© Anita Gioia
Solo, n.m (de l’adjectif italien solo, seul)
1. Variation, danse effectuée par une seule personne
2. Fig. Portrait chinois collectif et cartésien
De retour à la Villette pour voir Decouflé dans son Solo, crée en 2003,
qu’il revisite pour l’événement que La Villette a crée autour de lui. Solo c’est une chorégraphie où Phillipe Decouflé s’amuse avec le genre. Comment rester une heure sur scène et ne pas paraître égocentrique et narcissique ? Decouflé y parvient par un côté humoristique et touchant, toujours finalement sa patte artistique. Il se dévoile par des photos familiales, nous montre ses faiblesses, le corps qui finalement vieilli, mais qui n’a pas perdu pour autant son aura.
Pour ne pas être si seul ou pour se dédoubler, chacun choisira son interprétation, les deux n’étant pas incompatibles, Decouflé use à tout va de procédés visuels où son corps se multiplie. Ainsi il crée des doubles avec lesquels il entre en contact, ou en conflit au gré de sa chorégraphie. L’apogée de ce procédé est dans l’hommage rendu aux comédies musicales des années 30, où Decouflé devient une pin-up sur une marche d’escalier. Il s’amuse, renverse son escalier, on plonge alors dans un univers plus onirique, où le sol est mobile, où on a la tête à l’envers.
© C. Raynaud de Lage
Si Decouflé déclare détester ses pieds et à l’occasion nous les montrer, ses mains en revanche c’est une toute autre histoire. Elle lui servent à faire ses ombres, deviennent de petits
personnages, explorent leur propre corps, racontent des histoires, comme dans le célèbre petit bal perdu. Mains magiques, dont les doigts semblent plus nombreux que 10, qui fourmillent sur une table, devant une caméra ou derrière un rideau.
J’ai beaucoup aimé l’univers solo du chorégraphe, finalement assez simple, mais toujours créatif. Obsédé par les kaléidoscopes, il va jusqu’au bout de ses démonstrations chorégraphiques via la vidéo. Il montre que la répétition se veut toujours plus intense, elle ajoute un instrument supplémentaire à l’orchestration du corps. Le corps du danseur se multiplie, se décline, se retourne, se fige pour être recouvert par d’autres formes, d’autres couleurs. Chapeau aussi à son homme orchestre qui signe la plupart de la musique en live.
Les deux spectacles de Philippe Decouflé vont partir en tournée l’an prochain, à suivre et à revoir !
Distribution
Direction artistique et interprétation Philippe Decouflé
Musique Joachim Latarjet
Vidéo Olivier Simola
Lumières Patrice Besombes
Son Claire Thiébault
Régie vidéo Laurent Radanovic
Accessoires Pierre-Jean Verbraeken
- Le petit bal perdu