Laurent Hilaire

Rencontre Arop avec Laurent Hilaire

654442_sans-titre.jpg

© Anne Deniau

 

Première rencontre AROP pour ce deuxième semestre et c’est Laurent Hilaire qui va partager avec nous, pendant une heure et demi, sa vie de danseur, de maître de ballet, associé à la direction de
la danse. Brigitte Lefèvre  commence la conversation, puis ce sont les membres de l’Arop qui la continuent, la directrice assistant à la représentation Robbins/Ek.

 

Brigitte Lefèvre : Je ne cache pas tout l’admiration que j’ai pour Laurent Hilaire. J’étais même une groupie quand il était danseur.

Je voudrais évoquer quelque chose qui m’a beaucoup touché, c’est la transmission du ballet Bayadère. Beaucoup se souviennent de Laurent, héroïque Solor. C’est un rôle extraordinaire, où on
imaginait mal quelqu’un d’autre que lui et aujourd’hui, des danseurs nous prouvent qu’ils peuvent prendre la relève. Je suis touchée que ce soit Laurent Hilaire qui transmette, non seulement le
rôle de Solor, mais surtout tout le ballet. Il a remonté l’ensemble de la production, pour revenir à ce qui a été fait la première fois. L’objectif est de revenir à l’origine tout en sachant
qu’on voyage.

 

Je vais commencer par une question simple : pourquoi as-tu fait de la danse ?

 

Laurent Hilaire : En fait j’ai commencé par la gymnastique. Et puis j’ai déménagé et je suis arrivé dans un club qui était un peu moins bien.
J’avais 7 ans et toute l’attention était portée sur moi, notamment en compétition. J’ai aimé ce premier contact avec le public. Ensuite, c’est un concours de circonstance. Un copain de mon frère
faisait de la danse et il paraissait que c’était bien. J’ai eu un professeur intelligent qui ne m’a pas gardé pour faire le rôle masculin dans le spectacle de fin d’année. Je suis donc allé
passer le concours de l’école de danse que j’ai eu. J’ai eu la chance très tôt de monter sur la scène de l’Opéra, car j’étais petit page.

 

Brigitte Lefèvre : Est-ce que la gymnastique t’as aidé ?

 

Laurent Hilaire : Oui, ça aide à ne pas avoir peur dans les sauts. En gymnastique on n’a pas peur de se propulser. Quand on n’a pas d’appréhension
pour sauter et se lancer en l’air, c’est 50% de la réussite d’un pas athlétique.

 

Brigitte Lefèvre : Est-ce qu’il y a un professeur, qui t’a donné plus ?

 

Laurent Hilaire : Oui, il y a Alexandre Kalujni (pardon pour l’orthographe). Il dirigeait la classe d’étoile. A l’Opéra, on prend les cours en
fonction de sa classe, quadrille, coryphée, sujet, premier danseur, étoile. Ce professeur m’avait donc proposé de venir. Il était athlète et avait un grand sens de la musicalité. Il m’a appris à
sauter sur le 1. Cela veut dire qu’on attend pas le « et » quand on compte 1 et 2. En fait, cela permet de rester plus suspendu en l’air. Il proposait aussi un merveilleux travail d’articulation,
de travail du corps. Les gens qui voulaient avancer, allaient travailler avec lui. En tous les cas, c’est toute la base de mon travail, qui m’a permis de tenir jusqu’à la fin de ma carrière dans
de bonnes conditions. 

 

Brigitte Lefèvre : Tu as rencontré Noureev dans ce cours, non ?

 

Laurent Hilaire : Oui, toujours dans la classe, j’étais dans mon coin, et là je vois entrer Rudolf Noureev, en sabots, peignoir, bonnet, thermos.
Il regarde la salle et vient se mettre à la barre à côté de moi. Je me suis dit « oh ça va être compliqué ». Il avait ce regard inquisiteur. Il ne me restait plus qu’à travailler. J’ai travaillé
pendant un mois à côté de lui, c’était ma première rencontre avec lui. Il a du voir le danseur que j’étais. quand il est revenu à Paris, il m’a choisi pour danser aux Champs-Elysées pour danser
avec Elisabeth Maurin.

 

Brigitte Lefèvre : Je pense que Laurent Hilaire a une sincérité artistique, parce qu’il donne tout ce qu’il sait. C’est sa noblesse, comme dans le
rôle de Solor.

 

Laurent Hilaire : Il faut que je vous dise qu’en coulisses, Brigitte me salue comme dans la Bayadère avec la main sur le front ! (rires).

