Jean-Guillaume Bart

Rencontre avec Christian Lacroix et Jean-Guillaume Bart

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Rencontre AROP au salon Florence Gould, où je retrouve Palpatine et Amélie. Jean-Yves Kaced présente la rencontre en lisant la lettre d’une membre de l’Arop. Extrait de la lettre
de Catherine Corman Delagrange (aucune idée de l’orthographe…) :

 

« Par la grâce de Jean-Guillaume Bart, par la grâce de Christian Lacroix, par la grâce de Clément Hervieu-Léger, par la grâce d’Eric Ruf, par les grâce de tous les danseurs, nous avons assisté hier à un spectacle sublime, unique, magnifique. La Source est une révélation, qui nous transporte au coeur des plus fortes émotions, authentiques et parfois enfouies comme celles de votre enfance. Un moment de grâce inoubliable, de magnificence, éblouissant, féérique, incroyable. C’est le souffle coupé et des étoiles dans les yeux que nous quittons à regret Garnier. Non ce n’est pas beau c’est très au delà, mais les mots me manquent. « 

Jean-Yves Kaced plaisante sur le fait que si l’Opéra manque d’une attaché de presse, cette membre de l’Arop en serait une excellente. Voilà la suite de l’entretien.

Brigitte Lefèvre : Bonsoir à tous. J’ai un grand plaisir à être là ce soir. Alors vous savez que j’ai une voix très grave, mais j’ai un inconvénient supplémentaire, on m’a dit que c’était « L’après-midi d’aphone » (rires). Je n’ai pas compris quand on me l’a dit, après c’est monté au cerveau !

J’avais presque envie de dire, parce qu’on ne prépare jamais ces rencontres avec vous, parce que c’est une rencontre, on n’a pas envie d’imaginer comment les choses peuvent se passer.

Jean-Guillaume, je n’aime pas te rappeler cela, mais en même temps c’est formidable, dans la vie il n’y a rien de plus merveilleux que de transformer des évènements malheureux en évènements heureux. L’évènement heureux c’est que c’était un danseur magnifique, vraiment, avec un caractère très affirmé (rires), toujours juste, en tous cas par rapport à lui même, par rapport à sa pensée, à sa vision artistique, toujours intéressante pour sa directrice artistique, le grand plaisir d’avoir pu faire en sorte qu’il soit nommé étoile, un homme très joyeux, très travailleur. Moins joyeux le moment où Jean Guillaume a dit stop, il n’en parlera pas. J’avais été très triste, quand une année, au moment où nous présentions la saison, devant le public attentif et je me souviens d’une question qui m’avait été posée « Pourquoi il n’y a pas eu d’adieux pour Jean-Guillaume Bart ? ». Je ne vous dirai pas pourquoi, il y avait une véritable raison, qui n’était pas artistique. J’ai eu le plaisir de pouvoir lui confier le rôle de pédagogue à l’Opéra, qu’il a tenu avec beaucoup de passion, sans la moindre compromission par rapport à ce qu’un maître doit pouvoir apporter à des danseurs qui sont dans l’espace de la classe, des élèves. Ce n’est pas toujours facile à faire comprendre, à nos grands fauves que sont les danseurs de l’Opéra.

Et puis, il y a eu ce moment, il y a plusieurs années, je lui avais demandé si il avait des projets. Jean-Guillaume avait fait un ballet Le Corsaire, que j’ai vaguement vu, je n’avais
pas pu y aller à l’époque. Je lui demande donc si il a des projets et il me dit « La Source ». Il m’aurait dit le torrent ça aurait été pareil. Bon La Source, on connaît le tableau de
Degas, on connaît des musiques extraites de La Source, notamment Soir de fête. On a laissé un peu de temps, on a laissé la source couler – faut qu’on arrête les jeux de mots,
parce qu’avec le mot source c’est incroyable tout ce qu’il y a. On se regardait pour savoir quand est ce qu’on allait se décider et puis je pensais, bon on va voir. Et puis il y a deux
personnalités très fortes qui m’ont beaucoup accompagné dans ma décision, c’est d’abord Martine Kahane, femme absolument magnifique, à qui j’ai dit « tu sais que Jean-Guillaume a proposé ce ballet » on parle du tableau de Degas mais je vois que ce n’est pas là dedans qu’elle veut m’emmener. Et puis la deuxième c’est Chritian Lacroix, à qui j’ai voulu proposé tout de suite d’examiner cette possibilité là. Et je dois dire qu’il a été déterminant, il a participé à ma détermination, car il a trouvé ça formidable. Il a beaucoup aimé la personne de Jean-Guillaume, sa raison passionnée. Il a trouvé que c’était une idée magnifique que celle de Jean Guillaume.

Et voilà, on en est à la douzième représentation de La source. J’en suis très fière. Des fois on est trop pudique, on n’ose pas le dire. C’est prendre des risques que de proposer
des artistes aussi importants que Clément Hervieu-Léger pour la dramaturgie, qu’Eric Ruf pour la scénographie, que Chrisitan, le parrain de ce ballet et Dominique Bruger pour les éclairages. J’ai eu le plaisir de proposer à JG et de voir à quel point chaque personnalité a eu du plaisir à rencontrer JG, à travailler avec lui et comment chacun arrivait à apporter quelque chose d’essentiel.

