Le Concours de danse

Nouvelles du 17 décembre

Voilà la fin de l’année qui pointe son nez et le retard s’accumule. Il est temps que je prenne des vacances pour me consacrer un peu à l’écriture, car cela me manque ! J’ai en revanche vu des choses belles, très belles.

La soirée Forsythe /Brown a rempli ses promesses. A la première, j’ai revu la distribution de la générale et j’ai de nouveau passé une très belle soirée. Je ne désespère pas de vous publier le compte rendu cette semaine.

J’ai passé une soirée horrible devant Ballet am Rhein. Martin Schlöpfer est le nouveau chorégraphe encensé un peu partout. J’ai passé une soirée atroce. La première pièce était hideuse dans l’esthétique, chorégraphiquement creuse… La deuxième se voulait dans la lignée de Cunningham, mais manquait cruellement de sens et de beauté. Les corps étaient écartelés, la chorégraphie générale ne parvenait pas à trouver du contenu. J’ai trouvé tout cela bien prétentieux et j’ai regretté ma soirée.

La soirée du lendemain fut plus pétillante, Mathilde Froustey a réveillé Bastille et réchauffé les cœurs. Ce fut une très jolie soirée. Relire ma chronique, clic.

Le week-end dernier, je me suis exilée en Belgique (c’est à la mode en ce moment!) et j’ai passé un très bon moment entre la Cendrillon de Pommerat, La Traviata, les amies, la bonne bouffe, le joli musée Magritte.

Cette semaine fut plutôt calme, j’ai eu juste le temps d’aller au cinéma voir Les invisibles, documentaire délicieux sur le parcours d’homosexuels âgés entre 60 et 80 printemps. Le film parle d’amour, de plaisir, de tendresse, de luttes sociales. Il parle aussi du temps qui passe, de la vieillesse et c’est avec un regard tendre sur cette dernière période de la vie que le réalisateur a filmé ces personnages. J’ai beaucoup aimé ce film et je vous le conseille.

Côté théâtre je me suis aventurée avec Youssef au théâtre Montansier à Versailles. Nous sommes allés voir L’annonce faite à Marie de Paul Claudel et ce fut un massacre. Le texte était très mal dit, le jeu atroce, la mise en scène à pleurer. Le metteur en scène est tombé dans un prêche de la foi sans rien comprendre finalement de la dimension spirituelle du texte, à son humanisme. avec la pluie qui tombait, nous sommes sortis rincés.

Cette semaine, je retourne voir Don Quichotte, et le NDT en live au cinéma. Ensuite, ce sera les fêtes. Je reviendrai à Paris pour la semaine du Nouvel An.

  • Les sorties de la semaine

Akram Kahn s’installe au Théâtre de la Ville avec un solo DESH. Il faut aller voir Akram Kahn parce qu’il est fascinant, parce que sa gestuelle est unique, son corps est captivant. Le voir en solo est une occasion unique de découvrir son univers.
Infos et réservations, clic

Jeudi soir, il faut aller voir la soirée Paul Lightfoot et Sol Léon.  en direct du NDT, diffusé dans les cinémas Pathé Gaumont. La compagnie du NDT est une des plus belles d’Europe et le travail de Paul Lighfoot qui a repris la compagnie depuis Kylian est magistral. Voilà un chorégraphe qu’il faut découvrir, le programme est très alléchant :
SH-BOOM / SOL LEÓN & PAUL LIGHTFOOT, 1994.
SHOOT THE MOON / SOL LEÓN & PAUL LIGHTFOOT, 2005
SAME DIFFERENCE / SOL LEÓN & PAUL LIGHTFOOT, 2007.
Plus d’infos et réservations, clic.

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Toujours à l’Opéra de Paris, Don Quichotte dont les distributions sont une surprise chaque jour ! Allez-y et vous aurez de belles surprises !

A Garnier, c’est la soirée Forsythe Brown qui occupent les lieux. Je n’y retournerai qu’au 31 décembre pour ma part.

A lire sur le ballet :
Le Monde, Les Ballets décapants de Forsythe/Brown, clic.
ResMusica, Le ballet de l’Opéra éblouissant dans Forsythe, clic.
Le Figaro, William Forsythe, « je travaille comme une compositeur », clic.
Financial Times, Forsythe/Brown programm, clic.
Les Echos, Fort de Forsythe, clic.

Et aussi  dans les suggestions de sorties :
Coppélia à Versailles, clic du 18 au 21 décembre.
Jusqu’à demain Octopus de Decouflé à Chaillet, clic et ma chronique, clic
Plan B d’Aurélien Bory au Théâtre du Rond-Point, clic

  • Les films de la semaine

Le concours de danse est sorti depuis la semaine dernière. Ce documentaire raconte l’histoire de jeunes danseurs qui passent le YAGP. J’avais apprécié le film même si je trouve qu’il réduit la danse à quelque chose qui me touche peu. Le film n’en est pas pour autant inintéressant et je vous conseille vivement de le voir, car il permet de saisir la volonté du danseur, de réussir à tout prix.
Ma chronique est à relire ici, clic.

Affiche le concours de danse

Un autre très joli film est à voir vite avant qu’il ne disparaisse des écrans : Anna Halprin, le souffle de la danse. Ce film revient sur le parcours de la danseuse et chorégraphe qui a fait ses premiers pas avec Isadora Duncan. Peu connue du public, elle est pourtant un des piliers de la danse contemporaine, au même titre que Graham, Cunningham ou Brown.
Voir la bande annonce, clic.
La critique des Inrocks, clic.
La critique du Monde, clic.