 

Brigitte Lefèvre : ah si tu donnes toutes nos privates jokes ! Revenons à Noureev. C’était un moment très particulier quand il est arrivé à la
tête de cette compagnie. Il y avait une ferveur dans la troupe, et en même temps, Noureev a été très rejeté. Et puis, il y a eu cette Bayadère avec ce trio Hilaire/Guérin/Platel et tout le monde
a en tête ce trio là. Tu nous as parlé de technique, qu’est ce que tu peux nous dire sur la théâtralité ? Comment tu fais pour transmettre la théâtralité, car il y en a beaucoup dans
Bayadère ?

 

Laurent Hilaire : En fait, dans tous les ballets, il y a un schéma qui est très clair, et dans ce schéma, il y a finalement une grande liberté. Je
pense à Josua Hoffalt qui a pris possession du rôle et j’ai une grande satisfaction à le voir danser. Je suis retourné aux sources, c’est un mouvement à faire si l’on veut redonner du sens aux
choses. Il faut rendre la simplicité comme une évidence. Ensuite les choses peuvent évoluer. On peut faire évoluer un personnage sans le dénaturer.

 

Brigitte Lefèvre : Tu as dansé Le Parc, à sa création. Aujourd’hui, tu le transmets aussi. Tu vois une évolution ? Comment tu
appréhendes la technique ?

 

Laurent Hilaire : Il faut s’imprégner de l’ambiance qu’un chorégraphe met sur un plateau, comment il organise le travail. Il faut regarder et se
demander quelles sont les priorités. il faut observer la façon dont un chorégraphe s’adresse aux danseurs, comment il leur parle, comment les danseurs s’imprègnent du style. Un danseur a besoin
de digérer.

Rudolf Noureev donnait peu d’indications par exemple. Il pensait que la chorégraphie suffisait et nourrissait le danseur. Les ballets de Rudolf sont difficiles, en cela.

D’autre part, il faut toujours se mettre en tête quand on est danseur l’idée d’aller plus loin. Il n’y a jamais aucune économie. Quand on met un pied en scène, l’énergie doit être totale. que ce
soit difficile c’est notre problème. On se nourrit de sa propre énergie. C’est à ce moment là, qu’on est suspendu et que c’est magique.

 

Brigitte Lefèvre : Maintenant tu es associé à la direction. Comment ça se passe ? Tu regrettes le temps où tu dansais ?

 

Laurent Hilaire : Je n’ai aucune nostalgie. J’ai fait de belles rencontres. C’est grâce à toi, si à la fin de ma carrière j’ai pu évoluer vers ce
métier de maître de ballet. Pour moi remonter un ballet, c’est lui redonner de la vie. Mais se trouver face à 80 danseurs, ce n’est pas facile. On ne cesse d’apprendre. C’est une véritable
épreuve que l’on arrive à transcender.

J’ai mis plus de temps à transmettre avec les filles. D’abord parce que la technique de point m’était inconnue. Je n’ai jamais dansé la belle-mère dans Cendrillon.

 

Brigitte Lefèvre : Quand j’ai pensé à toi comme maître de ballet, associé à la direction, Patrice Bart m’a dit que je faisais un très bon choix.
Vous êtes différents, dans le style, dans le répertoire. De toutes façons, c’est difficile de satisfaire 154 danseurs, si on y arrivait ce serait extraordinaire, alors on essaye de faire les
meilleurs choix.

 

Laurent Hilaire : J’ai des convictions. Je crois qu’elles sont bonnes. C’est un défi que cette fonction. En ce moment dans Bayadère, il faut
rassembler autour de soi une dynamique pour faire respirer 32 ombres ensemble. Il faut qu’elles s’écoutent entre elles. Il faut qu’il y ait une résonance entre les danseuses. Chacun doit
travailler pleinement et chacun dans ses responsabilités. Je suis très attentif à appliquer mes convictions. On peut demander beaucoup aux danseurs techniquement. Après chaque représentation est
un nouvel enjeu. Il faut se fixer un objectif. On doit être à l’écoute de ça. Cet engagement a un intérêt commun. Ainsi la scène devient un carré magique.

Il ne faut jamais perdre de vue qu’on est au service d’une oeuvre, d’un public. Le jour où un danseur perd cette notion là, cela devient un fonctionnaire, au sens péjoratif du terme. On perd le
côté artistique.

