Karl Paquette

Soirée Ratmansky Robbins Balanchine Peck

Sur le papier, je n’étais pas convaincue. C’est terrible d’aller au spectacle avec des aprioris. Cela vous empêche de se faire emporter par la chorégraphie. J’ai dû beaucoup lutter donc pour me les enlever, mais la partie entre moi et moi-même n’était pas gagnée. Ce qui est plus intéressant c’est sans doute si ce type de danse, si chère à Benjamin Millepied, trouve son public et son adhésion.

J’ai commencé par voir la générale de cette soirée. J’ai été agréablement surprise, la soirée est passée comme une lettre à la poste, avec un grand ravissement, celui de Other Dances, dansé par Ludmila Pagliero et Mathias Heymann. C’était remarquable. Robbins séduit par la finesse de sa chorégraphie, par ses allusions, par cette touche d’humour, par ce presque rien mais qui bien dansé change tout. Ludmila Pagliero était fantastique : sa brillante technique et la subtilité de ses regards, de ses ports de bras  se marient à la musique, sans être une simple illustration. Tout se passe comme si on voyait la musique et la danse devenir un mouvement sonore. Mathias Heymann est comme à son habitude admirable. Revu avec Mathieu Ganio et Amandine Albisson, le plaisir fut semblable et le couple a trouvé lui aussi une manière très subtile de danser cette chorégraphie.

MH LP Other Dances Robbins ONP

Photo (c) Opéra de Paris

J’ai eu beaucoup de mal  avec le reste de la soirée. Le Ratmansky m’a semblé interminable. C’est joli, c’est très bien dansé, je vois bien qu’il y a une écriture qui a quelque chose à dire, mais ça ne le fait pas pour moi. Je reste complètement en dehors de ce type de pièces, où se succèdent des tableaux dont les compositions sont aussi attendues que vaines. La musique accompagne de manière plaisante la chose, sans véritable adhésion.

Le Duo concertant de Balanchine me ferait presque le même effet (peut-être encore une fois, une histoire d’apriori… sans doute). Les deux couples – Laura Hecquet & Hugo Marchand, puis Myriam Ould-Braham & Karl Paquette – sont très bien assortis et dansent avec d’implication cette pièce dont la musique a plus d’intérêt que la danse. D’ailleurs c’est peut-être bien pour cela que les danseurs sont postés derrière le piano un long moment et y reviennent régulièrement. La scénographie avec un jeu de lumière qui plonge dans le noir les danseurs et ne laisse apparaître tantôt que leur visage ou leurs mains, m’a fait l’effet de quelque chose de très daté…

Photo (c) Opéra de Paris

Photo (c) Sébastien Mathé/ Opéra de Paris

La soirée se termine par la fougueuse création de Justin Peck, In creases. La première fois que je l’ai vue, j’ai trouvé ça très agréable, court (ouf) et très dynamique. Les danseurs – 100% génération Millepied – y montre l’étendue de leur talent, la cohésion du groupe et leur engagement dans la danse néo-classique. Cela m’a réconciliée avec ce que j’avais lors d’une soirée LA Dance Project au Châtelet et qui m’avait fortement déplu. En le voyant une deuxième fois, mon enthousiasme est retombé comme un soufflé. Les références sont là, pas dissimulées mais modernisées. Philipp Glass, again, un peu le Vivaldi de la danse néoclassique. Cela m’a fait l’impression d’un vidéo-clip, comme on en verrait sur Vimeo (ou sur la 3ème scène…). C’est bien fait, on admire assurément le talent des danseurs, parmi lesquels Hannah O’Neill, Letizia Galloni et Eleonore Guérineau marquent par leur style et leur technique. Qu’en reste-t-il ? Une ou deux images bien faites grâce à ces pianos qui se font face, à des lumières mettant en valeur les corps (à défaut des costumes, surtout ceux des garçons)  des poses qui marchent graphiquement et surtout la puissance d’un groupe qui danse en belle harmonie. Agréable, divertissant et à la mode.

