Lydie Vareilhes

Hors Cadre : François Alu rocks the ballet !

Au théâtre Antoine, le public a beaucoup ri cette après-midi. Il faut dire que François Alu sait y faire. Avec ces cinq compères – Lydie Vareilhes, Clémence Gross, Hugo Vigliotti, Takeru Coste et Simon Le Borgne – ils ont régalé le public de virtuosités et de sketchs dansants.

Ne jamais se prendre au sérieux. On pourrait mettre ce mantra en légende du spectacle de François Alu. Le spectacle est à l’image de ceux proposés par 3ème étage, la personnalité de François Alu en bonus. Il fait le show pendant près de deux heures. Pas de deux, solo, trio, le tout multipliant les difficultés techniques. On se joue de la danse, on en rit, on en dénonce certains aspects, mais non sans un certain humour : tout le monde en prend pour son grade à commencer par ce cher Louis XIV qui un jour eut l’idée de codifier la danse classique. Viennent ensuite les chorégraphes contemporains prétentieux, les professeurs méprisants et farfelus, les maitres chanteurs (vous savez ces chorégraphes qui s’approchent un peu trop des danseuses…). Ils sont caricaturés, dénoncés, le tout en dansant avec beaucoup de talent. On adore découvrir Lydie Vareilhes en chorégraphe déjantée à la recherche de SA création ou encore Hugo Vigliotti en obsédé du 4ème temps (oui désolé les musiciens, mais en danse, il y a toujours huit temps !).

Le spectacle reprend des passages connus des fidèles spectateurs de 3ème étage comme le désormais très célèbre Me 2 de Samuel Murez ou encore le concours de technique des garçons (et avec Hugo Vigliotti et Simon Le Borgne en rivaux de François Alu on n’est pas déçu du voyage). A cette machine qui fonctionne très bien, François Alu a su y glisser sa patte. La variation de Basilio pour le rôle fétiche, celle des Bourgeois pour montrer une autre facette de son talent. C’est bien cela que le public vient voir aujourd’hui. Un danseur qui sort du cadre pour nous montrer l’envers du décor, pour dire ce qu’il a à dire sur le monde du ballet classique aujourd’hui, et pour nous dévoiler toutes les facettes de sa personnalité artistique. En partageant la scène avec 5 superbes danseurs, on ne peut que sortir ravis de ce spectacle. A voir assurément.

Pour voir Hors Cadre au Théâtre Antoine c’est le samedi 14 octobre.

Wheeldon/McGregor/Bausch, Opéra Garnier

A la fin de l’année, côté ballet, il y a toujours un grand classique à Bastille et une soirée plus contemporaine à Garnier. A Bastille, les bayadères vous transportent dans un univers indien. A Garnier, il s’agit d’une autre ambiance. Soirée mixte, avec 3 chorégraphes : une entrée au répertoire, une création et la reprise d’un chef-d’œuvre. Comment s’articulent les 3 pièces ? Comment cette soirée se vit ? Retour du la soirée du 3 décembre.

Le Sacre Agathe Poupeney

Jamais facile d’associer le Sacre du Printemps de Pina Bausch, chef d’œuvre absolu, dont les mots manquent pour tarir d’éloges cette pièce. Puisqu’il faut toujours patienter avant de voir cette pièce, je commencerai donc ma chronique par elle. Vous pourrez donc vous passez de la suite de la lecture ! C’est la première fois que le Sacre est repris sans Pina. C’est Jo-Ann Endicott qui a mené les répétitions. Karl Paquette tient le rôle masculin avec beaucoup de poigne et de puissance. C’est définitivement dans ce registre qu’il brille de son titre. Quant à l’Elue, le rôle revient à Eleonora Abbagnato, dont on se réjouit de sa présence en scène. L’étoile italienne danse ce rôle pour la énième fois. Elle en connaît les secrets, les difficultés, les forces. Elle livre au public une danse incroyable, épurée de tout artifice. La danse de Pina ne permet de pas de tricher. Il ne s’agit pas là de faire semblant. Avec sa silhouette à la fois frêle et athlétique, Abbagnato est une élue possédée par la danse, dont les mouvements sont mues par une force intérieure très puissante, qui se ressent jusque dans la salle. Les yeux presque révulsés, le corps tremblant, elle sait maintenir la tension à l’instar de la musique qui nous tient aggrippés au rebord de la loge. Il y a un vertige dans le Sacre, un effet paroxystique qui vous attire de manière inconditionnelle. Le cœur bat, sur les barissements des cuivres. Le corps de ballet est somptueux, la transmission s’est faite. On admire la danse d’Alice Renavand, qui semble donner le rythme à l’ensemble du groupe.

