Mathias Heymann

Don Quichotte pour la première fois !

Evidemment je suis taquine. Je ne vois pas Don Quichotte pour la première fois. Je ne me souvenais plus de la première fois que je l’avais vu, alors je suis allée dans ma bibliothèque ou plutôt l’un de mes étagères – mon appartement est un petit cafarnaüm où les livres ont plus de place que le reste – pour chercher programme et anciennes distributions de Don Quichotte. Voilà la première fois que j’ai vu Don Quichotte c’était en 1998.

La première fois que j’ai été confrontée à Don Quichotte c’était surtout en le dansant. J’ai une professeure de danse qui est une personne formidable. On s’est toujours éclaté sur scène grâce à elle car elle n’avait jamais peur de nous faire danser des ballets énormes. J’ai donc découvert les variations de Don Quichotte en les dansant. J’ai dansé la variation Kitri acte I (castagnettes), appris la reine des dryades (pas dansé, ce n’est pas mon truc), l’adage et la variation de la demoiselle d’honneur à l’acte trois, plus toutes les parties collectives. Don Quichotte c’est long et c’est difficile.

Je ne suis pas une grande fan de ce ballet, qui passe parfois pour une suite de prouesses techniques et ce n’est pas franchement ce qui me touche dans la danse. Je suis touchée par l’âme que mettent les danseurs en scène, ce avec quoi ils viennent sur le plateau, ce qu’ils décident de donner ou non au public.

Jeudi 14 décembre, 4 h de sommeil la nuit d’avant, la journée de boulot dans les pattes. J’en suis sortie complètement émerveillée. C’est la force du classique magnifiquement dansé. A l’instar de certaines musiques tonales, la danse classique, quand on la connaît bien, n’apporte pas de surprises. Elle est bien ordonnée, on sait parfaitement ce qui vient après. C’est comme un gâteau bien ordonné. Adage, variation du garçon, variation de la fille, coda. Divertissement, pantomime, variation soliste, pantomime, etc. Passage en tutus où la ballerine principale est multipliée par le corps de ballet, souvent dans une forme féérique. Bref, à moins qu’on ne découvre le ballet classique dans sa forme du XIXème, on sait parfaitement comment va se dérouler le ballet quelque soit l’histoire. On ne fait donc pas beaucoup d’efforts d’attention, il y a une forme de confort en tant que spectateur dans cette forme classique.

C’est là que viennent vous réveiller Mathias Heymann et Ludmila Pagliero. Leur maitrise technique incroyable de la danse parfois si difficile de Noureev, leur laisse une liberté d’interprétation des personnages. Ils proposent un couple complice à la fois drôliques et élégants. Ludmila Pagliero montre de grandes qualités : elle sait jouer de la séduction jusque dans la fermeture de ses 5ème. Les fouettés faits avec l’éventail captent le public que cette belle Kitri ne quitte pas du regard. Mathias Heymann est à son plus haut niveau : il brille à tous les moments. Le public ne s’y trompe pas et s’enthousiasme pour ce couple de toutes beauté. Une représentation qui atteint son apogée grâce aux rôles secondaires exéctués sur la même longueur d’ondes. Amandine Albisson est une reine des Dryades impériales (quelle musicalité !) et Dorothée Gilbert n’a plus à démontrer sa finesse en Cupidon.

J’ai été éblouie ce soir là. J’ai ressenti ce que j’avais ressenti les premières fois, quand j’ai vu les classiques comme Don Quichotte. De la féérie et du rêve à Noël, quoi de mieux ?

Léonore Baulac est nommée danseuse étoile !

A l’issue de la représentation du Lac des cygnes, où elle interprétait pour la première fois le rôle d’Odette/Odile, Léonore Baulac a été nommée danseuse étoile par Stéphane Lissner, sur proposition d’Aurélie Dupont. Voilà une deuxième étoile sur la série du Lac des cygnes. Aurélie Dupont surprend par le choix des dates (sur la deuxième pour Germain Louvet, sur la seule prise de rôle de Léonore Baulac en cygne).

 

Léonore Baulac est à l’instar de Germain Louvet, une danseuse siglée « génération Millepied ».Repérée à 11 ans dans un concours de danse à Caen, elle intègre à 15 ans l’école de l’Opéra de Paris. Après être entrée dans le corps de ballet en 2008, elle a une ascension fulgurante avec l’arrivée de Benjamin Millepied. Coryphée en 2014, puis sujet. Elle reçoit le prix de l’AROP et devient première danseuse en 2016. Ne lâchant jamais son rêve, elle déclare  dans un documentaire à France 2 : « Devenir danseuse étoile, évidemment que c’est un rêve, sinon je ne me lèverai pas le matin ». Elle décolle aussi grâce à Aurélie Dupont, qui la coatche pour son concours. Son cygne noir marque le jury, mais elle devient coryphée que plus tard, après une variation remarquée d’In the middle. 

