Natalie Portman

Nouvelles de 2013 n°3

Quelle semaine ! Le monde de la danse a été de nouveau été chamboulé pour des raisons un peu plus positives que la semaine dernière ( l’affaire Sergeï Filin, ndlr). Benjamin Millepied a été nommé à la tête de l’Opéra de Paris, pour succéder à Brigitte Lefèvre le 15 octobre 2014. J’y reviens tout de suite car il y avait tout de même beaucoup de choses à lire !

  • L’évènement de la semaine : la nomination de Benjamin Millepied

Depuis novembre, ou presque, la décision avait été prise. On l’avait croisé dans les couloirs de l’Opéra, son nom commençait à être chuchoté, avec celui d’Alexeï Ratmansky. Stéphane Lissner, qui succédera à la tête de l’Opéra à Nicolas Joël a choisi son directeur de la danse, qui succèdera à Brigitte Lefèvre le 15 octobre 2014. C’est le danseur-chorégraphe Benjamin Millepied qui la remplacera. Il a été engagé en CDI et a présenté son projet en conférence de presse. Il commencera son job par mener la saison 2014-2015 dont on connaîtra le contenu complet bientôt. Elle a été composée par Brigitte Lefèvre, de façon logique, puisque les saisons se construisent sur 3 ou 5 ans. Il composera donc sa première saison pour 2015-2016. Son projet pour l’Opéra n’est pas encore bien dessiné, mais de grandes lignes ont été posées.

Tout d’abord, le plus américain des danseurs français souhaite qu’il y a plus de créations et que ces créations soient des ponts entre les arts. Il souhaite que ces créations ne soient pas des explosions de budget. Il faudra faire avec peu, et se concentrer sur la danse. En ce sens, il souhaite aussi créer une cellule chorégraphique pour développer ce talent chez les danseurs de la compagnie. Lui continuera pour sa part à chorégraphier en commençant par Daphnis et Chloé l’an prochain.

Millepied a la volonté de démocratiser le ballet, en le sortant de ses murs. Les danseurs pourraient présenter des pièces dans d’autres théâtres, dans des musées. Les tournées, comme l’avait déjà dit Lissner, auront aussi lieu en France. Pour l’instant l’Opéra ne se produit qu’à l’étranger, cette année en Australie et au Japon. Millepied veut aussi que les œuvres présentées au public soient claires, surtout en ce qui concerne les créations. Il souhaite expliquer au public les œuvres.

Pour ce qui est de l’héritage classique, il a beaucoup de respect pour les grands ballets. Il reprendra ceux de Noureev dans un premier temps, mais ne s’interdira pas de revisiter les grands ballets. Il invitera aussi de nombreux chorégraphes de sa génération comme Paul Lightfoot, ou encore le petit génie Liam Scarlett.

Sa jeunesse apportera un air différent de celui de Brigitte Lefèvre. Il arrive de l’extérieur, n’a pas fait le même parcours que les danseurs de la compagnie. Un regard neuf en somme. Il devra se faire sa place parmi eux. Pas facile, mais si les idées sont bonnes, on peut espérer que le reste suivra. C’est en tous les as à mon sens un choix audacieux, car il apportera quelque chose de complètement différent, tout en continuant à travailler avec les maîtres de ballet déjà en place. Pour ma part, je suis plutôt curieuse de voir ce que cela va donner. Les idées avancée me plaisent, moi qui suis plus amatrice de danse moderne, qui se sert d’un certain langage classique, ou de danse complètement contemporaine (l’idée de La belle au bois dormant l’an prochain… au secours… sachant qu’à Garnier, au même moment, ce ne sera pas mieux). Il lui faudra du courage pour mener cette aventure « inouïe », comme il l’a qualifié.
Point people : oui Natalie Portman l’accompagne à Paris.

