Panorama c’est une heure trente de bonne humeur, de rires, un peu de magie, des élastiques, des microbes, des ombres chinoises, de la danse, du mime, des grimaces, secouez le tout et vous passerez un très bon moment.
Cela commence par un défilé de majorettes siglées DCA. Elles commencent le défilé dans l’exposition OPTICON, qui passe ensuite dans la salle pendant que le public s’installe
tranquillement. Avec beaucoup d’humour, les danseurs montent sur la scène. De part et d’autre, on voit les coulisses, avec des loges, des tringles pleines de costumes, des coiffeuses. La vitre de fond trouble le regard du spectateur… faux miroir, reflet projeté. Mais quand le rideau se ferme sur ce fond de scène, l’illusion disparaît. Le spectacle peut commencer après qu’une petite voix transformée par l’hélium, nous rappelle les civilités obligatoires avant de voir le spectacle. On débute avec des personnages en costumes exagérément trop grands, et plein de couleurs. On retrouve la dynamique du groupe que sait si bien insuffler Decouflé. C’est très rythmé, c’est pop, ça pétille déjà. Les mains dans les poches, ces danseurs au look improbable, sautent et chutent,roulent sur le dos ou sur le ventre.
Et puis l’ambiance change, on entre dans une atmosphère où le corps devient un grand balancier. Les bras se balancent, emmènent les corps dans une énergie. Suspension… et hop ça rebalance !Peu à peu ce langage s’efface et est remplacé par un autre. Marche, tacté, marche, tacté. On monte sur ses pointes de pieds.
De la couleur au noir et blanc, on en prend plein la vue quand une femme enchaîne des mouvements qu’on pourrait étiqueter comme classique. Sur elle, une lumière grise, les lignes blanches comme dans une piscine et un stroboscope qui va tente de scander les mouvements pourtant très fluides. Noir, reprise du stroboscope, noir, changement de tableau. Après cette femme seule aux mouvements nombreux, un homme sous une lumière plutôt simple, avec un seul et unique mouvement. Il tourne sur lui même avec les bras qui tournent aussi.
Un grand danseur moustachu est le fil rouge de cette soirée. Il s’adresse au public, nous fait rire par son air un peu gauche. Voilà qu’il se met à nous expliquer ce qui se passe
quand on fait un noir sur scène pour changer un décor. On est alors invité à fermer les yeux, pour faire comme les machinistes qui doivent s’habituer au noir pour pouvoir tout installer dans la pénombre. On rouvre les yeux et on découvre deux danseurs suspendus à des élastiques. Ils flottent, elle monte des marches imaginaires, il la retient au sol, elle jubile quand elle est en l’air, ils s’enlacent. Moment magique, petit instant de rêve où les corps flottent et rebondissent comme des bulles de savon.
Splick (certains savent que j’aime bien les onomatopées, ce spectacle pourrait d’ailleurs être raconté en onomatopée !). La bulle de savon explose quand deux petites majorettes perdues (dont notre moustachu) cherchent le reste de leur troupe.
Une femme rampe sur scène, s’installe sur un socle et commence avec un doigt à faire le contour de son corps. Justaucorps très graphique, Decouflé s’amuse à redessiner le corps et l’espace.
Autre thème fort du spectacle et un de ceux qui m’a le plus plus, c’est le rapport de force avec l’autre. L’autre qui entre dans mon espace, qui touche mon corps. C’est quelque chose qu’on pouvait voir aussi dans Octopus. Dans le passage aux deux élastiques, l’un montait quand l’autre était au sol. A présent, un danseur monte sur un autre ou est porté par un autre. Le physique des deux danseurs est très différent, les corps se mettent ainsi en valeur l’un l’autre. Autre rapport avec le corps de l’autre dans un exercice de miroir auquel de se confrontent deux danseuses.
Notre moustachu se met à nous raconter un petite histoire en l’illustrant avec des ombres chinoises. C’est très drôle et les rires des enfants résonnent dans toute la halle. Notre conteur disparaît derrière l’écran et c’est maintenant avec les danseurs que l’on va jouer. Les mains derrières l’écran vont tantôt manipuler et faire danser une jeune femme, imiter une autre.
Une femme aux gestes enfantins joue avec ses doigts. Un petit bonhomme monte sur son corps, l’autre main se transforme en bête furieuse, ils s’attaquent entre eux, font chuter la jeune femme de sa chaise. « Je ne suis pas mort, ahahah », le jeu reprend, grandit, la jeune fille s’approche d’un boîtier, des bruits électroniques se font retentir. On entre dans un combat de jeu vidéo. C’est vraiment très drôle, cela ne se prend pas au sérieux. On a envie de participer avec eux. Cette série de street fighter version réelle, laisse place à un autre combat, sur un banc cette fois et rythmé par des percussions. Les coups partent, c’est chorégraphié au millimètre. De nouveau les rires sont au rendez vous. Et cela ne s’arrête pas, puisqu’on se retrouve autour d’un canapé. Trois personnages sont assis, mais très vite ils s’élancent, suspendus par des élastiques. Décidément, j’aime bien ces danses suspendues.
Un homme en tutu bleu qui chante au yukulélé pour séduire une femme cerf avec un costume côtelettes, des microbes qui infiltrent le plateau. Costumes délirant qui créent des appendices aux corps. On prolonge les corps avec des antennes, des pieds de géants ou des bras ondulants sur plusieurs mètres. Le spectacle se termine par un poème « bruitif » et une leçon de castagnettes ! Génial ! Les danseurs sont merveilleux, chacun dans leur registre, et en même temps, il y a une belle unité dans le groupe.
En somme, un spectacle plein de bonne humeur, aux musiques rythmées, magique par bien des aspects scéniques. Au milieu de cette pluie de juin, c’est un bonbon acidulé qui réveillera vos zygomatiques et mettra des paillettes dans vos yeux. N’oubliez pas les enfants, qui adoreront cet univers loufoque et onirique.
Photos de © Christian Berthelot.
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Pour réserver, site officiel de La Villette.
Mise en scène et chorégraphie : Philippe DECOUFLÉ
Costumes : Philippe GUILLOTEL
Assistant chorégraphique et coordination des costumes : Eric MARTIN
Eclairage et régie générale : Begoña GARCIA-‐NAVAS
Musiques originales : Karl BISCUIT, Sébastien LIBOLT, Spot PHELIZON, Joseph RACAILLE
Interprètes : Julien FERRANTI, Rémy-Charles MARCHANT, Ioannis MICHOS, Matthieu PENCHINAT, Lisa ROBERT, Marie RUAL, Violette WANTY
Régie Costumes : Peggy HOUSSET