Marie-Agnès Gillot

Nouvelles du 5 novembre

Pas grand chose à vous raconter de ma semaine, celle à venir sera plus riche en termes de sorties. Le mois de novembre en général d’ailleurs, je crois que le nombre de soirées sans théâtre ou danse se compte sur les doigts d’une main ! Parmi ces sorties, de la danse bien sûr, à l’Opéra évidemment, avec les soirées,  Don Quichotte et Forsythe/Brown, à Chaillot Peau d’âne, au CNSMDP avec le spectacle du Junior Ballet mais surtout beaucoup de théâtre, au Rond Point avec Le Théâtre des Opérations, Martin Wuttke dans une pièce qui promet d’être excellente, Nouveau Roman de Christophe Honoré, sans oublier May B, toujours au théâtre du Rond-Point. Un mois de novembre chargé donc avec les remises des Prix de l’Arop en danse et en lyrique (j’attends encore un peu avant de vous donner les noms…même si il y a peu de suspense ), le concours interne de l’Opéra de Paris, que de choses trépidantes !

  • La sortie de la semaine

Le chorégraphe Emilio Calcagno présente Peau d’âne à Chaillot. Après avoir réécrit le livret, pour une lecture plus psychologisante, Emilio Calcagno place au centre de son histoire la rivalité prince-roi. Le langage est facile à appréhender, très Preljocaj, néoclassique. Plus d’infos et réservations, clic.

Au Théâtre des Champs-Elysées, on continue la trilogie Médée, avec Medea de Pascal Dusapin, chorégraphié par Sasha Waltz, d’après le texte d’Heiner Müller. Quoi de mieux qu’une femme chorégraphe pour traduire en mouvement ce personnage

Voir un extrait vidéo, clic.
Plus d’infos et réservations, clic.

Et toujours à l’Opéra de Paris, jusqu’à samedi, la soirée Gillot-Cunningham.

Tour du net sur la soirée Gillot/Cunningham :

Presse :
NYTimes IHT, Roslyn Sulcas, Recreating Merce Cunningham, Frame by Frame, clic.
Le JDD, Marie-Agnès Gillot met les garçons sur pointes, clic.
Paris Match, Portfolio de Philippe Petit, Sous Apparence non trompeuse, clic
Paris Match, Les secrets de la création de Sous-Apparence, clic.
NYT, A shining star at the Paris Opera Ballet, clic.
Financial Times, Laura Capelle , clic.
NYTimes Blog, Men in Pointes Shoes, clic.

Radios/TV :
France Info, Première chorégraphie de MAG pour le ballet de l’ONP, clic.
Culturebox, Gillot/Cunningham épure et austérité, clic.
Canalplus La Shortlist du Grand Journal, clic.
France Culture, La grande table avec Marie-Agnès Gillot, clic.
France Musiques, La matinale, entretien avec Brigitte Lefèvre, clic.
D8, l’invitée du Grand 8, clic.
TV5 Monde, invitée de Y’a du monde à Paris, clic.

Blogs :
Les balletonautes, Le plafond de l’Opéra Garnier, clic.
Le destin d’une princesse à Paris, clic.
Impression danse, Cinquante nuances de Cunningham, clic.
Danses avec la plume, rencontre avec Jean Guizérix, Wilfride Piollet, et Bénédicte Pesle, clic. La surprise n’est pas là on l’attend, clic.

Les photos d’Agathe Poupeney, clic.

  • L’évènement de la semaine

Le concours interne de l’Opéra de Paris a lieu cette semaine. C’est un évènements clos, uniquement sur invitation mais à voir si vous en avez un jour l’occasion. C’est aussi un moment où les langues se délient, où les passions font rage. Entre injustices, rumeurs et autres, il y a les mécontents, les ravis, les grognons, les tristes, bref pour moi c’est surtout et avant tout le bonheur de voir les danseurs du corps de ballet danser en solistes. Plaisir aussi de voir des variations peu dansées, des ballets oubliés. Évidemment comme tout le monde, j’ai des espérances pour plusieurs danseurs, mais ce n’est pas ce qui compte !

