Plus de 30 minutes d’applaudissements pour l’étoile Isabelle Ciaravola qui faisait ses adieux à la scène de Garnier. Après deux heures de spectacle, dans le rôle de Tatiana, l’étoile a dit au revoir à son public dans une émotion toute particulière.
La soirée fut superbe. A la hauteur de l’étoile. Le ballet est passé trop vite. On aurait aimé que le plaisir dure plus longtemps, bien qu’on ne fut pas en reste d’émotions et de sensations fortes. C’est bien là le talent d’Isabelle Ciaravola. Elle est une grande tragédienne qui incarne à merveille les héroïnes qu’elle choisit. De son visage, elle sait tout faire – transmettre les sentiments du personnage qui vit à travers elle. Pour le reste, ses superbes jambes font le travail, avec une élégance naturelle.
C’est dans ce ballet qu’elle a été nommée étoile le 16 avril 2009. Un rôle qui lui colle à la peau. Et quand on la voit danser, on le comprend. De la femme enfant à la femme mûre, il y a un gouffre. Isabelle Ciaravola parvient à nous montrer le personnage de Tatiana comme personne. Jeune fille férue de littérature, qui tombe amoureuse comme dans un roman, elle campe une Tatiana naïve, presque chétive face à cet Onéguine hautain qui la méprise. Hervé Moreau sert son jeu avec beaucoup de talent – la narration est lisible, on suit cette histoire comme dans un livre. Au troisième acte, on voit avec clarté cette femme mûre, rangée auprès de son mari. Elle repousse Onéguine avec une douleur qui nous prend aux tripes. Contre son amour, elle choisit la raison, dans la souffrance. Elle nous captive, elle nous emmène et nous raconte ce personnage de Tatiana. Fascinante, on ose à peine décoller les yeux de son visage, si expressif et si juste, qui nous dit tant des sentiments et des interrogations de Tatiana. Jamais lisse, elle fait de cette héroïne, un personnage complexe, qui ne se contente de pas de danser avec brio, mais qui livre un combat des sentiments face à l’orgueilleux Onéguine. On ne saurait retenir ses larmes à la dernière scène, la tension est elle qu’elle nous saisit. On est accroché au visage de Tatiana, au moindre de ses gestes. Sa chute au sol est le point d’honneur de la pièce. On en reste quelques secondes abasourdi.
Tous les danseurs se sont mis au service de cette représentation exceptionnelle. Charline Giezendanner était pétillante et superbe dans son rôle d’Olga. Mutine, jeu de jambes impeccable, son partenariat avec Mathias Heymann était parfait. Ce dernier a encore livré une prestation incroyable. Sa variation du deuxième acte était un régal – pirouettes qui n’en finissent pas avec de beaux ralentis pour laisser passer l’émotion de Lenski. La danse est fluide tout au long du ballet, tout comme l’archet du violon qui glisse sur les cordes. « Les jambes de l’Opéra » – tel est le surnom d’Isabelle Ciaravola – sont l’apothéose de cette soirée très réussie.
La soirée se termine dans le Grand Foyer, où Isabelle Ciaravola y entre radieuse. Un discours court où elle remercie les princes qui l’entourent : Mathieu Ganio, Hervé Moreau, Karl Paquette. Des partenaires qui devront faire sans elle, mais qui l’ont tant fait briller… de vrais princes autour d’une diva de la danse.
Plus de photos des adieux sur la page Facebook, clic L’interview de Danses avec la plume, clic
Un petit reportage de France 3 Corse, clic
La vidéo de sa nomination, clic
Un gala Noureev était sans doute la façon la plus simple de lui rendre hommage même si la chose n’était facile. Peu des danseurs présents sur scène ont travaillé avec Noureev, ni même connu le grand maître. La transmission par la génération Hilaire Legris est certes efficace, mais on entend souvent dire, que depuis qu’il n’est plus là, les ballets ne sont plus aussi bien dansés ou dansés différemment. Je suis de celle qui pense que la danse évolue, que les techniques changent et que les ballets se transforment, que les interprètes se les approprient et que la danse n’est pas un art figé dans le temps.