 

Brigitte Lefèvre : C’est vrai que l’Opéra de Paris est une compagnie reconnue dans le monde entier. C’est sans doute un des plus beaux répertoires
au monde. En outre, l’adaptabilité est de plus en plus rapide. il y a quelque chose qui s’inscrit déjà dès l’école de danse. Les danseurs ont déjà beaucoup d’appétit. L’éclectisme c’est quelque
chose de fort.

 

Laurent Hilaire : J’étais à la création de In the middle. On allait au delà. C’est un moment qui aide à construire. Au début, on était
nombreux, puis peu à peu, cela s’est vidé. Seuls les jeunes sont restés. On avait envie de vivre quelque chose de différent.

 

Question : A l’école française, on travaille beaucoup sur le pied. Qu’en est-il du haut du corps ?

 

Laurent Hilaire : Lacotte apprenait la respiration. Il disait « marquez mais faites les bras ». J’insiste désormais beaucoup là dessus. Je pense
souvent à l’école russe pour les bras. C’est toujours bien de s’enrichir. J’ai beaucoup dansé au Royal Ballet. Dans les scènes, où le corps de ballet fait un peu décor, tous les danseurs étaient
dans leurs rôles. Il n’y avait aucune retenue. Il y a une vraie tradition théâtrale.

Quand on arrive à vivre pleinement comme on vit un rôle c’est une véritable création. Quand on a conscience de soi même, de ce que l’on fait, on arrive à quelque chose d’assez exceptionnel. C’est
un état de bonheur, de grâce. Je le souhaite à tous les artistes.

Aujourd’hui, je suis tourné vers le présent et je me passionne pour ce que je fais. Il faut essayer de donner les clefs, sans oublier que l’on peut pas aller plus vite que la maturité, la pudeur.
Chaque danseur est différent. Il faut savoir et sentir à quel moment on peut pousser un danseur. Sur scène, on est seul face à ce challenge qu’est une représentation. Il faut donc laisser de
l’autonomie à l’artiste, car sur scène, il ne pourra s’en remettre qu’à lui même. Il faut donc aller au delà du confort. En fait, il n’y a pas de règle, donc il faut aller sur la scène, toujours
avec le même investissement. Je leur dit souvent de se donner les moyens. C’est un travail de l’esprit. Je vais vous donner un exemple avec Rudolf Noureev. Un soir de décembre Rudolf m’a appelé
pour un Gala du 31 décembre. Rudolf n’est pas quelqu’un à qui l’on dit non. Il m’annonce au téléphone toutes les chorégraphies que je devais danser ; plus de trois que je ne connaissais pas. J’ai
regardé les vidéos toute la nuit, le lendemain j’ai pris l’avion et le soir je dansais. Je ne me suis pas posé de question parce que je n’avais pas le choix. On peut faire des choses qui nous
dépasse. J’ai un souvenir de La Belle aussi avec Sylvie Guillem, où j’avais du me surpasser. La soirée de nomination de Ludmila illustre bien ce que peut être notre métier.

 

Question : Vous avez parlé de Sylvie Guillem. Cela pose la question du rapport avec l’institution. Quel est votre rapport justement
avec cette institution ?

 

Laurent Hilaire : Sur le fond ça n’a jamais été un problème. J’ai toujours assumé un côté et l’autre. J’ai réussi à m’organiser. C’était important
pour moi d’aller voir d’autres publics, j’avais besoin de rencontrer d’autres choses.

 

Question : Vous avez pensé à quitter l’Opéra ?

 

Laurent Hilaire : Oui une fois pour des raisons de structure. Mais le directeur de l’Opéra de l’époque a su me retenir. Pour revenir à Sylvie,
c’est quelqu’un de très entier dans sa façon de partager. Elle ne tire jamais la couverture à elle. On est dans un rapport de vérité, de sincérité avec elle.

J’ai plein de souvenirs de rencontres, de personnes, je pense à Ghyslaine Thesmar, qui est une personne rare, qui parle de la danse avec beaucoup de couleurs. J’ai un souvenir aussi de Pavarotti
sur scène qui fut un éblouissement. C’est cela que je cherche. Le meilleur souvenir que j’aimerais laisser c’est l’émotion.

 

Question : Avez-vous fait des découvertes dans la Bayadère ?

 

Laurent Hilaire :  Déjà le tableau ! C’était toujours mon visage dessus ! On y a ajouté le visage de Josua, pour la reprise.

Il n’y a rien de plus essentiel que de revenir à la source. Il a fallu que je me mette dans l’optique de Rudolf. Je reprends les vidéos. Il y a des choses qui évoluent. La chorégraphie se suffit
à elle même. Il y a aussi bien sûr le travail du chef d’orchestre, qui met en valeur la musique et avec le ballet c’est formidable.

