Le chorégraphe britannique est à Paris pour deux soirées, où il présente Still Current. Composé de plusieurs petites pièces, la soirée était une bonne manière de découvrir le style de Russell Maliphant, pour ceux qui ne le connaissent pas encore. Une soirée aux lumières mystérieuses, aux musiques rythmées, où les corps évoluent de manière fluide, tout en maintenant une tension. Retour sur la soirée du 19 mai.
Still ouvre la soirée avec force. Au centre d’une douche de lumière, un homme au corps noir finement dessiné, se meut lentement, sous le rythme du stroboscope et des tambours de la musique. La danse se déploie, elle se fait multiple. L’espace s’agrandit, la danse prend des tonalités hip-hop ou plus tribales. Le rythme accélère, la danse se fait toujours plus fluide, les bras toujours plus grand. Une femme entre, les deux corps entrent en totale fusion. Les bras forment des images douces, envoûtent le regard. Somptueux.
Dans Afterlight, Thomasin Gülgec est lui aussi placé au centre d’une douche de lumière. Comme une poupée sur une boîte à musique, il tourne. Lentement. Très lentement, il déploie des bras courbes. Son corps monte et descend sur son axe sans que l’on voit les pieds bouger. La danse se fait séductrice, ronde, toujours avec ses bras merveilleux. On dirait un dervish tourneur, la danse devient mystique. Elle s’agrandit comme la lumière. Les rotations prennent de l’ampleur, en harmonie avec les notes de la partition de Satie. Puis, tout ce qui s’était déployé va se rétrécir et tout finit par s’absorber dans le noir.
Two est un solo qui avait été crée pour Sylvie Guillem. Two, c’est avant tout une affaire de bras, qui s’emmêlent et se démêlent. On ne voit qu’eux au début de la pièce. Ils se plient, se déplient, se déploient, prennent de la vitesse et dessinent des flous. Bientôt les longues jambes aiguisées de la danseuse viennent les rejoindre. C’est complètement hypnotique et cette danse me fascine totalement.
Après l’entracte, Critical Mass nous replonge vite dans cet univers fantasmagorique. Un duo d’hommes, qui tantôt sont en osmose, tantôt en décalage. Toujours cette forte douceur, avec cette matière invisible créée avec les bras. L’espace obéit à la lumière. Le style est clair, mais il se réinvente dans les formes. Tout est d’une clarté incroyable malgré la pénombre des jeux de lumière. C’est très beau.
La dernière pièce, Still Current, est un pas de deux avec Carys Staton et Alexander Verona. On commence là encore dans une douche de lumière, sorte de contrainte de création mais terriblement efficace, car elle offre là encore une variation sur le thème très intéressante. La lumière va s’éteindre et se rallumer pour faire découvrir toujours plus de formes entre ces deux corps. Jeux d’opposition, de magnétisme. La musique se fait mélodique grâce aux rythmes qui résonnent. Le corps de la femme s’envole sur le dos de l’homme. Il se rigidifie, puis se glisse dans les bras de l’autre. Une merveille.
Je suis sortie très enthousiaste de cette soirée, qui concentre beaucoup de ce que j’aime dans la danse : des corps somptueux, un travail de la lumière passionnant, une chorégraphie riche par ses formes et sa construction dans l’espace, une danse pleine de poésie.
Les photos viennent du site de Russell Maliphant, clic
Le site du TCE avec la page de l’évènement, clic
A venir sur le blog du TCE, ma rencontre avec Russell Maliphant.
Depuis que le couple de chorégraphe Dominique Montalvo et José Hervieu ont repris la direction de ce théâtre, il y a beaucoup plus de danse, ce qui n’est pas pour me déplaire. Après tout, il y a si peu de théâtres dirigés par des danseurs ou des chorégraphes profitons-en!! Didier Deschamps reprend le flambeau à partir de juillet 2011, espérons pour lui que la saison soit belle.
La saison complète est là, je vais pour ma part, présenter seulement la danse.
Soirée Trisha Brown du 5 au 14 octobre 2011
Elle vient sur la scène de la salle Jean vilar avec 4 pièces, dont Les Yeux et l’âme, présentée pour la première fois en Europe, Opal Loop/Cloud Installation#72503, Watermotor et une nouvelle Création.
Trisha Brown se situe dans la mouvance de la post-modern dance américaine, et j’avoue que ce n’est pas toujours ma tasse de thé. L’an dernier il y avait eu une belle exposition vidéo au CND consacrée à la chorégraphe qui m’avait permis de découvrir plus en profondeur son travail. Il y a beaucoup de travail que j’assimile à de la performance et qui ne présente pas toujours un intérêt chorégraphique.
Autour de l’œuvre: pratiquer les 30 septembre et 1er octobre de 10h à 13h. Et aussi des performances, des projections de films.
Rosalba Torres Guerrero/Lucas Racasse/ Les ballets C de la B du 5 au 8 octobre 2011
Il s’agit là d’une projection vidéo, Pénombre, qui a lieu au Studio. Cela parle d’une femme qui se transforme. Rosalba est une ancienne danseuse de Découflé et de chez Anne Teresa de Keersmaeker.
Legend Lin Dance Theatre les 17 et 18 novembre 2011
C’est la première venue de cette compagnie au théâtre de Chaillot qui vient avec Chants de la destinée (Songs of pensive Beholding). Cette compagnie d’origine taïwanaise mêle tradition et modernité. A découvrir.
William Forsythe et le Ballet Royal de Flandre 24/11-30/11 et 6/12-10/12
C’est ce que je ne veux pas manquer!! Premier programme, Artifact, du 24 au 30 novembre, puis Impressing the Czar. Quoi de mieux qu’un bon Forsythe, de belles lignes épurées, de la danse pure? Et bien rien!