J’ai envie de demander, pourquoi La source ?

Jean-Guillaume Bart : Tout vient de mon goût pour l’histoire du ballet. Quand j’étais adolescent je passais pas mal de mes week ends à la bibliothèque de l’Opéra. Au fil de mes recherches et lectures de livrets du 19 ème je suis tombé sur la source, par hasard, en sachant que une partie de la musique est connue grâce à Soir de Fête. On l’entend beaucoup dans les classes de ballet. Et puis dans les années 90 est paru un enregistrement complet. J’ai trouvé que la partition de Minkus, qui était jusque là
murée,  n’est pas si mauvaise, que l’on peut le prétendre (on peut avoir des appréhensions ! ).  J’ai trouvé que c’était une musique extrêmement narrative où il y avait beaucoup de poésie. Ce que j’aime avant tout dans le ballet classique c’est la poésie que cela génère, au delà des choses acrobatiques qui maintenant ne me font plus grand effet. Les choses qui perdurent dans le temps,  les plus belles  sont les plus poétiques. Quand je vois Ulyana Lopatkina danser, hier, aujourd’hui c’est quelque chose qui me nourrit au quotidien. Je nomme Ulyana, parce que j’ai dansé avec elle, je pense aussi à Baryshnikov ou des danseurs de la maison, je ne vais pas tous les citer. C’était important pour moi que ce soir un ballet à la fois festif et poétique et aussi dramatique. Je pensais que dans ce livret là, à la fois conte de fée improbable, qu’on puisse avoir des thèmes qui soient un peu intemporels et qui puisse amener une humanité importante.

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© Opéra de Paris

Brigitte Lefèvre : Tu parles de conte de fées. Ce n’est pas un conte de fée ?

Jean-Guillaume Bart : Ce n’est pas un conte de fée, mais quand je le raconte aux enfants, c’est « alors et la princesse? Et pourquoi la fée elle meurt?  » ils en parlent comme d’un conte. Je pense que tout le monde a envie qu’on lui raconte encore des histoires aujourd’hui. On a besoin d’histoires pour se nourrir. aujourd’hui, pour traverser le quotidien. Dans cette histoire, il y a des choses proches du quotidien. Je trouve que Djémil est un personnage assez attachant, parce qu’il  se trouve pris entre deux femmes et que tout à coup l’une lui dit « mais je t’aime », finalement il extrêmement mal, il ne sait pas quoi choisir. Je pense que c’est des choses qui arrivent encore aujourd’hui. C’est tout ces choses là, à côté des paillettes qu’on peut me reprocher, je pense qu’il y a aussi des des choses intemporelles. On peut mettre des choses profondes dans des choses légères.

Brigitte Lefèvre : C’est plutôt à Christian qu’on peut reprocher les paillettes (rires). Alors précisément, quand tu as commencé à travailler, tu avais imaginé les costumes ?

Jean-Guillaume Bart : pas du tout, mais j’avais un parfum, un canevas dans la tête et puis c’est vrai que moi j’ai des références traditionnelles. Ce qui était extraordinaire avec Christian c’est qu’il état à l’écoute de ça et en même temps  il a apporté tout son imaginaire, son goût pour le faste. J’ai laissé une porte ouverte à chacun. L’important, c’est que la source prenne. C’est un peu comme en cuisine. On avait le même projet de faire un beau spectacle.

Christian Lacroix : J’avais rencontré Jean-Guillaume pour la première fois dans Joyaux. C’est quelqu’un avec un profil très dessiné, quelqu’un d’énigmatique, avec beaucoup de charme. C’était le plus drôle, le plus caustique, celui qui avait le plus d’esprit. Il avait de l’intérêt pour les costumes.

A un déjeuner, avec Brigitte Lefèvre (c’est une femme formidable !) j’ai trouvé la proposition audacieuse. J’admire cela dans son travail, elle pourrait se contenter de transmettre la bonne parole, de faire des choix, de diriger avec une main de fer (ou non) cette maison, avec tout ce que cela comporte. Brigitte Lefèvre était l’alchimiste en générant des projets comme celui là. Et avant celui là c’était la carte blanche donnée à Jérôme Bel.

Brigitte Lefèvre : Je m’étais beaucoup fait critiquée là dessus.

Christian Lacroix : Oui mais c’était un soir d’Arop, la première était juste après le défilé. J’avais un peu mal au coeur, j’étais membre de l’Arop, je ne le suis plus par manque de temps. Je connaissais le plublic et je trouvais assez téméraire de mettre Jérôme Bel juste après le défilé. Et finalement on a tous applaudi.

Le jour où on s’est retrouvé pour parles des prémices du projet de la source, Jean Guillaume était très timide. Il me dit qu’il n’avait pas d’idée de costumes, le premier mot  prononcé était le mot « nervures ». Cela m’était resté dans la tête, ce qui fait que nous avons fait ces corselets. Avec un mot, un seul cela avait déjà fait beaucoup.

Jean-Guillaume Bart : J’avais envie que tout le monde de l’invisible soit une représentation de la nature. A travers ses costumes, héritages du tutu romantique, on puisse avoir des feuilles, des nervures. Il fallait que ce soit en relation avec la nature, cela me tenait à coeur.

