Sasha Waltz

Bilan de la saison 2012 2013

Le temps laisse place aux souvenirs, voilà que je me remets à penser à tout ce que j’ai vu, ce qui m’a touchée, parfois bouleversée, souvent émue et changé mon regard.

Les dix spectacles qui ont retenu mon attention, et auxquels je repense souvent, sont :

  1. Desh d’Akram Khan, vu au Théâtre de la Ville le 29 décembre 2012. Incontestablement celui qui m’a le plus touchée, en alliant la beauté la beauté de la danse et la justesse du propos. La question des origines y est traitée avec beaucoup d’humilité et d’émotion. Relire ma chronique, clic
  2. Medea de Pascal Dusapin, chorégraphie de Sasha Waltz, vu au T.C.E. le 10 novembre 2012. Force, élégance du geste, puissance narrative sur la très belle musique de Dusapin, cette pièce m’a marquée par sa richesse chorégraphique, dont certains passages continuent d’aller et venir dans mon esprit. Relire ma chronique, clic
  3. Kontakthof de Pina Bausch, vu au Théâtre de la Ville les 11 et 21 juin 2013. On se passerait presque de commentaires tant le chef d’œuvre parle de lui-même. Un très grand moment d’émotion, les mots m’ont manqué pour en parler. Non chroniqué.
  4. May B de Maguy Marin, vu au Théâtre du Rond-Point le 1er décembre 2012. Je crois que ce soir là je n’ai pas décollé mon dos de mon siège et mes yeux n’ont pas cligné, tant j’étais absorbée par l’univers beckettien de cette pièce remarquable. Les mouvements et les intentions peignent avec beaucoup de véracité la complexité de la nature humaine. Relire ma chronique, clic
  5. Désordres de Samuel Murez, vu au Théâtre André Malraux de Rueil-Malmaison le 8 juin 2013. La belle surprise de l’année. Un spectacle brillant, moderne où la forte théâtralité met toujours en valeur la danse, très virtuose, servie par des interprètes comme on ne les voit nulle part ailleurs. Relire ma chronique, clic
  6. Soirée Forsythe/Brown, vu à l’Opéra de Paris, les 3 et 31 décembre 2013. Meilleur programme pour moi de la saison à l’Opéra, j’en garde un excellent souvenir. Le très beau Pas./Parts emportait définitivement le public, avec des danseurs très engagés et lumineux. Aurélia Bellet signait quant à elle une belle performance dans In the middle. Je n’ai pas encore enlevé la musique de Thom Willem dans mon ipod. Relire ma chronique, clic
  7. Soirée Roland Petit, vu à l’Opéra de Paris, vu les 26 et 27 mars 2013. La danse narrative et sensuelle de Roland Petit me fascine. Revoir Carmen était un vrai délice, la nomination d’Eleonora Abbagnato, la cerise sur le gâteau. Le genre de soirée dont je ne saurais me lasser. Relire ma chronique, clic
  8. Brilliant Corners d’Emanuel Gat, vu au Théâtre de la Ville le 6 avril 2013. Très belle chorégraphie, dans cette pièce les corps s’emmêlaient et se démêlaient. Un véritable kaléidoscope. L’exigence et la lisibilité de l’écriture rappellent qu’Emanuel Gat fait partie des chorégraphes inventifs et modernes. Non chroniqué.
  9. Elena’s Aria d’Anne Teresa de Keersmaeker, vu au Théâtre de la Ville le 15 mai 2013. Le silence que sait imposer la chorégraphe belge m’a amené dans une lente contemplation. Une phrase, rien qu’une phrase, qui se construit à travers un dédale de chaises. Une épreuve pour certains, un ravissement pour d’autres. Relire ma chronique, clic
  10. Hasta Donde de Sharon Fridman, vu le 21 novembre 2012 au Silencio. Petite madeleine, qui me fait immédiatement remonter les émotions en tête. Le lieu, l’ambiance, la danse, la fluidité des corps, une soirée remarquable avec A***. Non chroniqué.

Akram Khan Desh

Pour mes grosses déceptions, je dirai dans le désordre, Ballet am Rhein vu au théâtre de la Ville, Israël Galvan (je n’aime toujours pas le flamenco…), le Gala Noureev à l’Opéra de Paris, et Tabac Rouge de James Thiérrée dont j’attendais sans doute trop.