Difficile cependant de rendre hommage à Noureev. Quoi de mieux que de montrer ses chorégraphies. On a donc vu les pas de deux des grands ballets classiques qu’il a remontés pour l’Opéra de Paris. On regrettera le peu de variations masculines, les garçons étaient un peu délaissés dans les choix faits pour ce gala, ce qui est dommage, dans un programme où l’on rend hommage à un danseur comme l’était Noureev. On comprendra aisément le choix du troisième acte de la Bayadère, mais pourquoi ne pas l’avoir dansé en entier ? De même pour Don Quichotte, on aurait pu se fendre d’un acte entier, ce n’est pas comme si les danseurs ne l’avaient pas les jambes.
La soirée a commencé par un hommage en photos, pendant que l’orchestre jouait l’ouverture du Lac des cygnes. Du gala, on retiendra surtout le très joli duo Nicolas Le Riche et Laëtitia Pujol dans Roméo et Juliette. Elle m’avait déjà bouleversée il y a 3 ans(relire ma chronique, clic). C’est une pure technicienne, qui ne laisse rien au hasard. Les talons sont toujours bien posés, l’en dehors est exemplaire, le déroulement des pieds pour monter et descendre de pointe est élégant. Ce qui est remarquable ce sont ses qualités de comédienne. Elle se transforme en une charmante Juliette de 14 ans, adorable et follement amoureuse. Elle joue à merveille l’émoi du premier baiser. Il faut dire qu’elle a avec elle un partenaire à sa hauteur. Le Riche est toujours surprenant, même en le savant à l’avance. Comme pour elle, un joli travail technique, avec une série de saut en l’air très réussis. C’est surtout son visage qui a accroché le spectateur et cette sensation de rajeunissement. Son air de jeune minot, son sourire angélique, un vrai gamin dansait sur scène hier soir, avec beaucoup de pureté. C’est le seul moment de la soirée où l’on a réussi à se plonger dans l’esprit du ballet. Les applaudissements s’en sont ressentis et les bravos ont été nombreux.
L’autre moment fort de la soirée fut le solo de Mathias Heymann. Il dansait Manfred, ballet moins connu que les grands classiques, donné la dernière fois en 1986, qui est inspiré d’une pièce de Lord Byron. Le jeune homme faisait son retour sur scène, après une très longue blessure (relire l’article d’Ariane Bavelier, clic). Danse pleine d’émotions avec beaucoup d’investissement, le public a acclamé le jeune homme qui en était ému aux larmes. Il était grand temps qu’il revienne !
J’ai apprécié de voir danser les petits rats dans Casse-Noisette, qui étaient tous à la hauteur et peuvent faire la fierté de leur directrice. Les équilibres d’Aurélie Dupont dans l’adage à la rose ont aussi beaucoup plu au public, même si je l’ai trouvée un peu effacée. Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio étaient très bien, mais sans décor, Garnier parait bien vide. Il manquait un soupçon de piquant dans tout cela. Marie-Agnès Gillot a fait une belle Cendrillon, avec beaucoup de charisme, comme à son habitude.
Dans son discours « post-spectacle », Brigitte Lefèvre a dit que Noureev détestait les hommages, en le citant « Hommage, fromage, dommage ». J’ai trouvé pour ma part que la soirée manquait de grandiose et de magie et cela, oui c’était dommage.
Mille mercis à JMC pour la place.
Casse-Noisette avec Myriam Ould-Braham et Christophe Duquenne et les élèves de l’école de danse. La Belle au bois dormant (Adage à la rose) avec Aurélie Dupont avec Vincent Chaillet, Stéphane Phavorin, Yann Saïz et Audric Bézard. Cendrillon avec Marie-Agnès Gillot et Florian Magnenet Don Quichotte (Fandango) Eve Grinsztajn et Vincent Chaillet et le corps de ballet Don Quichotteavec Ludmila Pagliero et Karl Paquette Raymonda (Variation de la claque) avec Isabelle Ciaravola Le Lac des cygnes (Cygne blanc) avec Emilie Cozette et Hervé Moreau, voir la vidéo, clic Le Lac des cygnes ( Cygne noir) avec Dorothée Gilbert, Mathieu Ganio et Benjamin Pech, voir la vidéo, clic
Le pas de deux de Roméo et Juliette avec Lætitia Pujol et Nicolas Le Riche voir la vidéo, clic Manfred avec Mathias Heymann voir la vidéo, clic La Bayadère(les Ombres) Agnès Letestu et Stéphane Bullion et le corps de ballet, voir la vidéo, clic
Suite de la série Sarah Kora Dayanova/Allister Madin par Deyan Parouchev. Pas mal non? qu’en pensez-vous? Le photographe a fait aussi de très belles photos sur les toits de Paris, vous devrez attendre un peu avant que je vous montre.