Millepied_officiel

A lire dans la presse en français :
Communiqué de presse de l’Opéra de Paris, clic
Le Figaro, Ariane Bavelier, L’Opéra de Paris désigne son nouveau directeur du ballet, clic
Le Figaro, Ariane Bavelier, Opéra de Paris, place au XXIème siècle, clic
Le Figaro, Ariane Bavelier, L’héritage de Brigitte Lefèvre, clic
Le Figaro, Ariane Bavelier, Millepied explique son projet, clic
Libération, Millepied nommé directeur du ballet de l’Opéra, une « West side story », clic.
Le Monde, L’Opéra de Paris désigne son nouveau directeur de la danse, clic
Le Monde, Benjamin Millepied, à nous deux Paris, clic
Le Monde, Portfolio, itinéraire d’un danseur surdoué, clic
Le JDD, Benjamin Millepied directeur de la danse à l’Opéra de Paris, clic
Culturebox, Benjamin Millepied, futur directeur de la danse à l’Opéra de Paris, clic.
Paris Match, Philippe Noisette, Benjamin Millepied, du glamour à l’Opéra de Paris, clic
Paris Match, Philippe Noisette, Benjamin Millepied, le pari de Stéphane Lissner, clic
Les Echos, Philippe Noisette, Un Palais de la danse pour le prince Millepied, clic
Dansermag, Ariane Dollfus, Benjamin Millepied nommé directeur de la danse à l’Opéra de Paris, clic
Télérama, Benjamin Millepied nommé directeur de la danse, clic
Le Huffington Post, Benjamin Millepied, le marie de N. Portman nommé directeur de la danse, clic

A lire dans la presse en anglais :
New-York Times, Paris Opera Ballet Picks Outsider for New Director, clic
New-York Times, Benjamin Millepied Answers Questions About His New Post With Paris Opera Ballet, by Roslyn Suclas,  clic
The Guardian, Can Benjamin Millepied walk the walk at the Paris Opera Ballet?, clic
Dance Magazine, Le directeur : Millepied to run POB, clic
Los Angeles Times, Benjamin Millepied talks about leaving L.A. dance for Paris, clic

A lire sur les blogs :
Ma chronique, clic
Danses avec la plume, clic
Blog à petits pas, clic
Impressions danse, clic
Musicasola, clic
Danse Opéra, clic
Le Live-tweet de la conférence de presse par Bella Figura, clic
Blog L’Express de Laurence Liban, clic
Les Balletonautes, clic

  • Les sorties de la semaine

Kaguyahimé à l’Opéra de Paris commence cette semaine, vendredi 1er février. Ce ballet de Jiri Kylian raconte une légende japonaise, celle de Kaguyahimé princesse de Lune qui descend sur la terre. Elle y rencontre des villageois, des citadins, qui tombent tous amoureux cette déesse, mais c’est l’empereur Mikado qui gagnera son cœur. Jiri Kylian propose une lecture très épurée, mélangeant les musiques traditionnelles du Japon à des musiques plus contemporaines, plus occidentales aussi. Le ballet est donné pour la première fois à Garnier, je pense qu’il prendra plus de force encore.
Côté distributions, on trouvera trois couples. Alice Renavand assure la première, à la demande du chorégraphe parait-il,  avec Hervé Moreau. Puis nous retrouverons Agnès Letestu et Vincent Chaillet et enfin Marie-Agnès Gillot avec Alexis Renaud. Les distributions du corps de ballet sont alléchantes également, avec des habitués des casts contemporains, et la découverte d’Allister Madin, dans ce répertoire.
Voir toutes les distributions, sur le site de l’Opéra de Paris, clic.
Relire ma chronique sur la répétition publique qui a eu lieu le 19 janvier, clic
Relire ma chronique sur le ballet vu à l’entrée au répertoire, clic
Plus d’infos et réservations sur le site de l’Opéra de Paris, clic.

Affiche Kaguyahime par Anne Deniau

L’exposition Noëlla Pontois, divine étoile, débutera le vendredi 1er février à Elephant Paname. L’exposition retracera le parcours de cette artiste photos, vidéos, costume et loge d’artiste reconstituée. C’est à voir du 1er février, jusqu’au 29 mars 2013. Plus d’infos sur le site d’Elephant Paname, clic.

exposition Noëlla Pontois à Elephant Paname

  • Le concours de la semaine : Le Prix de Lausanne

Le Prix de Lausanne 2013 commencera demain ! Cette compétition rassemble des danseurs du monde entier. Ils ont été sélectionnés par vidéo et CV. Ils vont danser devant un jury mais aussi devant des directeurs de compagnie. Ils peuvent ainsi toucher des bourses pour faire des stages, les plus âgés avec un contrat. Ils prennent des cours pendant une semaine, avec des professeurs renommés. Ils présentent à la fin de la semaine deux variations, une classique, une contemporaine. Les pays les plus représentés sont souvent la Chine et le Japon. Cette année, Elisa Lons, étudiante au CNSMDP, est la seule candidate française. Pour voir la liste des candidats, clic.

