Lakmé

Coppélia, ou les adieux de Patrice Bart

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© Syltren/ Rêves impromptus

La pluie ne pouvait rien contre mon moral aujourd’hui. Je suis allée cet après midi aux ventes privées Brontibay avec ma belle F***, toutes ces couleurs s’accorderaient à merveille avec des BB Repetto. Après cette virée shopping nous nous sommes offert un massage à la Villa Thaï, la vraie vie en somme ! Le soir à l’Opéra avec la meilleure compagnie qu’il soit, quoi de plus réjouissant pour ensoleiller cette journée où le ciel lui me boudait et est resté gris.

Dernier défilé pour Patrice Bart

Sur la distribution papier, pas de traces des surprises annoncées. On parlait de Clairemarie Osta, Laëtitia Pujol faisant une apparition au deuxième acte dans les amies de
Swanilda. Elles n’étaient pas au rendez-vous au 2ème acte mais d’autres surprises sont venues se glisser dans le ballet. Première surprise, ma compagnie a le vertige. Il est vrai que quand j’étais plus jeune l’amphithéâtre me mettait aussi mal à l’aise. Maintenant je me penche à loisirs pour jalouser les spectateurs du parterre. Tiens mais c’est Amélie qui s’installe au 3ème rang.

Le défilé commence toujours avec la même émotion pour moi. La musique, les petits rats, les tutus blancs, l’ambiance de la salle (tout le monde y va de son petit commentaire), je signe et persiste j’adore ! Aux abonnés absents : Aurélie Dupont (toute jeune maman) et Hervé Moreau (toujours pas une seul mot de l’institution à son propos, vivement une rencontre AROP avec Bribri pour que la question soit posée).

Ciraravola ouvre le bal des étoiles avec grâce, MAG, Gilbert et Letestu sont très applaudies. Côté garçons Mathias Heyman nous gratifie d’un petit pas sauté pour nous saluer, José Martinez est littéralement ovationné et Nicolas Le Riche n’est pas non plus privé de bravos. D’ordinaire, la dernière étoile appelle par un port de bras tout le corps de ballet. Mais là un petit monsieur en costume et noeud papillon descend la scène penchée de Garnier. C’est tout ému qu’il ouvre ses bras pour appeler ses danseurs, comme pour les accueillir une dernière fois dans ses bras. Ils arrivent plus lentement que d’habitude, l’ambiance tant sur scène que dans la salle. Les applaudissements sont très très nombreux, le corps de ballet applaudit son maître qui a tant fait pour en faire la star des ballets. Autant je ne suis pas amatrice des chorégraphies de Patrice Bart, autant il faut saluer l’étoile qu’il a été et le maître de ballet extraordinaire qu’il est devenu. On oubliera ses défauts, ses gueulantes (souvent vulgaires) mais qui faisaient tout de même son charme.

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Premier Coppélia pour moi de la saison, hors répétitions. J’ai essayé de comprendre un peu plus l’histoire ce soir. J’avais relu L’homme au sable, où en fait le
personnage principal est Nathanaël alias Frantz dans le ballet. Patrice Bart a fait le choix, de mettre en avant le personnage de Coppélius qui s’éprend de Swanilda, une jeune femme du village qui ressemble à sa femme décédée, et à la poupée qu’il est en train de monter avec son compère Spalanzani. Il fait de Coppélius un séducteur, qui est plus à mon sens un vieux pervers, on ne comprend pas bien ce qu’il veut, veut-il voler l’âme de Swanilda pour la mettre dans sa Coppélia, veut il vivre une histoire d’amour vériatble avec elle? Et le Frantz dans tout ça? Dans le conte, il tombe amoureux de la poupée, et se rapatrie sur Clara/Swanilda (les noms varient d’un livret à un autre) car elle au moins est humaine. Là il se bat à peine opur sa bien aimée. Il montre une faible jalousie. Bart justifie l’attirance de Swanilda pour Coppélius avec la fameuse scène des papillons de Frantz qui la dégoûte un peu des passions de Frantz (franchement entre le beau jeune homme qui collectionne des papillons et le vieux qui joue à la poupée, le choix est vite fait!). Ensuite la scène du blé où Swanilda est élue reine du blé hypnotise Coppélius, ce qui rend son esprit confus. J’attends de voir la version de l’école de danse pour voir sous quel autre angle peut être lu ce conte. Je trouve intéressant d’avoir donné une place plus grande au personnage de Coppélius, mais la lecture qui en faite est loin d’être claire.

