nomination

La Bayadère au cinéma

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© Agathe Poupeney

Je n’avais jamais pensé aller voir un ballet de l’Opéra de Paris au cinéma, Garnier étant à 5 minutes de chez moi. Il se trouve que j’ai eu deux invitations par Pathé Live suite à un concours. J’avais déjà vu des retransmissions du Bolchoï en direct, qui sont d’une grande qualité.

Je rejoins la salle Marignan sur les Champs Elysées, accompagnée de mon professeur de danse. On commence par être stupéfaite par la moyenne d’âge. On frôle les octogénaires. Je pensais que le cinéma aurait l’avantage de démocratiser l’Opéra, mais non. En fait, c’est un public qui n’a sans doute pas eu de places en première catégorie et qui réserve pour le cinéma. La salle est pleine à craquer. Je ne sais pas si le tarif est attractif. C’est 27€, peut être trop cher pour une famille, et tout de même ce n’est pas la même chose qu’être dans la salle.

Le cinéma a l’avantage d’être au plus près de la scène, voire même sur scène. Le désavantage c’est que l’écran est un rempart à l’émotion. On n’applaudit pas au cinéma (même quand on est très tenté !). On écoute la salle acclamer les danseurs. L’autre inconvénient c’est que la caméra fait des choix, et des fois, on aimerait être une petite voix qui lui dirait « Fais un plan large, il se passe quelque chose à cour ! ». On voit par contre mieux les expressions des danseurs et les jeux du visage. Je ne sais pas si les danseurs ont plus de pression du fait d’être vu par des milliers de spectateurs en Europe, mais être filmés de si près laisse peu de droit à l’erreur. On voit aussi plein de choses que l’ont ne peut pas voir, parce que , scoop, on a que deux yeux.

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© Agathe Poupeney

Entre les mains, la distribution n’est pas la bonne. En effet, la belle Dorothée Gilbert s’est blessée, elle devait être remplacée par Mathilde Froustey, qui elle aussi se fait mal. Ludmila
Pagliero qui avait dansé le rôle en 2010, mais pas distribuée dans cette série, est appelée pour danser Gamzatti. Une répétition plus tard, elle abandonne Garnier pour se retrouver à Bastille, elle passe du contemporain au classique avec une certaine aisance. Si Brigitte Lefèvre a donc choisi de la nommer, ce n’est pas un hasard. En tous les cas, c’était la petite surprise de la fin de la soirée. Deux nominations sur une série, c’est un beau cadeau qu’ a fait Brigitte Lefèvre. J’apprends après, que la décision s’est faite une heure avant la fin du spectacle.

Ce fut une belle représentation. J’ai regardé des choses que je ne peux pas voir d’ordinaire. Aurélie Dupont est un diesel incroyable ! Au premier acte j’ai trouvé qu’elle ne dévoilait pas toute sa danse, mais alors au troisième, et de si près ! Diagonale de déboulés époustouflante, bas de jambes superbes. Le pas de deux de IIIème acte était vraiment très beau et plein de sensibilité. Mon professeur de danse, qui a le même âge me disait que c’était souvent comme cela, mais qu’on vit des choses plus fortes, qu’on fait les choses différemment et que finalement on y prend peut être plus de plaisir.

Josua Hoffalt est un Solor toujours aussi élégant. Son titre d’étoile désormais au dessus de sa tête, il m’a semblé plus détendu et a pu montrer son personnage  à travers une danse aérienne et techniquement impeccable. Les sauts dans la coda du troisième acte, notamment les sysones battues. J’aime beaucoup cette coda d’ailleurs je trouve vraiment, que l’explosion finale est belle. Les ombres qui piétinent ensemble, les pirouettes attitudes des trois ombres, les deux diagonales de Solor et Nikiya avec cette poigne, c’est vraiment bien réglé et ça vous emporte. Et en même temps, ça reste irréel, on reste dans une atmosphère surnaturelle. Au cinéma, avec les effets de caméra, cela accentuait ce côté là.

