New-York City Ballet

Dans la grosse pomme, pas de pépins pour le Cygne Noir

Des milliers de personnes arrivent chaque jour à NY avec leur propre vision de cette ville et leur propre envie. Lorsque vous descendez de l’avion et que vous attendez au « Custom & Border Protection », vous y croisez des touristes, des rabbins, des galeristes assoiffés d’art, des golfeurs, des familles cubaines qui viennent voir la famille, bref chacun y cherche un but précis ou un rêve. Moi je descends de l’avion pour y voir « Swan Lake » de Peter Martins par le New York City Ballet.

New York, New York avec ses quartiers si différents un peu à l’image de Paris où l’on change d’atmosphère en changeant de rue. L’excès est omniprésent dans cette ville avec les sirènes hurlantes, la démesure des bâtiments ou encore l’équipement étouffant et sophistiqué des landaus poussés par les jeunes couples à central Park. Sans oublier Madame en leggings obligatoire, monsieur avec le gilet de trailer et pour les deux, la gourde de café à la main. Concernant le spectacle vivant ou la danse, NYC est tout de même la ville parmi les mieux loties du monde. Combien de concerts, pièces, musicals et spectacles de danse en tout genre par soir ? Sans doute énormément rien qu’à Manhattan.

A peine descendu de l’avion, je rejoins un appartement situé à la 68 ème rue entre Columbus et Central Park ouest pour la modeste somme de 40USD la nuit. Modeste car ce « flat » est idéalement placé à 5 minutes à pied de Central Park ou du Lincoln Center. Une bonne douche et je rejoins des amis chez Patsy’s, l’histoire de m’achever de fatigue. Les serveurs italiens y dansent avec un Ossobuco dans une main et une escalope milanaise dans l’autre. Et les New-Yorkais, ils dansent où ?

Le Ballet (« Balèèèyyye » en New-Yorkaise) par une grande compagnie? Il n’y a qu’à deux endroits que l’on peut en trouver. Par l’American Ballet Theater ou le NYCB. Pour ce début de saison durant le « Fall season » la version de « Swan Lake » de Peter Martins datant de 1996 est reprise par cette importante compagnie. Essentiellement née par les dons privés, le NYCB ne possède pas véritablement de théâtre bien qu’il soit associé durablement avec le David H Koch Theatre. Le Lincoln Center dans lequel se situe le David H Koch Theatre ainsi que le MET et le Geffen Hall, perpétue cette tradition de campus à l’américaine. Sorte de ville dans la ville qui vit au rythme des répétitions des leçons et des représentations. Une version condensée et coincée dans les buildings de notre Parc de la Villette à Paris. La salle est assez belle avec peu de place en angle mort. J’ai déboursé un équivalant d’un 2nd rang de 2ème  loge n°23 à Garnier pour 70USD (Très bonne visibilité). L’atmosphère du David Koch Theatre est assez épurée mais néanmoins légèrement tape-à-l’œil avec son plafond à 18 carats et ses œuvres de Kobaschi dans le foyer. La boutique est minimaliste en taille mais pas dans les prix, 25USD le Tote bag NYCB tout de même. Nous sommes samedi soir, il y règne une ambiance familiale et les jeunes couples New Yorkais, très pimpants se prennent en selfie devant les célèbres jets- d’eau du Revson Fountain, «Eummayyyyzing! » crie la dulcinée. Pendant la soirée, le publique parfois très expressif, menacera d’applaudir en cadence lors de certaines scènes mais ne manquera pas de crier des « Hii Haaa » lors des prouesses techniques de Siegfried. Ballet ou Jazz, il s’agit toujours et avant tout d’un « Show ».

Cette version de Peter Martins créée 1996 au Danemark (son pays natal) reprend la partition originale de Tchaïkovski avec notamment la « Danse Russe » qui de mon point de vue manque à la version Noureev. J’ignore d’ailleurs pourquoi Rudolf ne l’avait pas intégré dans sa version de l’ONP, s’est-il posé la question ? Cette variation russe reste aussi efficacement dans la tête que le thème principal du Lac et la chorégraphie ponctue agréablement cette scène du « ballroom ». « So swouiiiite » hurle ma voisine.

Ici aussi la mise en scène est assez épurée mais plutôt riante. Dans l’acte I, on retrouve un peu l’ambiance de Notre-Dame de Paris de Roland Petit au niveau des costumes. Miss Sara Mearns, principal du NYCB retrouve son rôle d’Odette / Odile de prédilection qu’elle porte depuis 2006. Ballerine tenace au visage clair et mystérieux. Elle me laissera une grande impression pour son Odile, grande force dans le regard et bouche fatale font pousser également des griffes à ce cygne noir. Une grande féline en somme.

Toute la gaité sera mise en avant par un éclatant et enivrant « Jester» dansé par Troy Schumacher. Ce dernier guidera la fougue et la joie des élèves de l’American Ballet qui forment un très beau corps de ballet junior. A l’entracte, la foule se presse sur la loggia, je m’y fais aborder par une New Yorkaise. Déjà séduit par Sara Mearns, il lui aurait fallu quelques plumes en plus et quelques grammes d’alcool en plus dans mon sang.