Prix de LAusanne 2013

Vous me direz pourquoi suivre un concours qui se situe en Suisse ? Parce que le Prix de Lausanne est facile à suivre ; comptes Youtube, Facebook, Twitter, Instagram, Tumblr, et Pinterest, des vidéos sont mises en lignes, des centaines de photos, la finale est retransmise en direct sur le site internet du concours. Elle aura lieu samedi 2 février.

  • La photo de la semaine

C’est la superbe photo d’Agathe Poupeney bien sûr ! Joyeux anniversaire l’école de danse!

Photo du tricentenaire par Agathe Poupeney

  • En vrac

Suite de l’affaire Sergeï Filin, directeur du Bolchoï agressé à l’acide : le danseur Nikolaï Tsiskaridze a été interrogé par la police. Contrairement à d’autres danseurs, il a clairement affiché son indifférence face à son directeur. A lire sur le sujet, l’article d’Ariane Bavelier, clic, l’article du Guardian, clic, et celui du Monde, clic.
A lire aussi, cet article très intéressant du Courrier International, sur l’ambiance qui règne au Bolchoï… ça ne fait pas rêver, clic

Les danseurs de l’Opéra de Paris sont arrivés en Australie pour y danser Giselle.

A lire, un article de Philippe Noisette sur la transmission du travail de Pina Bausch par Dominique Mercy, clic.

L’Opéra de Paris a signé un accord avec Telmondis Distributions pour la diffusion de ses captations. L’Opéra de Paris diffusera l’an prochain entre 8 et 10 captations.

Nouvelle campagne Repetto avec en égérie Dorothée Gilbert.

Dorothée Gilbert pour Repetto

  • La vidéo de la semaine

Claire Gandolfi dansant dans le clip de Private Pepper.

Black Swan de Darren Aronofsky

Black Swan movie

 

Je n’avais pu me rendre à l’avant première de ce film le 10 décembre car j’allais au
théâtre de la Colline voir une super pièce soit dit en passant (Lulu). Heureusement, il n’y a pas qu’une avant première ! Je suis donc allée voir ce nouveau film de Darren Aronofsky.
J’avais beaucoup aimé les deux précédents films, Requiem for a dream et The Wrestler.

L’histoire est simple, cela se passe dans une compagnie. Le maître de ballet décide de remonter le Lac dans une version plus viscérale, plus contrastée, plus moderne. Nina est
danseuse dans cette compagnie. Quelque peu caricaturale dans sa petite vie bien rangée et organisée par sa mère, elle ne porte que des couleurs pastels, vit dans un monde de princesse. Quand elle passe l’audition pour le rôle d’Odette/Odile elle montre sa faiblesse à devenir un être maléfique. La fragilité de la jeune femme l’empêche d’aller dans ce genre  de rôle. Peu à peu, elle va, suite à mauvais rêve où elle est transformée en cygne, développer des stigmates de l’animal. Elle entre alors dans un délire schizophrénique.

J’ai bien aimé la façon de filmer de Darren Aronofsky, on est soit dans les yeux de quelqu’un, dans ceux de Nina, souvent derrière elle, comme si son double maléfique était juste là prêt à surgir. Tout bouge, tout danse, la caméra contribue à l’ambiance psychotique du film. On ne sait jamais si on est dans un rêve ou dans la réalité et ce jusqu’au bout. On peut avoir plusieurs lectures. Tout comme dans le Lac de Noureev, on ne sait jamais si on est dans l’imagination de Nina ou dans la réalité, dans une fiction fantastique. tout se retourne en un instant, on passe du paradis à l’enfer, de l’humain au cygne, du rose bonbon au noir le plus sombre, du large sourire de Nina à ses yeux entachés de sang. La tension sur le spectateur se fait par oscillation
qui maintient une certaine dose de stress et d’intrigue de façon assez habile.