Le Sacre du printemps Agathe Poupeney

Que dire alors des deux autres pièces ? Polyphonia de Wheeldon d’abord. C’est une composition de douze tableaux où 4 couples dansent. Duos, quatuor et ensembles se succèdent sur les pièces pour piano de Ligetti. L’ensemble n’est pas désagréable, on peut même dire que c’est plastiquement beau cette espèce d’épure, où les lignes des jambes cisaillent l’espace. La musique est sublime, admirablement jouée par Ryoko Hisayama et Michel Dietlin. Qu’en reste-t-il ? Pas grand chose, peut-être le passage de la valse et le style de Lydie Vareilhes. Un bon Robbins aurait sans doute fait mieux l’affaire.

Polyphonia Wheeldon Julien Benhamou

Alea Sands est un hommage à Pierre Boulez, puisque cette création est sur les Anathèmes II pour violon. Passé l’hommage, où la scénographie fait honneur à la musique, la chorégraphie de Mc Gregor est bien vide. Tous les éléments forts de la pièce sont autres que la danse. La servent-ils ? Pas franchement. Ils cachent une chorégraphie dont on se lasse. On en oublierait presque les merveilleux danseurs qui sont sur scène.

Audric Bézard Agathe Poupeney

Ce fut donc une soirée peu équilibrée, où l’on attend le Sacre avec beaucoup d’impatience. Deux entractes, c’est long aussi… Dommage qu’avec les nouvelles mesures de sécurité on ne puisse pas arriver juste au deuxième, pour assister au chef d’oeuvre de Pina.

Concours de promotion femmes 2015

Les 3 et 6 novembre ont lieu le concours de promotion interne du ballet de l’Opéra de Paris. Cette année le jury était présidé par Stéphane Lissner. Il était composé de Benjamin Millepied (directeur de la danse), Benjamin Pech (Danseur étoile, et collaborateur artistique du Directeur de la Danse), Yuri Fateyev (Directeur du Ballet du Théâtre Mariinski), Noëlla Pontois (Danseuse étoile et pédagogue), Lionel Delanoë (maître de ballet – suppléant), Laura Hecquet (danseuse étoile), Ludmila Pagliero (danseuse étoile), Lucie Clément (sujet), Sabrina Mallem (sujet), Alexis Renaud  (sujet) Murielle Zusperreguy (première danseuse- suppléante). Retour sur le concours femmes. La chronique ne reflète que mon avis tout personnel. Si vous décidez de laisser un commentaire, le concours étant toujours un sujet « bouillant » et objet de controverse, merci de rester cordial.

  • Quadrilles 10h30

Nombre de postes à pourvoir : 5

Classement :

1. Roxane Stojanov
2. Katherine Higgins
3. Sophie Mayoux
4. Leïla Dilhac
5. Alice Catonnet
6. Julia Cogan

Variation imposée : Grand pas classique, Victor Gsovsky.  En vidéo, clic 

Variations libres
Lucie Mateci, Arepo, Maurice Béjart
Sophie Mayoux, Who’s Care ? , George Balanchine
Caroline Osmont, Delibes Suites, José Martinez
Sofia Rosolini, La Bayadère, Acte II, variation de Nikiya, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa
Roxane Stojanov, The Four Seasons, variation de l’Automne, Jerome Robbins
Alice Catonnet, The Four Seasons, variation du printemps, Jerome Robbins
Ambre Chiarcosso, Suite en Blanc, La Sérénade, Serge Lifar
Julia Cogan, Emeraudes, Joyaux, 1ère variation, George Balanchine
Camille de Bellefon, L’histoire de Manon, Acte II, variation de Manon, Kenneth MacMillan
Leïla Dilhac, Emeraudes, Joyaux, 1ère variation, George Balanchine
Eugénie Drion, Suite en Blanc, La Cigarette, Serge Lifar
Claire Gandolfi, Coppélia, Acte II, variation de Swanilda, danse espagnole, Patrice Bart
Marion Gautier de Charnacé, Don Quichotte, Acte II, variation de la Vision/variation de Dulcinée, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa
Clémence Gross, Notre Dame de Paris, variation d’Esmeralda, Roland Petit
Katherine Higgins, The Four Seasons, variation de l’Automne, Jerome Robbins
Awa Joannais, Carmen, Variation de la Taverne, Roland Petit
Amélie Joannidès, La Nuit de Walpurgis, Variation de Cléopâtre, George Balanchine
Héloïse Jocqueviel, Apollon, Variation de Polymnie, George Balanchine