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Côté danse, Mathias Heymann fait bien du zèle ce soir en essayant de passer des pas plus compliqués. Il ne s’en sort pas toujours, en oublie parfois la musicalité (plutôt rare
chez le jeune prodige), mais c’est fait avec le sourire avec un certain amusement, comme il me l’a dit plus tard dans la soirée, « c’était ce soir ou jamais ». Il est bien dans ce rôle de cet
étudiant sûr de lui, potache avec ses amis. Il offre tout ce qu’il a, avec générosité et le sourire. j’étais ravie de le voir, puisque depuis le début de la saison, difficile de le voir (le
cheval de Caligula n’est pas un rôle qui me plaît et dans lequel il pouvait exprimer tout
son talent…). J’étais ravie de le voir souriant, sauter et tourner avec toujours autant de facilité. Dorothée Gilbert, était comme à son habitude, merveilleuse. Pas d’erreurs
techniques, une interprétation juste, espiègle séductrice et joueuse, elle fait rire la salle et emporte tout le public avec elle. La gigue écossaise reste mon passage préféré, j’y aime les petits pas qui s’y glissent, le manège et la traversée finale. Les amies de Swanilda avaient réservé quelques surprises à leur maître de ballet, dont la plus drôle était celle de Mathilde Froustey qui est restée coincée un bon bout de temps perchée en haut de l’escalier de l’atelier de Coppélius. Ses copines lui ont filé un bouquin pour s’occuper. José Martinez est exemplaire, j’ai l’impression parfois que sa danse se perfectionne de jour en jour. En tous cas, il me touche de plus en plus, et ce soir c’était un vrai plaisir de le voir dans ce rôle un peu plus noir que les rôles de prince qui lui collent (un peu trop parfois) à la peau.

Le ballet s’achève sur la fuite de Swanilda et Frantz, venu au secours de cette dernière au moment où les choses commençaient à mal se passer dans l’atelier.

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Aux saluts, Patrice Bart est convié par Dorothée Gilbert, seul sur scène, une pluie de pétales roses tombent. Tout le ballet, ainsi que Brigitte Lefèvre, Elisabeth Platel et bien d’autre viennent saluer une dernière fois le maître. Le moment est émouvant, touchant, on sent la tristesse mêlée à la joie de toutes ces personnes présentes sur scène.

La suite de la soirée se passe au Grand foyer où Patrice Bart se voir remettre le titre et la médaille de Commandeur des Arts et des lettres après un discours soporifique du
Ministre de la Culture (on aurait cru qu’il l’enterrait).

Au revoir Monsieur Bart…

  • La distribution du 30 mars

 

SWANILDA Dorothée Gilbert
FRANTZ Mathias Heymann
COPPELIUS José Martinez
SPALANZANI Fabrice Bourgeois

 

Léo Delibes Musique
Patrice Bart Chorégraphie et Mise en Scène
(Opéra national de Paris, 1996)
D’après Arthur Saint-Léon
Ezio Toffolutti Décors et costumes
Yves Bernard Lumières


Orchestre Colonne

Koen Kessels Direction musicale

  • Les adieux de Patrice Bart

 

 

Convergences autour de Coppélia

Visuel Coppélia

© Opéra de Paris

 

J’adore les convergences… Je trouve ça passionnant, des fois plus que certains spectacles. C’est toujours la course le samedi pour moi, mais se poser à l’amphi Bastille et boire les
paroles de Patrice Bart, c’est un vrai moment de détente. Brigitte Lefèvre nous présente la rencontre, donne des nouvelles de la compagnie de retour de Russie et annonce que la nouvelle saison sera bientôt publiée.