Petite explication pour ceux qui ne connaissent pas ce monde merveilleux de l’Opéra de Paris. Quand on est embauché dans le corps de ballet de l’Opéra, vers 16, 17 ans, après avoir fait l’école de danse de l’Opéra de Paris (pour plus de 90% des danseurs de la compagnie), on entre avec le titre de quadrille. Rang le plus bas, il faut ensuite passer un concours interne pour changer de grade. Coryphée, sujet, puis premier danseur. Le titre d’étoile est une nomination par la direction. Tous les danseurs du corps de ballet ou presque passent le concours. Pour cela, une variation leur est imposée, une par grade, puis ils choisissent une variation libre dans le répertoire de l’Opéra de Paris. Il y a des variations qui reviennent beaucoup, Esmeralda, Arepo, Carmen, James… Que nous réservent les danseurs cette année ?

Pour les demoiselles, il y aura 3 postes de coryphées, 3 postes de sujets et un seul petit poste de première danseuse. Les variations

Pour ces messieurs, il y aura 2 postes de coryphées, 2 postes de sujets et là aussi un seul poste de premier danseur.

Les variations imposées des femmes sont :

  • La Bayadère chorégraphie Rudolph Noureev d’après Marius Petipa, Acte III, variation de la Première Ombre, montrée par Clothilde Vayer
  • Don Quichotte chorégraphie Rudolph Noureev d’après Marius Petipa Acte II, scène 2, variation de Dulcinée, montrée par Aurélie Dupont
  • Le Lac des cygnes chorégraphie de Rudolph Noureev d’après Marius Petipa, Acte II, variation d’Odette, montrée par Agnès Letestu

Les variations imposées des hommes sont :

  • La Sylphide, chorégraphie de Pierre Lacotte d’après Taglioni
    Acte II, 1ère variation de James, montrée par Gil Isoart
  • Etudes, chorégraphie de Harald Lander, Mazurka, montrée par Nicolas Le Riche
  • La Belle au bois dormant, chorégraphie de Rudolph Noureev d’après Marius Petipa, Acte II, 3ème variation du Prince, montrée par Laurent Hilaire

Bon courage et bonne chance à tous !

  • Le beau gosse de la semaine

  • En vrac

Sarah Kora Dayanova est l’invitée de Cupcakes and Conversations. A lire ici.

Dada Masilo devrait revenir l’an prochain à Paris avec son Swan Lake. Elle travaille actuellement sur Carmen.

La Galerie de l’Opéra de Paris a d’ores et déjà revêtu ses habits de Noël. Le shopping peut commencer ! Voir les photos sur la page Facebook, clic.

Revoir le petit reportage sur Bill T. Jones dans Entrée libre sur France 5, clic, à 7’30.

Vendredi 9 novembre, pensez à réserver le Junior Ballet du CNSMDP via mail, reservation@cnsmdp.fr. Clic.

  • Bonus vidéo

Jérémie Bélingard, encore et encore… Solo Aphex du journal de bord # 2 “The Dance diary” (a journey through the inner)… et à lire aussi, un joli billet plein de poésie, clic.

Soirée Gillot-Cunningham

Marie-Agnès Gillot l’a dit plusieurs fois, pas d’histoires dans sa création. Et pourtant on ne peut s’empêcher d’avoir en tête l’histoire de Marie-Agnès Gillot. Un décor qui ressemble à un rêve, une cour et un jardin comme sur un plateau de théâtre, mais un jardin imaginaire comme dans la tête d’une petite fille. Dans ce jardin, des abeilles, des animaux bizarres, des nuages noirs, des sapins qui marchent sur la pointe des pieds. Les apparences sont trompeuses, les genres sont flous, dès le début. Tout le monde en pointes, avec des képis sur la tête. De loin, on voit à peine la différence. Les femmes ont dans les mains des pointes empilées. Tous se dirigent vers la statue au fond de la scène. Polygone aux multiples faces, les danseurs grimpent dessus, disparaissent en partie. Dans ce jardin, on peut se cacher à pleins d’endroits. Derrière un rocher ou un mur, dans un sapin, derrière une fenêtre. Les danseurs jaillissent sur un sol miroir glissant. Tel un fantasme que la pointe devienne comme un patin, le lino permet des slides (glissades), notamment dans un long passage de traversées, dont on aurait peut être apprécié un peu plus de diversité dans les gestes. Parmi les moments suspendus, il y a le solo de Vincent Chaillet qui semble si à l’aise avec les pointes que ses tours semblent infinis, ses arabesques encore plus longues que d’habitude. Le reflet dans le sol donne un aspect très onirique. En hauteur on ne pourrait que regarder le sol, sorte de souvenir éphémère que nous laisse parfois le spectacle vivant, plus ou moins flou. Les deux trios entre Chaillet, Pujol et Renavand sont des moments suspendus, comme détachés du reste. Chaque « morceau » me semble être une sensation différente. On retrouve beaucoup des sensations bauschiennes dans le passage de l’Agnus Dei. On ne peut que penser à la troisième partie d’Orphée et Eurydice.
On ne passe pas un mauvais moment, la pièce est courte, la musique est belle. Ce lino est une piste à exploiter, dans d’autres pièces. Il y a beaucoup de l’histoire de la danseuse dans cette pièce, jusque dans le décor où sa colonne vertébrale est exposée en fond de scène. Les apparences sont trompeuses, on peut danser, quelque soit les obstacles ou les contraintes.