 

 

 

 

 

 

 


 

Partager l’article !
 
Rencontre Arop avec Laurent Hilaire:

© Anne Deniau

 

Première rencontre AROP pour ce deuxième semestre et …

Rencontre autour de la Bayadère

LPH0656067

© Laurent Phillipe

 

 

La Bayadère est un ballet qui attire les passions des spectateurs. Elle a une longue histoire avec l’Opéra de Paris. Remontée par Noureev et présentée au public en 1992, c’est à la fois son
dernier ballet et de loin le plus réussi. Grand ballet classique c’est 3h de bonheur, mêlant kitsch, faste, belles variations, un acte blanc avec la plus belle entrée sur scène qui existe. Je ne
sais pas combien de fois j’ai vu La Bayadère mais je sais qu’à chaque fois ce fut une grande fête, tant ce ballet est beau.

 

Aujourd’hui nous avons assisté à une répétition formidable avec Laurent Hilaire en maitre de ballet. Il a été le premier Solor, le rôle a été crée pour lui, sur lui, c’est avec
un grand enthousiasme qu’il transmet à Karl Paquette et Emilie Cozette, tout ce qu’il sait sur ce ballet.

 

C’est une prise de rôle pour Emilie Cozette, qui a dansé Gamzatti et les ombres. Elle incarne ici Nikiya, l’héroïne de ce ballet. Nikiya est une Bayadère une danseuse indienne
qui vit dans un temple. Elle rencontre Solor, ils tombent amoureux et il jure de l’aimer. C’est sans tenir compte des volontés de son père de le marier à Gamzatti, princesse. Nikiya découvre
cette union et affirme à Gamzatti que Solor est amoureux d’elle. A leurs fiançailles, Nikiya danse pour Gamzatti et Solor. De la corbeille qu’elle tient dans les mains surgit un serpent qui la
mort à la gorge, elle meurt. Solor la retrouve dans ses rêves après avoir fumé beaucoup d’opium. Ils peuvent s’aimer à tout jamais. Voilà pour vous résumer l’histoire, pour celles et ceux qui ne
la connaîtraient pas. Karl Paquette avait déjà dansé le rôle de Solor, quand il était premier danseur.

 

Pas de Brigitte Lefèvre aujourd’hui, c’est qu’elle commencerait presque à nous manquer. Laurent Hilaire rappelle tout de même que c’est Brigitte qui a voulu que ce soit Emilie Cozette et Karl
Paquette qui présentent cette rencontre. Karl Paquette débarquait fraîchement du Palais où il répétait Dances at the Gathering de Robbins et disait en avoir un peu plein de bras… Pas de chances
pour lui Laurent Hilaire ne l’a pas épargné des portés. Au piano, s’installe Elena Bonnay, à qui Laurent Hilaire adresse plein de compliments et il y a de quoi, quand on sait le travail de ces
chefs de chant.

 

Convergences La bayadère

 

Ils vont répéter le pas de deux du premier acte. Nikiya trouve l’excuse d’aller remplir sa cruche pour sortir du temple et retrouver Solor, rencontré un peu plus tôt. Laurent
Hilaire va donner beaucoup de conseils, avec de l’humour, se mettant à la place de l’un et de l’autre. Il justifie chaque geste, qui doit avoir du sens. Quand Nikiya court, il faut qu’elle
transmette ce bonheur de se retrouver. Au premier claquement de mains, elle entend Solor, au deuxième elle se retourne, ensuite il faut qu’elle exprime cette grande joie en courant vers lui et en
se jetant dans ses bras. Ce n’est pas un pas de deux de séduction donc il faut faire confiance à son partenaire dans les portés, et avoir un regard sûr. Nikiya se sent belle avec Solor, elle
n’est pas là pour le séduire. « Reste avec lui, contre lui, tu es heureuse d’être là ». Hilaire danse avec eux dans un second plan, c’est merveilleux de le voir accompagner ces danseurs avec une
tel engagement. Pour les portés, il demande à Emilie Cozette de monter plus tôt son bassin et pour ça elle doit faire confiance à son partenaire. Laurent Hilaire affine chaque détail pour que la
chorégraphie soit lisible dans l’espace par le spectateur. Il parle de vague quand Solor porte Nikiya, car c’est une image douce, à ce moment là, ils nagent dans le bonheur. On sent que Laurent
Hilaire revit son ballet, qu’il prend un infini plaisir à transmettre. Il leur fait part des volontés de Noureev « Rudolph voulait ça pour les regards ».