Mention spéciale au sourire de Charline Giezendanner. En danse Manou et en ombre, elle a brillé ce soir par une danse délicate et une énergie débordante. J’ai adoré ses deux variations.

En somme, le cinéma c’est sympa, mais cela ne remplacera jamais la salle, dans laquelle je serai toujours frustrée de ne pas être dans la salle pour vivre l’instant qu’est un spectacle vivant.

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© Laurent Philippe

  • Distribution du 22 mars 19h30
Nikiya Aurélie Dupont
Solor Josua Hoffalt
Gamzatti Ludmila Pagliero
L’ Idole dorée Florimond Lorieux
L’ Esclave Alexis Renaud
Manou Charline Giezendanner
Le Fakir Allister Madin
Le Rajah Stéphane Phavorin
Le Grand Brahmane Yann Saïz
Soliste Indienne Sabrina Mallem
Soliste Indien Julien Meyzindi
1ère Variation Héloïse Bourdon
2è Variation Charline Giezendanner
3è Variation Aurélia Bellet

 

 

 

Ludmila Pagliero, la bella estrella

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© Sébastien Mathé / Ludmila Pagliero

Ce soir, je me suis rendue au Gaumont Marignan, pour revoir La Bayadère. J’avais envie de voir pour la première fois le ballet de l’Opéra de Paris au cinéma. L’expérience fut excellente, je vous en parlerai plus longuement dans un compte rendu détaillé. Au moment où la salle de cinéma s’est rallumée, Brigitte Lefèvre est arrivée seule, sur scène. En remerciant d’abord Ludmila d’avoir remplacé Dorothée Gilbert au pied levé, blessée quelques jours auparavant, elle décide ensuite de lire le discours de Nicolas Joël.

Ludmila Pagliero est nommée étoile, dans ce rôle de Gamzatti. La jeune femme est très troublée, se jette dans les bras de la directrice de la danse, et sur ses lèvres on peut lire « merci merci merci » d’une sincérité émouvante. saluts au public, puis, elle se tourne vers son partenaire, Josua Hoffalt, qui la prend dans ses bras avec une joie non dissimulée. Aurélie Dupont applaudit avec son plus grand sourire et regarde sa partenaire avec reconnaissance.

Ludmila Pagliero est arrivée dans le ballet de l’Opéra de Paris en 2003 après une carrière au Ballet national du Chili, puis un passage rapide à l’ABT. Elle a vite monté les échelons, s’est fait sa place, pas toujours facilement, quand on ne vient pas du « moule » Opéra. Heureusement que l’Opéra de Paris est une institution pleine de contradictions, qui sait récompenser au bon moment les artistes. Aussi à l’aise dans du contemporain que dans du classique, avec une technique impeccable, Ludmila Pagliero est une artiste étonnante car souvent là où on ne l’attend pas. Comme ce soir, elle est montée au ciel des étoiles. Elle brillera désormais encore plus ses rôles. Félicitations à elle !

 

La Bayadère première !

 

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Mardi soir, je suis allée voir la répétition générale. Les générales, c’est toujours bien, surtout quand on n’a pas de places par la suite. Il manque souvent l’émotion
malheureusement. Les clics des photographes, la pression dans la salle, les derniers réglages techniques. Malgré ce que on peut en dire, il y a des générales qui sont bien des répétitions. Mardi soir, l’ambiance était tendue, Josua Hoffalt a raté son manège au troisième acte, Aurélie Dupont semblait retrouver une fragilité dans les arabesques comme il y a deux ans, dans cette même Bayadère. Emmanuel Thibault s’est réservé en marquant presque la variation de l’idole dorée. Les petits rats, eux aussi, très nerveux et sans aucun doute impressionnés, avaient les pattes tremblantes. Seuls Dorothée Gilbert, Mathilde Froustey et Allister Madin m’ont semblé à l’aise dans leurs chaussons, ils étaient aussi dans des rôles bien maîtrisés. La générale m’a permis d’entrevoir ce que pouvait être cette Bayadère.