Christian Lacroix : Oui il voulait du végétal. J’ai aimé travailler avec Jean-Guillaume. Au début j’avais peur que le choix de Brigitte ne soit pas le choix de Jean-Guillaume. Je pensais que Jean-Guillaume voudrait aller dans un classicisme et comme je suis le roi du kitch et de l’espagnolade (rires). J’aime bien être entre deux univers, minimal et maximal. J’étais un peu angoissé. Autant quand j’étais couturier, j’étais le seul écrivain du défilé, le seul maître, le seul chorégraphe, autant là, je suis au service de quelqu’un. Pour moi c’est un rêve d’enfant. Je suis là presque tous les soirs, je suis sur un nuage. J’espère que ce ballet sera repris. J’ai l’impression d’avoir accompli mon rêve d’enfant.

Je reviens à Jean-Guillaume, j’aime sa précision. Je déteste quand un metteur en scène ou un chorégraphe me dit « fais ce que tu veux, tu es libre ». J’aime qu’on me dise non et il
sait très joliment dire non. Au moins, on avance. J’ai eu l’expérience, cet hiver à Cologne pour un Aïda, où le metteur en scène me disait « tu fais ce que tu veux », il n’assistait d’ailleurs jamais aux essayages. Il était heureux à la fin, mais moi je n’étais pas satisfait.

Alors que là, je suis parti, sur l’idée du contes de fée. Cela m’a fait penser à une expo à Londres qui s’appelait « Fayries » sur toute la peinture du 18ème. La source s’inscrivait dans cette mode. Il y avait cet univers de la nature.

Brigitte Lefèvre :  Le résultat est vraiment beau, puisqu’il y a même des gens qui aiment et qui ont l’air embêté d’aimer…

Christian Lacroix : Tu parles du Monde… (rires) qui a écrit « A quoi bon? »

Brigitte Lefèvre : Je ne sais plus qui a dit ça mais « L’art est absolument inutile et c’est pour cela qu’il est indispensable ». Je crois que c’est vrai.

Christian Lacroix : Ça me fait penser à cette citation « L’art c’est ce qui rend la vie plus belle que l’art ». C’est une pirouette qui ne veut rien dire, mais je l’apprécie.

Ciaravola et Chaillet à l'acte II La Source

© Opéra de Paris

 

Brigitte Lefèvre :  Il y a eu plusieurs documentaires, et ce qui est formidable c’est la présence de JG tout le temps. Et cela c’est possible parce que cela se passe ici. C’est une justification extraordinaire pour dire ce qu’est l’opéra.

J’ai choisi les personnalités pour travailler avec Jean-Guillaume en fonction du lui, de sa personnalité.

Jean-Guillaume Bart : J’ai eu une équipe formidable qui avait le souci de travailler sur le même projet. Marc-Olivier Dupin m’a aidé à moderniser la musique, à ajouter à couper, à créer les passages pour les nymphes, mais aussi pour les hommes. Si j’avais fait une reconstitution, cela voulait dire pas de danse pour les hommes, beaucoup de pantomime, qui n’en finissait plus, cela voulait dire un espace pour danser extrêmement réduit, car il y avait de l’eau en scène qui coulait.

Brigitte Lefèvre : On est très fiers aussi quand on voit le travail des ateliers de couture, de décors qui appartiennent à cet opéra. Il faut défendre cela. On est moins retenu par le passé qu’on ne le croit. On a un socle. Regardez les décors de La Source. On a les racines, le tronc, puis à un moment cela s’élève. C’est très représentatif de l’Opéra et de la Comédie Française.

C’est un ballet incroyablement cinématographique. Je l’ai vu au cinéma. C’est digne des grands ballets d’Hollywood.

Jean-Guillaume Bart : Je suis un grand fan du cinéma américain des années 50. J’avais effectivement des plans de cinéma dans la tête quand j’imaginais à la fin tout le huit-clos, Zaël qui traverse toute l’oeuvre comme un spectateur. Il est possible que mon goût pour le cinéma transparaisse à travers l’oeuvre.

Christian Lacroix : Je découvre qu’on a les mêmes goûts en matière de cinéma !

Quand on crée des costumes, les choses changent vite, les matières changent. Dans ce ballet j’ai essayé d’être intemporel. Il y avait bien sûr en filigrane, ces films là, ces costumes là, que l’on voyait dans la années 50. C’est important qu’on voit la poésie. Pour moi, ce mot n’est pas de l’eau sucrée. C’est quelque chose dont on a tous besoin. C’est de la dentelle, le travail de Jean-Guillaume,  ce n’est pas terrible de dire cela pour un couturier. En lisant les documents autour de l’oeuvre, j’ai lu un critique de l’époque, peut être pas Théophile Gautier, a dit en sortant de La source que c’était de la dentelle.

Brigitte Lefèvre : J’aime beaucoup le ballet Emeraudes de Balanchine. Tu m’avais dit que tu partirais de cela. J’ai trouvé cela intéressant, car on sait qu’il y a Petipa, Balanchine, Forsythe et qu’au lieu de redémarrer à Petipa, on prend Balanchine pour socle. J’aurais aimé que tu nous parles de cela.

Jean-Guillaume Bart : Il y a très peu de ballet concret chez Balanchine. Il y a surtout une relation avec la musique. Je voulais que cela soit important, cette relation avec la musique. Je m’en suis beaucoup inspiré pour certains tableaux de La Source. J’ai eu aussi en tête des ballets de Fokine.