Il corrige aussi la musicalité sur certains passages. Il ne faut pas anticiper la chorégraphie sinon elle perd de son sens. Si Nikiya tourne la tête avec un sourire, c’est parce Solor a essayé de
l’embrasser, il faut donc attendre qu’il essaye. Il faut profiter de cet instant, des regards, pour que le public comprenne et aussi pour être juste, dans la musique.

D’un coup, Solor doit déclarer sa flamme, comme si elle grandissait et que cela devenait une nécessité de dire à Nikiya, tout l’amour qu’il a pour elle. « Sors lui le grand jeu Karl, c’est ton
amoureuse pendant une heure ! « . Il insiste sur l’exagération de la pantomime sous le regard amusé des spectateurs. La déclaration doit être incisive, « Karl tu dois être le leader de l’action ».
Il faut redonner du sens à tout cela, c’est le seul moyen de redonner de la vie aux grands ballets classiques. Lors du grand porté, Emilie Cozette ne saut pas assez dans les bras de Karl
Paquette, par peur semble t-il. C’est toujours fascinant de voir que même après l’avoir fait des centaines de fois, la peur persiste. Il faut dire que c’est tout de même une certaine hauteur.

Laurent Hilaire parle aussi des manipulations dans ce genre de pas de deux. Moins il y a de manipulation, mieux c’est car ce n’est pas toujours joli de voir des bras qui cherchent un dos ou une
hanche pour un tour. Il faut donc se servir le plus possible de la chorégraphie pour les manipulations et pour que cela semble le plus naturel possible. De même que si l’on danse en musique, on a
plus de chance d’être juste dans son corps, il en est de même en couple.

 

Le maître de ballet décide d’en remettre une petite couche à Karl Paquette pour lui faire travailler la musicalité d’un solo du dernier acte. C’est le public qui se régale.

 

Convergences La bayadère

 

Comme toujours, une rencontre intéressante, mais avec un couple qui manque encore de complicité. Chacun est dans sa bulle, et ne se livre pas vraiment à l’autre. Ce sont les débuts des
répétitions, laissons encore du temps à se couple pour s’épanouir.

 

La Bayadère, Opéra Bastille du 07 mars au 15 avril 2012.

Les 2 et 4 avril, étoile invitée : Svetlana Zakharova

 

  • Extrait Vidéo

 

Si vous voulez voir l’extrait dansé par Laurent Hilaire et Isabelle Guérin, il se trouve à 24 minutes.

Le deuxième extrait se trouve à 1h45′.

 

 

Partager l’article !
 
Rencontre autour de la Bayadère:

© Laurent Phillipe

 

 

La Bayadère est un ballet qui attir …

Gala des étoiles pour le Japon

Les étoiles pour le Japon

 

La soirée ne commence pas forcément bien car les organisateurs nous imposent une queue dans un couloir surchauffé, et un retard de 40 minutes. du beau monde se ballade dans ce couloir, Wayne McGregor, Laurent Hilaire, Alessio Carbone, Francesca Zumbo, Sarah Kora Dayanova, Héloïse Bourdon, Fanny Gorse, Elisabeth Platel, j’en passe, et plein de bloggeuses.

Je retrouve B***, nous nous installons au 9ème rang, bizarre Pink Lady est devant nous et mieux placée avec une place moins chère.. mal organisé leur truc. La salle n’est pas pleine d’ailleurs.

La soirée commence par un petit film hommage aux victimes avec des images du Japon.

  • Suite de Danse – Pas de Trois

Musique : Frédéric Chopin, Chorégraphie d’Ivan Clustine

Elèves de l’école de danse de l’Opéra National de Paris

avec Caroline Osmont, Clothilde Tran-Phat, Alizée Sicre, Mathieu Contat, Germain Louvet et Jérémy Loup Quer.

Les élèves de l’école ont ouvert le bal avec brio et ce n’était pas évident. Après 45 minutes de retard, une salle très grande et donc difficile à danser, une chorégraphie qui ne m’a pas emballée mais qui était très technique. Les filles devaient faire un sacré travail de pointe avec des déliés pas faciles. Quant aux garçons, le rythme était soutenu entre faire quelques pas de danse, puis revenir à sa partenaire. Bravo car je pense que l’exercice n’était pas facile. Parmi les danseuses j’ai beaucoup aimé la prestation de Clothilde Tran-Phat que j’ai trouvé très élégante et avec un joli port de tête.