Côté théâtre et « autres spectacles » mes coups de cœur de la saison vont à Nouveau Roman de Christophe Honoré (vu le 24 novembre au théâtre de la Colline), Grandeur et misère du IIIème Reich par le Berliner Ensemble (vu le 25 septembre au Théâtre de la Ville), Fin de partie, mise en scène d’Alain Françon (vu au Théâtre de l’Odéon le 16 janvier 2013), Mahabharata, vu au musée du Quai Branly le 8 février 2013.

Et vous, après ce bel été, que retenez-vous de la saison dernière ?

Nouvelles de 2013 n°14

Cette soirée au T.C.E. fut sans doute la plus belle depuis plusieurs mois. Quels sacres ! Voir celui de Nijinsky, a provoqué une émotion particulière, qui n’était rien face à celle ressentie devant le Sacre de Sasha Waltz… Relire ma chronique, clic

Ma semaine fut plutôt studieuse, et j’ai fui les salles de théâtre (si, si c’est possible). Je voulais aller au cinéma, je n’ai pas pris ce temps j’espère en avoir le temps cette semaine. Allez cette semaine va être explosive, voilà trois spectacles que je vais découvrir, faîtes en donc de même !

  • Les sorties de la semaine

On poursuit le Centenaire du TCE  avec la venue à Paris du Tanztheater wuppertal de Pina Bausch, qui vient danser le Sacre du printemps. Sans doute une des plus belles chorégraphies sur cette musique, celle en tous les cas qui ne peut vous laisser indifférent. Au sol, de la terre noire, sur laquelle la danse devient transformée. Les corps semblent sortir de terre, elle leur colle à la peau. On est emporté jusqu’à une danse de l’élue qui vous prend au coeur.
Relire ma chronique sur le ballet donné à Garnier, clic
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Dans un tout autre genre, on va à la Villette pour découvrir un spectacle tout à fait original, We were horses de Carolyn Carlson et Bartabas. Pendant un mois et pour fêter le 10ème anniversaire de l’académie équestre de Versailles, Bartabas s’installe à la Grande Halle de La Villette pour un mois du 7 au 30 juin. Le spectacle est né de la rencontre des deux artistes. 16 danseurs, 9 écuyers pour vous emmener dans une féerie toute particulière. Autour du spectacle, des matinées sont organisées pour découvrir le travail des écuyers, qui comme celui des danseurs, est une discipline quotidienne. Des ateliers pour les enfants et des soirées sont organisés. Les cinéma MK2 Seine et Loire organisent eux aussi des séances autour du travail du plus célèbre des écuyers.
A noter, sur Twitter, vous pouvez gagner 2×2 places en « retweetant » le tweet du concours. Tirage au sort, mercredi.
Plus d’infos et réservations, clic

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Enfin direction Rueil Malmaison pour découvrir ou redécouvrir la compagnie 3ème étage de Samuel Murez, danseur de l’Opéra de Paris. Il a eu ce besoin vital de créer cette troupe pour prendre le temps de chorégraphier, de faire des choses différentes du travail à l’Opéra. Entouré de danseurs de l’Opéra, Ludmila Pagliero, Josua Hoffalt, Jérémy Loup Quer, Takeru Coste, François Alu, Laura Hecquet, Léonore Baulac, Lydie Vareilhes, Hugo Vigliotti, Fabien Révillion. Le spectacle Désordres est donné au théâtre André Malraux du 8 au 12 juin. On y découvrira des pièces déjà dansées par la compagnie et de nouvelles créations. A noter, cet été la compagnie participera au très prestigieux Jacob’s Pillow Festival.
Réservations www.3e-etage.com/tam ou 01.47.3.24.42.

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  • La photo de la semaine : Aurélie Dupont et Jérémie Bélingard par Christian Lartillot

Aurélie Dupont et Jérémie Bélingard par Christian Lartillot

  • La vidéo de la semaine

Digression toute personnelle, un très bel anniversaire cette semaine, à la femme que j’aime le plus au monde, ma maman.

 

Sacre(s) du Printemps au T.C.E.

Quand le TCE organise son centenaire, il ne le fait pas à moitié et le résultat est une belle réussite. Deux sacres dans une soirée, comme un pont dans l’histoire de la danse, celle du théâtre et des corps des danseurs qui ont foulé son sol. Pour cela, le théâtre a invité le théâtre du Mariinsky à venir danser la version chorégraphiée en 1913 par Nijinsky et celle de 2013 chorégraphiée par Sasha Waltz.