Question du public : J’avais une question sur le personnage du chasseur, du point de vue du costume comme de la danse. Par rapport à Zaël, qui a un costume luxuriant, lui il a vraiment un costume fade.J’ai pas eu la sensation que le rôle permettait de se faire remarquer. Tous les applaudissements sont pour l’elfe.

Jean-Guillaume Bart : Déjà vous avez vu Matthias Heymann, qui est formidable. Djémil est un hermite. Il est asocial, il n’ a pas besoin d’avoir un beau costume. C’est pour cela que son costume est sale. Il n’y a pas le côté paillette, mais d’un point de vue dramaturgique cela n’avait aucun sens de mettre un beau costume. C’est un personnage humain, terrestre, donc il n’est pas aussi bondissant que l’elfe. Il a quand même dans ses variations plus ahtlétiques. Il danse sur des trois temps alors que Zaël danse sur
des deux temps. Ce sont deux personnages diamétralement opposés. Pour moi c’est important d’avoir une dramaturgie cohérente au delà du numéro de danse.

Un hermite n’est pas habillé en Christian Lacroix ! (rires). On a eu beaucoup de plaisir avec Clément Hervieu-Léger à créer des personnages. Ces deux personnages ne racontent pas du tout la même chose.

La première variation de Djémil est une ode à la nature. Il a cru voir un elfe. C’est comme quand on est dans la forêt qu’on croit voir une biche. Zaël c’est le côté champagne, il vient d’un autre monde.

Brigitte Lefèvre : Je voulais aussi rendre un hommage à Swarovsky qui nous a accompagné pendant cette aventure.

La Source première !

Mathias Heymann en Zaël

© Julien Benhamou

Quand la rumeur court, elle est tenace. Des tweets, des posts sur Facebook, tout le monde disait que ce soir là, Ludmila Pagliero serait nommée étoile. N’ayant jamais vu de nomination, je ne voulais manquer cela sous aucun prétexte. Je revends mes places de la soirée Découvertes des danses partagées, qui me permettra de m’offrir un billet pour la première de La Source. Dans ma tête la soirée est à 20h, je ne me presse pas et prends le bus vers 19h10. Les textos arrivent de Pink Lady, de Fab, « alors tu as eu une place? »… euh ben je suis dans le bus.. Ah c’est à 19h30, il serait temps que le petit rat mette le turbo sous ses pattes pour arriver à l’heure. Je cours, je cours, j’arrive dans le hall à 19h28, « plus de pass jeunes? » Siiiiiiiii! Moi! 19h29 obtention d’un pass jeune et direction le dixième rang d’orchestre.

Mon souvenir tout frais de la soirée de vendredi, va me permettre d’apprécier
encore plus ce ballet. Quoique les « officiels » derrière moi n’ont cessé de bavarder, je vous fais un résumé « Oh c’est Matthias! il est bien Matthias, il saute haut! oh c’est Vincent! Ah il est très bien aussi. Oh c’est Alexis [ah non… c’est Christophe Duquenne…] ».

Ce soir là je suis plus rentrée encore dans la musique. Les bruits des appareils photo en moins m’aident aussi. Le premier acte est vraiment l’acte le plus prenant, tant par les
danses de groupes que par les variations de solistes. Matthias Heymann est la superstar incontestée de ce ballet. Ses sauts vertigineux, plein d’amplitude émerveillent l’audience. Il éxécute tout avec une facilité insolente et pas un bruit sur le plancher n’ose retentir, tant ses pliés sont moelleux. Enfin un rôle qui lui va à merveille, dans lequel il peut s’épanouir complètement. On retrouve l’étoile tel qu’il l’était à ses débuts. C’est avec une joie non dissimulée que le public l’applaudit et cri bravo, sans même attendre les saluts. On en
redemanderait ! A côté Karl Paquette a bien du mal à convaincre, même si il sait jouer de son expérience pour donner à Djémil un caractère intrépide et curieux. J’apprécie la
couleur qu’il donne à son personnage. Il faut aussi saluer nos quatre elfes et amis de Zaël qui une fois encore, sont absolument fabuleux.

Cette distribution m’a plus plu que celle de la veille, car elle me semble plus équilibrée, les rôles ayant été mieux distribués. Vincent Chaillet offre un spectacle viril. Son Mozdock est violent, terrien, et sans demi mesure. C’est avec intensité qu’il réalise chaque variation. On sent la tension qu’il exerce sur son peuple jusqu’au bout de ses doigts. Il est un chef
au physique noble dont le rythme entraîne ses camarades. La relation qu’il a avec Nourreda est très protectrice. Isabelle Ciaravola est une Nourreda fragile, et lunaire. A mon sens, son caractère est parfois un peu trop proche de ce que devrait être Naïla. Les jambes de Ciaravola, c’est tout de même quelque chose ! Telles des fils infinis, elle s’étendent et charment tout le monde.

Si la rumeur court, en tous les cas, elle booste Ludmila Pagliero. On apprécie sa maîtrise technique de la chorégraphie et son implication dans le rôle. Si elle manque parfois
d’évanescence, elle charme Djémil avec ardeur. Très souriante, elle est une Naïla joyeuse et enthousiaste, après passée l’appréhension de ce chasseur inconnu.

