Quelle bulle de bonheur cette soirée hommage à Jérôme Robbins! Le programme d’hier soir était fabuleusement étudié. Les quatre ballets s’équilibraient à merveille, finissant par le fabuleux Concert qui a fait rire tout l’Opéra.
Le premier ballet En sol nous plonge dans un univers de vacances. Nous sommes à la plage et admirons les jeux des baigneurs et baigneuses élégamment vêtus.Le style est très néoclassique, avec des pointes d’humour. Robbins dresse un fabuleux portrait de la bourgeoisie en vacances. On sent le parfum des plages de Deauville, de ces longues plages où les balades semblent infinies. La chorégraphie de groupe est très belle, fluide, les lignes sont élégantes, très verticales ce qui contraste avec les lignes horizontales des costumes.Seul point négatif, la belle Emilie Cozette que je me faisais une joie de revoir danser ne semblait pas bien à l’aise dans les bras de Josua Hoffalt… dommage!
J’avais adoré Amoveo en début de saison, c’est peu dire, mais ce que j’ai ressenti face à Triade est bien plus fort. Millepied travaille une partition musicale très choréraphique. Son écriture a la même fluidité que celle de son maître. Les variations s’enchaînent dans un tout très cohérent, les caractères des personnages se forment puis disparaissent pour se reformer ensuite. On est face à quelque chose de très léger très aérien dans la construction. Il n’y a pas chez Millepied de lourdeurs ou de longueurs. C’est cela qui est admirable. La simplicité l’emporte et il reste la beauté de cette création. Merveilleuse Marie-Agnès Gillot qui signe une fois de plus un performance contemporaine remarquable. Elle a le talent et le génie de rentrer dans la pâte d’un chorégraphe. Ses merveilleuse jambes n’en finissent pas de gribouiller l’espace, de nous emmener dans cet univers.
Je rappelle à ceux qui seraient passés à côté de l’info mais nous sommes en pleine année Chopin (nous fêtons le bicentenaire de sa naissance). En cela, l’Opéra de Paris tient lui aussi à participer et après La Dame aux Camélias, voilà deux ballets de Robbins qui utilisent la partition du maître.
In the Night joue avec les clichés de la danse classique. Trois couples vont se succéder et présenter des caractères très différents. Claire Marie Osta et Benjamin Pech forme un couple romantique, voire même médiéval, on se retrouve dans un univers bien lointain. Emilie Cozette et Karl Paquette me font rêver de Don Quichotte. aurélie Dupont et Nicolas Le Riche forment un couple fougueux toujours très justes et l’un et l’autre dans l’interprétation.
Le clou de la soirée est évidemment le fabuleux Concert. Je n’avais jamais vu cette merveille qui fait partie des quelques ballets comiques. J’ai ri mais j’ai ri! Mathilde Froustey
incarnait la ballerine à la perfection, cela lui allait comme un gant. Tout l’humour est finement dosé, ce ne sont que des petites choses qui forment la farce. La musique de Chopin est caricaturée avec talent par la merveilleuse pianiste. On joue, on s’amuse dans une humeur buccolique qui transforme tout le monde en papillon, un animal éphémère comme le temps de ce concert. Ce qui m’a encore plus fait rire c’est qu’en 2010, ce ballet choque encore la belle société de l’opéra. A la sortie de l’orchestre les membres de Natixis entourés d’Ernest Antoine Sellière, s’offusquent de la fin du ballet « oh quand même les papillons c’est n’importe quoi, on est quand même à l’Opéra! ». Ah ah ce cher Robbins doit sourire d’où il est de voir son ballet crée en 1956 fait encore enrager les plus conservateurs…
L’intégration de la vidéo est bloquée donc je vous mets le lien pour la vidéo de TRIADES de Millepied
EN SOL
Maurice Ravel | Musique Concerto pour piano et orchestre en sol majeur |
Jerome Robbins | Chorégraphie |
Erté | Décor et costumes |
Jennifer Tipton | Lumières |
TRIADE
CRÉATION
Nico Muhly | Musique |
Benjamin Millepied | Chorégraphie et costumes (Opéra national de Paris, 2008) |
Patrice Besombes | Lumières |
IN THE NIGHT
Frédéric Chopin | Musique |
Jerome Robbin | Chorégraphie |
Anthony Dowell | Costumes |
Jennifer Tipton | Lumières |
THE CONCERT
Frédéric Chopin | Musique |
Clare Grundman | Arrangements et orchestration |
Jerome Robbins | Chorégraphie |
Saul Steinberg | Décors (d’après) |
Irene Sharaff | Costumes |
Jennifer Tipton | Lumières |
Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet
Orchestre de l’Opéra national de Paris
Koen Kessels Direction musicale
AVEC LE SOUTIEN DE THE GREGORY AND REGINA ANNENBERG WEINGARTEN FUND / THE AMERICAN FRIENDS OF THE PARIS OPERA & BALLET ET DE THE JEROME ROBBINS FOUNDATION
- Distribution du 4 mai 2010
SOLISTE FEMME | Emilie Cozette |
SOLISTE HOMME | Josua Hoffalt |
Danseuses | Marie-Agnes Gillot Dorothée Gilbert |
Danseurs | Vincent Chaillet Nicolas Paul
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1ER PAS DE DEUX | Clairemarie Osta |
1ER PAS DE DEUX | Benjamin Pech |
2EME PAS DE DEUX | Emilie Cozette |
2EME PAS DE DEUX | Karl Paquette |
3EME PAS DE DEUX | Aurélie Dupont |
3EME PAS DE DEUX | Nicolas Le Riche |
BALLERINA | Mathilde Froustey |
HUSBAND | Alessio Carbone |
WIFE | Céline Talon |
SHY BOY | Mallory Gaudion |
ANGRY LADY | Caroline Bance |
1 er MAN | Julien Meyzindi |
2nd MAN | Yvon Demol |
2 LADIES | Charlotte Ranson Eléonore Guerineau |