Les Adieux

Nouvelles du 22 octobre

Cette semaine fut associée pour moi à pluie et travail… rien de bien passionnant, semaine studieuse, pluvieuse… Seule douceur de ma semaine, la projection du film Les Adieux au Studio Bastille mercredi. Ce film qui parle du dernier ballet de Clairemarie Osta nous a, je crois, tous beaucoup émus. Revoir les passage sur scène, découvrir les coulisses et la préparation, écouter Clairemarie Osta parler, avec son intelligence de la danse, des personnages, sa façon humble de vivre les choses. Une très belle soirée, une pause enchantée. Ma chronique est là, clic.

Samedi soir, je suis allée en compagnie de mon amie H*** voir Tosca à l’Opéra Bastille. J’avais beaucoup d’attentes. H*** chanteuse lyrique, adore cet opéra et je lui fais confiance pour mon « éducation lyrique ». J’ai été quelque peu déçue par cette production. Je n’ai pas apprécié la mise en scène très statique. Quand à la musique, je n’ai pas été emmenée. L’orchestre jouait plus fort que les chanteurs qui hurlaient. Le tenor (Marco Berti) qui chante le rôle de Mario me faisait plus penser à un bûcheron qu’à un peintre romantique. Même H*** était très déçue de sa soirée, c’est vous dire ! Si je vous conseille d’aller voir The Rake’s Progress ou même La fille du régiment, cette Tosca ne vaut pas le déplacement.

Dimanche matin,  je me suis regardé First Position, le documentaire sur le YGPA. On suit six danseurs, qui vont participer à ce grand concours et qui vont espérer gagner un prix, un poste dans une compagnie. Je vous fait un petit compte-rendu bientôt.

Cette semaine, rencontre AROP avec Marie-Agnès Gillot, l’expo Hopper, un petit tour du côté du Théâtre de l’Aquarium pour voir Deux Labiche de moins, les convergences autour de Don Quichotte, la séance de travail de la soirée Gillot/Cunningham !

  • La sortie de la semaine

A Chaillot , 3 représentation seulement de Folks de Yuval Pick. Cette pièce courte montre la puissance de la danse du chorégraphe et de ses influences, Carolyn Carlson, Russel Maliphant. C’est un chorégraphe que j’avais pour ma part découvert lors d’un spectacle du Junior Ballet. Ma chronique à relire ici.

« Pour moi, la danse est avant tout une manière d’être au monde. À travers elle, je tente de préserver quelque chose d’essentiel. J’entends autour de moi beaucoup de discours qui dénoncent. Cela peut avoir son utilité mais je ressens aujourd’hui la nécessité de proposer autre chose pour pouvoir continuer à être là. Sans naïveté et sans désespoir. En résistance. Je voudrais que cette pièce soit comme un diamant brut dont émane une lumière. »

  •  La répétition de la semaine

Samedi après midi ont lieux les convergences à 16h autour de Don Quichotte. Ballet fleuve (mais moins que le roman tout de même) qui raconte les aventures de Don Quichotte et de son fidèle Sancho. Les deux compères rencontrent Kitri, fille d’aubergiste, amoureuse du beau Basilio, mais que son père veut marier à un riche notable du village. Don Quichotte prend la défense de la jeune femme car elle lui fait penser à son amour, Dulcinée, qu’on voit apparaître à l’acte 2. Après moultes péripéties, Kitri et Basilio se marient. Si vous voulez découvrir un extrait de ce ballet rendez-vous samedi à l’amphithéâtre Bastille, un peu en avance, c’est gratuit, mais il faut qu’il reste des places.

Par ailleurs, les distributions sont en ligne sur le site de l’Opéra de Paris, clic.

  • Le site internet de la semaine

Le site Gallica a mis en ligne Le journal de l’Opéra. Ce journal est une mine d’informations, car il y était noté tout. Le nom des représentations, ce que cela avait coûté, les recettes d’un spectacle.

A lire sur le site de l’Opéra de Paris, l’article consacré à cette mise en ligne, clic.
Le journal de l’Opéra de 1680 à 1981 est accessible ici, clic.
Le blog Gallica, clic.

  • En vrac

Dans le ELLE de cette semaine, publication de photos de Julien Benhamou. Le photographe avait fait avant l’été, une série de photos avec Marie-Agnès Gillot. Ne manquez pas aussi le 3 novembre, dans Libération, un article sur MAG accompagné de photos de Julien Benhamou. Pour avoir entre-aperçu, c’est très beau.

Ghislaine Franchetti donnera un stage de danse classique pendant les vacances de la Toussaint à Marseille. Envie de voir le soleil et de danser ? Cela se passe aux Studios Decanis du lundi 29 octobre au jeudi 1 novembre. Renseignements et inscriptions 06 62 38 73 33.