La sortie de la semaine : Pina Bausch au Théâtre de la Ville
Chers lecteurs, je vous aime beaucoup, mais si vous avez une place pour Pina Bausch, je vous déteste. Oui je vous l’accorde c’est très enfantin, mais j’ai mes raisons. Pina Bausch fut la première chorégraphe contemporaine que j’ai découvert et c’est cela qui m’a fait aimer la danse contemporaine. J’ai vu le Sacre en premier, puis j’ai découvert la suite. Café Müller m’a toujours marquée, j’ai une sorte d’attraction/répulsion pour cette pièce, dans laquelle je découvre et apprends toujours quelque chose et qui me met en même temps si mal à l’aise. J’aime les œuvres qui me bousculent. Pina Bausch savait passer d’une émotion à une autre avec talent, parfois en douceur, parfois avec brutalité. Ainsi dans Sweet Mambo, on passait des caresses, à l’oppression, le tout dans une danse si liée, si délicate qu’elle vous emportait dans une longue histoire. Le jour d’ouverture des réservations j’ai appelé 153 fois le Théâtre de la ville (oui, oui j’ai des excès de folie), Joël a gentiment proposé de s’y rendre pour Fab et moi, mais rien à faire, si vous n’êtes pas abonné, et bien vous n’êtes pas abonné. Joël est reparti bredouille, j’ai arrêté d’appeler, vexée. En résumé, il faut s’abonner au théâtre de la ville sachant que si vous ne l’êtes pas déjà, il faut attendre que les anciens le fassent, puis vous passez après. Bref, je ne comprends pas leur système, et eux qui se gargarisent d’avoir un public hétérogène…
Parlons un peu de la pièce, « …Como el musguitoen la piedra, ay, si, si, si… » est une création de 2009, la dernière création de Pina Bausch. Côté chorégraphie, beaucoup d’éléments
sont repris d’autres pièces, comme Vollmond, Sweet Mambo, Bambo blues. Il y a la joie de ces ballets, avec la violence qu’il peut cohabiter. Je pense à cette ceinture par laquelle
est attachée une jeune fille. On retrouve aussi l’inspiration d’ailleurs. Ces dernières années, Pina Bausch voyageait et s’inspirait, se nourrissait des cultures d’ailleurs. Agua
(Brésil) et bien sûr Néfés (Turquie), sont pour moi les plus belles réussites de ces voyages. Ce dernier voyage s’inspire des odeurs, et saveurs du Chili. Et toujours ces robes, et
encore plein de couleurs. Cela nous promets deux heures trente de bonheur.
Du 22 juin au 8 juillet 2011, complet pour toutes les représentations
avec Pablo Aran Gimeno, Rainer Behr, Damiano Ottavio Bigi, Aleš Čuček, Clémentine Deluy, Silvia Farias Heredia, Ditta Miranda Jasjfi, Nayoung Kim, Eddie Martinez, Dominique
Mercy, Thusnelda Mercy, Morena Nascimento, Jorge Puerta Armenta, Azusa Seyama, Fernando Suels Mendoza, Anna Wehsarg, Tsai-Chin Yu
La distribution de la semaine : L’anatomie de la sensation pour Francis Bacon de Wayne Mc Gregor
Distribution des 29 juin, 2 (20h00), 6, 9 (14h30), 11,14, 15 juillet 2011
Aurélie Dupont
Dorothée Gilbert
Marie-Agnes Gillot
Laurène Lévy
Myriam Ould Braham
Alice Renavand
Jérémie Bélingard
Mathias Heymann
Josua Hoffalt
Simon Valastro
Audric Bezard
Cette distribution aligne les étoiles et fait rêver. Aurélie Dupont revient après la naissance de son deuxième fils, aux côtés de son mari (Jérémie Bélingard, ndrl), si ils dansent en duo (ce qu’ils ont rarement voire jamais fait) cela risque d’être très beau. Mathias Heyman s’était révélé extrêmement à l’aise dans l’exercice précédent, Genus, je suppose qu’il en sera toujours le cas cette fois-ci. Marie-Agnès Gillot, que j’ai vue danser une seule fois cette année (soirée des 3B) va dominer la scène, par sa technique et son charisme. Myriam Ould-Braham est la star de cette soirée Mc Gregor puisqu’on pourra la voir dans les deux distributions. J’en connais une qui doit être ravie. On verra le duo Josua Hoffalt/ Alice Renavand, mon dieu que cette distribution est alléchante. Il faudrait que je puisse aller voir ce ballet plusieurs fois, mais je ne crois pas que cela se produire. Je préfère faire la queue tous les jours pour obtenir le sésame pour voir Pina Bausch au TDV… Je vous ai dit à quel point il était impossible d’avoir des places dans ce théâtre ?