Wheeldon/McGregor/Bausch, Opéra Garnier

A la fin de l’année, côté ballet, il y a toujours un grand classique à Bastille et une soirée plus contemporaine à Garnier. A Bastille, les bayadères vous transportent dans un univers indien. A Garnier, il s’agit d’une autre ambiance. Soirée mixte, avec 3 chorégraphes : une entrée au répertoire, une création et la reprise d’un chef-d’œuvre. Comment s’articulent les 3 pièces ? Comment cette soirée se vit ? Retour du la soirée du 3 décembre.

Le Sacre Agathe Poupeney

Jamais facile d’associer le Sacre du Printemps de Pina Bausch, chef d’œuvre absolu, dont les mots manquent pour tarir d’éloges cette pièce. Puisqu’il faut toujours patienter avant de voir cette pièce, je commencerai donc ma chronique par elle. Vous pourrez donc vous passez de la suite de la lecture ! C’est la première fois que le Sacre est repris sans Pina. C’est Jo-Ann Endicott qui a mené les répétitions. Karl Paquette tient le rôle masculin avec beaucoup de poigne et de puissance. C’est définitivement dans ce registre qu’il brille de son titre. Quant à l’Elue, le rôle revient à Eleonora Abbagnato, dont on se réjouit de sa présence en scène. L’étoile italienne danse ce rôle pour la énième fois. Elle en connaît les secrets, les difficultés, les forces. Elle livre au public une danse incroyable, épurée de tout artifice. La danse de Pina ne permet de pas de tricher. Il ne s’agit pas là de faire semblant. Avec sa silhouette à la fois frêle et athlétique, Abbagnato est une élue possédée par la danse, dont les mouvements sont mues par une force intérieure très puissante, qui se ressent jusque dans la salle. Les yeux presque révulsés, le corps tremblant, elle sait maintenir la tension à l’instar de la musique qui nous tient aggrippés au rebord de la loge. Il y a un vertige dans le Sacre, un effet paroxystique qui vous attire de manière inconditionnelle. Le cœur bat, sur les barissements des cuivres. Le corps de ballet est somptueux, la transmission s’est faite. On admire la danse d’Alice Renavand, qui semble donner le rythme à l’ensemble du groupe.

Le Sacre du printemps Agathe Poupeney

Que dire alors des deux autres pièces ? Polyphonia de Wheeldon d’abord. C’est une composition de douze tableaux où 4 couples dansent. Duos, quatuor et ensembles se succèdent sur les pièces pour piano de Ligetti. L’ensemble n’est pas désagréable, on peut même dire que c’est plastiquement beau cette espèce d’épure, où les lignes des jambes cisaillent l’espace. La musique est sublime, admirablement jouée par Ryoko Hisayama et Michel Dietlin. Qu’en reste-t-il ? Pas grand chose, peut-être le passage de la valse et le style de Lydie Vareilhes. Un bon Robbins aurait sans doute fait mieux l’affaire.

Polyphonia Wheeldon Julien Benhamou

Alea Sands est un hommage à Pierre Boulez, puisque cette création est sur les Anathèmes II pour violon. Passé l’hommage, où la scénographie fait honneur à la musique, la chorégraphie de Mc Gregor est bien vide. Tous les éléments forts de la pièce sont autres que la danse. La servent-ils ? Pas franchement. Ils cachent une chorégraphie dont on se lasse. On en oublierait presque les merveilleux danseurs qui sont sur scène.

Audric Bézard Agathe Poupeney

Ce fut donc une soirée peu équilibrée, où l’on attend le Sacre avec beaucoup d’impatience. Deux entractes, c’est long aussi… Dommage qu’avec les nouvelles mesures de sécurité on ne puisse pas arriver juste au deuxième, pour assister au chef d’oeuvre de Pina.

Première du Lac des cygnes

Sans doute le ballet le plus attendu de la saison et le plus complet. Il fallait se battre un peu pour obtenir une place, puis ensuite jouer avec le jeu des distributions changeantes pour voir la soirée de rêve. Pour ma part j’ai pu assister à la répétition générale, avec une Emilie Cozette plutôt convaincante, mais un Stéphane Bullion plus fragile. On a pu lire ça et là dans la presse que Benjamin Millepied a choisi de changer la distribution pour une première qui en mette plein la vue. Et ce fut le cas. Retour sur une première soirée où j’ai retrouvé mes rêves d’enfant.