Incidence chorégraphique a donné un spectacle la semaine dernière à Fontainebleau. vous pouvez en lire une critique ici. D’autre part le groupe sera à Senlis le 17 novembre.

  • Bonus vidéo de la semaine

Valérie Donzelli a choisi le palais Garnier comme décor de son nouveau film Main dans la main, qui sortira le 19 décembre. Voici la bande annonce. Alors, ce film vous tente ?

Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo

 

 

Les Adieux de Clairemarie Osta, dernière scène filmée.

L’intimité du studio Bastille était parfaite pour la diffusion du film d’A.D. Duval, Les Adieux. Le film parle d’une étoile et de sa dernière scène. Clairemarie Osta a accepté le projet pour garder une trace, de cette émotion si particulière et unique. Le film montre la déroulement de la reprise d’un grand ballet classique. Tout commence à J-52, Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta sont dans le studio Chauviré en compagnie de Patricia Ruanne. Elles va leur faire répéter L’histoire de Manon de Kenneth MacMillan. Les deux danseurs étoiles enchaînent les pas. La mémoire du corps semble indéfectible, les danseurs sont eux mêmes surpris que tous les pas s’enchaînent sans blanc.

Le film se partage entre les moments de répétition en studio, la représentation du 13 mai, les coulisses et les entretiens filmés face caméra de la belle étoile. Les plans filés entre le studio et la scène sont très réussis. C’est un jeu, comme si on passait d’un côté et de l’autre du miroir.

Peu à peu, les répétitions gagnent en fluidité. Le petit compteur en bas de la pellicule, avec le nombre de jours restants,  nous fait revivre l’attente, l’excitation de cette ultime représentation.

Après les répétitions, il faut aller essayer les costumes, les perruques. Une fois encore, le miroir se retourne, Clairemarie essaye la perruque, Manon apparait sous nos yeux, cheveux court, robe effilée comme l’a voulue la danseuse. Accessoires et costume, Manon entre de plus en plus dans Clairemarie, elle l’envahit, elle prend de plus en plus de place.

Nicolas Le Riche est beaucoup filmé. C’est aussi un film sur lui. A la ville, les deux étoiles sont une famille avec deux petites filles. C’est avec lui qu’elle souhaitait danser ce rôle qu’elle aime tant. C’était en matinée pour que les deux enfants puissent aussi partager ce moment plein d’émotion. En bon partenaire, Nicolas Le Riche est attentif à sa ballerine. Il la rassure sur les sauts vrillés de la dernière scène. « Lance-toi, le reste c’est mon travail ». Il faut réajuster ces moments où chaque millimètre compte. La réalisatrice nous fait entrer  de plus en plus dans l’émotion. Sans dire aucun mot, juste en dansant, Clairemarie Osta dévoile ce personnage avec tant d’amour, qu’il n’y a besoin d’aucun commentaire pour comprendre ce qu’elle ressent.

Quand les duos et solos sont réglés, direction  le studio Petipa qui se trouve sous la coupole. Il fait les mêmes dimensions que la scène. Il est penché comme la scène. Le corps de ballet est là. Les solistes vont pouvoir se régler avec eux. L’étoile explique combien ce moment est important, car elle va se nourrir de tous ces danseurs, de tous ces personnages. Cela va continuer à façonner le personnage.

Jour de la représentation. Prendre le cours, aller se faire maquiller, coiffer, passer dans sa loge écouter du Boby Lapointe pour se détendre. Enfiler le costume. Ça y est Manon est en elle. Derniers pas dans le petit foyer de la danse. Derniers regards à Nicolas Le Riche pour certains pas.

Assise en coulisses, isolée des autres, on ne sait pas si elle médite ou si elle s’imprègne du rôle. Il y a quelque chose de mystique dans ce moment que, malgré la caméra, la réalisatrice a réussi à rendre. Elle entre en scène, la représentation se déroule, sans qu’elle n’ait trop le temps d’y réfléchir. Salle debout, ovation, paillettes, émotions. C’est filmé avec beaucoup de pudeur, comme l’est la danseuse. Ce film lui ressemble beaucoup.

Après la danse, Clairemarie Osta se voit remettre la légion d’honneur des mains de Brigitte Lefèvre. Quelques mots pour Nicolas Le Riche, dont on voit les larmes monter.

La lumière se rallume et c’est dix minutes d’applaudissements que la salle lui donne, comme un merci encore.

Cette projection était privée pour les membres de l’AROP, espérons qu’il sortira un jour en DVD.

Relire ma chronique sur la représentation du 13 mai, clic.
Relire ma chronique sur la rencontre AROP avec Clairemarie Osta, clic.

A lire ailleurs sur le film : A petits pas, Danses avec la plume.