La deuxième distribution est tout aussi alléchante, moins d’étoiles, mais des personnalités pas moins intéressantes. Parmi elles, Mathilde Froustey, occasion unique de la voir dans autre chose que dans un tutu, Amandine Albisson qui par sa force tranquille en impose toujours sur scène. Chez les garçons, je suis ravie de voir Julien Meyzindi, que j’apprécie beaucoup plus dans le registre contemporain que classique même si il fut un Pâris talentueux (Roméo et Juliette, ndrl). Laëtitia Pujol est à contre emploi, mais dans une telle forme depuis quelques mois, qu’elle peut donner quelque chose de très particulier, je ne me suis toujours pas remise de sa Juliette. Emilie Cozette est toujours impeccable en contemporain, elle sera bien mise en valeur dans cette pièce.
Distribution des 2(14h30), 5, 8, 9 (20h00), et 12 juillet 2011
Myriam Ould Braham
Laëtitia Pujol
Emilie Cozette
Amandine Albisson
Mathilde Froustey
Sabrina Mallem
Alexandre Gasse
Yannick Bittencourt
Julien Meyzindi
Adrien Couvez
Nicolas Paul
A noter la séance de travail AROP aura lieu samedi 25 à 19h30 à Bastille.
L’accord de la semaine : ONP/SNCF, 2 sigles 1 réduction
Amis provinciaux, vous pouvez désormais bénéficiez d’une réduction de 25% si vous venez en week-end à Paris pour voir un spectacle de l’Opéra de Paris.
Je cite les conditions de vente :
« L’offre est accessible dans toutes les Gares SNCF, Boutiques SNCF, Agences de Voyages agréées SNCF, par téléphone au 36 35 (0,34 €/min)
depuis la France ou au +33 (0) 892 35 35 35 depuis l’International. La réduction n’est pas vendue à bord des trains. Elle est proposée à la vente pour les trains au départ de toutes les gares ferrovières de région et à destination de Paris pour des voyages liés à des spectacles de la saison 2010-2011 et de la saison 2011-2012 à l’Opéra national de Paris. Le billet doit être un billet aller-retour.
L’offre est disponible en 1ère et 2nde classe, sur le réseau Grandes Lignes SNCF, hors Île-de-France, sur les TGV, les trains TEOZ et LUNEA dans la limite des places
disponibles ainsi que dans les trains INTERCITES en période bleue.
L’offre est valable pour un aller effectué un samedi et un retour effectué un dimanche (à l’occasion de jours fériés en semaine, l’offre est étendue
aux « ponts », le trajet aller ou le trajet retour devront être effectués la veille du pont ou l’un des jours du pont).
Les billets de train sont échangeables auprès des points de vente SNCF sur présentation des billets aller et retour, et non remboursables.
Justificatifs à fournir : afin de justifier sa réduction, le voyageur doit présenter au retour, à bord du train, son billet de
spectacle correspondant à l’un des spectacles à l’Opéra national de Paris du week-end correspondant au voyage (billet cartonné ou billet électronique de spectacle) conjointement avec le billet
SNCF aller et le billet SNCF retour. Dans le cas où le voyageur ne pourrait justifier sa réduction, le billet retour SNCF serait ramené au plein tarif. »
La dédicace de la semaine : Carolyn Carlson
L’artiste vient de signer un nouveau recueil d’haïkus, après Le Souffle et l’esprit, voilà Brins d’herbe. La chorégraphe dessine et écrit des haïkus depuis des années qui sont
dans la continuité de sa danse, fluide et graphique.
Elle dédicacera son recueil à la librairie Comme un roman mardi 21 juin à 18h30 (rue de Bretagne dans le marais).