A partir de ce moment-là, elle enchaine les rôles. On se souvient d’elle en Clara, mutine et enfantine aux côtés de Germain Louvet, mais aussi de sa Juliette. Benjamin Millepied la choisit dans toutes ses créations : Daphnis et Chloé, Clear Loud Bright Forward. Elle danse Forsythe, qui lui écrit un joli pas de deux avec François Alu, mais aussi Anne Teresa De Keersmaeker. Léonore Baulac était promise à ce destin d’étoile, souhaitons lui maintenant bonne route dans la voie lactée.

Soirée Ratmansky Robbins Balanchine Peck

Sur le papier, je n’étais pas convaincue. C’est terrible d’aller au spectacle avec des aprioris. Cela vous empêche de se faire emporter par la chorégraphie. J’ai dû beaucoup lutter donc pour me les enlever, mais la partie entre moi et moi-même n’était pas gagnée. Ce qui est plus intéressant c’est sans doute si ce type de danse, si chère à Benjamin Millepied, trouve son public et son adhésion.

J’ai commencé par voir la générale de cette soirée. J’ai été agréablement surprise, la soirée est passée comme une lettre à la poste, avec un grand ravissement, celui de Other Dances, dansé par Ludmila Pagliero et Mathias Heymann. C’était remarquable. Robbins séduit par la finesse de sa chorégraphie, par ses allusions, par cette touche d’humour, par ce presque rien mais qui bien dansé change tout. Ludmila Pagliero était fantastique : sa brillante technique et la subtilité de ses regards, de ses ports de bras  se marient à la musique, sans être une simple illustration. Tout se passe comme si on voyait la musique et la danse devenir un mouvement sonore. Mathias Heymann est comme à son habitude admirable. Revu avec Mathieu Ganio et Amandine Albisson, le plaisir fut semblable et le couple a trouvé lui aussi une manière très subtile de danser cette chorégraphie.

MH LP Other Dances Robbins ONP

Photo (c) Opéra de Paris

J’ai eu beaucoup de mal  avec le reste de la soirée. Le Ratmansky m’a semblé interminable. C’est joli, c’est très bien dansé, je vois bien qu’il y a une écriture qui a quelque chose à dire, mais ça ne le fait pas pour moi. Je reste complètement en dehors de ce type de pièces, où se succèdent des tableaux dont les compositions sont aussi attendues que vaines. La musique accompagne de manière plaisante la chose, sans véritable adhésion.

Le Duo concertant de Balanchine me ferait presque le même effet (peut-être encore une fois, une histoire d’apriori… sans doute). Les deux couples – Laura Hecquet & Hugo Marchand, puis Myriam Ould-Braham & Karl Paquette – sont très bien assortis et dansent avec d’implication cette pièce dont la musique a plus d’intérêt que la danse. D’ailleurs c’est peut-être bien pour cela que les danseurs sont postés derrière le piano un long moment et y reviennent régulièrement. La scénographie avec un jeu de lumière qui plonge dans le noir les danseurs et ne laisse apparaître tantôt que leur visage ou leurs mains, m’a fait l’effet de quelque chose de très daté…

Photo (c) Opéra de Paris

Photo (c) Sébastien Mathé/ Opéra de Paris

La soirée se termine par la fougueuse création de Justin Peck, In creases. La première fois que je l’ai vue, j’ai trouvé ça très agréable, court (ouf) et très dynamique. Les danseurs – 100% génération Millepied – y montre l’étendue de leur talent, la cohésion du groupe et leur engagement dans la danse néo-classique. Cela m’a réconciliée avec ce que j’avais lors d’une soirée LA Dance Project au Châtelet et qui m’avait fortement déplu. En le voyant une deuxième fois, mon enthousiasme est retombé comme un soufflé. Les références sont là, pas dissimulées mais modernisées. Philipp Glass, again, un peu le Vivaldi de la danse néoclassique. Cela m’a fait l’impression d’un vidéo-clip, comme on en verrait sur Vimeo (ou sur la 3ème scène…). C’est bien fait, on admire assurément le talent des danseurs, parmi lesquels Hannah O’Neill, Letizia Galloni et Eleonore Guérineau marquent par leur style et leur technique. Qu’en reste-t-il ? Une ou deux images bien faites grâce à ces pianos qui se font face, à des lumières mettant en valeur les corps (à défaut des costumes, surtout ceux des garçons)  des poses qui marchent graphiquement et surtout la puissance d’un groupe qui danse en belle harmonie. Agréable, divertissant et à la mode.

