Soirée de gala à Garnier vendredi. On monte les marches du grand escalier entouré de la garde républicaine. Je retrouve JMC et de notre troisième rang d’orchestre, on aperçoit la reine du Danemark qui s’installe en loge présidentielle. Pas loin de ma place quelques balletomanes et journalistes de danse. La soirée promet d’être festive.
Le rideau de scène s’ouvre et sur une toile est projeté un lever de soleil. On se croirait au cinéma, avec le titre du film, Napoli. On est plongé dans un film italien des années 50.
Décors, costumes, tout rappelle effectivement les films de Fellini ou de Rosellini. Les personnages sont quelque peu caricaturaux, ils ressemblent à ceux d’une commedia dell’arte moderne.
Le premier acte présente l’action et n’est fait que de pantomime qui a été réajustée avec le contexte nouveau. On découvre Teresina, l’héroïne que la mère veut marier à un des
deux commerçants du village. La jeune femme leur préfère Gennaro, le jeune pêcheur. A part quelques petits sauts de marins, on reste un peu sur sa fin côté danse. Si la pantomime est très bien exécutée, notamment par les deux amants et par la mère de Teresina, on est un peu frustré quand le rideau se baisse. Trente-six minutes de mime sur un ballet qui en fait 97, cela fait beaucoup. On aurait peut être apprécié que le chorégraphe en remontant le ballet, élimine ce côté un peu désuet. Ce qui est gênant, c’est qu’au troisième rang, on sent qu’ils brûlent de parler, et on entend presque ce qu’ils veulent dire. Je ne suis pas sûre que pantomime soit synonyme de film muet. Pour vous résumer tout de même l’action, puisqu’il est question de cela, Teresina, ne cède pas
aux volontés de sa mère. Avec Gennaro, ils s’avouent leur amour mutuel et fricotent. La nuit tombée, Teresina propose à son amant d’aller en mer. Malgré ses réticences, le jeune pêcheur accepte, mais le malheur arrive et Teresina chute du bateau. Gennaro reçoit les foudres du village. Seule une jeune femme aux pieds nus encourage le jeune homme à chercher son amoureuse. Tout cela est bien long, pas très intéressant.
Je sors donc un peu déroutée de ce premier acte, heureusement que les petits fours et le champagne du salon AROP vont me remonter le moral.
Le deuxième acte s’ouvre sur un univers féérique, mais parfois un peu trop ambiance Disneyworld. On peut saluer une jolie scénographie avec fumée blanche et écran de fond sur lequel défile des petits poissons. C’est assez réussi cet écran de fond, c’est mieux qu’une toile peinte, cela donne du mouvement. La musique est bien choisie, très mélodieuse, elle permet au spectateur de rentrer facilement dans ce monde sous-marin. Les naïades, sorte de sirènes deviennent agressives face à l’arrivée de Teresina. Tout cela est soutenu par des sons hostiles, pour les chants des sirènes et des bruits de coquillages. Les costumes sont superbes, plein de paillettes. Golfo, notre hôte des lieux, a un costume type Caligula, mais version poisson, ce qui a tendance à me faire sourire. Ce poisson mauvais génie tente de séduire Teresina. Il l’envoûte dans un pas de deux qui ne restera pas dans les annales de la danse. On voit l’influence de Balanchine dans la chorégraphie de Nikolaj Hübbe, mais pas le talent. Teresina se tranforme peu à peu en naïade. Si au début elle est soumise à Golfo, elle danse peu en peu en harmonie avec lui. Heureusement, Gennaro arrive, et avec une danse de l’amour, dont on ne retient pas grand chose, si ce n’est qu’il gratouille sa guitare, et qu’il parvient à enlever sa belle des griffes du méchant poisson. Si on a complètement changé d’univers par rapport au premier acte, on en est pas plus satisfait. L’ensemble est assez faible, on se perd dans le style.
A l’entracte, j’aperçois Y*** qui est lui aussi dérouté par tant de faiblesses dans le ballet. Nos attentes ne sont pas du tout comblées.
Le troisième acte va enfin nous permettre de découvrir le style de Bournonville. Enfin ça danse ! Ce qui est intéressant c’est effectivement cette construction du groupe. On
commence sa variation où l’on est, on ne va pas se placer pour démarrer. Cela donne un côté très naturel à la chorégraphie. Du côté du style, on admire la petite batterie de ces messieurs. Les grands jetés en avant sont de mise dans les variations masculines et féminines. Je ne suis pas friande des port de bras qui coupent un peu la silhouette et donne un style un peu coincé aux danseurs. J’apprécie en revanche tous les petits pas liaisons qui mettent en valeur les bas de jambe. Tout cela est plutôt réussi et plein d’enthousiasme. Ça frappe dans les mains pendant la Tarentelle, et on sent que le public aimerait lui aussi accompagner cette fête. Ah oui, parce qu’en fait on célèbre le pariage de Teresina et Gennaro. C’est une autre faiblesse du ballet, l’histoire un peu inexistante, avec des personnages un peu lisses.
Au final je sors mitigée de ce spectacle. Pas envie de le revoir, mais pas mécontente d’avoir vu le troisième acte. C’est maintenant l’heure des mondanités, au grand foyer. On a le droit à un discours de Bri-bri, qui finit d’achever certains. C’est celui de Frédéric Mitterrand qui personnellement me désarme. Si tout ne pouvait pas être présenté comme une nécrologie, et avec plus d’enthousiasme, on y gagnerait.
Merci à JMC pour l’invitation à cette soirée.
Lien vers la page officielle de l’Opéra de Paris.
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Sorella Englund, Nikolaj Hübbe | Chorégraphie et mise en scène d’après August Bournonville |
Maja Ravn | Décors et costumes |
Anton Liep | Création graphique |
Mikki Kunttu | Lumières |
Camilla Hübbe | Dramaturgie |
Orchestre Colonne
David Levi Direction musicale
- Distribution du 6 janvier 2012
Gennaro, un pêcheur : Alban Lendorf
Veronica, une veuve : Lis Jeppesen
Teresina, sa fille : Amy Watson
Giacomo, un marchand de pâtes : Thomas Lund
Peppo, un vendeur de limonades : Morten Eggert
Pascarillo, un travesti : Poul-Erik Hesselkilde
Golfo, un mauvais génie des eaux marines : Jean-Lucien Massot
Corella, une naïade : Amalie Adrian
Argentina, une naïade : Alba Nadal
Le corps de ballet
Les élèves de l’école du Ballet Royal du Danemark