Le festival de la semaine : Montpellier danse 31ème édition
C’est mercredi que commence la nouvelle édition du festival Montpellier Danse. A ne pas manquer si vous êtes dans la région. Vous pourrez notamment voir le spectacle de Bartabas, Le Centaure et le cheval, le Sacre de David Wampach, le flamenco d’Israël Galvan avec La Edad del oro, Didier Théron s’attaque au Boléro de Ravel rebaptisé Shangaï Boléro, je déconseillerai Emanuel Gat en revanche, qui vient avec une nouvelle création Brilliant Corner, il ne faut par contre pas manquer Artifact de William Forsythe dansé par le Ballet Royal de Flandres, la pièce forte de ce
festival.
Tant que vous êtes dans le sud, vous pouvez aussi allez faire un tour au Festival de danse et Arts multiples de Marseille. Il a commencé le 16 juin et dure jsqu’au 9 juillet. Pour sa 16ème édition, le Festival propose une programmation alléchante avec du Alvin Aley, le Nearly 90° de Merce Cunningham, Vertical Road d’Akhram Kahn entre autres. Plus d’infos ici.
La vidéo de la semaine : Pina, Pina, Pina !
Oui je suis dégoutée de ne pas avoir de place, alors youtube comble ma frustration.J’ai choisi Vollmond, car en cette période de sècheresse, il est temps qu’il pleuve un peu.
A noter aussi que le documentaire Nés pour danser est encore disponible en VOD sur arte. Suivez le lien.
A revoir la soirée CoppéliasurFrance 3 (jusqu’à vendredi seulement).
La pluie ne pouvait rien contre mon moral aujourd’hui. Je suis allée cet après midi aux ventes privées Brontibay avec ma belle F***, toutes ces couleurs s’accorderaient à merveille avec des BB Repetto. Après cette virée shopping nous nous sommes offert un massage à la Villa Thaï, la vraie vie en somme ! Le soir à l’Opéra avec la meilleure compagnie qu’il soit, quoi de plus réjouissant pour ensoleiller cette journée où le ciel lui me boudait et est resté gris.
Sur la distribution papier, pas de traces des surprises annoncées. On parlait de Clairemarie Osta, Laëtitia Pujol faisant une apparition au deuxième acte dans les amies de
Swanilda. Elles n’étaient pas au rendez-vous au 2ème acte mais d’autres surprises sont venues se glisser dans le ballet. Première surprise, ma compagnie a le vertige. Il est vrai que quand j’étais plus jeune l’amphithéâtre me mettait aussi mal à l’aise. Maintenant je me penche à loisirs pour jalouser les spectateurs du parterre. Tiens mais c’est Amélie qui s’installe au 3ème rang.
Le défilé commence toujours avec la même émotion pour moi. La musique, les petits rats, les tutus blancs, l’ambiance de la salle (tout le monde y va de son petit commentaire), je signe et persiste j’adore ! Aux abonnés absents : Aurélie Dupont (toute jeune maman) et Hervé Moreau (toujours pas une seul mot de l’institution à son propos, vivement une rencontre AROP avec Bribri pour que la question soit posée).
Ciraravola ouvre le bal des étoiles avec grâce, MAG, Gilbert et Letestu sont très applaudies. Côté garçons Mathias Heyman nous gratifie d’un petit pas sauté pour nous saluer, José Martinez est littéralement ovationné et Nicolas Le Riche n’est pas non plus privé de bravos. D’ordinaire, la dernière étoile appelle par un port de bras tout le corps de ballet. Mais là un petit monsieur en costume et noeud papillon descend la scène penchée de Garnier. C’est tout ému qu’il ouvre ses bras pour appeler ses danseurs, comme pour les accueillir une dernière fois dans ses bras. Ils arrivent plus lentement que d’habitude, l’ambiance tant sur scène que dans la salle. Les applaudissements sont très très nombreux, le corps de ballet applaudit son maître qui a tant fait pour en faire la star des ballets. Autant je ne suis pas amatrice des chorégraphies de Patrice Bart, autant il faut saluer l’étoile qu’il a été et le maître de ballet extraordinaire qu’il est devenu. On oubliera ses défauts, ses gueulantes (souvent vulgaires) mais qui faisaient tout de même son charme.