Sacre du printemps Nijinsky

La soirée commençait donc avec le Sacre de Nijinsky. Après le scandale du faune en 1912, à cause de la scène finale du ballet, voilà que Nijinsky récidive en 1913 avec Le Sacre du printemps. Le ballet choque, on parle dans les journaux du « massacre du printemps ». Ce qui choque cette fois-ci c’est ce qui ravit les yeux aujourd’hui. Les pas scandés sur le sol, les rythmes de la danse qui viennent s’ajouter à la musique, les sauts comme démoniaques, les groupes qui se forment, sans que tout de suite un soliste sorte du groupe. La musique devient obsédante, les couleurs des costumes se mêlent.
Le découpage en deux parties est très clair. Changement de toile de fond, lumière plus tamisée. Les femmes se regroupent, le cercle est formé. Un nouveau rythme se crée, tout aussi virevoltant que le premier mais différent. Chaque note de musique résonne sur les corps des danseurs qui semblent totalement vibrer. Chaque note engendre un geste, un pas frappé dans le sol qui saisit le cœur du spectateur. L’histoire se déroule sous ns yeux, jusqu’à la scène du sacrifice finale, admirablement dansée.
On en ressort avec l’impression d’avoir vécu quelque chose d’important. Liesse du public, aussi forte peut-être qu’a pu être les huées il y a cent ans. Ce qu’a fait Nijinsky a révolutionné le ballet tel qu’il existait, pour donner naissance au ballet moderne, que nous apprécions aujourd’hui. La chorégraphie n’a rien perdu de sa modernité, et fait frissonner le public tout entier.

Sacre Nijinsky c natasha Razina

En deuxième partie, nous avons assisté au Sacre du Printemps chorégraphiée par Sasha Waltz. Ce fut très fort. D’abord d’entendre une deuxième fois la musique. Le rideau de fer se lève lentement et laisse place à une épaisse fumée. On distingue à peine les corps dans ce brouillard. On pense vite aux steppes russes. Au sol deux personnes sont enlacées. Au centre, il y a un monticule de terre grise. On pense immédiatement à Pina, à ce rapport très terrien, aux pieds qui vont fouler cette matière et qui va donner un autre rapport au sol. Des groupes de danseurs entrent. Le centre semble un point d’attraction répulsion. Les corps sont comme endormis, les bras vers l’avant on dirait presque des morts-vivants. Ils avancent en petits sauts scandés. Ils semblent revenir d’un long hiver, glacial. Les corps sont hantés par la musique, qui provoquent comme des tensions ça et là en eux. Ils sont comme guidés, tout en restant encore habités dans le regard par quelque chose d’autre. On retrouve une opposition homme femmes, comme chez Pina Bausch. L’hommage est assumé, et Sasha Waltz en fait quelque chose de tout aussi intéressant. Une violence nait là aussi entre les groupes. Elle est sexuelle, parfois presque cannibale, si bien qu’on est déjà dans l’interrogation de la forme que va prendre le sacrifice.
La terre commence à se répartir au sol, et du ciel glisse un pieu, un peu comme un stalactite or. Les corps s’arrondissent, des courbes se dessinent, les bras des danseuses aussi, tout comme le son du violon. La danse de Sasha Waltz s’intensifie avec la musique et sur les notes de flûte, les corps s’affolent. Tous rentrent dans une grande course, même des enfants. Sasha Waltz s’est autorisée une pause musicale, au centre là au Nijinsky faisait son changement de décor. Les souffles des danseurs résonnent dans la salle, le public fait un silence pour écouter cette chorégraphie qui se poursuit, avec la tension de l’attente pour la reprise. Quand la musique redémarre, une intimité se crée, encore plus forte. La danse ne fait qu’un tourbillon. La richesse de la chorégraphie qui s’éparpille dans des solistes, des duos des trios, éclate aux yeux. Puis tout se rassemble dans un groupe et de là, à nouveau quelque chose jaillit. On sent toute la naissance de quelque chose de vital. La musique se ralentit, la danse aussi. Le pieu descend un peu plus, se rapprochant du sol. L’élue va être choisie. Elle enfile un vêtement pour le sacrifice. Violet. Couleur froide, mais tranchant avec le grisâtre des autres costumes. La danse du sacrifice commence, le pieu s’avance un peu plus vers le sol, sans qu’on ait eu le temps de le voir bouger. C’est une longue lame qui va s’enfoncer dans la terre. A jardin, ils sont tous rassemblés et ils l’observent. Elle s’épuise, elle va bientôt lâcher. Elle chute, se relève, court, ne cherche pas le regard des autres, le sien est déjà vide, habité par la mort prochaine. Elle se suspend et chute. Superbe.