La bande son est bien utilisée, la musique de Tchaïlowsky s’adapte à toutes les situations du film. Personnellement je ne me lasse pas de la musique de Tchaïkowsky… alors dans un film, c’est encore plus merveilleux.

J’ai trouvé intéressant le parallèle entre le conte et la vie de cette jeune femme. Dans les deux cas, aucune des deux ne peut devenir une femme. Le Lac, vous connaissez l’histoire, je vous l’ai déjà racontée plusieurs fois. Dans le film, Nina est dans
l’incapacité de devenir une femme. Sa mère l’en empêche et la traite comme une petite fille ; elle veut la garder, qu’elle ne la dépasse pas dans son avancement de carrière elle qui a sacrifié la sienne pour sa fille. Dans la vie, tout la ramène à l’enfance. Elle a peur de tout, est affectée par tout ce qu’on peut penser d’elle. Il n’y a que la danse qui la fasse se battre, s’affirmer.
Elle est un animal en cage. Elle voudrait aimer son maître de ballet, mais lui n’est là que pour l’amener vers son rôle. Cela m’a fait penser au roman d’Anne Wiazemsky, Jeune Fille. Lisez le si ce n’est pas déjà fait.

J’ai lu ça et là que le film développe des clichés sur la danse classique. Qui peut affirmer que les rivalités dans un corps de ballet sont inexistantes ? N’y a t-il pas de
problème d’anorexie chez les danseuses? Certes ce sont des clichés mais ils ne sont pas tous faux. Les puristes de la danse n’ont pas compris qu’il ne s’agit pas d’un film de danse, mais d’un film qui prend pour décor un milieu dans lequel la quête de perfection est constante, la remise en question est incessante, l’exigence est telle qu’elle pousse les danseurs dans un regard sur soi qui peut devenir déformé.

Que vous dire de Natalie Portman? Merveilleuse en danseuse, elle a travaillé comme une dingue pour transformer son corps puisqu’il ne s’agissait pas seulement de faire un régime, mais d’avoir un corps de danseuse qui travaille avec depuis son plus jeune âge. Elle s’en sort avec brio et est tout à fait crédible dans le rôle. Il est tout à fait  naturel qu’elle est eu le Golden Globe de la meilleure actrice. Je pense qu’elle est en bonne voie pour l’oscar…Je ne peux pas en dire autant de Mila Kunis, dont on voit bien qu’elle a moins
d’aisance avec la danse classique. Vincent Cassel est très juste et même un peu en dessous de la réalité quand on pense à certains chorégraphes ou maîtres de ballet odieux !

Parlons enfin un peu de la chorégraphie de Benjamin Millepied. Ce n’est pas un film de danse, donc elle n’est pas forcément beaucoup filmée. Une barre, une variation du cygne mais centrée sur le visage de Nina, il n’y a qu’à la fin qu’on voit quelques moments du Lac. Je n’ai pas été convaincue par cette version, et je crois que je ne suis pas la seule… Benjamin Millepied a montré d’autres qualités chorégraphiques dans sa composition  Amoveo pour l’Opéra de Paris. C’est amusant de
le voir derrière une caméra comme acteur.

Je conseille le film, j’ai passé un excellent moment et je vais y retourner avec grand plaisir !

 

Affiche de Black Swan version retro

  • Revue de presse

Article de USA Today « Meet Benjamin Millepied, Natalie Portman’s husband to be » par Alison Maxwell

Article de Huffington Post  » Peeking at the ballet world via Black Swan » par
Ashley Bouder, principal dancer at the NYCB

Article et ITW de Vincent Cassel dans le Figaro « Vincent Cassel ouvre le Festival de Venise avec Black Swan »
par Marie Noëlle Tranchant

Article de The Independent « Portman tells of the agony she
endured to be a dancer
 » par Terry Judd et Jerome Taylor.

Article de Fashion « Raising the barre for fashion » par Emma Sibbles

Article de The Guardian « What Britain’s ballet star made of
BlackSwan
 » par Judith Mackrell

Dans Danser, à lire le dossier d’Ariane Dollfus avec les interviews d’Agnès Letestu, Elisabeth Platel, Pietra, Phillipe Grimbert, Patrice Leconte et bien d’autres…

 

  • Bande annonce