Vincent Chaillet en Mozdock

© Julien Benhamou

Le premier acte me laisse une meilleure impression que la veille. Le rythme est soutenu, un véritable enthousiasme émane des danseurs malgré les difficultés techniques de la chorégraphie.

A l’entracte, l’euphorie se retrouve sur les visages de Pink Lady, Fab et moi. Pink Lady qui a déjà assisté à deux nominations (Paquette et Bullion, si je ne l’aimais pas je
serai jalouse..) nous explique comment cela se passe. Après les saluts, le grand lustre reste éteint. Puis le rideau se soulève à nouveau et Brigitte Lefèvre arrive sur scène. Fab s’intéresse aux problèmes techniques du genre « Aura-t-on le temps de twitter? » et moi à la position de Bri-bri dans la salle.

Retour à l’orchestre pour le 2ème acte. Si le rythme ralentit et que l’action a des longueurs, la chorégraphie n’en est pas moins travaillée. La forme circulaire (ou l’arc de
cercle) reste la plus employée. Les variations s’enchaînent au milieu des autres personnages. Pas sûre que ce soit très agréable quand on est placé sur un côté de la scène.

Nolwenn Daniel est une Dadje colérique et entêtée dont la danse est électrique. Elle en fait des tonnes en matière de jalousie et cela permet de donner un peu de vie à ce
deuxième acte. Jean Guillaume Bart a utilisé peu de pantomime dans tout son ballet, et parfois, il est vrai que pour lire l’action cela peut manquer un peu. En même temps, il est aussi joli de voir la danse parler d’elle même sans un code pré-établi. Vincent Chaillet montre de nouveau de très belles qualités dans son rôle de Mozdock. Sa danse devient encore plus imposante. Sa prestation est quelque chose de fort, qui vous reste dans la tête longtemps après le spectacle. Les variations que Jean Guillaume Bart a écrites pour Ciaravola la mettent en valeur. Son port de tête est imposant et le pas de deux avec Christophe Duquenne montre un jeu de séduction intéressant. Mais bien vite, quand Naïla arrive avec sa bande de joyeux elfes trouble-fête, c’est dans les yeux de cette dernière que le Khan va plonger les siens et la belle Nourreda n’a que les bras de son frère pour pleurer. L’humiliation suprême vient quand elle doit dévêtir la robe de favorite.
Je trouve que ce passage aurait du être plus lent, parce que là, cela fait limite, on n’a plus de place en coulisses pour changer Nourreda. Ralenti, on sentirait encore mieux l’humiliation de cette femme, qui n’osait pas se dévoiler devant un incoonu, et qui se voit là, nue, forcée de repartir dans ses contrées caucasiennes.

Le passage qui suit divise. J’aime beaucoup pour ma part la scénographie sombre, sans décor, on est comme plongé dans l’esprit de Nourreda. On est dans un rêve. A partir de ce moment là, on ne sait plus si tout cela est réel. Il y a un côté aparté qui me plaît. Et le pas de deux entre Nourreda et Djémil est celui que je préfère de tout le ballet. Il y a quelque chose de tragique dans cette danse, bien plus que dans le sacrifice de Naïla qui suit. Ici, toute la tragédie est dans le rejet de Nourreda des hommes, d’où ce décor vide. Rejet de son frère protecteur et dominant, rejet de l’amour de cet homme dont elle ne sait rien. C’est par l’usage des dons de Naïla que Djémil peut conquérir le coeur de Nourreda, je vois là dedans un leurre. Jusqu’au dernier moment Nourreda n’aime pas Djémil. Les charmes de Naïla n’agissent qu’à sa mort, que seul Zaël pleure. Je trouve que Ludmila Pagliero rentre bien dans le tragique de la dernière scène, elle tient le rôle de bout en bout. Si elle avait du être nommée ce soir cela aurait été amplement mérité. Belle prestation et grande générosité. Malheureusement pour elle, ce ne sera pas ce soir. Si j’ai l’impression que nous sommes nombreux à attendre, je me trompe car le lustre se rallume après des applaudissements très très chaleureux, des spectateurs debout et des bravos nombreux. C’est un succès !

Djémil et Naïla au premier acte

© Julien Benhamou

  • A lire dans la presse

Essayages dans la garde-robe du ballet La Source La Croix

La source réinvente le romantisme Le JDD

La surprise de la Source au palais Garnier Le figaro, Ariane Bavelier

La Source rejaillit à L’Opéra de Paris, La Croix

  • Distribution du 22 octobre 19h30
Naila Ludmila Pagliéro
Djemil Karl Paquette
Nourreda Isabelle Ciaravola
Mozdock Vincent Chaillet
Zael Mathias Heymann
Dadje Nolwenn Daniel
Le Khan Christophe Duquenne
  • Bonus vidéo

Je préfère tout de même le redire, ce n’est pas moi qui ai filmé. C’est un extrait visiblement filmé à la générale, avec la deuxième distribution. A voir sur le site de l’opéra de Paris, les vidéos des coulisses et de nombreuses interviews.