Mes impressions : 18 jeunes femmes ont présenté le concours cette année. La variation imposée était d’un niveau assez difficile, avec notamment une diagonale de développés en 4ème qui a crispé les candidates. Néanmoins, j’ai trouvé le niveau plutôt bon, avec un bel enthousiasme chez toutes les candidates. Le concours permet de découvrir les  jeunes talents. De ce côté là, Mlles Gautier de Charnacé et Jocqueviel sont absolument délicieuses. Elles sont encore un peu scolaires, mais on découvre deux jeunes femmes qui ont un joli potentiel. Pour tirer son épingle du jeu, il fallait relâcher le haut du buste, fortement sollicité dans cette fameuse diagonale et garder du mordant jusqu’au bout de la variation, somme toute assez longue. Il y a celles qui ont déjà une forte présence en scène comme Sophie Mayoux, dont le sourire pétillant la porte. Elle est allé au concours comme à la scène et elle danse (et cela se voit !). Roxane Stojanov est très musicale tout comme Leïla Dilhac qui met des nuances dans sa danse. Si je reconnais le talent technique de Mlle Higgins, je suis ne pas très sensible à son interprétation et je passe à côté de cette danseuse. Amélie Joannidès était pour moi au dessus du lot et je ne comprends pas qu’elle ne soit pas classée. Elle propose une danse élégante et raffinée avec une joie d’être en scène qui se lit jusqu’au bout de ses doigts. Awa Joannais est encore un brin trop timide, c’est dommage car quelle danseuse ! Elle a de très belles lignes et un port de tête très joli. Ambre Chiarcosso a elle aussi une belle présence tout comme Claire Gandolfi.

Après 18 variations identiques, les variations libres sont les bienvenues ! Cette année la mode était à Robbins/Balanchine (on se demande pourquoi!). Dans le genre, j’ai adoré Sophie Mayoux, petite bombe sur scène, pleine d’énergie. Julia Cogan campe aussi une élégante émeraude, tout comme Leïla Dilhac qui avait elle aussi choisi Joyaux. J’ai trouvé Alice Catonnet un peu trop prise par le stress, mais on lisait tout de même ses qualités à travers la variation de Robbins. Quant à Roxane Stojanov, elle occupe l’espace avec brillo. Pour devenir coryphée, il fallait donc choisir Robbins ou Balanchine, c’était le choix gagnant. Eugénie Drion montre un joli potentiel, notamment une superbe petite batterie. Camille de Bellefon propose une interprétation de Manon qui ne me convainc pas malgré une technique impeccable. Encore une fois, j’ai trouvé Amélie Joannidès brillante et je ne comprends pas qu’elle ne soit pas classée. Le concours a ses raisons que le spectateur ignore…

  • Coryphées 12h40

Nombre de postes : 4

Classement :

1. Marion Barbeau
2. Ida Viikinkoski

3. Fanny Gorse
4. Lydie Vareilhes
5. Letizia Galloni
6. Aubane Philbert

Variation imposée : Raymonda, Acte I, variation « Pizzicati », Rudolf Noureev d’après Marius Petipa.