Le ballet de Cunningham, Un jour ou deux, est un envoûtement dont on ne ressort pas indifférent. Cela commence là aussi dans le flou. On aperçoit des formes, vertes, derrière un rideau de mousseline. La musique de John Cage commence à résonner. Mélange de sons pré-enregistrés et percussions, cela sonne dans toutes les loges. Peu à peu, la danse se dévoile, comme un code à décoder. Mais chez Cunningham, il n’y a rien à comprendre, juste du geste qui se dessine dans l’espace. Les formes infinies de Cunningham m’ont toujours fascinée. Les rythmes de danseurs intérieurs varient. Des lignes courbes se forment. Le langage ne va pas nécessairement en crescendo, toutefois, les danseurs sont de plus en plus nombreux sur scène. Les duos, trios, et plus s’enchaînent, la musique continue aussi sa valse en s’intensifiant. Le son vous englobe, s’enroule autour de vous, et vous regardez la danse qui se déploie avec toujours plus de grâce. La scénographie est simple mais terriblement efficace. La scène est coupée en deux, aux 2/3 de la scène. Un rideau de tulle sépare les deux espaces, comme un miroir renversant. Au fond le rideau de scène ressemble à une immense sculpture de métal magnifiée par les éclairages. Une diagonale perce cette construction scénique. Le mouvement reprend le dessus. Chez Cunningham le geste est toujours en tension, comme si rien jamais n’était au repos. Tout n’est que mouvement, le danseur va au bout d’une arabesque pour enchaîner sur une contraction. L’air semble une matière avec laquelle il faut travailler, dans laquelle on trace des traits fins ou épais. Les danseurs ne sont plus des individualités, même si on remarquera la présence scénique de Stéphanie Romberg, dont la technique semble défier les contraintes d’équilibres de Cunningham. Les personnalités s’effacent, le groupe semble un corps entier, dont les différentes parties s’expriment et révolutionnent le tout en permanence. Plus la pièce avance, plus on perd ses repères. On se laisse donc porter par la danse, comme dans une poésie dont les mots se chuchotent à nos oreilles.

La soirée Gillot/Cunningham est à voir jusqu’au 10 novembre.
Plus d’infos et réservations, clic.
A lire ailleurs :
NYTimes IHT, Roslyn Sulcas, Recreating Merce Cunningham, Frame by Frame, clic.
Les balletonautes, Le plafond de l’Opéra Garnier, clic.
Le destin d’une princesse à Paris, clic.
Impression danse, Cinquante nuances de Cunningham, clic.
Le JDD, Marie-Agnès Gillot met les garçons sur pointes, clic.
France Info, Première chorégraphie de MAG pour le ballet de l’ONP, clic.
Paris Match, Portfolio de Philippe Petit, Sous Apparence non trompeuse, clic
Les photos d’Agathe Poupeney, clic.
Culturebox, Gillot/Cunningham épure et austérité, clic.
Canalplus La Shortlist du Grand Journal, clic.

Nouvelles du 29 octobre

Lundi, il faisait encore beau et on n’était pas à l’heure d’hiver, c’est sous un soleil radieux que je me suis rendue à la rencontre Arop avec Marie-Agnès Gillot. Artiste décidément fascinante, on a passé un très bon moment. A relire ici.

Mardi, l’angine m’attaque et conclusion mercredi, j’annule Hopper avec A*** et je reste au lit. Je finis Oh…! de Philippe Djian dont j’adore l’écriture, mais dont les thème glauques me clouent au lit.