 

  • La belle au bois dormant, acte III, pas de deux.

Musique : Tchaïkowsky Chorégraphie : Marius Petipa

avec Maria Kochetkova, San Francisco Ballet, Sergei Polunin, Royal Ballet Londres

Pink Lady m’avait déjà parlé de Polunin avec envoi de vidéos. En vrai c’est encore mieux. Ce type est formidable. Il est d’abord très musical, ses sauts retombent impeccablement sur la bonne note et dans une cinquième très fermée. Ajoutez à cela un visage d’ange et vous êtes ensorcelée par cet ouragan. Sa partenaire Maria Kochetkova est très élégante, semble à l’aise avec ce nouveau partenaire. Elle a des bas de jambes superbes qui en font
une ballerine très légère.

Point négatif : la musique enregistrée qui crachait dans les enceintes… sans commentaires.

après le spectacle Maria Kochetkova et Sergei Polunin

© Maria Kochetkova

  • Mopey

Musique : J.S. Bach Chorégraphie : Marco Goecke

avec Friedemann Vogel, Ballet de Stuttgart

Je n’ai pas accroché à ce solo. Un homme dans un pantalon noir, qui danse. Certaines parties de son coprs lui échappent parfois et veulent danser toutes seules. La main évidemment, parfois le dos. Il est entraîné dans des mouvements comme un pantin. J’ai essayé de rentrer dedans mais en vain.

  • La chauve-souris Adagio Acte II

Musique de Johann Strauss fils Chorégraphie de Roland Petit

Avec Olga Esina, StaatsOper Ballet de Vienne et Roman Lazik, StaatsOper Ballet de Vienne

Du Roland Petit que je ne connais pas, donc très chouette de découvrir ce pas de deux. C’était très beau, la danseuse avait de très belles lignes renforcée par un académique qui dessinait son corps dans un décor plutôt sombre. Du pur Poland Petit, on retrouve tous ses portés fétiches, les mêmes qu’il y a dans Le Loup. Joli duo, très narratif, mais il me manque l’histoire, alors par moment je ne comprends pas tout. La musique m’a beaucoup plu.

 

  • Le Cygne Noir pas de deux

Musique Pyotr Tchaikovski Chorégraphie de Marius Petipa

avec Dmitry Gruzdev, English National Ballet et Fernanda Oliveira, English National Ballet

 

La catastrophe de la soirée. Une interprétation kitch, avec un cygne noir qui arborait un sourire de Miss America, la couronne ultra bright en rajoutant une couche non négligeable. Techniquement, il faut oublier. Jambes en dedans, série de fouettés finis en manège, j’en ai mal pour le couple qui semble souffrir d’être sur la scène. Pas les meilleurs représentants de l’ENB.

  • Sinatra Suite

Musique de Frank Sinatra Chorégraphie de Twyla Tharp

avec Tatyana Gorokhova, Novosibirsk State Ballet et Igor Zelensky, Théâtre de Mariinsky

Ambiance bar de jazz dans les années 20-30. Une fille avec une robe et une tiare superbe (diamonds are the girl’s best friends !) un homme en costume. Un danse de couple, un brin d’humour qui ne m’a pas fait rire. Des portés acrobatiques, mais dont je ne comprenais pas les intentions. C’est joli, c’est élégant, mais ce n’est pas ma tasse de thé.

  • Light

Musique de A. Vivaldi et Chorégraphie de Maurice Béjart

avec Katya Shalkina, Béjart Ballet Lausanne et Julien Favreau, Béjart Ballet Lausanne

Un de mes coups de coeur de la soirée. Magnifique duo, du beau Béjart (j’ai tendance à trouver certaines pièces de Béjart, très démodées, voire ringardes), une technique impeccable. J’avais déjà remarqué Julien Favreau lors de la venue du BBL à Garnier, il montre une fois de plus ses talents, quant à Katya Shalkina, elle est pour moi une des plus belles danseuses de la soirée. Trop court extrait j’en aura voulu plus !

  • Le Corsaire

Musique d’Aldolphe Adam et chorégraphie de Marius Petipa

Avec Ashley Bouder, New York City Ballet et Jason Reilly, Ballet de Stuttgart

 

Boulder_Reilly-831x1024.jpg

© Blog à petits pas

Pour finir la première partie, un très grand classique, presque obligatoire dans un gala digne de ce nom ! Belle association entre ces deux danseurs, le duo offre un joli spectacle. Ashley Bouder entre dans un tutu affreux, mais nous le fait vite oublier par une interprétation et une technique impeccable. Des fouettés double et triple, des piqués qui s’accélèrent, des sauts superbes (sans poser les talons, technique Balanchine), la danseuse en envoie beaucoup sur scène et son parentaire lui rend bien. Ses sauts sont réussis, son interprétation est juste.