Variations libres :

Laurène Lévy, The Four Seasons, variation de l’Automne, Jerome Robbins
Aubane Philbert,In the Middle, somewhat elevated, William Forsythe
Charlotte Ranson, Don Quichotte, Acte I, 1ère variation de Kitri, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa
Lydie Vareilhes, Dances at the gathering, la danseuse en vert, Jerome Robbins
Ida Viikinkoski, Diane et Actéon, Agrippine Vaganova
Marion Barbeau, La Belle au bois dormant, Variation de la vision, Rosella Hightower
Laure-Adélaïde Boucaud, Le Sacre du Printemps, variation de l’Elue, Maurice Béjart
Letizia Galloni,La Bayadère, Acte II, variation de Nikiya, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa
Fanny Gorse, Tchaïkovski pas de deux, George Balanchine
Emilie Hasboun, Dances at the gathering, la danseuse en vert, Jerome Robbins
Juliette Hilaire, L’histoire de Manon, Acte II, variation de Manon, Kenneth MacMillan

Mes impressions : J’aime beaucoup cette classe. Je trouve qu’il y a beaucoup de personnalités et de nombreuses filles talentueuses. La variation imposée a été dans l’ensemble bien dansée, le passage délicat était le tour terminé en 4ème sur pointes. L’arrêt doit être net pour être bien musical et accentué. J’ai adoré Laurène Lévy, toujours aussi minutieuse dans sa technique comme dans l’interprétation. Une grande incompréhension qu’elle ne soit pas classée. Pour moi, elle n’a rien à faire dans la classe des coryphées. Lydie Vareilhes est lumineuse et divinement gracieuse. Marion Barbeau est très légère et très appliquée. On sent que Letizia Galloni et elle est assez impressionnante. Fanny Gorse arrive sur scène elle aussi avec beaucoup d’aplomb et elle campe une Raymonda superbe.

Là encore Robbins/Balanchine a porté chance aux candidates. Lydie Vareilhes est très belle dans sa danseuse en vert. Elle fait une proposition vraiment intéressante, notamment dans les ports de bras. Fanny Gorse s’éclate en scène, elle danse avec une telle joie qu’on ne peut être que porté par ce côté pétillant. Laurène Lévy était pour moi la plus jolie de la classe avec son Robbins mais visiblement, ce qu’elle a proposé n’a pas convaincu le jury. Dur pour une danseuse qui mérite de se lancer dans autre chose que le corps de ballet. Letizia Galloni fut une très belle Nikiya. J’ai toujours un peu de mal à juger cette variation en concours. Techniquement c’était impeccable, son interprétation était juste ; elle passe à côté du poste, c’est vraiment dommage, car elle a des choses à dire en scène. Marion Barbeau montre une technique très solide, tout comme Ida Viikinkoski, cette dernière me touchant moins que la première. Aubane Philbert se lâche complètement dans In the Middle et cela fait plaisir, elle qui semble parfois si stressée par l’exercice, alors qu’en scène elle est lumineuse.

  • Sujets 15h00

Nombre de poste à pourvoir : 2

Est promue :

  1. Hannah O’Neill
  2. Léonore Baulac
  3. Sae Eun Park
  4. Héloïse Bourdon
  5. Charline Giezendanner
  6. Eléonore Guérineau

Variation imposéeThe Four Seasons, variation du printemps, Jerome Robbins

Léonore Baulac et Hannah O'Neill

Variations libres :

Hannah O’Neill, Raymonda, Acte III, variation de Raymonda, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa
Sae Eun Park, Other Dances, 2ème variation, Jerome Robbins
Sylvia Saint-Martin, Tchaïkovski pas de deux, George Balanchine
Léonore Baulac, Other Dances, 1ère variation, Jerome Robbins
Héloïse Bourdon,Other Dances, 2ème variation, Jerome Robbins
Marine Ganio, Vaslaw, John Neumeier
Charline Giezendanner, Roméo et Juliette, Acte I, variation de Juliette, Rudolf Noureev
Eleonore Guérineau, Les Mirages, variation de l’Ombre, Serge Lifar

 Mes impressions : Peu de filles, mais beaucoup de talents. D’abord bravo à Mlles Saint-Martin et Charline Giezendanner qui viennent de reprendre la danse, pour des raisons différentes. Avant le concours, on aurait pu donner le résultat. On avait envie que le concours permette de rebattre les cartes, notamment pour Héloïse Bourdon qui fait tous les ans de très beaux concours, qui a brillé l’an passé dans Le Lac, qui est très attendue par le public sur ses prochaines dates.