Anna Halprin, le souffle de la danse

Dernier film en lien avec la danse, c’est ce mercredi que sort le film de Valérie Donzelli, Main dans la main, qui a été tourné à l’Opéra Garnier. Voir la bande annonce clic.

  • En vrac

Isabelle Ciaravola a crée une ligne de vêtements de danse. Elle a fait des photos amateurs à Elephant Paname, en attendant des plus belles. Celles là nous donnent déjà envie. Personnellement je craque pour ce petit justaucorps aux bretelles cachées.

Au festival d’automne 2013 on aura la chance de voir Anna Teresa de Keersmaecker, Boris Charmatz, Trisha Brown…

Lundi dernier, Stéphane Lissner, futur directeur de l’Opéra de Paris était l’invité de France inter. A réécouter, clic.

  • La vidéo de la semaine

François Alu et Mathilde Froustey dans Don Quichotte !

First Position, documentaire sur le Youth American Grand Prix

Dimanche dernier, j’ai regardé le documentaire First Position qui sortira en France sous le titre Le concours de danse, le 12 décembre. Pour voir la bande-annonce c’est par là, clic.

Le Youth America Grand Prix est un concours à l’image de celui plus connu peut être en Europe du Prix de Lausanne. C’est un concours international qui regroupe des danseurs âgés de 9 à 17 ans. Dans le jury, de grands noms de la danse, des directeurs de compagnie, près à dénicher un talent. Les danseurs doivent d’abord passer des épreuves éliminatoires, pour se retrouver ensuite à New-York, où ils passent deux variations et alea  jacta est.

Le documentaire propose de suivre 6 jeunes danseurs.

Aran Bell a 11 ans, il vit sur une base militaire américaine en Italie avec ses parents. Il a un équilibre surprenant, il ne se déplace qu’en street surf. Il prend ses cours avec Denys Ganio qui en fait un deuxième fils. Le maître est dur avec lui, mais l’adore. Il est certain de sa future grande carrière. Le môme parle de ses objets de torture pour augmenter le coup de pied, pour apprendre à tourner. Il explique à quel point le ballet est important pour lui, qu’il n’a pas de mots pour dire à quel point il aime la danse. Cela m’a fait pensé à Marie-Agnès Gillot qui dit souvent que le mot « aimer » est trop faible quand il s’agit de danser.

Michaela Deprince vient du Sierra Leone et été adoptée avec sa sœur par une famille américaine. Elle a 14 ans, des capacités physiques incroyables, mais souffre encore dans une Amérique métissée des clichés sur la physionomie africaine. Elle développe une grâce touchante, la danse est ce qu’il la fait rêver. La danse salutaire, voilà ce qu’il la sauvée de ces cauchemars d’enfance. Elle veut ouvrir une école de danse au Sierra Leone quand elle sera plus grande.

Rebecca Houseknecht a 17 ans et est une adolescente épanouie. Elle vit dans un monde de princesse, avec sa voiture siglée « dancing princess », sa chambre overpink, sa longue chevelure blonde. Elle va au lycée, au bal de promo avec son petit ami boutonneux. On se croirait dans un teenage movie. Rebecca a de vraies qualités de danseuse classique. De très belles jambes, un port de tête gracieux, une souplesse hors du commun. Elle est très exigeante avec elle-même et perd facilement confiance. Ses professeurs sont bienveillants et l’encouragent avec douceur.

Miko et Jules Forgarty, respectivement 8 et 13 ans, sont tombés dans le ballet lorsqu’il étaient petits. Leur mère japonaise déclare qu’à 2 ans ils savaient déjà danser, que c’était la seule chose qui les faisaient sourire. Exercices de souplesse intensifs, régime brocolis, l’ambiance n’est pas à la rigolade… A tel point que le jeune frère veut arrêter le ballet qui ne lui procure pas tant de plaisir que cela. Miko, elle, ne lâche rien, elle est sous pression en permanence. J’ai été assez mal à l’aise devant la relation de la mère à ses enfants.

Joan Sebastian Zamora a 17 ans et est sans doute le garçon le plus touchant de cette aventure. Beau jeune homme, amoureux de la danse, passion transmise par sa mère, danseuse frustrée, Joan Sebastian vit dans une chambre étudiante avec un ami colombien. Il danse, s’entraîne, rêve devant les vidéos de Carlos Acosta. Il a de belles lignes, une allure princière, il est humble mais sait où sont ses qualités et comment les utiliser. Il a l’intelligence de la danse, qui ne fait pas de lui un pantin sur scène, mais il raconte une histoire dès lors qu’il met le pied en scène.

Si vous n’avez jamais vu l’envers du décor du monde de la danse, ce film vous fera passer cet art pour torture et souffrance. Méfiance, la danse ce n’est pas que avoir une entorse, des parents qui vous poussent, des jambes disloquées, des professeurs qui vous tapent sur les jambes si elles ne sont pas tendues. C’est surtout et avant tout, le bonheur d’être sur scène, de voler grâce à ses pointes, de flotter au-dessus, de se surpasser, de s’inventer mille et une histoires grâce aux rôles que la danse offre à ses artistes, d’avoir des sensations indescriptibles. Tout cela, je trouve que le documentaire ne le montre pas assez. A vous de jugez ! Sur vos écrans le 12 décembre !