Lac des cygnes par Agathe Poupeney

Il y a toujours une hésitation à aller revoir un ballet. On vous pose d’ailleurs souvent la question : mais tu l’as vu combien de fois ? J’ai arrêté de compter, comme on arrête de compter les cigarettes quand on abandonne ses bonnes résolutions. Le « mais » qui précède toujours la question de mon interlocuteur insiste sur le côté addictif. Il n’en est rien. Il y a des ballets que je n’ai jamais revus, soit parce qu’ils étaient mauvais, soit parce qu’ils m’avaient tellement bouleversée que je voulais rester sur l’émotion unique. Quand le souvenir devient plus flou, je m’autorise à y retourner, pour me laisser éprouver une nouvelle émotion ou raviver les souvenirs les plus lointains. Le Lac des cygnes fait exception. Il faudrait être un balletomane fou pour ne pas s’acheter un billet pour voir ce chef d’oeuvre.

Certains penseront que la version de Noureev est mauvaise ou vieillissante. A voir Ludmila Pagliero, Mathias Heymann et Karl Paquette sur la scène de Garnier, on a vu toute la beauté de la chorégraphie. D’abord dans le jeu des danseurs. Karl Paquette l’habitué, nous a servi un très beau Rothbart. A la fois puissant et énigmatique, il incarne le personnage avec beaucoup de panache en alternant entre la noirceur et la séduction. C’est Mathias Heymann qui apparait en premier et tout de suite, on voit les grandes qualités du danseur. C’est un prince introverti à la danse merveilleuse. Il n’a rien perdu de son ballon d’antan et il a beaucoup gagné en délicatesse. Tout fait sens dans la danse de Mathias Heymann : il campe un personnage à la forte personnalité appuyée par une danse techniquement impeccable sans oublier la fragilité du jeune prince, avec de belles lignes et une finesse dans les réceptions comme personne. Son regard est fuyant, tant envers ses convives que le public. L’intériorité du personnage se construit sous nos yeux avec un belle subtilité. Au deuxième acte, l’entrée du cygne est le moment parfait de tension. A noter la belle performance de l’orchestre : la musique s’est parfaitement mariée à la danse pour nous faire frissonner de nombreuses fois. Ludmila Pagliero est un cygne tout en retenue. A l’instar de son prince, elle dessine un cygne tout en fragilité. Sa pantomime est très lisible et le couple fonctionne à merveille. Le corps de ballet entre et la scène semble s’étendre à l’infini. On admire ces cygnes déjà si bien réglés pour une première. Les lignes sont impeccables, les courbes s’entrelacent. C’est stupéfiant et le corps de ballet est la quatrième étoile de la soirée.

1655137_1082258311787950_1201415813278603407_o

 

L’acte trois laisse place aux traditionnelles danses du monde. La distribution de cette première est un régal : Alessio Carbone, Eve Grinsztajn, Mélanie Hurel, Emmanuel Thibault. Autant de premiers danseurs qui offrent un spectacle d’une très grande qualité. Ludmila Pagliero montre un cygne noir subtil ; elle séduit le prince du bout de la pointe. Rien n’est en excès, tout semble à sa juste place. C’est une vraie fête que de voir Mathias Heymann si en forme sur scène.

L’acte quatre fut sans aucun doute le plus beau et le plus émouvant. La musique devient sombre, les visages des cygnes se couvrent d’un voile de tristesse infinie. Leurs bras semblent gonflés d’eau. On entre avec les personnages dans la tragédie finale. Le pas de trois final est à couper le souffle. Une grande soirée !

11061670_10153197147408839_6828763344907389575_o

Tournée de l’Opéra de Paris à Montréal, Paquita attise l’été indien.

Les Québécois n’aiment pas les faux pas. J’en ai d’ailleurs fait les frais en récoltant une amende de 42$ en traversant un passage piéton avant le bonhomme vert… Le ton était donné dès le premier jour. Contrairement à moi, le Ballet de l’Opéra ne fît pas de faux pas et fut bien accueilli.