Jeudi, motivation, direction le bois de Vincennes pour voir Deux Labiches de moins mis en scène par Nicolas Bouchaud. J’ai passé une excellente soirée. Deux pièces sont mises en scène à la suite. Du vaudeville au texte fin, une façon de dire le texte très intelligente, el tout coupé par des chansons. Une mise en scène avec un décor en carton qui se démonte au gré des besoin, c’était très intelligent. Les jeunes comédiens étaient fabuleux, j’ai ri de bon cœur, c’était une très bonne soirée.

Vendredi, motivation et puis non. J’ai loupé Miss Knife chante Olivier Py.

Samedi, journée danse danse danse. Enfin à regarder, je sèche et les pilates et la danse classique. Quand mes pieds vont de nouveau entrer dans les pointes, ils ne vont pas comprendre. Je suis allée voir la répétition publique de Don Quichotte. D’un opéra à une autre, il n’y a que quelques arrêt de métro. Le soir j’ai découvert la soirée Gillot/Cunningham, qu’il faut aller voir cette semaine.

Vacances pour moi cette semaine, un petit compte rendu peut être rapide de la soirée Gillot/Cunningham,  je reviendrai la semaine prochaine avec le concours interne de l’Opéra de Paris, Peau d’âne à Chaillot, Médée au TCE…

  • La sortie de la semaine

Cette semaine à l’Opéra de Paris débute la soirée mixte Gillot/Cunningham. Marie-Agnès Gillot a été choisie par Brigitte Lefèvre pour écrire une pièce pour la compagnie. Ne cherchez pas d’histoire, cela commence avec un rideau jaune et noir, comme du scotch de chantier. Sous-apparence est un voyage au milieu d’une maison. Une cour, un jardin, des fenêtres derrière lesquelles on peut se cacher. Au sol un lino miroir qui reflète les danseurs et les décors. Projeté sur le fond de scène, des radios de colonne vertébrale, celle de la double scoliose de la chorégraphe. Cette création est à l’image de la danseuse-chorégraphe, colorée, très influencée par Pina Bausch (vous verrez le très beau passage sur l’Agnus Dei), très perchée sur les pointes. Un peu court pour moi, 30 petites minutes, mais on passe un très bon moment.

Anton Bruckner, Morton Feldman, György Ligeti Musique
Marie-Agnès Gillot Chorégraphie
Olivier Mosset Décors
Walter Van Beirendonck Costumes
Madjid Hakimi Lumières
Laurence Équilbey Dramaturgie musicale

Les distributions sont ici, clic.  Un peu incomplètes, ils auraient pu mettre le corps de ballet. Dans Sous apparence, on retrouve Amandine Albisson, Laurène Lévy, Letizia Galloni, Caroline Bance, Maxime Thomas, Audric Bézard.
A revoir pendant une semaine, Marie-Agnès Gillot était l’invitée du magazine de la santé pour parler de ses problèmes de dos et de sa création. Clic. A 13 minutes.
A relire, ma chronique sur la répétition publique, clic.
A relire, la rencontre AROP avec Marie-Agnès Gillot, clic.
Ecouter les interviews des différents intervenants sur la création, clic.

La deuxième pièce présentée est celle de Merce Cunningham Un jour ou deux. Cette pièce créée pour l’Opéra de Paris il y a trente ans est construite de la même façon que les autres pièces de Cunningham. Les danseurs ont travaillé dans le silence. La musique de John Cage n’est jouée que lors du spectacle (ou répétitions scène orchestre). On retrouve le langage de Cunningham que je trouve très envoûtant pour ma part. Académiques délavés qui vont du vert au noir. Les rythmes des danseurs, chacun avec son métronome dans la tête. La musique de Cage peut peut-être faire fuir le spectateur, car les percussions ne sont pas toujours agréables à l’oreille. Laissez-vous envouter par la danse, moi j’adore….

Renseignements et réservations, clic.

Autres sorties à faire : West Side Story au Théâtre du Châtelet, clic. Mais vous avez le temps, c’est jusqu’au 1er janvier. C’est la comédie musicale à voir, si vous ne l’avez pas déjà vue il y a trois ans.

La danse contemporaine est aussi à l’honneur au Théâtre de la Ville. Gallotta avec Racheter la mort des gestes propose un parcours à travers un carnet chorégraphique. Raconter la danse avec ceux qui la font, ce qui l’ont fait, ceux qui voudraient la faire.
Plus d’infos et réservations, clic.