Si vous n’aimez pas Robbins, et bien le concours pouvait commencer à être pénible. La classe des sujets montre de belles propositions dans la variation imposée. J’ai trouvé Sae Eun Park brillante. Légère, gracieuse, pleine de délicatesse. Héloïse Bourdon est aussi dans cette même énergie. Léonore Baulac est comme à son habitude absolument charmante. Hannah o’Neill est toujours aussi impressionnante, malheureusement je reste insensible à ses qualités. Eléonore Guérineau est la surprise de la série. Elle signe une variation impeccable, avec beaucoup de présence et de personnalité.

Les variations libres devaient permettre de départager les 8 filles. Sae Eun Park est pour moi très au-dessus du lot. J’ai été émue par sa variation, et ce fut le seul moment d’émotion du concours. Héloïse Bourdon propose une autre interprétation, tout aussi intéressante. C’est une superbe ballerine. Hannah O’Neill est excellente techniquement, mais en fait un peu trop à mon goût dans l’interprétation. Dans ma tête, je me mets à superposer Guillem et Pontois. Je perds le fil de sa proposition. Léonore Baulac est délicieuse, mais un peu en-dessous de ce qu’elle fait d’habitude. A mon sens, elle est un peu moins présente que d’autres danseuses. Eléonore Guérineau est géniale dans Les Mirages. Cette variation c’est quitte ou double. Soit c’est captivant soit c’est ennuyeux. Et là c’était hypnotisant !

 

concours-promotion-2015_Leonore-Baulac_Other-Dances

 

BRAVO À TOUTES LES ARTISTES ET FÉLICITATIONS AUX PROMUES !!

Les désordres admirables de Samuel Murez

Désordres avec Samuel Murez, Lydie Vareilhes, Takeru Coste, Ludmila Pagliero, Matthieu Botto, Léonore Baulac, François Alu, Fabien Révillon, Hugo Vigliotti, Laura Hecquet, Jérémy-Loup Quer. Représentation du samedi 8 juin 2013 au Théâtre André Malraux de Rueil-Malmaison.

Samuel Murez est un artiste est un artiste très doué. Quand on voit la qualité de son spectacle et le bonheur qu’il procure, on se dit qu’on aimerait voir plus souvent ce type de talents mis en avant sur la scène actuelle française.

Désordres est un spectacle comme on a peu l’habitude d’en voir dans les théâtres parisiens, car il mêle l’exigence technique classique, à une scénographie ultra léchée, le tout avec un fond humoristique qui emmène petits et grands. Ceux qui s’attendaient à un gala de danseurs pouvaient rester chez eux, Désordres, c’est bien plus que cela.

Désordres 3ème étage Samuel Murez  photo Julien Benhamou

 

Le spectacle est composé d’une suite de pièces qui met en scène la virtuosité et l’élégance chorégraphique. Ainsi la valse qui ouvre le bal donne le ton. Tout s’enchaîne avec une belle fluidité. Les difficultés techniques semblent inexistantes. Les danseurs utilisent l’espace et leurs qualités techniques comme rarement. La diversité et la complexité des chorégraphies écrites par Samuel Murez permettent de voir l’étendue des danseurs du groupe. Dans Quatre, Matthieu Botto, François Alu, Fabien Révillon et Hugo Vigliotti se montrent plus virtuoses que jamais. Les sauts sont époustouflants, les tours n’en finissent pas de tourner. Tout est impeccablement réglé sur la musique et dans l’espace. Takeru Coste est un éblouissant partenaire avec Ludmila Pagliero. Ils créent ensemble ce pas de deux très sensuel alors que les instructions techniques sont leur seule musique.

Les pièces qui composent le spectacle sont liées par une narration fantastique. Un chapelier nous guide vers cette aventure où l’on va croiser le désormais mythique duo de « ME2 » qui se démultipliera en me9. L’unité sonore est elle aussi assurée. On retrouve des jeux de sons, qui se déclenchent à la suite de certains mouvements, comme dans Book Dance, où les protagonistes s’électrocutent entre eux. Les personnages ont une identité forte et attirent de façon magnétique le regard. Les personnages un peu gauches de Book Dance sont terriblement charmants. Le personnage du rêveur incarné par Hugo Vigliotti est sans doute le plus fort car c’est celui qui est capable de provoquer beaucoup de tendresse et qui possède un fort potentiel comique, par ses mimiques et son angoisse du monde du travail. Les qualités techniques et artistiques d’Hugo Vigliotti en mettent plein la vue.