De retour à Bastille le lendemain, avec une certaine excitation. Oui, on savait, c’était ce soir que Josua Hoffalt allait être nommé. Après Roméo et Juliette, Cendrillon, un beau Lenski dans Onéguine, voilà peut être le plus beau rôle dans lequel un danseur peut être nommé étoile à l’Opéra de Paris. La salle était pleine à craquer et les balletomanes présents plus excités à l’idée de ce moment. Moi même comme une petite fille, je dois convaincre Y*** de rester au troisième acte. JMC part enquêter auprès des ouvreurs qui
confirment la rumeur.

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Josua Hoffalt entre dans cette histoire en campant un Solor très juste. Il n’en fait pas trop, il met juste sa danse au service du rôle. Les trois grands jetés de l’entrée montre
tout de suite la force avec laquelle il s’impose. Il vole, les pieds effleurent le sol. La pantomime est très lisible et le partenariat avec Aurélie Dupont fonctionne bien. Elle n’hésite pas à se jeter dans ses bras dans le premier pas de deux. Allister Madin est un fakir bien soumis et docile à ses différents maîtres. La danse des fakirs me semble encore un peu brouillon, les jambes s’emmêlent un peu. J’apprécie Aurélie Dupont qui sait passer de la froideur avec un prêtre entreprenant, à une certaine chaleur dans le regard quand elle retrouve Solor. L’ondulation du bras quand elle entre dans le temple me fait frémir à chaque fois.

Dans la deuxième scène, on voit apparaître Gamzatti, fille du Rajah. Ce dernier est joué par un Stéphane Phavorin, très convaincant. Dorothée Gilbert rayonne, elle illumine la
scène de son sourire. Combat d’étoiles quand elle découvre que Nikiya est l’amour caché de Solor. J’adore cette scène, je trouve que très réussie, elle est pleine de petits détails croustillants.

Le deuxième acte est d’un kitch qui défie tout conte de Bollywood, mais j’adore ce faux côté indien. Succession de petits divertissements, la danse indienne est
ma préférée, menée par un Julien Meyzindi, très en forme qui peut s’épanouir sur les sons des tambours. S’ensuivent les petites variations de tutus verts et bleus où le travail de lisibilité des bas de jambe est visible, mais l’alignement n’est pas toujours au rendez-vous. La variation de Solor est bien dansée par Josua Hoffalt même si on sent quelques tremblements dans les pirouettes. Gilbert toujours aussi impeccable en Gamzatti, des pieds sublimes avec une technique de pointes qui me surprend toujours. Je préfère le délié du pied au saut sur la plate forme. Emmanuel Thibault me semble bien en dessous de ses capacités et ne me provoque aucune émotion dans l’idole dorée, variation que j’aime tant. Son costume n’arrange pas les choses. On a atteint le bling-bling maximum avec la peinture archi dorée. Je préfère deviner les muscles derrière une couche mordorée sur le corps du danseur. Aurélie Dupont maîtrise sa danse dans la variation de Nikiya, où elle dessine avec plus d’aisance qu’à la générale, les courbes dans l’espace avec son dos. J’aime sa façon de mourir, avec résignation.

Troisième acte, la tension est à son comble. Je n’ai plus de batterie (je songe sérieusement à avoir deux iphones…), donc pas de twitter pour annoncer la nomination. Autant se concentrer sur cette descente des ombres. Joli travail du corps de ballet, avec des jambes toutes à la même hauteur et un belle musicalité. Comme le dit bien Amélie, le problème c’est que dans nos têtes, il y a la nomination et on ne peut s’empêcher de penser à ça. Du coup, je pense que comme beaucoup j’ai un peu survolé l’acte III. On remarquera une Charline Giezendanner déchaînée qui brille parmi les ombres, comme dans le reste du ballet d’ailleurs. La diagonale en arabesque est superbe, le tout avec un sourire généreux.