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Patrice Bart a toujours le talent de nous raconter des histoires et cette après midi je dois dire qu’on s’est régalé. Patrice Bart a commencé par nous raconter comment il a décidé de relire
l’oeuvre. Pour beaucoup, Coppélia est un conte pour enfants, sorte de divertissement drôle et plaisant. Patrice Bart aime les drames, il a voulu redonner à ce conte d’Hoffman une trame
dramatique. Pour cela, il relit bien sûr de relire le livret de Saint Léon, pour décider de ce qu’il va conserver et de ce qu’il va changer. Il change la musique, car il veut donner plus de
couleurs au ballet.  Il reprend la musique de Léo Delibes, plutôt gaie mais y ajoute celle d’un autre opéra de Délibes, Lakmé, qui saura donner du dramatique à sa trame.  Il
relit le conte fantastique d’Hoffman et choisit de donner à Coppélius un rôle plus profond. Les rôles masculins ont longtemps été mis de côté dans ce ballet. Ainsi jusque dans les années 50, le
rôle de Frantz était dansé par une femme. Coppélius a perdu sa femme il y a bien longtemps et il voit en Swanilda une renaissance de cet amour perdu. Avec Yann Saïz (pensée pour Pink Lady) en
Coppélius, il nous montre le côté obscur et torturé de ce personnage qui va utiliser les talents de Spalanzani, sorte de magicien qui a le pouvoir d’animer les poupées que fabrique Coppélius. On
commence tout de suite avec l’entrée en matière du ballet, où Coppélius voit une vision de sa femme et à ce moment là il découvre Swanilda. J’ai été assez frappé par l’élasticité au sens positif
du terme du corps de Yann Saiz, sorte de matière qui se plie à ce personnage et qu’il interprète avec passion. Swanilda était la superbe Dorothée Gilbert, qui est de plus en pus époustouflante.
Elle illumine la pièce de son sourire, de sa fraîcheur. Elle s’amuse, joue et son visage prend les formes de ses émotions. Je trouve que cette danseuse est géniale, voilà c’est dit! Mathias
Heymann danse le rôle de Frantz, un jeune étudiant, qui après avoir fini ses études revient dans ce petit village et tombe amoureux de Swanilda. Mathias Heymann a fait son show aujourd’hui ! Et
je tourne et je saute, et je refais ma variation… et ce n’est pas pour me déplaire et vus les applaudissements chaleureux de public, je me dis que je ne suis pas la seule. Je suis pressée de
voir ce ballet malgré ma réticence certaine pour les chorégraphies de Patrice Bart, mais la distribution Gilbert/Heymann nous promets quelques moments délicieux. Patrice Bart nous donne à voir la
scène des papillons où Frantz montre à Swanilda pour la charmer et l’impressionner sa collection de papillons. Elle, voir des animaux morts, cela la dégoûte plus que cela ne la séduit. Le jeu de
pantomime de Dorothée Gilbert nous prend, elle sait saisir le spectateur avec son regard, cela en devient troublant. C’est d’ailleurs très intéressant de repenser aux convergences sur Giselle qui avaient eu lieu l’an dernier. On voyait un Mathias Heymann timide et déjà très
impressionnant. Aujourd’hui, sa danse est toujours impressionnante et en plus, il a gagné en confiance, ce qui fait de lui un interprète encore meilleur.

Super moment en tous les cas dont vous pouvez revoir les meilleurs instants dans la vidéos qui suit.

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Les prochaines convergences auront lieu le 09 avril autour de Mats Ek.

 

 

 

La page de l’ONP est là.
Léo Delibes Musique
Patrice Bart Chorégraphie et Mise en Scène
(Opéra national de Paris, 1996)
D’après Arthur Saint-Léon
Ezio Toffolutti Décors et costumes
Yves Bernard Lumières

Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet
Orchestre Colonne

Koen Kessels Direction musicale

 

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Convergences autour de Coppélia:

© Opéra de Paris

 

J’adore les convergences… Je trouve ça passionnant, …