Théâtre de Montréal

Montréal est une métropole d’Amérique du nord avec son port, ses buildings avec sirènes hurlantes, son grand parc et son quartier des arts dans la lignée d’un «Lincoln center » New-yorkais. Les Québécois sont un peuple attaché au spectacle vivant comme le témoigne l’implantation du cirque du soleil ou simplement la forte présence d’affiches annonçant la venue de l’Opéra National de Paris aux Grands Ballets Canadiens. La « Place des Arts » regroupe plusieurs salles de spectacles dont la fameuse salle Wilfrid-Pelletier. Lorsque que j’ai demandé où se situait cette dernière à un autochtone, je n’ai pas su éviter le lapsus en demandant où se trouvait la salle Wilfrid-Piollet. La salle W-P surmontée, d’affiches toujours à propos de Paquita, ponctue une grande dalle-promenade cernée par un musée, un auditorium et un Starbucks. L’endroit est vivant et étonnement calme. Le temps est maussade et en ce jeudi 16 octobre vers 17h, le quartier grouille de danseurs de l’opéra sortant de répétition et profitant d’un bref instant de répit avant la première. Ce moment n’était pas arrivé depuis 1967 à Montréal date de la dernière venue de l’ONP. Comme toujours lors des tournées à l’étranger les danseurs n’auront eu qu’une journée de libre pour reconnaitre un peu le terrain touristique de cette ville. Frustration légèrement atténuée par la proximité du théâtre avec les hauts lieux touristiques, la dimension humaine de cette ville et de l’efficacité de son métro.

Samedi 18 octobre

Après avoir écumé à pied plusieurs quartiers et restaurants de la ville la veille, place aux choses sérieuses. Ce soir, à 20h, je vais voir Paquita. Les précédentes représentations semblent avoir connu un grand succès avec un public en nombre malgré le coût élevé des billets. J’ai déboursé 70$CAD pour une 4ème catégorie comprenant un angle mort. On ne pénètre dans le bâtiment que par un sous-sol comme lorsque l’on entre dans un building de la défense directement depuis le métro. Les foyers sont vastes, lumineux et surtout dotés de nombreux fauteuils avec petites tables, accessoires dont ne bénéficient pas les spectateurs de Garnier. La décoration est assez « fin des années 60 » sans mal vieillir pour autant. Ici, la bourgeoisie Montréalaise s’offre à mes yeux sans lourdeurs et affiche une moyenne d’âge assez basse. On y boit, on y cherche la bonne porte pour accéder à sa place, les sponsors sont bien visibles. Ironie du sort Air France partenaire de la tournée a infligé un rare incident commercial à certains danseurs avec un retard de 10h à l’arrivée à Montréal.

Paquita Montréal

Je m’installe dans ma loge de côté lorsque la causerie de présentation du spectacle vient de se terminer sur la scène du théâtre avec Agnès Letestu comme invitée. Cette dernière ne manquera pas de saluer de nombreux admirateurs et signer des autographes assise sur le proscénium avec son ravissant sourire. Un programme souple de 64 pages en couleur est offert, il comporte de belles photos, l’argument du ballet, le générique et les habituelles publications institutionnelles. Le spectacle va commencer, le noir se fait, les personnes âgées toussent une dernière fois, les cordes finissent de s’échauffer pendant que la voix enregistré rappel qu’il est interdit de filmer ou de prendre des photographies. C’est Faycal Karoui, un grand habitué de l’Opéra de Paris et des salles nord-américaines qui dirige ce soir l’orchestre des Grands Ballets Canadiens. Paquita commence, et, dès le lever de rideau, on sent un murmure de fascination de la part du public. Ce même public qui fait preuve d’une grande spontanéité et d’honnêteté. Il n’hésite pas à éclater de rire sans retenue lorsque Laura Hecquet brise une assiette pour faire diversion pendant la scène de la « Paëlla ». Il en va de même pour la pantomime également très réussie de François Alu. L’acte 1 aura été marqué par la blessure d’Arthur Raveau en sortant de la première phase du Pas de 3. Il est remplacé après les variations de ses deux partenaires par Fabien Revillon qui aura très bien assuré la continuité. Arthur Raveau précise sur sa page Facebook qu’il souffre d’une rupture du tendon d’Achille et devra subir une opération. Souhaitons-lui un prompt rétablissement. Les tournées peuvent parfois réserver des scènes n’ayant pas le même comportement que Bastille ou Garnier et peuvent provoquer des accidents mais j’ignore si cela est la réelle raison de l’accident d’A Raveau.