  • La beauté de la semaine

  • En vrac

Portrait de Myriam Ould-Braham sur le site de l’Opéra de Paris, clic.

Brigitte Lefèvre parle d’Eric Vu-An après une visite au ballet de Nice, à regarder en vidéo, clic.

`Voir et revoir Swan Lake de Dada Masilo, c’est sur ARTE Live Web, clic.

Don Quichotte sera diffusé sur ARTE le 4 janvier à 20h50.

La presse américaine continue de parler des projets de Benjamin Millepied, clic.

  • La vidéo de la semaine

La marque de vernis O.P.I. a réalisé un petit clip. C’est une battle cheval contre danseuses… Qui gagnera ?

Rencontre avec Marie-Agnès Gillot

Au salon Florence Gould, Jean-Yves Kaced introduit la rencontre avec Marie-Agnès Gillot, non comme danseuse, mais bien comme chorégraphe. Il résume bien le sentiment de chacun, tout le monde est dans l’attente de découvrir cette création de la danseuse, entrée à 14 et demi dans le corps de ballet de l’Opéra, pour en gravir les échelons et arriver au titre suprême. Aujourd’hui elle signe sa première chorégraphie pour le ballet de l’Opéra de Paris, Sous apparence, qui sera présentée avec Un jour sur deux, chorégraphie de Merce Cunningham du 31 octobre au 10 novembre. Auparavant, Marie-Agnès Gillot avait signé une chorégraphie pour le festival de Suresnes Rares différences et une autre pour le CNSMDP Art-ère.

Brigitte Lefèvre commence la rencontre avec un compliment qui n’est pas des moindres « Tout ce qui se rapproche de Marie-Agnès Gilllot est exceptionnel ».

Brigitte Lefèvre : On peut dire que le programme de cette soirée questionne et interpelle les spectateurs. Cette rencontre va permettre d’éclaircir la naissance de ce projet. tout d’abord, j’avais le projet de programmer Merce Cunningham. quand on est dans le monde de la danse, on a forcément une grande admiration pour Merce car c’était quelqu’un d’immense. J’avais le désir de remonter Un jour sur deux 40 ans après la création (novembre 1973). Je me demandais comment cette œuvre continuait à être irritante pour certains, magnifique pour d’autres, en somme comment elle continuait de vivre comme œuvre d’art. C’est une pièce au décor de Jasper Johns, très minimaliste, avec la musique de John Cage. C’est grâce à des chorégraphies comme celles-ci que l’on apprend la notion du temps. C’est la seule fois où Merce Cunningham a chorégraphié pour une autre compagnie que la sienne. C’est un chorégraphe qui a travaillé pour l’avenir de la danse.
Je voulais proposer une chorégraphie pour accompagner ce ballet, car il n’était pas question de faire une soirée 100% Cunningham. Marie-Agnès Gillot est une interprète créative. Elle donne beaucoup aux chorégraphes. Il fallait juste trouver le bon moment pour aborder cette conversation.
Marie-Agnès Gillot a beaucoup réfléchi, elle a beaucoup travaillé. Elle m’a dit qu’elle souhaitait travailler avec Olivier Mosset. Pour la musique, il fallait que ce soit délicat. La rencontre avec Laurence Équilbey, l’ensemble Ars Nova et le Choeur Accentus ont permis d’avancer de marnière très fluide. Le styliste Walter Van Beirendonck a aussi participé à cet ensemble par son travail de grande qualité. Marie-Agnès Gillot a fait le choix des danseurs, qui fut je crois très plaisant. Il n’y a pas eu de débat. Elle les a choisis un par un. Chaque danseur apporte quelque chose de très fort. En ce sens, c’est un spectacle qui participe pleinement à la célébration du Tricentenaire de l’école française. En cela, Marie-Agnès Gillot est un des bijoux de l’opéra de Paris. Ce qui nous lie c’est le désir d’excellence.
Marie-Agnès, pour toi, créer et danser participent-ils du même élan ?

Marie-Agnès Gillot : En tant qu’interprète, la créativité est minimale. En tant que chorégraphe, on part de rien et on crée tout. C’est un acte plus libre que de danser.