 

Répétition générale de La Source

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Aujourd’hui, je suis en vacances et tellement ravie de l’être, d’autant plus que je vais voir La Source ! Je récupère les places de Y*** qui tente la nouvelle entrée par le restaurant.
En fait ce n’est pas si évident, pour l’instant l’ascenseur fonctionne avec une clef, il faut donc qu’un ouvreur vous y donne accès, et pour cela il vous faut une autorisation. Bref nous parvenons tout de même au premier rang du balcon pour assister à cette nouvelle création. Je dis création et non réécriture, car la chorégraphie originale a été tellement perdue, qu’il serait incorrect de dire réécriture. Comme l’indique le programme « il ne s’agit pas de marcher dans les pas du style de Saint-Léon ou d’interroger quelques archives inédites ». En effet, c’est tout un ballet qui se réinvente.

Le rideau se lève et l’on découvre une scène d’où pendent des cordes et des rideaux déchirés de théâtre. Si la corde (mot à ne jamais prononcer dans un théâtre!) rappelle le théâtre et l’histoire de ce ballet, disparu, puis remonté, une espèce d’eden perdu, j’y vois pour ma part immédiatement des fils d’eau qui coulent. Toutes ces cordes, ces fils qui tombent pour s’évanouir sur le sol, forment à la fois un ensemble inquiétant, mais derrière lesquels on peut apparaître et disparaître comme vont le faire tous les esprits et autres nymphes de la forêt.

Le début du ballet est très dynamique. Les nymphes passent ça et là, des charmants petites créatures bleues bondissantes interprétés par Allister Madin, Fabien Révillon, Adrien Bodet et Hugo Vigliotti, font de tout cet univers un monde merveilleux. Attention, pas un univers ringard comme on pouvait le voir dans  Psyché, non, un bel univers dans
lequel je rentre immédiatement. Le personnage de Zaël, sorte de chef des elfes, interprété ce soir par un Alessio Carbone très en forme, est une vraie joie pour le public. Cet personnage est malicieux, la chorégraphie est très belle, faite de petites batterie, tours et grands sauts en tout genre, ce qui a un effet immédiat sur le public. Le sourire du bel italien rajoute une touche d’éclat dans ce tableau. Le chasseur Djémil vient tous les jours auprès de cette source, sans jamais y voir ses créatures fantastiques qui n’apparaissent que la nuit. Si on peut trouver l’ambiance un peu sombre, elle ne m’a pas gênée. Ce clair obscur va de la sens de la féerie. Dans la deuxième partie du premier acte, on voit débarquer une bande de Caucasiens, menés par leur chef Mozdock, interprété ce soir par Christophe Duquenne. Ce dernier manque à mon goût de poigne et de fermeté, tant dans sa danse que dans l’interprétation du personnage. Je le trouve un peu trop doux. La halte qu’ils font près de cette source permet à Nourreda, la soeur de Mozdock, de se dégourdir les jambes. Muriel Zusperreguy se présente comme une Nourreda, timide, presque chétive. Sa danse est délicate, la chorégraphie proposée par Bart me plaît particulièrement. Il renoue avec un langage classique, qui ne manque pas de phrasés, et d’un vocabulaire riche. J’aime beaucoup le travail des bras qu’il propose dont l’avant goût que j’avais vu aux convergences m’avait déjà charmée. Il utilise des courbes complexes, avec des dos qui se balancent. C’est très harmonieux. Seul hic, pourquoi donc les Caucasiens ne frappent-ils pas vraiment dans les mains quand Nouredda danse ? Ils ont l’air bien ridicules à ne pas faire de bruit. Cela donnerait du rythme, un peu comme dans Don Quichotte pendant les pirouettes de Kitri. Les danses de groupe présentent de beaux ensembles, avec une danse de caractère qui mêle différents genres. Le corps de ballet est bien réglé et les danses caucasiennes, hommes comme femmes sont un bon divertissement. La musique de Minkus, qui n’est pas ce qu’il y a de mieux en terme de musique, se marie très bien avec les frappes de pied.

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C’est alors que les fleurs merveilleuses de la source apparaissent et la sourire arrive enfin sur le visage de Nourreda. Mozdock proposent à ses amis de décrocher une fleur à la belle. Personne n’y parvient, on se croirait dans un concours, il ne manque que les battements de tambour. C’est alors que Djémil réapparaît en scène. Lui seul parvient à prendre une fleur pour l’offrir à Nourreda. Le garçon est fort gourmand, il soulève avec impolitesse la voile de la jeune femme. L’amour le frappe en un éclair quand il aperçoit ce visage, mais le poing de Mozdock aussi.  Je me suis toujours amusée de ces batailles fictives dans les ballets. Elles savent montrer la violence sans la produire vraiment. Autant les faux applaudissements me déplaisent, autant cet affrontement viril m’emballe. Djémil est laissé sans vie, tandis que les Caucasiens poursuivent leur chemin vers le palais du Khan. C’est alors qu’entre Naïla, esprit de la source, sous les traits de Myriam Ould Braham. Elle incarne à merveille cet être évanescent, spirituel. La scène de l’apparition que nous avions vue lors des convergences a bien progressé. Le duo Hoffalt/Myriam Ould Braham est un délice. Josua Hoffalt montre de belles qualités tant en solo que dans ce duo. Attentif et généreux, il est un partenaire qui met en valeur sa ballerine, tout en ne s’effaçant pas. Myriam Ould Braham est l’interprète idéale pour le rôle par sa fragilité et sa légèreté. Si je trouve que dans ce premier acte, elle court parfois un peu derrière la musique. Il faut dire que dans la variation proposée au milieu des nymphes n’est pas évidente et le nombre de pas par note de musique est important. Les passages des nymphes sont réussis, très ensembles et le groupe est harmonieux, malgré quelques longueurs. A la fin du premier acte, Naïla et Zaël proposent à Djémil leur aide pour rejoindre Nouredda.