Le Ballet se termine en apothéose, un public debout, applaudissant sans retenue le couple du soir formé de Laura Hecquet (Paquita) et Karl Paquette (Lucien). Laura Hecquet a fait une très belle prestation et remporte un très vif succès. Pari réussi pour elle dans cette prise de rôle. Cette représentation s’inscrivait dans une série de 5 spectacles en 4 jours, on peut donc saluer le corps de ballet d’avoir assuré ce défi physique avec brio. Le spectacle est fini et la foule quitte la salle en rivalisant de superlatifs à propos de cette Paquita, les petites filles miment des pas de danse fatiguant le bras de leur mère.

Laquita Montréal 2

Paquita fait donc figure d’excellent produit d’exportation pour les aficionados d’Amérique du nord, friands de romantisme à la française. Souvent critiqué à Paris, ce ballet me plaît. Le Pas de 3, la Paëlla, les tambourins, le poison, le bal… tants de morceaux efficaces dont je ne me lasse pas. Les américains s’ils vont admirer le ballet de l’opéra, c’est bien pour le répertoire classique et non une quelconque aventure contemporaine hors-sujet. De la même manière que des Français viennent au Canada admirer des lacs, chutes d’eau ou une forêt poly-chromatique d’automne. Le répertoire a été mis en valeur et a probablement fait oublier l’arrivée rapide de l’hiver ce jour-là à Montréal.

Un dernier jour off permettra aux danseurs de se reposer ou de visiter certaines contrées du Québec avant de repartir à Paris. Cette tournée est une réussite pour les Grands Ballets Canadiens, qui auront réservé un accueil chaleureux et d’excellentes conditions de travail au Ballet de l’Opéra de Paris. Après Chicago et New-York l’an dernier, la réputation est belle et bien renouvelée outre-Atlantique.

 

Les incontournables à Montréal 

Fairmount Bagel : Bagels cuits au feu de bois et revendiquant le premier bagel dans l’espace.
74, rue Fairmount ouest Montréal (Québec) H2T 2M2

Le musée de la Pointe-à-Callière : Musée retraçant l’histoire de Montréal, ludique et très instructif.
350 Place Royale, Montréal, QC H2Y 3Y5

Le jardin botanique : Jardin d’acclimatation version Montréal
4101 rue Sherbrooke Est, Montréal, QC H1X 2B2

Le Parc du Mont-Royal : superbe espace boisé affichant une grande palette de couleur et offrant un beau panorama sur toute la ville.

Olive & Gourmando : lieu pour un brunch idéal avec sandwich petit-dejeuner et soupes remarquables.
351 Rue Saint Paul Ouest, Montréal, QC H2Y 2A7

Café du nouveau monde : restaurant très sympathique à proximité de la place des arts, je vous conseille l’aile de Raie avec le quinoa.
84 rue St Catherine, Montréal

Article écrit par Ploutim merci à lui !

Lander et Forsythe à l’Opéra de Paris

Le ballet de l’Opéra de Paris a ouvert sa saison samedi soir avec une soirée mixte : Etudes d’Harald Lander et deux pièces de William Forsythe, Woundwork 1 et Pas./Parts. Si ces deux dernières ont été vues récemment, la première pièce n’avait pas été donnée depuis 2004. Voyage à travers la technique classique, de la barre aux hanches décalées. En bonus, pour la première, on a eu le droit au défilé.

défilé

 