Sasha Waltz signe une grande version du Sacre, que j’espère revoir. La richesse de son langage, les niveaux de lecture de l’œuvre en font une très grande chorégraphie. Déjà soufflée par la beauté de son Médée au début de la saison du TCE, c’est de nouveau une grande extase de voir le travail de cette chorégraphe, qui a une vision de la musique très juste et une qualité du geste, qu’on ne voit pas si souvent.

Le centenaire du TCE se poursuit la semaine prochaine, avec la venue du Tanztheater de Pina Bausch… Plus d’infos et réservations, clic

Sacre Sasha c Jean Phulippe Raibaud

  • A lire

La Croix, Le Sacre du printemps au TCE, clic
Le Figaro, Deux « Sacre » pour un centenaire, A. Bavelier, clic
Le Figaro, Foire d’empoigne autour du Sacre du Printemps, A. Bavelier, clic
Le Figaro, Les 100 ans du Théâtre des Champs Elysées, A. Bavelier, clic
Culturebox, Centenaire du Sacre du printemps: deux pour le prix d’un ! , clic
Le Monde, Soirée Sacre du printemps, clic
Le Monde, Le Sacre reste un moteur à fantasmes, clic
Le Monde, Une lettre de Tamara Nijinsky, clic
Le Point, Le deuxième scandale du Sacre du Printemps, celui des droits d’auteur, clic
Le Figaro TV, Le choc intact du Sacre du printemps, clic

  • Revoir cette soirée sur Arte Live Web

Nouvelles de 2013 n°13

Les deux dernières semaines furent chargées et pleines de bonnes surprises. Pour une fois je fais le bilan à l’envers. Ce week-end, entre deux répétitions de théâtre (j’aime la scène sous toutes ses formes…), j’ai filé à la Colline pour découvrir une pièce d’une très bonne qualité. Dénommé Gosdopin est une fable moderne qui raconte comment un homme qui heureux d’être dépossédé de tout se retrouve avec une demi million d’euro. Il essaye de s’en débarrasser, en vain. Pleine d’humour, la pièce traite de la manière de vivre dans nos sociétés occidentales. Est-il possible de vivre autrement, en faisant fi du libéralisme ? La pièce fait rire, le personnage de Gosdopin est très émouvant, avec une vérité qui résonne qui trouve un écho forcément différent chez chaque spectateur. A voir, d’autant que c’est Benoit Lambert qui a aussi mis en scène l’excellent Que faire ? bientôt à la Colline.

Vendredi soir, j’ai découvert la compagnie de Benjamin Millepied le L.A. Dance Project. Après quarante minutes de profond ennui devant Reflections, une pièce de Benjamin Millepied, qui m’a semblée plutôt fade, je me suis régalée devant Winterbranch de Merce Cunningham. Si la pièce a été huée, je suis restée complètement dedans, tant la chorégraphie était fascinante. La troupe de Millepied est très belle, les danseurs sont vraiment excellents. Enfin pour finir, ce petit bijou de Forsythe, Quintett, dont on sort avec un large sourire tant cette pièce est émouvante et pleine de poésies et de subtilités.

Jeudi soir, Drumming d’Anne Teresa de Keersmaecker tranchait complètement avec le programme de la semaine précédente, Elena’s Aria. Sur la musique de Steeve Reich, le rythme des percussions emmenait une danse fluide. j’ai passé une bonne soirée même si j’avais la chorégraphie de Rain qui me revenait toujours en tête. Moins puissant que Rain, Drumming a tout de même convaincu le public et moi avec , car il se passe tout de même toujours quelque chose dans les pièces d’ATDK.

Mardi soir, j’ai vu Le Cirque invisible au Théâtre du Rond Point. Si le spectacle est remplie d’une belle humanité et de beaucoup de poésie, je m’y suis parfois ennuyée. Les numéros de magie de Jean-Baptiste Thierrée ne sont pas tous réussis. Victoria Chaplin est toujours aussi surprenante et époustouflante, sa tonicité et sa souplesse sont vraiment incroyables.

  • Les sorties de la semaine

L’évènement à ne pas manquer de la semaine, c’est le Sacre du printemps au Théâtre des Champs-Elysées. La soirée sera retransmise mercredi soir en direct sur ARTE Live web. La soirée sera composée de la reprise du Sacre d’après Nijinsky, puis une nouvelle version signée Sasha Waltz.