L’Acte II sera en revanche plutôt mécanique et précipité et manquera à mon goût de dramatisme. Ce qui me frappe dans la manière d’aborder cet Acte II, est la recherche de la performance technique. Les variations des quatre petits cygnes en est une bonne illustration, le tempo est forte et rapide et la danse précise mais avec petit manque de charme et de fragilité. Les ensembles de 20 cygnes après la scène du bal relèvent d’une bonne maîtrise mais la chorégraphie reste trop téléphonée à la musique et n’offre que peu de verticalité sur l’aspect romantique ou spirituel. PUMA, le sponsor principale du NYCB et équipementier sportif ne s’était peut-être donc pas trompé.

Le NYCB a les moyens de proposer de grandes productions classiques mais ne m’a pas donné cette étincelle et ce mystère que j’aime ressentir dans le Lac ou Giselle. Cette version de Peter Martins possède pourtant beaucoup de qualités visuelles ainsi qu’en termes de rythme.

Le spectacle se termine à 10:00pm soit 4h du matin pour moi, difficile de rester debout. Le lendemain une bonne journée paisible se déroule au grès des visites. Une sieste à Central Park puis, il est temps de reprendre l’avion à JFK ce dimanche soir. Le lendemain à 8h, j’étais frais au boulot à Orly avec une bonne céphalo-phono-manie du Lac.
En plus des Indiens et des tricheurs au Poker, les Cygnes du NYCB ont bel et bien leur place en Amérique parmi ceux qui portent fièrement des plumes.

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Coté Manhattan :

Zabar’s
2245 Broadway au niveau de la 80 ème rue.
Le Delicatessen le plus bordélique et le plus fourni en très bon produits. Etape indispensable pour y choisir sa salade ou son plat avant d’aller pique-niquer à Central Park. On y fait ses course sur de la musique classique et surtout on ne résiste pas aux cookies Raisin/Cannelle pour le reste il est très difficile de ne pas résister. N’oublier de jeter un œil à travers les portes pour admirer les cuisines.

Julliard School

Lincoln Center à gauche du Tully Hall. L’une des plus grandes écoles de musique de NY avec la « Manhattan School ». On y enseigne aussi la danse (oui oui !) Ce bâtiment tout neuf abrite près de 800 élèves. De nombreux masters class et concerts donnés par les étudiants y sont donnés gratuitement. A gauche en entrant dans le hall, un écran liste les performances accessibles.

Central Park

En attendant son Ballet au Lincoln Center ou bien avant de reprendre l’avion, ce luxuriant parc est un havre de paix au milieu de Manhattan. Mon endroit privilégié est le « Sheep Meadow », un vaste gazon avec la SkyLine qui surgit des arbres. Endroit parfait pour un apéro au soleil couchant après une bonne balade dans le « Ramble » jouxtant le lac.

National Museum of the American Indian

1 Bowling Green.

Palais assez unique proposant un bel espace pour y admirer de ravissants costumes d’indien d’Amérique. Vestes en cuir ou poncho tressé sans oublier les couronnes de plumes ! Accès libre.

Strand Bookstore

828 Broadway au niveau de la 12ème rue.
L’une des plus envoutantes librairies de NY. On s’y perd dans les nombreux ouvrages, posters ou cartes de vœux. Son parquet ciré et les étroits rayonnages sauront vous captivez de longues dizaines de minutes. Très importante offre de livre d’occasion !

Patsy’s

236 W 56th St, New York.
Ce restaurant tenu par la famille italienne Scognamillo depuis 1944 provoque un voyage dans le temps. Une multitude de serveurs en blazer blanc avec gallons vous servent non sans quelques pitreries. Lieu idéal pour vivre une scène digne de « L’honneur des Prizzi ». Cuisine excellente qui se termine par l’hypnotique charrette de desserts. Je n’imagine pas combien de têtes ou d’affaires se sont négociées ici.

Le Metropolitan Museum of Art, évidemment…

1000 5th Ave, Central Park Est.
Incontournable musée avec une collection pléthorique d’œuvres pour tous les goûts. Prévoir au minimum une grosse journée. Les balletomanes pourront y trouver l’un des célèbres répliques de la Danseuse de 14 ans de Degas. Possibilité de combiner avec Cloisters l’abbaye reconstituée au nord de Manhattan.

Frick collection

1 E 70th St, Central Park Est.
Discret et idéalement placé, cet hôtel particulier digne de ceux que l’on trouve dans le Marais abrite une très belle collection ou une bonne exposition temporaire. A taille humaine on s’y ressource et repose un peu avant de retourner dans le brouhaha de la 5ème avenue. Son salon accueil parfois des concerts de musique de chambre en fin d’après-midi.

One World Observatory

1 WTC 285 Fulton St.
Le ciel est dégagé ? L’hélicoptère est trop cher ? Engagez-vous dans le One World Observatory au sommet de WTC 1 pour une vue imprenable sur DownTown et la rade de New York. Le film déroulant dans l’ascenseur projette un historique animé de la ville à 360°, une expérience assez geek et enrichissante. Privilégiez la première benne à 9:00am.