La soirée s’ouvre avec la traditionnelle marche du défilé. Certains y sont attachés, d’autres moins, et le moins qu’on puisse dire c’est que ces courtes quinze minutes de défilé presque militaire déchaînent les passions. L’applaudimètre est en place et les admirateurs peuvent s’exprimer. On ne s’étonnera donc pas d’entendre François Alu très applaudi, d’autres danseurs peu vus, moins applaudis, malgré leur rang plus élevé. La salle veut bouleverser les grades par les applaudissements et pourtant, les plus conservateurs d’entre eux craignent l’arrivée de Millepied et sa vague proposition d’enlever un grade au corps de ballet. Toujours impeccablement réglé et très majestueux, ce n’est pourtant pas cela qui me provoque un frisson, mais la révérence d’Aurélie Dupont qui va quitter la scène cette année et le sourire de Mathieu Ganio qui ferme le rang. La scène est illuminée de blancheur, à l’instar de la salle, où les téléphones s’allument pour conserver un souvenir flou d’une tradition figée dans le temps.

On reste dans la tradition avec le ballet de Lander, Etudes. Véritable ode à la danse classique, le corps du ballet de l’Opéra s’y illustre avec brio.  Cela commence à la barre, où seuls les bas de jambe sont dévoilés. Dégagés, pliés, petits battements sur le coup de pied, ballonés, jetés, pas de cheval, rond de jambe, toute la barre classique est impeccablement exécutée, avec des jambes sublimes. Le ballet se compose de petites scènes qui se succèdent, qui montre tous les pas traditionnels de la danse classique. La danseuse est tantôt une femme romantique au tutu long, tantôt une bête de scène enchaînant les pirouettes. Dorothée Gilbert qui tient de le rôle de l’étoile fait honneur à ce titre. Sa danse montre à la fois une technique très solide (quels équilibres!) et un charisme qui capte tout le public. Son regard profond plonge dans ceux des spectateurs et elle semble nous dire « Vous ne pourrez pas faire autrement que de me regarder ». Chez les hommes c’est le sourire de Josua Hoffalt qui nous attire et nous mène à ses bas de jambes si beaux dans tout son travail de batterie. Si le ballet est un véritable marathon technique, il n’est pas tout de même pas d’une grande modernité. Le découpage en scènes est un peu lourd, surtout quand il s’accompagne des applaudissements qui hachent la musique et le bout des arabesques… Les lumières ne sont pas toujours heureuses, surtout quand on est placé de côté.

C’est tout de même, pour sûr, la meilleure définition de l’école française !

Woundwork1 Forsythe

Woundwork 1  était dansé ce soir-là par quatre étoiles. Aurélie Dupont, Hervé Moreau, Laëtitia Pujol et Mathieu Ganio dansent dans ce cube de lumière cette courte pièce de Forsythe. Pourtant, le temps semble s’étaler dans l’espace si grand. Il y a un certaine spiritualité dans la pièce, qui se lit dans les corps des danseurs. Forsythe utilise tout le langage classique mais le rend plus graphique. Les corps sont dessinés avec des jupettes rigides asymétriques. Les jambes des hommes sont légèrement coupées par des caleçons courts. Ayant peu vu le couple Ganio/Pujol pour des raisons d’angle, la pièce ne m’a pas plus émue que la première fois. Forsythe y pose une atmosphère, impose une écriture au tracé subtil, que les quatre interprètes de ce soir ont parfaitement compris.

 

Saluts Forsythe Pas. /Parts Eve et Jérémie

Le petit bijou de la soirée est sans aucun doute Pas./Parts. Ballet écrit pour le ballet de l’Opéra de Paris, Forsythe y déconstruit tout le langage classique vu dans le premier ballet de la soirée. Justaucorps colorés, musique évocatrice et urbaine de Thom Willems, lumières mouvantes, le ballet est lui aussi une succession de petits duos, trios, et autres, mais ne tombe pas dans l’écueil du noir. Les danses sont liées entre elles par l’énergie des interprètes. On oscille entre l’étirement maximal des corps, et la rapidité de petits mouvements fulgurants qui nous explosent aux yeux. Tous les danseurs y sont absolument époustouflants : chacun y révèle une partie de sa personnalité et de son talent. Jérémie Bélingard (enfin sur scène… ) donne une leçon de style, Marie-Agnès Gillot et Laurène Lévy, une démonstration de jambes. C’est avec un grand bonheur que l’on regarde tous ces artistes si virtuoses dans ce très beau ballet. On en redemande encore !