Hugo VIgliotti Dans Désordres

Samuel Murez a l’intelligence de comprendre que ce qui fait un spectacle ce sont tous les détails qui le composent. Il ne laisse rien au hasard. Les lumières y sont extrêmement travaillées et sont une grande partie de la réussite. Les douches de lumières qui s’allument ça et là nous surprennent, les nuances des couleurs sont bien ajustées, tout les effets sont réglés au millimètre et à la seconde près. Pas un écart, pas une erreur, le spectacle est tenu de bout en bout, avec brio et on en ressort complètement ébloui. C’est drôle, beau, plein de surprises et de rebondissements. Assurément, un de mes gros coups de coeur de cette saison.

La troupe de 3e étage sera cet été au très prestigieux Jacob’s Pillow Festival du 31 juillet au 4 août.
Relire mon interview de Samuel Murez, clic

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Nouvelles de 2013 n°14

Cette soirée au T.C.E. fut sans doute la plus belle depuis plusieurs mois. Quels sacres ! Voir celui de Nijinsky, a provoqué une émotion particulière, qui n’était rien face à celle ressentie devant le Sacre de Sasha Waltz… Relire ma chronique, clic

Ma semaine fut plutôt studieuse, et j’ai fui les salles de théâtre (si, si c’est possible). Je voulais aller au cinéma, je n’ai pas pris ce temps j’espère en avoir le temps cette semaine. Allez cette semaine va être explosive, voilà trois spectacles que je vais découvrir, faîtes en donc de même !

  • Les sorties de la semaine

On poursuit le Centenaire du TCE  avec la venue à Paris du Tanztheater wuppertal de Pina Bausch, qui vient danser le Sacre du printemps. Sans doute une des plus belles chorégraphies sur cette musique, celle en tous les cas qui ne peut vous laisser indifférent. Au sol, de la terre noire, sur laquelle la danse devient transformée. Les corps semblent sortir de terre, elle leur colle à la peau. On est emporté jusqu’à une danse de l’élue qui vous prend au coeur.
Relire ma chronique sur le ballet donné à Garnier, clic
Infos, tarifs, et réservations, clic

Sacre Pina

Dans un tout autre genre, on va à la Villette pour découvrir un spectacle tout à fait original, We were horses de Carolyn Carlson et Bartabas. Pendant un mois et pour fêter le 10ème anniversaire de l’académie équestre de Versailles, Bartabas s’installe à la Grande Halle de La Villette pour un mois du 7 au 30 juin. Le spectacle est né de la rencontre des deux artistes. 16 danseurs, 9 écuyers pour vous emmener dans une féerie toute particulière. Autour du spectacle, des matinées sont organisées pour découvrir le travail des écuyers, qui comme celui des danseurs, est une discipline quotidienne. Des ateliers pour les enfants et des soirées sont organisés. Les cinéma MK2 Seine et Loire organisent eux aussi des séances autour du travail du plus célèbre des écuyers.
A noter, sur Twitter, vous pouvez gagner 2×2 places en « retweetant » le tweet du concours. Tirage au sort, mercredi.
Plus d’infos et réservations, clic

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Enfin direction Rueil Malmaison pour découvrir ou redécouvrir la compagnie 3ème étage de Samuel Murez, danseur de l’Opéra de Paris. Il a eu ce besoin vital de créer cette troupe pour prendre le temps de chorégraphier, de faire des choses différentes du travail à l’Opéra. Entouré de danseurs de l’Opéra, Ludmila Pagliero, Josua Hoffalt, Jérémy Loup Quer, Takeru Coste, François Alu, Laura Hecquet, Léonore Baulac, Lydie Vareilhes, Hugo Vigliotti, Fabien Révillion. Le spectacle Désordres est donné au théâtre André Malraux du 8 au 12 juin. On y découvrira des pièces déjà dansées par la compagnie et de nouvelles créations. A noter, cet été la compagnie participera au très prestigieux Jacob’s Pillow Festival.
Réservations www.3e-etage.com/tam ou 01.47.3.24.42.

Désordres4

  • La photo de la semaine : Aurélie Dupont et Jérémie Bélingard par Christian Lartillot

Aurélie Dupont et Jérémie Bélingard par Christian Lartillot

  • La vidéo de la semaine

Digression toute personnelle, un très bel anniversaire cette semaine, à la femme que j’aime le plus au monde, ma maman.