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© Julien Benhamou

A l’entracte, je découvre que les lois de Garnier sont encore plus drastiques qu’à Bastille. Cartons de sortie, on n’entre pas à nouveau au balcon comme dans un moulin.
Impossible de faire les ninjas. Je mets Palpatine au défi…

Deuxième acte, nous voilà plongés dans le palais du Khan qui attend la venue de Nouredda. Les cordes pendent mais symbolisent cette fois-ci l’enfermement du harem. Les femmes se disputent, mais surtout une, Dadje, qui n’accepte pas la nouvelle venue. Elle charme le Khan mais rien n’y fait. Il la repousse sans relâche. Charline Giezendanner est une femme très jalouse, qui s’affirme dans sa danse, malgré quelques hésitations dans la chorégraphie. Le Khan renvoie ses femmes dans sa chambre quand les Caucasiens arrivent. Les danses de groupe  alternent avec les solos, bien chorégraphiés, mais parfois ennuyeux et manquant un peu d’émotions. Nourreda et le Khan tombent amoureux après une danse. Mais quand les esprits de la forêt arrivent au palais et dévoilent leur plus belle beauté Naïla, le Khan n’a plus d’yeux que pour elle. Nourredda est désespérée de voir celui dont elle devait être la favorite se détourner d’elle. Son frère s’énerve et demande au Khan de faire un choix. L’envoûtement de l’esprit de la source est puissant. Il choisit Naïla. Il faut dire que dans ce deuxième acte, Myriam Ould Braham est complètement dans le rôle, elle flotte sur scène, ses bras ondulent et envoûtent le Khan.

Le décor change, il devient minimaliste et sombre, presque noir. Est-ce pour montrer le désespoir de Nourreda? A présent, elle rejette son frère. Djémil la rejoint. Ils dansent
ensemble un pas de deux que j’ai trouvé très beau tant par la chorégraphie que par l’émotion qu’il procurait. Le partenariat Hoffalt/Zusperreguy fonctionne très bien, naturellement. Techniquement impeccables, chacun reste dans son univers. Lui, passionnément amoureux d’elle, elle rejetant tout forme d’amour à présent. Ce pas de deux est entrecoupé des apparitions de Naïla qui tente de mettre en Nourreda l’amour qu’elle a pour Djémil. L’esprit de la source sauve Djémil du poignard de Mozdock, qui ne veut pas voir cet homme approcher sa soeur. Djémil s’enfuit avec Nourreda mourante. Il n’y a qu’une seule solution, pour la faire revenir à la vie, il lui faut à nouveau l’aide de sa petite fée. Le dernier tableau est celui du sacrifice de Naïla. Djémil demande à cet être si merveilleux d’échanger sa vie contre celle de Nourreda. Si la scène manque encore d’émotions, on peut l’imputer à la chorégraphie qui manque peut être de pantomime et
qui est un peu longue, car les danseurs fournissent un joli jeu tragique. Naïla meurt dans l’indifférence des deux amoureux, seul Zaël pleure la mort de sa fleur bien-aimée. Le réel triomphe du surnaturel, mais l’amour a eu besoin de cette force invisible pour pouvoir exister malgré tout.

Bonne impression dans l’ensemble, de très belles variations, des costumes magnifiques (on ne pouvait pas s’attendre à moins de la part de Christian Lacroix), La Source a tout pour un beau succès. J’ai hâte de revoir le ballet avec plus de recul. La première fois est toujours une soirée où l’on voit beaucoup de choses, il faut les digérer.

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A voir une vidéo des coulisses de la Source, avec une interview sur le livret et la
dramaturgie.

Léo Delibes, Ludwig Minkus Musique
Marc-Olivier Dupin Réalisation
Jean-Guillaume Bart Chorégraphie
Eric Ruf Décors
Christian Lacroix Costumes
Dominique Bruguière Lumières
Clément Hervieu-Léger, Jean-Guillaume Bart Dramaturgie
  • Distribution du 21 octobre répétition générale
Naila Myriam Ould Braham
Djemil Josua Hoffalt
Nourreda Muriel Zusperreguy
Mozdock Christophe Duquenne
Zael Alessio Carbone
Dadje Charline Giezendanner
Le Khan Alexis Renaud

 

Les nouvelles du 17 octobre

 

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© Anne Deniau/ONP

Dans une semaine le petit rat sera en vacances et espère bien rattraper son retard en matière de blog. Et oui, fraichement installé dans un nouvel appartement, le rongeur n’a pas encore eu le temps de taper tous ses comptes rendus. Pas de temps pour soir, pas de temps pour écrire… C’est le drame ! Non le drame est survenu samedi matin quand en voulant finir de ranger mes derniers cartons, je me suis presque ôté un orteil… et oui sur sol, un objet métallique qui s’est révélé bien tranchant. Maintenant j’ai un pouce à la place du troisième orteil et j’ai du mal à marcher.. je ne vous parle pas de danser. Je vais donc préférer m’assoir et regarder de la danse, plutôt que danser. Cette semaine, je vais voir un ami qui joue dans une pièce qui s’appelle Cash Cache, à Montparnasse, Claire Denamur en concert, et puis bien sûr La Source, dont la séance de travail a lieu mardi et la répétition générale vendredi.