Premier Coppélia pour moi de la saison, hors répétitions. J’ai essayé de comprendre un peu plus l’histoire ce soir. J’avais relu L’homme au sable, où en fait le
personnage principal est Nathanaël alias Frantz dans le ballet. Patrice Bart a fait le choix, de mettre en avant le personnage de Coppélius qui s’éprend de Swanilda, une jeune femme du village qui ressemble à sa femme décédée, et à la poupée qu’il est en train de monter avec son compère Spalanzani. Il fait de Coppélius un séducteur, qui est plus à mon sens un vieux pervers, on ne comprend pas bien ce qu’il veut, veut-il voler l’âme de Swanilda pour la mettre dans sa Coppélia, veut il vivre une histoire d’amour vériatble avec elle? Et le Frantz dans tout ça? Dans le conte, il tombe amoureux de la poupée, et se rapatrie sur Clara/Swanilda (les noms varient d’un livret à un autre) car elle au moins est humaine. Là il se bat à peine opur sa bien aimée. Il montre une faible jalousie. Bart justifie l’attirance de Swanilda pour Coppélius avec la fameuse scène des papillons de Frantz qui la dégoûte un peu des passions de Frantz (franchement entre le beau jeune homme qui collectionne des papillons et le vieux qui joue à la poupée, le choix est vite fait!). Ensuite la scène du blé où Swanilda est élue reine du blé hypnotise Coppélius, ce qui rend son esprit confus. J’attends de voir la version de l’école de danse pour voir sous quel autre angle peut être lu ce conte. Je trouve intéressant d’avoir donné une place plus grande au personnage de Coppélius, mais la lecture qui en faite est loin d’être claire.
Côté danse, Mathias Heymann fait bien du zèle ce soir en essayant de passer des pas plus compliqués. Il ne s’en sort pas toujours, en oublie parfois la musicalité (plutôt rare
chez le jeune prodige), mais c’est fait avec le sourire avec un certain amusement, comme il me l’a dit plus tard dans la soirée, « c’était ce soir ou jamais ». Il est bien dans ce rôle de cet
étudiant sûr de lui, potache avec ses amis. Il offre tout ce qu’il a, avec générosité et le sourire. j’étais ravie de le voir, puisque depuis le début de la saison, difficile de le voir (le
cheval de Caligula n’est pas un rôle qui me plaît et dans lequel il pouvait exprimer tout
son talent…). J’étais ravie de le voir souriant, sauter et tourner avec toujours autant de facilité. Dorothée Gilbert, était comme à son habitude, merveilleuse. Pas d’erreurs
techniques, une interprétation juste, espiègle séductrice et joueuse, elle fait rire la salle et emporte tout le public avec elle. La gigue écossaise reste mon passage préféré, j’y aime les petits pas qui s’y glissent, le manège et la traversée finale. Les amies de Swanilda avaient réservé quelques surprises à leur maître de ballet, dont la plus drôle était celle de Mathilde Froustey qui est restée coincée un bon bout de temps perchée en haut de l’escalier de l’atelier de Coppélius. Ses copines lui ont filé un bouquin pour s’occuper. José Martinez est exemplaire, j’ai l’impression parfois que sa danse se perfectionne de jour en jour. En tous cas, il me touche de plus en plus, et ce soir c’était un vrai plaisir de le voir dans ce rôle un peu plus noir que les rôles de prince qui lui collent (un peu trop parfois) à la peau.
Le ballet s’achève sur la fuite de Swanilda et Frantz, venu au secours de cette dernière au moment où les choses commençaient à mal se passer dans l’atelier.
Aux saluts, Patrice Bart est convié par Dorothée Gilbert, seul sur scène, une pluie de pétales roses tombent. Tout le ballet, ainsi que Brigitte Lefèvre, Elisabeth Platel et bien d’autre viennent saluer une dernière fois le maître. Le moment est émouvant, touchant, on sent la tristesse mêlée à la joie de toutes ces personnes présentes sur scène.
La suite de la soirée se passe au Grand foyer où Patrice Bart se voir remettre le titre et la médaille de Commandeur des Arts et des lettres après un discours soporifique du
Ministre de la Culture (on aurait cru qu’il l’enterrait).
Au revoir Monsieur Bart…
La distribution du 30 mars
SWANILDA
Dorothée Gilbert
FRANTZ
Mathias Heymann
COPPELIUS
José Martinez
SPALANZANI
Fabrice Bourgeois
Léo Delibes
Musique
Patrice Bart
Chorégraphie et Mise en Scène
(Opéra national de Paris, 1996)
D’après Arthur Saint-Léon
Devinez d’où est prise cette photo… Et oui c’est le Petit foyer de l’Opéra de Paris. Cette semaine, il y a défilé alors cette petite pièce merveilleuse sera une nouvelle fois dévoilée
La sortie cinéma de la semaine : Coppélia en direct de l’Opéra
Ce soir, a lieu dans plusieurs cinémas une retransmission en direct du ballet Coppélia de Patrice Bart en direct depuis l’Opéra de Paris. En distribution, vous verrez Dorothée Gilbert, Mathias Heymann, José Martinez et Fabrice Bourgeois.