La suite, et bien c’est beaucoup d’émotions, quelque chose de particulier. De l’émotion pour le danseur, pour ses partenaires, pour le public qui se lève et applaudit avec
beaucoup de chaleur. Encore félicitations à ce beau danseur, qui j’espère s’épanouira encore plus dans Solor et dans d’autres rôles à venir.

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© Agathe Poupeney / Opéra de Paris.

Sur son facebook, Josua Hoffalt remercie ses amis et ses followers :

« Merci à tous pour vos marques d’affection . C’est un grand moment pour moi et je suis heureux de pouvoir le partager avec vous. Tous vos messages m’ont touché,
j’espère à présent continuer sur cette lancée, cela me donne beaucoup de motivation pour la suite. A très vite pour pleins de futurs spectacles ! »

 

A lire Interview de Josua Hoffalt avec vidéo du Pas de deux du premier acte, target= »_blank »>ici.

La dépêhce AFP target= »_blank »>ici.

Au JT de TF1, petit reportage.

A lire aussi, sur les blogs : Danses avec la plume, Danse Opéra, A petits pas.

  • Distribution des 6 et 7 mars

 

Nikiya Aurélie Dupont
Solor Josua Hoffalt
Gamzatti Dorothée Gilbert
L’Idole dorée Emmanuel Thibault
L’Esclave Alexis Renaud
Manou Mathilde Froustey
Le Fakir Allister Madin
Le Rajah Stéphane Phavorin
Le grand Prêtre Yann Saïz
Soliste Indienne Sabrina Mallem
Soliste Indien Julien Meyzindi
1ère Variation Héloïse Bourdon
2è Variation Charline Giezendanner
3è Variation Aurélia Bellet

 

  • Josua Hoffalt Solor 2ème variation

 

Josua Hoffalt étoile de l’Opéra de Paris

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© Syltren

 

Hier soir, on s’y attendait, on le savait et pourtant, même sans surprise l’émotion est belle. Après une agréable soirée, une bayadère qui m’a enchantée, voilà qu’arrivent les caméras, certaines
personnes dans la salle se lèvent, Brigitte est en talons, Agathe Poupeney se faufile à côté de ma rangée avec un gros télé-objectif. Les applaudissements vont bon train, les bravos fusent, on
sent que l’ambiance est chaude ce soir dans la salle. Les balletomanes ne s’y sont pas trompés, ils sont tous au rendez-vous. Le rideau se relève, un micro est installé, cris de joie dans la
salle. C’est la première fois que je vois une nomination et j’ai le coeur qui bat pour l’artiste qui va être récompensé pour son travail, son investissement, sa générosité, son talent.

 

Josua Hoffalt rejoint le ciel étoilé de l’Opéra de Paris. Il est nommé dans un des plus grands rôles du répertoire. C’est un titre mérité, qu’il a reçu avec une émotion sincère. Félicitations à
lui, c’est un danseur que j’apprécie beaucoup et qui saura faire honneur à ce titre.

 

 

 

 

 

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Josua Hoffalt étoile de l’Opéra de Paris:

© Syltren

 

Hier soir, on s’y attendait, on le savait et pourtan …

La Source première !

Mathias Heymann en Zaël

© Julien Benhamou

Quand la rumeur court, elle est tenace. Des tweets, des posts sur Facebook, tout le monde disait que ce soir là, Ludmila Pagliero serait nommée étoile. N’ayant jamais vu de nomination, je ne voulais manquer cela sous aucun prétexte. Je revends mes places de la soirée Découvertes des danses partagées, qui me permettra de m’offrir un billet pour la première de La Source. Dans ma tête la soirée est à 20h, je ne me presse pas et prends le bus vers 19h10. Les textos arrivent de Pink Lady, de Fab, « alors tu as eu une place? »… euh ben je suis dans le bus.. Ah c’est à 19h30, il serait temps que le petit rat mette le turbo sous ses pattes pour arriver à l’heure. Je cours, je cours, j’arrive dans le hall à 19h28, « plus de pass jeunes? » Siiiiiiiii! Moi! 19h29 obtention d’un pass jeune et direction le dixième rang d’orchestre.