Sacre TCE
A lire une lettre de Tamara Nijinski, à propos des droits d’auteur de la pièce originelle, clic.
Cette première série de « Sacre » sera suivie la semaine prochaine de la venue du Tanztheater Wuppertal qui viendra bien sûr danser le Sacre de Pina. Puis, ce sera au tour d’Akram Kahn, de venir proposer sa vision de cette œuvre. Plus d’infos et réservations, clic.
A noter aussi, que deux grandes journées de rencontres sont organisées autour de ce grand évènement les 30 & 31 mai. Plus d’infos, détails, et réservations, clic

Si le Sacre ce n’est pas votre truc, rendez-vous au Palais des Congrès pour voir le Gala Noureev & Friends les 31 mai et 1er juin. Au programme de très grands artistes invités, Tamara Rojo, Aurélie Dupont, Evgenia Obratzova, Mathias Heymann et bien d’autres. Tout le programme détaillé est .
Réservations, clic

  • Le cinéma de la semaine

Pour la dernière fois de la saison, jeudi 30 mai à 20h, Pathé du très brillant Neaderlands Tanz Theater. Au programme, de très belles choses :

MAYBE TWO | ALEXANDER EKMAN – Nouvelle création
SARA | SHARON EYAL & GAI BEHAR – Nouvelle création
STUDIO 2 | SOL LEÓN & PAUL LIGHTFOOT
DREAM PLAY | JOHAN INGER

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Deux créations et deux pièces « hommage », une aux 50 ans du ballet NDT et l’autre, qui est une sorte d’hommage au Sacre du Printemps.
Voir un extrait vidéo, clic.

  • La photo de la semaine

Eve par Julien

  • La vidéo de la semaine

Medea Pascal Dusapin et Sasha Waltz au TCE

Spectacle captivant, cet opéra dansé fut une de mes plus belles découvertes de ce début de saison. Retour sur cette pièce incroyable vue le 10 novembre au Théâtre des Champs-Elysées.

Le rideau rouge chute sur le sol. Au fond de la scène, des corps qui semblent soudés les uns aux autres. Ils roulent ensemble reliés par les mains et les pieds. Ils forment à présent un grand cercle, comme le ventre enfantant la colère de Médée. Les corps se détachent, reforment des petits groupes, se relèvent. C’est une danse fluide et douce qui va appuyer le caractère du personnage de Médée, rendu très humain. Disparition des danseurs qui semblent s’être incrustés dans une fresque vivante au mur. C’est Médée qui fait ensuite son entrée.

On est loin de la version sorcière-magicienne qui envoie Thésée capturer le taureau de Minos.  C’est la femme d’avant son crime, une femme perdue et seule. Les premières notes chantées vous saisissent « Ich… ». On frissonne. Le livret d’Heiner Müller et la partition de Dusapin offre la voix de Médée à une unique chanteuse. Jason et la nourrice sont des voix off qui semblent venir d’une loge cachée. Une seule chanteuse sur scène, un chœur qui va se mêler aux danseurs, sorte de miroir de la conscience de Médée, qui va passer de l’humanité à l’horreur. La mise à mort des enfants se fait presque en douceur, comme si au plus fort de sa haine, Médée ne se rendait pas compte de son geste. Dans la musique, comme dans la danse, on est frappé par cette femme qui semble terriblement sensible et qui bascule. Le collier autour de l’enfant éclate, tâche sa robe de sang. Le sang gicle, les mains de Médée sont désormais marquées de cette haine. La danse de Sasha Waltz devient plus rugueuse, plus dure, tandis que la voix de Médée s’affole face à son geste. La scénographie est fabuleuse, peu de choses, des lumières rasantes qui disparaissent peu à peu tant l’esprit de l’héroïne devient trouble. Des ventilateurs soufflent, comme pour laver le crime, rien n’y fait le sang sèche et la voix qui résonne à la fin de l’opéra est seule et n’a plus d’écho. Wo ist mein Mann n’aura pas de réponse… Sublime…

Site du Théâtre des Champs-Elysées clic
Caroline Stein
  Medea
Claudia Bertz, Ulrike Barth  soprano
Anne-Kristin Zschunke mezzo-soprano
Kerstin Stöcker  alto
les quatre voix de Medea
Akademie für Alte Musik Berlin

Vocalconsort Berlin
Sasha Waltz & Guests

A lire ailleurs : Palpatine, La souris