Foncez, prenez vos places pour voir ces deux programmes et découvrir le génie du chorégraphe.
Autour de l’œuvre: les danseurs au travail, des présentations du travail de Forsythe au CND.
William Forsythe et The Forsythe Compagny du 15 au 17 décembre
Et pour clôturer le tout une nouvelle création du chorégraphe avec ses danseurs. 3 dates ce n’est pas beaucoup, aucune raison de les manquer.
Richard Siegal / R&Sie(n) du 15 au 17 décembre
Civic Mimic. Performance. Travail autour de l’architecture et du design.
Cirque Éloize du 24 décembre au 20 janvier 2012
iD arrive sur la scène de Chaillot après Rain au Rond-Point l’an dernier. Ce spectacle plein de féerie et de magie plaira aux grands comme aux petits. Le cirque Eloize a des
scénographies superbes, des artistes fabuleux. C’est un fin mélanges des genres.
Marion Lévy du 4 au 13 janvier 2012
Dans le ventre du loup. Ce spectacle de danse-théatre questionne nos peurs les plus intimes. Salle Gémier
Russell Maliphant Company du 31 janvier au 10 février 2012
C’est avec une création autour de Rodin que vient la compagnie.Dans cette création pour 5 danseurs, on espère retrouver un peu plus de fougue chez le chorégraphe que dans Eonnagata.
Autour du spectacle : pratique pour amateurs confirmés le 8 février à 17h30.
Hervé Robbe du 31 janvier au 3 février
Un terrain encore vague. Le chorégraphe travaille sur les liens qui peuvent exister entre danse et sculpture et pose ainsi un vrai questionnement sur le corps comme matière.
Studio
Autour de l’oeuvre: pratique le 28 janvier à 16h. Exposition d’oeuvres de Richard Deacon dans le Grand Foyer.
Cie 14:20 du 14 au 17 février 2012
Vibrations
Carolyn Carlson du 15 au 17 février 2012
Il n’y a plus besoin de présenter la grande chorégraphe dont chaque pièce est un petit trésor. Inanna est inspiré de la déesse mésopotamienne du même nom. Cette pièce est une affaire de femmes ! Ecrite pour 7 danseuses, la chorégraphe raconte des destins à travers la poésie de sa danse.
Autour de l’oeuvre : au musée Guimet aura lieu une performance de Carolyn Carlson le 16 février autour du thème Encre et calligraphie.
José Montalvo et Dominique Hervieu du 6 au 10 mars 2012
Orphée reprise ! Comme tous les spectacles de la compagnie, vidéos, animaux rigolos et super musique sont aus rendez-vous. Je l’ai vue l’an dernier, c’est un petit régal. Allez-y vous y passerez un bon moment, d’autant plus si vous n’avez jamais vu la compagnie (pour ceux qui connaissent bien ça commence à être répétitif…)
Thomas Lebrun du 15 au 17 mars 2012
La jeune fille et la mort. Titre qui donne envie évidemment quand on connaît l’amour que j’ai pour la pièce de Cocteau et ce qu’en a fait Roland Petit. La pièce de Thomas Lebrun n’a pas grand chose à voir avec celle de Roland Petit. Elle s’inspire de l’enlèvement de Coré, fille de Démeter, par le dieu des Enfers. C’est un voyage au cœur d’un romantisme moderne que nous propose le chorégraphe.
Salle Gémier
Joanne Leighton du 15 au 17 mars
Made in Taiwan . Solo de la chorégraphe. A chaque représentation les spectateurs choisiront la musique et le costume. Elle veut présenter ses influences, et donc
« copier » ce dont elle a pu être inspirée.
Studio
Saburo Teshigawara + Karas du 29 au 31 mars 2012
J’ai découvert Teshigawara au Palais Garnier en 2005 (Air) et ce fut une révélation. Je me souviens d’un langage très épurée, d’une scénographie très belle, de lignes douces, pleines de nuances, d’un questionnement sur le corps comme matière malléable et comme élément naturel. J’ai hâte de découvrir Mirror and Music
Salle Jean Vilar
Koen Augustijnen / les ballets C de la B du 4 au 7 avril 2012
Au-delà. Des quadragénaires dansent sur de la musique jazz et interrogent le corps dans son vieillissement.
Salle Gémier
Jean-Claude Gallotta du 6 au 11 avril 2012
Le Sacre du printemps ! Après avoir vu celui de Pina Bausch en décembre dernier, il va être très intéressant de découvrir ce qu’en a fait Gallotta. Pas très amatrice de ce chorégraphe mais amoureuse de la musique de Stravinsky, je ne manquerai pas cette énième version. Le Sacre sera précédé de Tumulte et Pour Igor.
Autour de l’oeuvre : un bal démasqué le 7 avril à 22h, et un Chaillot adulte le 10 avril à 18h.
Projection du film Les Printemps du sacre de Jacques Malaterre le 7 avril à 18h30.
José Montalvo et Dominique Hervieu du 2 au 19 mai 2012
Lalala Gershwin J’ai vu cette pièce à la MAC il y a deux ou trois ans. Un pur délice! Troisième volet de la trilogie consacrée à Gershwin, une des meilleurs pièces de la compagnie sans aucun doute. C’est un voyage à travers l’Amérique par la musique du grand jazzman. Les amoureux du jazz se régaleront.
Salle Gémier
autour de l’oeuvre : Bal Gershwin le 19 mai à 22h. Au CND expo vidéo.
Luc Petton du 6 au 14 juin 2012
Swan: Après La Confidence des oiseaux, Luc Petton reste fidèle aux volatiles. La photo du spectacle dans la maquette montre une jeune femme qui danse avec un cygne.. à
découvrir.