Les adieux de la semaine : Patrice Bart quitte l’Opéra de Paris
Mercredi 30 mars, Patrice Bart fera ses adieux à la grande maison. Pour cela un défilé serait fait en son honneur. Je crois que nous sommes nombreux à nous rendre, et en plus
elle court elle court la rumeur, mais on parle d’étoiles qui se glisseraient ça et là sur la scène… chut vous verrez bien mercredi !
La sortie ballet de la semaine : Les saisons russes au TCE
Cela a lieu du 31 mars au 3 avril. J’avoue que j’aimerais bien caser cela dans mon emploi du temps mais je crains que cela ne soit possible. Côté distribution vous aurez le droit à Ilse Liepa, Nikolaï Tsiskaridze, Vladimir Derevianko, Svetlana Lunkina en étoiles et le Ballet du Kremlin.
Mon regret dans ces soirées est la musique enregistrée.
Petrouchka
Igor Stravinsky musique
Michel Fokine chorégraphie
Anna et Anatoly Nezhny décors et costumes (d’après Alexandre Benois) En accord avec le Fokine Estate-Archive
Les Sylphides
Frédéric Chopin musique Michel Fokine chorégraphie Anna Nezhnaya décors et costumes (d’après Alexandre Benois) En accord avec le Fokine Estate-Archive
Les Danses polovtsiennes
Alexandre Borodine musique Michel Fokine chorégraphie Anna Nezhnaya décors et costumes (d’après Nicolas Roerich) En accord avec le Fokine Estate-Archive
La bonne action de la semaine : une soirée pour le Japon au TCE
Cela aurait lieu en réalité la semaine prochaine, mercredi 6 avril, mais
si vous voulez des places, il vous faut réserver dès maintenant.Voici la liste des artistes qui participeront à cette soirée : Sylvie Guillem, Nicolas Le Riche, Akram Khan, Natasha Parry, Lambert Wilson, Guillaume Gallienne, Rolando Villazón, Hiromi Omura,Renaud et Gautier Capuçon, Sayaka Shoji, Martha Argerich, Nelson Freire, Momo Kodama, Bartabas…
Soirée au profit de la Croix Rouge japonaise en partenariat avec la Croix Rouge française. Coréalisation Productions Internationales Albert Sarfati / Théâtre des
Champs-Elysées
« Nous sommes tous sous le choc de la récente catastrophe et admiratifs de la dignité avec laquelle les japonais traversent cette épreuve. Cette soirée, placée sous le signe de la spiritualité et de l’espoir, est organisée spécialement pour venir en aide au peuple japonais.
Un message d’amitié de la part de nombreux artistes pour le Japon et un soutien financier grâce la recette de la soirée reversée à la Croix Rouge française. »
A lire ici, les mots de soutien des danseurs de l’Opéra de Paris.
Il est partout et surtout sur France Inter. A réécoutez, l’émission de Charlotte Lipentska du 24 mars Voulez-vous sortir avec moi? où il est en compagnie de Wilfried Romoli et de René Aubry (ma star à moi… qui a déjà pris un cours de danse contemporaine sans un peu de René Aubry… c’est un peu comme faire un spectacle sur les Quatre saisons ! ). Mais aussi, l’émission de Pascale Clark, Comme on nous parle du jeudi 24 mars.
A noter, il y aura une avant-première du film le 02 avril au Club de l’Etoile en présence d’Agnès Irzine , rédac chef du magazine DANSER.
La gagnante de la semaine : Mayara Magri
La jeune brésilienne est décidément en forme et après Lausanne elle s’est emparée du Youth America Grand Prix en catégorie séniors. Côté juniors, c’est le jeune Aran Bell qui a gagné le prix. La liste des résultats complète est sur le site du YAGP.
La vidéo de la semaine : Roméo et Juliette
Histoire de se mettre dans l’ambiance et de penser à Hervé Moreau, que nous ne verrons plus sur la scène de l’Opéra.