Mon souvenir tout frais de la soirée de vendredi, va me permettre d’apprécier
encore plus ce ballet. Quoique les « officiels » derrière moi n’ont cessé de bavarder, je vous fais un résumé « Oh c’est Matthias! il est bien Matthias, il saute haut! oh c’est Vincent! Ah il est très bien aussi. Oh c’est Alexis [ah non… c’est Christophe Duquenne…] ».

Ce soir là je suis plus rentrée encore dans la musique. Les bruits des appareils photo en moins m’aident aussi. Le premier acte est vraiment l’acte le plus prenant, tant par les
danses de groupes que par les variations de solistes. Matthias Heymann est la superstar incontestée de ce ballet. Ses sauts vertigineux, plein d’amplitude émerveillent l’audience. Il éxécute tout avec une facilité insolente et pas un bruit sur le plancher n’ose retentir, tant ses pliés sont moelleux. Enfin un rôle qui lui va à merveille, dans lequel il peut s’épanouir complètement. On retrouve l’étoile tel qu’il l’était à ses débuts. C’est avec une joie non dissimulée que le public l’applaudit et cri bravo, sans même attendre les saluts. On en
redemanderait ! A côté Karl Paquette a bien du mal à convaincre, même si il sait jouer de son expérience pour donner à Djémil un caractère intrépide et curieux. J’apprécie la
couleur qu’il donne à son personnage. Il faut aussi saluer nos quatre elfes et amis de Zaël qui une fois encore, sont absolument fabuleux.

Cette distribution m’a plus plu que celle de la veille, car elle me semble plus équilibrée, les rôles ayant été mieux distribués. Vincent Chaillet offre un spectacle viril. Son Mozdock est violent, terrien, et sans demi mesure. C’est avec intensité qu’il réalise chaque variation. On sent la tension qu’il exerce sur son peuple jusqu’au bout de ses doigts. Il est un chef
au physique noble dont le rythme entraîne ses camarades. La relation qu’il a avec Nourreda est très protectrice. Isabelle Ciaravola est une Nourreda fragile, et lunaire. A mon sens, son caractère est parfois un peu trop proche de ce que devrait être Naïla. Les jambes de Ciaravola, c’est tout de même quelque chose ! Telles des fils infinis, elle s’étendent et charment tout le monde.

Si la rumeur court, en tous les cas, elle booste Ludmila Pagliero. On apprécie sa maîtrise technique de la chorégraphie et son implication dans le rôle. Si elle manque parfois
d’évanescence, elle charme Djémil avec ardeur. Très souriante, elle est une Naïla joyeuse et enthousiaste, après passée l’appréhension de ce chasseur inconnu.

Vincent Chaillet en Mozdock

© Julien Benhamou

Le premier acte me laisse une meilleure impression que la veille. Le rythme est soutenu, un véritable enthousiasme émane des danseurs malgré les difficultés techniques de la chorégraphie.

A l’entracte, l’euphorie se retrouve sur les visages de Pink Lady, Fab et moi. Pink Lady qui a déjà assisté à deux nominations (Paquette et Bullion, si je ne l’aimais pas je
serai jalouse..) nous explique comment cela se passe. Après les saluts, le grand lustre reste éteint. Puis le rideau se soulève à nouveau et Brigitte Lefèvre arrive sur scène. Fab s’intéresse aux problèmes techniques du genre « Aura-t-on le temps de twitter? » et moi à la position de Bri-bri dans la salle.

Retour à l’orchestre pour le 2ème acte. Si le rythme ralentit et que l’action a des longueurs, la chorégraphie n’en est pas moins travaillée. La forme circulaire (ou l’arc de
cercle) reste la plus employée. Les variations s’enchaînent au milieu des autres personnages. Pas sûre que ce soit très agréable quand on est placé sur un côté de la scène.