Brigitte Lefèvre : Dans ton apprentissage, quand tu étais enfant, tu dansais, tu créais en écoutant la radio par exemple ?

Marie-Agnès Gillot : Oui, je créais autant que je dansais. Je mettais les copines en scène. J’ai eu une première tendance à créer avant de danser.

Brigitte Lefèvre : Quand tu étais enfant, tu avais de gros problèmes de dos. Tu as longtemps porté un corset…

Marie-Agnès Gillot : de mes 12 à 17 ans je portais en effet un corset du cou jusqu’au bassin. Je découvrais une sensation extrême de mobilité quand j’enlevais mon corset. J’ai fait un travail sur mon dos de façon inconsciente au départ. Je devais nager pour me muscler pendant que les copains dansaient. J’ai fait beaucoup d’exercices de dos très petite. Après, les grands maîtres, comme Pina Bausch, Wayne McGregor,  se sont servis de mon dos. Cet acte de résistance, ce corset, car c’est ainsi que je le conçois, a embellit mon mouvement.

Brigitte Lefèvre : Tu es parti de cela pour créer ?

Marie-Agnès Gillot : Tout est un peu autobiographique sans l’être. Cette image de la scène, c’est mon enfance. Les mots « cour » et « jardin » sont des lieux réels dans lesquels j’ai grandi. Et puis la scène. Quand je rentre en scène, je regarde ke plafond du petit foyer et je vois toutes ces grandes âmes de la danse, Taglioni, la Camargo. Le plateau est pour moi une voie. C’est le chemin vers le spectateur. J’aime aussi la voix et j’aime ma voix/voie. Je voulais donc de la musique avec de la voix, autre medium pour aller vers le spectateur.
Ce n’est pas un ballet narratif. C’est un ballet de sensations, un ballet du réel.

Brigitte Lefèvre : Quelle a été ta source d’inspiration ?

Marie-Agnès Gillot : La voix me donne une sensation et cette sensation me donne envie de faire un mouvement. Mes danseurs reproduisent et ensuite je modèle. Je n’arrête pas de répéter « on garde! ». Mes danseurs sont tellement beaux ! Ils me donnent des instants de corps. et moi je pêche la grâce ! Je prends sur les autres corps ce que j’aime.

Brigitte Lefèvre : Entre toi et tes danseurs, il y a quelque chose qui circule. Tu en es consciente ?

Marie-Agnès Gillot : Non. Ce n’est pas conscient. On est tous égaux dans le studio. J’aime ce rapport. On a pris l’habitude de faire cela avec les chorégraphes que vous nous avez fait rencontrer. J’ai écrit pendant un an et demi, mais mon intention n’était pas de leur imposer des pas.
C’est le côté technique qui m’a le plus stressée. Il fallait que je donne des choses à Brigitte un an et demi à l’avance. C’était très dur. J’avais peur, car je me disais, et si je change d’avis et si après cela ne me plait plus. Mais je ne me suis pas trompée.

Brigitte Lefèvre : Autour de cette création, il a eu une véritable adhésion de la technique, des ateliers de costumes.  On est dans une aventure collective.
Tu as parlé de Taglioni, qui représente la danseuse sur pointes. C’est à partir d’elle que les danseuses se sont élevées. Toi, tu as voulu que les danseurs aussi soient sur pointes.

Marie-Agnès Gillot : J’ai choisi pour le sol un lino très glissant, effet miroir. Les femmes ont dû apprendre à danser sur ce nouveau sol. Les garçons eux avaient trop mal aux pieds pour se plaindre du tapis. Aujourd’hui, on a l’impression qu’ils ont fait des pointes toute leur vie ! Je voulais asexuer la pointe et montrer que les hommes peuvent eux aussi être beaux. Quand j’ai travaillé avec Wayne McGregor, dans Venus, j’étais sur pointes, sur une structure en contre plaqué en double pente. J’ai dû développer une autre danse. Le danseur développe une danse qui résiste à tout. On se surpasse. On développe une nouvelle technique. On n’attaque plus les équilibres de la même façon.

Brigitte Lefèvre : D’une certaine façon, c’est un peu la même contrainte que ton corset…

Marie-Agnès Gillot : Oui, mais si on a des contraintes, on résiste. Moi, plus on me met de contraintes, plus j’ai envie d’exister. Si on me dit tu peux faire tout ce que tu veux Marie-Agnès, je n’ai pas envie de faire grand chose.
Les danseurs se sont appropriés cette nouveauté. Les femmes elles glissent sur pointes. Il fallait s’approprier la matière.