Beau duo pour finir une première partie en dents de scie.

 

Entracte

 

Mystère de cette soirée, je ne trouve pas Fab. Les 45 minutes de retard se font sentir, il faut que la deuxième partie soit prenante car je commence à être fatiguée. Autre inconvénient de ce retard, pas de sortie des artistes et pas d’échange oral avec les balletomanes. Bon heureusement la deuxième partie était super, mieux pensée que la première.

  • La Dame aux Camélias

Musique de Frédéric Chopin chorégraphie de John Neumeier

avec Sue Jin Kang, Ballet de Stuttgart et Marijn Rademaker, Ballet de Stuttgart

 

Autre coup de coeur de la soirée. J’aime beaucoup de ballet de Neumeier, j’adore les Préludes opus 28 de Chopin. Cela commençait bien. Sue Jin Kang est une Marguerite superbe. Elle est rentrée dans le rôle immédiatement pas facile je pense quand on a pas dansé le début du ballet. Une belle tragédienne. Elle a montré une fragilité, associée à la passion pour son amant. Son partenaire était très bien également, mais dans un interprétation un peu différente de ce que j’ai déjà pu voir. Il était nerveux et assez haché dans des mouvements, ce qui avec du recul n’est pas incompatible avec le caractère d’Armand à ce moment là de l’histoire. Très très beau pas de deux, très applaudi.

 

  • Russel Maliphant Two

Musique de Andy Cowton et chorégraphie de Russel Maliphant

avec Carlos Acosta, Royal Ballet Londres


Ovni dans la soirée tant pas la chorégraphie, la scénographie, la musique et le danseur. Envoutée c’est le mot qui caractérise mon émotion pendant ce solo. Je ne peux pas vous dire combien de temps ça a duré, je sais juste que je n’ai pas lâché Carlos Acosta du regard. Une douche de lumière, quelques parties de son corps qui se meuvent sous ce halo, jamais on ne voit son visage. Son corps petit à petit se dévoile (et quel corps… ). L’intensité augmente, silence religieux dans la salle. Sublime. Je veux revoir Carlos Acosta!

 

  • Le Spectre de la Rose

Musique de Carl Maria von Weber et chorégraphie de Michel Fokine

avec Elena Kuzmina, Eifman Ballet de Saint Petersburg et Igor Kolb, Théâtre de Mariinsky 

 

Dans cette pièce, on a beau savoir qu’un type va débarquer en rose avec son bonnet de bain sur la tête, on est toujours surpris. Bon après, ce n’est pas un de mes ballets préférés. Je repense à ceux que j’ai vu danser (Thibault, Heymann) dans le rôle et à qui cela allait mieux parce qu’ils en faisaient peut être moins. J’ai préféré la danseuse qui dansait avec plus de nuance et de finesse, plutôt de lui qui était un bouquet de fleurs à lui tout seul mais un peu en pagaille

  • Adagio

Musique de J.B. Bach Chorégraphie Alexy Miroshnichenko

avec Andrey Merkuriev, Théâtre du Bolchoï 

 

J’avais déjà vu ce solo au Gala Maïa Plissetskaïa en décembre dernier. Je
n’avais pas accroché, alors je me suis plus concentrée. Désolée mais pour moi la chorégraphie est une variation de fin de cycle de conservatoire. On y voit tout le talent de Merkuriev, et c’est agréable, mais rien de fou dans l’écriture de ce solo. A noter, le pantalon blanc, torse nu c’est mieux que le violet qu’il avait mis en décembre (au secours!)

  • Grand pas de deux

Musique Gioachino Rossini Chorégraphie Christian Spuck

avec Elisa Carrillo Cabrera, StaatsOper Ballet de Berlin et Mikhail Kaninskin, StaatsOper Ballet de Berlin

 

Moment très drôle avec ce duo qui aurait pu très bien s’intégrer dans The concert de Jerome Robbins. C’est l’histoire d’un danseur très prétentieux qui a une partenaire un peu cruche qui s’emmêle les pinceaux. J’ai beaucoup ri je suis toujours adepte des petites pièces où on on prend du recul sur la danse classique. Et quand c’est dansé comme cela, il n’y a rien à dire. Kaninskin fait des sauts très impressionnants pendant que sa partenaire est affalée sur le sol. Moment qui détend la salle par deux interprètes très investis dans le duo de choc. Le tout fini avec un porté où la ballerine sort un sifflet sans gêne pour clôturer le tout.