World Ballet Festival de Tokyo ( programme b)

Cette année, je passe mes vacances au Japon. C’est un rêve pour moi de découvrir ce pays. Je ne pensais pas alors aller au ballet (je pensais bien aller faire un tour au kabuki) mais la danse m’a rattrapée. Quand Naomi m’a proposé un billet, je ne pouvais pas résister. Après une longue balade dans le trésor agréable parc Ueno je retrouve Naomi devant le Tokyo Bunka Kaikan. Retour sur le programme B du 8 août.

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Quand les Japonais organisent un gala, ils ne font pas les choses à moitié. Un programme alléchant, les plus grandes étoiles, un bon orchestre, bref on est loin du gala où les stars finissent par s’absenter et où la sono livre un mauvais son. La salle est pleine à craquer, le spectacle peut commencer.

Après une présentation du programme en musique, le premier pas de deux, Diane et Actæon, interprété par Viengsay Valdés et Osiel Gouneo, est un feu d’artifice de technique. D’ailleurs, chaque prouesse est chaleureusement applaudie par le public nippon. Il y a de quoi, surtout devant la coda, avec d’audacieux fouettés. Cendrillon, dansé par Iana Salenko et Vladimir Malakhov, ramène plus de féerie. C’est très élégant et délicat ; il faut dire que Iana Salenko a un port de tête somptueux et de beaux bras. Changement d’ambiance avec One for my baby (chorégraphie de Twila Tharp) dansé par Igor Zelensky.si la musique de Sinatra est distrayante, la danse l’est moins. C’est assez répétitif et monotone, comme une balade triste un dimanche après-midi. Je passe à côté de Peter Gynt : oui 11h de vol la veille ça fatigue un peu. C’est le très beau Dream Adagio de Raymonda qui me replonge dans un monde magique, avec une Lopatkina évanescente à souhait. Un paradigme de raffinement.

Les entractes sont minutieusement réglés, des horloges décomptent le temps restant. Mathias Heymann et Liudmila Konovalova ouvrent la deuxième partie avec le pas de deux de La belle au bois dormant. Comme à son habitude, l’étoile française semblait ne pas toucher terre tant l’on n’entendait aucun bruit lors de ses réceptions. Sa partenaire rayonne et le résultat est très réussi. Après cela, il y avait le très beau No man’s Land chorégraphié par Liam Scarlett. Au piano, Frédéric Vaysse-Knitter accompagne avec talent Alina Cojocaru et Johan Kobborg. Les lignes des deux danseurs se mêlant dans une atmosphère très sombre, les attitudes lassives laissent place à des portés très impressionnants. Un gala n’est pas un gala sans un Corsaire bien éxécuté. C’est chose faite avec Sarah Lamb, dont j’ai particulièrement apprécié les ports de bras et Vadim Muntagirov à la belle technique mais qui n’en fait pas des tonnes dans l’interprétation. Un mélange savamment dosé. Fan d’Oscar, pas de Béjart. Je reste toujours indifférente à ces Danses grecques malgré le charme certain de celui qui est aujourd’hui l’une des figures emblématiques du Béjart Ballet Lausanne. J’étais tellement passée à côté des adieux d’Aurélie Dupont (si, si) que je ne pensais pas être aussi émue en gala. Et bien, Aurélie Dupont et Hervé Moreau, c’est une alchimie certaine qui a su me donner des frissons. C’était très beau.

La troisième partie s’est placée sous le thème des amours passionnées. A part Les bourgeois, pièce de gala sans grand intérêt hormis celui de voir Daniil Simkin bondir toujours plus haut, les pas de deux amourachés se succèdent. C’est tout d’abord le tourbillonnant Romeo & Juliette de Kenneth MacMillan qui donne le ton. Remarquablement dansé par Iana Salenko et Steven McRae. Puis Alicia Amatrian et Friedemann Vogel dansent Légende de Cranko avec beaucoup de finesse et de subtilité. Comme dans Onéguine, la chorégraphie est une vraie dentelle, dont les chemins sinueux nous égarent pour mieux nous émouvoir. Le piano a sauvé La Dame aux camélias. Je n’ai pas aimé l’interprétation exaltée de Tamara Rojo, donnant beaucoup d’épaules comme pour prendre le dessus sur son partenaire. La jolie petite fable de Diana Vishneva et Vladimir Malakhov termine cette partie avec beaucoup de poésie.

La quatrième et dernière partie offre le moment le plus gracieux de la soirée, avec Ulyana Lopatkina dans La mort du cygne. Elle vogue sur la scène tandis que les notes du violoncelle font vibrer ses bras avec la plus grande finesse qu’il soit. Je ne sors pas de cette douceur et, par conséquent je passe à côté de Sylvia, malgré sa belle exécution par Silvia Azzoni et Alexandre Riabko. J’ai préféré la dame de Maria Eichwald à celle de Tamara Rojo : plus fine, plus subtile, accompagnée avec brio par Marijn Rademaker. Ce fut ensuite une joie immense que de voir Isabelle Guérin et Manuel Legris danser La Chauve-souris. Drôles, brillants, débordants d’énergie, ce fut un des moments les plus réjouissants de la soirée ! La soirée se finit en grandes pompes avec Maria Alexandrova et Vladimir Lantratov qui dansent comme il se doit le pas de deux de Don Quichotte.