Nolwenn Daniel est une Dadje colérique et entêtée dont la danse est électrique. Elle en fait des tonnes en matière de jalousie et cela permet de donner un peu de vie à ce
deuxième acte. Jean Guillaume Bart a utilisé peu de pantomime dans tout son ballet, et parfois, il est vrai que pour lire l’action cela peut manquer un peu. En même temps, il est aussi joli de voir la danse parler d’elle même sans un code pré-établi. Vincent Chaillet montre de nouveau de très belles qualités dans son rôle de Mozdock. Sa danse devient encore plus imposante. Sa prestation est quelque chose de fort, qui vous reste dans la tête longtemps après le spectacle. Les variations que Jean Guillaume Bart a écrites pour Ciaravola la mettent en valeur. Son port de tête est imposant et le pas de deux avec Christophe Duquenne montre un jeu de séduction intéressant. Mais bien vite, quand Naïla arrive avec sa bande de joyeux elfes trouble-fête, c’est dans les yeux de cette dernière que le Khan va plonger les siens et la belle Nourreda n’a que les bras de son frère pour pleurer. L’humiliation suprême vient quand elle doit dévêtir la robe de favorite.
Je trouve que ce passage aurait du être plus lent, parce que là, cela fait limite, on n’a plus de place en coulisses pour changer Nourreda. Ralenti, on sentirait encore mieux l’humiliation de cette femme, qui n’osait pas se dévoiler devant un incoonu, et qui se voit là, nue, forcée de repartir dans ses contrées caucasiennes.

Le passage qui suit divise. J’aime beaucoup pour ma part la scénographie sombre, sans décor, on est comme plongé dans l’esprit de Nourreda. On est dans un rêve. A partir de ce moment là, on ne sait plus si tout cela est réel. Il y a un côté aparté qui me plaît. Et le pas de deux entre Nourreda et Djémil est celui que je préfère de tout le ballet. Il y a quelque chose de tragique dans cette danse, bien plus que dans le sacrifice de Naïla qui suit. Ici, toute la tragédie est dans le rejet de Nourreda des hommes, d’où ce décor vide. Rejet de son frère protecteur et dominant, rejet de l’amour de cet homme dont elle ne sait rien. C’est par l’usage des dons de Naïla que Djémil peut conquérir le coeur de Nourreda, je vois là dedans un leurre. Jusqu’au dernier moment Nourreda n’aime pas Djémil. Les charmes de Naïla n’agissent qu’à sa mort, que seul Zaël pleure. Je trouve que Ludmila Pagliero rentre bien dans le tragique de la dernière scène, elle tient le rôle de bout en bout. Si elle avait du être nommée ce soir cela aurait été amplement mérité. Belle prestation et grande générosité. Malheureusement pour elle, ce ne sera pas ce soir. Si j’ai l’impression que nous sommes nombreux à attendre, je me trompe car le lustre se rallume après des applaudissements très très chaleureux, des spectateurs debout et des bravos nombreux. C’est un succès !

Djémil et Naïla au premier acte

© Julien Benhamou

  • A lire dans la presse

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La surprise de la Source au palais Garnier Le figaro, Ariane Bavelier

La Source rejaillit à L’Opéra de Paris, La Croix

  • Distribution du 22 octobre 19h30
Naila Ludmila Pagliéro
Djemil Karl Paquette
Nourreda Isabelle Ciaravola
Mozdock Vincent Chaillet
Zael Mathias Heymann
Dadje Nolwenn Daniel
Le Khan Christophe Duquenne
  • Bonus vidéo

Je préfère tout de même le redire, ce n’est pas moi qui ai filmé. C’est un extrait visiblement filmé à la générale, avec la deuxième distribution. A voir sur le site de l’opéra de Paris, les vidéos des coulisses et de nombreuses interviews.