 

  • Caravaggio

Musique de Bruno Moretti Chorégraphie Mauro Bigonzetti

avec Shoko Nakamura, StaatsOper Ballet de Berlin Michael Banzhaf, StaatsOper Ballet de Berlin

 

Danseurs impeccables mais je me suis ennuyée. Je n’ai pas aimé la chorégraphie et les portés qui n’avaient pas de saveur. J’ai trouvé aussi les costumes très laids. Bref j’ai failli m’endormir, mais il faut croire que quelque chose m’a tenu éveillée, quoi je cherche encore.

  • Thaïs

Musique de Jules Massenet Chorégraphie de Roland Petit

avec Lucia Lacarra, StaatsOper Ballet de Munich Marlon Dino, StaatsOper Ballet de Munich

Très beau duo, du Roland Petit encore, qui se ressemble beaucoup décidément. Lucia Laccara m’effraie un peu par sa maigreur, mais sa technique reste infaillible. De très jolis portés dont le dernier m’éblouit complètement. Il la tient à une main sur le dos en la faisant tourner sous une douche de lumière. Comme le nom de ce duo, tout en élégance.

  • Canon

Musique de Johann Pachebel Chorégraphie Jiri Bubenicek

avec Jiri Bubenicek, Semperoper Ballet de Dresde Otto Bubenicek, Ballet de Hambourg et Jon Vallejo, Semperoper Ballet de Dresde

 

J’adore les frères Bubenicek depuis que j’ai vu Jiri en Armand dans la Dame aux Camélias et Otto dans le Ballet de Hamburg (que j’avais fini par voir après deux ratés). J’aime leur façon de voir la danse, leur esprit fou et créatif. Ce trio c’est un de mes autres coups de coeur de la soirée. Le concept du canon est simple mais efficace, une chorégraphie qui me réveille un peu, avec trois beaux danseurs. Joli morceau.

  • Les Enfants du Paradis

Musique Marc-Olivier Dupin Chorégraphie José Martinez

avec Isabelle Ciaravola, Opéra national de Paris et Mathieu Ganio, Opéra national de Paris

Ciaravola_Ganio-1024x509.jpg

© Blog à petits pas

 

Isabelle Ciaravola superbe, Mathieu Ganio, beau dans ses lignes comme sur son visage, mais non je ne suis pas rentrée dedans.. Il aurait fallu les mettre dans Roméo et Juliette. Je n’ai pas vu Ciaravola dans le rôle mais je n’ai aucun doute de sa beauté en Juliette vu la tragédienne qu’elle est, quant à Mathieu Ganio, je l’ai adoré en Roméo.

Je n’ai pas reconnu l’extrait, je suppose que c’est dans la chambre de Baptiste, mais je sais aussi que José Martinez a quelques peu retouché le ballet. Un peu déçue de ce choix, mais pas des danseurs.

  • Don Quichotte Pas de Deux

Musique Ludwig Minkus chorégraphie Marius Petipa

avec Evgenia Obraztsova, Théâtre de Mariinsky Andrey Merkuriev, Ballet du Théâtre Bolchoï

 

Feu d’artifice pour le dernier duo de cette soirée. J’ai adoré. Evgenia Obraztsova tout en finesse dans ses jambes et ses bras, avec un interprétation où elle en fait des tonnes, mais moi j’adore, je trouve que cela fait partie de kitch du Don Quichotte. Quant à Merkuriev, je ne peux m’empêcher de penser à son toréador. Il n’est pas mal non plus en Basilio, peut-être qu’il a trop un physique noble pour danser ce rôle. Les fouettés d’Evgenia Obraztsovame laissent bouche bée ; elle place au milieu de ses fouettés, des tours à la seconde (ceux qui me semblent les plus durs techniquement pour une femme). Je suis éblouie, j’adore, j’en redemande encore!  Bravo!

 

 

Gala des étoiles pour le Japon saluts

© Otto Bubenicek

 

J’ai du filer pour attraper un métro, un peu agacée des 45 minutes de retard (le comble de devoir courir avec autant de réjouissances). J’ai passé une très bonne soirée. Merci à JMC pour la place et à B*** pour son agréable compagnie.

A lire d’autres comptes rendus : Pink Lady (si si ) Amélie, Blog à Petit pas, Danse-Opéra, la souris,