Superbe moment que ce beau gala ! Je comprends mieux pourquoi les danseurs aiment tant se produire au Japon. Pas un bruit dans la salle, aucun téléphone sorti pendant le spectacle, des applaudissements généreux et une foule enthousiaste à la sortie des artistes. Merci à Naomi pour la place.

Première du Lac des cygnes

Sans doute le ballet le plus attendu de la saison et le plus complet. Il fallait se battre un peu pour obtenir une place, puis ensuite jouer avec le jeu des distributions changeantes pour voir la soirée de rêve. Pour ma part j’ai pu assister à la répétition générale, avec une Emilie Cozette plutôt convaincante, mais un Stéphane Bullion plus fragile. On a pu lire ça et là dans la presse que Benjamin Millepied a choisi de changer la distribution pour une première qui en mette plein la vue. Et ce fut le cas. Retour sur une première soirée où j’ai retrouvé mes rêves d’enfant.

Lac des cygnes par Agathe Poupeney

Il y a toujours une hésitation à aller revoir un ballet. On vous pose d’ailleurs souvent la question : mais tu l’as vu combien de fois ? J’ai arrêté de compter, comme on arrête de compter les cigarettes quand on abandonne ses bonnes résolutions. Le « mais » qui précède toujours la question de mon interlocuteur insiste sur le côté addictif. Il n’en est rien. Il y a des ballets que je n’ai jamais revus, soit parce qu’ils étaient mauvais, soit parce qu’ils m’avaient tellement bouleversée que je voulais rester sur l’émotion unique. Quand le souvenir devient plus flou, je m’autorise à y retourner, pour me laisser éprouver une nouvelle émotion ou raviver les souvenirs les plus lointains. Le Lac des cygnes fait exception. Il faudrait être un balletomane fou pour ne pas s’acheter un billet pour voir ce chef d’oeuvre.

Certains penseront que la version de Noureev est mauvaise ou vieillissante. A voir Ludmila Pagliero, Mathias Heymann et Karl Paquette sur la scène de Garnier, on a vu toute la beauté de la chorégraphie. D’abord dans le jeu des danseurs. Karl Paquette l’habitué, nous a servi un très beau Rothbart. A la fois puissant et énigmatique, il incarne le personnage avec beaucoup de panache en alternant entre la noirceur et la séduction. C’est Mathias Heymann qui apparait en premier et tout de suite, on voit les grandes qualités du danseur. C’est un prince introverti à la danse merveilleuse. Il n’a rien perdu de son ballon d’antan et il a beaucoup gagné en délicatesse. Tout fait sens dans la danse de Mathias Heymann : il campe un personnage à la forte personnalité appuyée par une danse techniquement impeccable sans oublier la fragilité du jeune prince, avec de belles lignes et une finesse dans les réceptions comme personne. Son regard est fuyant, tant envers ses convives que le public. L’intériorité du personnage se construit sous nos yeux avec un belle subtilité. Au deuxième acte, l’entrée du cygne est le moment parfait de tension. A noter la belle performance de l’orchestre : la musique s’est parfaitement mariée à la danse pour nous faire frissonner de nombreuses fois. Ludmila Pagliero est un cygne tout en retenue. A l’instar de son prince, elle dessine un cygne tout en fragilité. Sa pantomime est très lisible et le couple fonctionne à merveille. Le corps de ballet entre et la scène semble s’étendre à l’infini. On admire ces cygnes déjà si bien réglés pour une première. Les lignes sont impeccables, les courbes s’entrelacent. C’est stupéfiant et le corps de ballet est la quatrième étoile de la soirée.

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L’acte trois laisse place aux traditionnelles danses du monde. La distribution de cette première est un régal : Alessio Carbone, Eve Grinsztajn, Mélanie Hurel, Emmanuel Thibault. Autant de premiers danseurs qui offrent un spectacle d’une très grande qualité. Ludmila Pagliero montre un cygne noir subtil ; elle séduit le prince du bout de la pointe. Rien n’est en excès, tout semble à sa juste place. C’est une vraie fête que de voir Mathias Heymann si en forme sur scène.

L’acte quatre fut sans aucun doute le plus beau et le plus émouvant. La musique devient sombre, les visages des cygnes se couvrent d’un voile de tristesse infinie. Leurs bras semblent gonflés d’eau. On entre avec les personnages dans la tragédie finale. Le pas de trois final est à couper le souffle. Une grande soirée !

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