Question du public : J’étais danseur chez Pina Bausch, qui nous faisait beaucoup travailler l’improvisation en nous parlant. Elle nous questionnait beaucoup. Comment avez-vous travaillé l’improvisation ? Vous cherchiez une réponse chez les danseurs ?

Marie-Agnès Gillot : Ce sont les états de corps qui me touchent. Je crée à partir de ça. Moi les mots à l’opéra… ce n’est pas mon socle.

Question du public : Après avoir dansé sur des pointes, pensez-vous que les danseurs vont changer leurs sensations ? Qu’ils vont adopter de nouvelles positions ?

Marie-Agnès Gillot : Oui, je le pense. Maxime Thomas m’a dit qu’il avait eu d’incroyables sensations sur pointes. Les garçons ont développé des équilibres dingues. Il y a des sensations qui n’existent que sur pointes. C’est ce que je préfère dans la danse les pointes !

Question du public : Quand nous sommes venus voir la répétition à l’amphithéâtre Bastille, la première réflexion des danseurs a été, « cela ne glisse pas ». Ils avaient déjà assimilé ce tapis !

Brigitte Lefèvre : Souvent on veut séparer les techniques. Les capacités physiques ont évolué. Chaque technique apporte quelque chose. Cunningham est une technique formidable pour le centre du corps.

Marie-Agnès Gillot : Je fais vivre mes bras différemment depuis que j’ai travaillé avec Pina. On change ses sensations sans changer les codes. La danse ne peut se faire que comme ça. Il faut que la danse soit toujours en mouvement et qu’elle se transmette différemment.

Question du public : Quand on a vu la répétition à l’amphi Bastille, on vous a vu crée. Vous avez un mode de création qui ressemble beaucoup à celui de Wayne McGregor que l’on avait vu aussi en répétition à l’amphi. Vous avez parlé des carnets que vous avez remplis. Que sont-ils devenus ?

Marie-Agnès Gillot : Je les ai dans ma tête. Je ne m’y replonge pas. Je crée en direct sur les corps. Pour moi la création c’est une transmission directe.

Jean-Yves Kaced : J’ai une question pour Brigitte Lefèvre. Comment détectez-vous les talents de chorégraphe chez vos danseurs ?

Brigitte Lefèvre : J’aime profondément la danse. J’aime la regarder. Quand on regarde beaucoup la danse, quelque chose arrive comme ça. C’était presque une évidence. On sent cette force de la création. En somme, j’arrive à ce choix après beaucoup de regards, beaucoup d’écoute.

Question du public : Vous avez parlé de la différence entre l’interprète et le chorégraphe, en notant la liberté du second par rapport au premier. Avez-vous dû rendre hommage à Merce Cunningham à travers votre création ?

Marie-Agnès Gillot : Je n’ai jamais travaillé avec Merce Cunningham, mais il avait la créativité et la force de réunir des artistes. Il faisait que la danse et la musique était deux entités à part. Il y a un passage dans la création où on ne peut pas battre la mesure. On a travaillé avec un métronome et chacun a un rythme intérieur. On peut y voir une forme d’hommage. Il faut garder son rythme intérieur comme dans Le Jeune Homme et la mort, il ne faut jamais suivre la musique.

Plus d’infos et réservations , Sous apparence, clic.
Relire ma chronique sur la répétition à l’amphithéâtre Bastille, clic.

Nouvelles du 22 octobre

Cette semaine fut associée pour moi à pluie et travail… rien de bien passionnant, semaine studieuse, pluvieuse… Seule douceur de ma semaine, la projection du film Les Adieux au Studio Bastille mercredi. Ce film qui parle du dernier ballet de Clairemarie Osta nous a, je crois, tous beaucoup émus. Revoir les passage sur scène, découvrir les coulisses et la préparation, écouter Clairemarie Osta parler, avec son intelligence de la danse, des personnages, sa façon humble de vivre les choses. Une très belle soirée, une pause enchantée. Ma chronique est là, clic.

