problématique de l’exposition est de montrer les liens et les passerelles entre la danse du XXème siècle et les arts visuels et l’art contemporain en général. Vous y découvrirez donc le dialogue tout au long du siècle dernier entre la danse et les arts; sculptures, peintures, installations vidéos, etc.

En plus, Vidéodanse organise des projections sur différents thèmes : voir tous les thèmes ici.

Ne manquez pas non plus les conférences (gratuites) autour de l’expo, dont voici la liste.

Catalogue de l'expo Danser sa vie

Plus de renseignements, sur le site du musée.

Danser sa vie du 23 novembre au 2 avril, au Centre Pompidou.

  • En vrac

A ne pas rater cette semaine, le junior ballet contemporain, il est encore temps de réserver. Au programme :

Thomas Lebrun, Création (2011), Commande du Cnsmdp
Angelin Preljocaj, Noces (1989), Musique : Igor Stravinski
Hofesh Shechter, Uprising (2006), Musique : Hofesh Shechter

***

Marie-Agnès Gillot enchaine les interviews, voilà celle de Paris Match.

***

Info par Danses avec la plume, le restaurant de l’Opéra de Paris va organiser une soirée au Nouvel an. Prix par personne : 300€.

***

  • La vidéo de la semaine : Sylvie Guillem au top !

Quand j’ai vu dans le post d’un FacebookFriend, « Sylvie, 46 ans… » j’ai tout de suite pensé à un balletomane que je croise de temps en temps, ce cher D***, qui m’avait écrit un fabuleux mail, cet été,  pour me décrire la danse de Sylvie Guillem qui était au top, pour danser du Forsythe avec Le Riche.