Samedi soir, je suis allée en compagnie de mon amie H*** voir Tosca à l’Opéra Bastille. J’avais beaucoup d’attentes. H*** chanteuse lyrique, adore cet opéra et je lui fais confiance pour mon « éducation lyrique ». J’ai été quelque peu déçue par cette production. Je n’ai pas apprécié la mise en scène très statique. Quand à la musique, je n’ai pas été emmenée. L’orchestre jouait plus fort que les chanteurs qui hurlaient. Le tenor (Marco Berti) qui chante le rôle de Mario me faisait plus penser à un bûcheron qu’à un peintre romantique. Même H*** était très déçue de sa soirée, c’est vous dire ! Si je vous conseille d’aller voir The Rake’s Progress ou même La fille du régiment, cette Tosca ne vaut pas le déplacement.

Dimanche matin,  je me suis regardé First Position, le documentaire sur le YGPA. On suit six danseurs, qui vont participer à ce grand concours et qui vont espérer gagner un prix, un poste dans une compagnie. Je vous fait un petit compte-rendu bientôt.

Cette semaine, rencontre AROP avec Marie-Agnès Gillot, l’expo Hopper, un petit tour du côté du Théâtre de l’Aquarium pour voir Deux Labiche de moins, les convergences autour de Don Quichotte, la séance de travail de la soirée Gillot/Cunningham !

  • La sortie de la semaine

A Chaillot , 3 représentation seulement de Folks de Yuval Pick. Cette pièce courte montre la puissance de la danse du chorégraphe et de ses influences, Carolyn Carlson, Russel Maliphant. C’est un chorégraphe que j’avais pour ma part découvert lors d’un spectacle du Junior Ballet. Ma chronique à relire ici.

« Pour moi, la danse est avant tout une manière d’être au monde. À travers elle, je tente de préserver quelque chose d’essentiel. J’entends autour de moi beaucoup de discours qui dénoncent. Cela peut avoir son utilité mais je ressens aujourd’hui la nécessité de proposer autre chose pour pouvoir continuer à être là. Sans naïveté et sans désespoir. En résistance. Je voudrais que cette pièce soit comme un diamant brut dont émane une lumière. »

  •  La répétition de la semaine

Samedi après midi ont lieux les convergences à 16h autour de Don Quichotte. Ballet fleuve (mais moins que le roman tout de même) qui raconte les aventures de Don Quichotte et de son fidèle Sancho. Les deux compères rencontrent Kitri, fille d’aubergiste, amoureuse du beau Basilio, mais que son père veut marier à un riche notable du village. Don Quichotte prend la défense de la jeune femme car elle lui fait penser à son amour, Dulcinée, qu’on voit apparaître à l’acte 2. Après moultes péripéties, Kitri et Basilio se marient. Si vous voulez découvrir un extrait de ce ballet rendez-vous samedi à l’amphithéâtre Bastille, un peu en avance, c’est gratuit, mais il faut qu’il reste des places.

Par ailleurs, les distributions sont en ligne sur le site de l’Opéra de Paris, clic.

  • Le site internet de la semaine

Le site Gallica a mis en ligne Le journal de l’Opéra. Ce journal est une mine d’informations, car il y était noté tout. Le nom des représentations, ce que cela avait coûté, les recettes d’un spectacle.

A lire sur le site de l’Opéra de Paris, l’article consacré à cette mise en ligne, clic.
Le journal de l’Opéra de 1680 à 1981 est accessible ici, clic.
Le blog Gallica, clic.

  • En vrac

Dans le ELLE de cette semaine, publication de photos de Julien Benhamou. Le photographe avait fait avant l’été, une série de photos avec Marie-Agnès Gillot. Ne manquez pas aussi le 3 novembre, dans Libération, un article sur MAG accompagné de photos de Julien Benhamou. Pour avoir entre-aperçu, c’est très beau.

Ghislaine Franchetti donnera un stage de danse classique pendant les vacances de la Toussaint à Marseille. Envie de voir le soleil et de danser ? Cela se passe aux Studios Decanis du lundi 29 octobre au jeudi 1 novembre. Renseignements et inscriptions 06 62 38 73 33.

Incidence chorégraphique a donné un spectacle la semaine dernière à Fontainebleau. vous pouvez en lire une critique ici. D’autre part le groupe sera à Senlis le 17 novembre.

  • Bonus vidéo de la semaine

Valérie Donzelli a choisi le palais Garnier comme décor de son nouveau film Main dans la main, qui sortira le 19 décembre. Voici la bande annonce. Alors, ce film vous tente ?

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