  • Le ballet de la semaine : La Source remontée par JG Bart.

C’est l’histoire de Djémil, un jeune chasseur qui vient chaque jour se désaltérer et se reposer dans une source. Un jour une sorcière vient pour y mettre des herbes vénéneuses, il s’y oppose et l’esprit de la source Naïla lui apparait pour le remercier. Un jour, une caravane débarque dans laquelle il y a une belle femme voilée. Nouredda, cette jeune femme est fiancée à un grand seigneur. Elle repère une fleur près de la source qui brille plus que les autres. Elle la veut, mais aucun des hommes qui l’entourent ne parvient à la décrocher. Seul Djémil y parvient, mais il souhaite en récompense voir le visage de Nouredda. Cela énerve les frères de Nouredda qui enchaînent Djémil pour qu’il meurre. Naïla délivre Djémil et tombe amoureuse de lui. Le chasseur obsédé par Nouredda se rend avec l’aide de Naïla au palais dans lequel Nouredda doit se marier. Naïla détourne l’attention du maître des lieux. Djémil peut séduire Nouredda. Naïla donne son âme à
Nouredda qui tombe amoureuse de Djémil. Ils retournent ensemble près de la source, mais celle ci est morte.

Un grand classique du 19ème siècle remonté, c’est vraiment la pièce très attendue. A voir les croquis de Christian Lacroix, qui a fait les costumes. A lire un article dans Classiquenews.

Voici les distributions que vous pouvez aussi voir sur le site de
l’Opéra :

Distribution du 22 octobre, 27 octobre, 29 octobre, 31 octobre, 2 novembre, 4 novembre, 7 novembre, 10 novembre

Naila Ludmila Pagliéro
Djemil Karl Paquette
Nourreda Isabelle Ciaravola
Mozdock Vincent Chaillet
Zael Mathias Heymann
Dadje Nolwenn Daniel
Le Khan Christophe Duquenne

 

Distribution du 25 octobre, 26 octobre, 5 novembre

Naila Myriam Ould Braham
Djemil Josua Hoffalt
Nourreda Muriel Zusperreguy
Mozdock Christophe Duquenne
Zael Alessio Carbone
Dadje Charline Giezendanner
Le Khan Alexis Renaud

 

Distribution du 28 octobre, 1er novembre,

Naila Charline Giezendanner
Djemil Florian Magnenet
Nourreda Laura Hecquet
Mozdock Stéphane Phavorin
Zael Emmanuel Thibault
Dadje Aurélia Bellet
Le Khan Emmanuel Hoff

 

Distribution du 3 novembre, 9 novembre, 11 novembre

Naila Myriam Ould Braham
Djemil Florian Magnenet
Nourreda Laura Hecquet
Mozdock Stéphane Phavorin
Zael Emmanuel Thibault
Dadje Aurélia Bellet
Le Khan Emmanuel Hoff

 

Distribution du 8 novembre, 12 novembre

Naila Laëtitia Pujol
Djemil Josua Hoffalt
Nourreda Muriel Zusperreguy
Mozdock Christophe Duquenne
Zael Alessio Carbone
Dadje Charline Giezendanner
Le Khan Emmanuel Hoff
  • Le cours de danse de la semaine : Danses partagées au CND.

 

Ça se passe ce week end au CND de Pantin. Après, Nicolas Le Riche, Marie Agnès Gillot et Vincent Chaillet, voilà que l’étoile espagnole José Martinez vient participer à l’évènement. Allez voilà le programme, venez nombreux ! SI mon pied me le permet, j’assisterai à l’échauffement, puis au cours de danse classique et enfin à la soirée découverte, samedi.

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© CND

Échauffement samedi à 13h30, 14h et 14h30, dimanche à 14h et 14h30
José Martinez, danseur étoile au Ballet de l’Opéra national de Paris, et depuis peu directeur de la Compagnie nationale de danse de Madrid, ouvre ce week-end de danses avec un grand échauffement pour tous et vous prépare à passer de studio en studio.

Ateliers de 15h30 à 17h et de 17h30 à 19h  (détails : voir ci-dessous)
Entrez dans la danse : faites votre choix parmi des ateliers de danse classique, contemporaine, afro-caribéenne, jazz, hip-hop, flamenco-contemporain, tango-contemporain, danses de couples ou parents-enfants (à partir de 6 ans).

Soirée « découvertes » samedi à 19h30
Un avant-goût de la saison : à l’issue des ateliers du samedi, Joanne Leighton, José Martinez, Claudia Miazzo, Jean-Paul Padovani et Hervé Robbe, Julia Cima et les Vagabonds Crew vous proposent des « Découvertes », composées d’inédits et de fragments de leurs créations en cours. À vous de choisir parmi les deux programmes proposés :

Porgramme 1 – Grand studio
– José Martinez : étoile et chorégraphe, José Martinez a fait ses adieux officiels au Ballet de l’Opéra national de Paris en juillet dernier avant de prendre la direction de la
Compagnie nationale de danse à Madrid. Venez découvrir cet artiste virtuose, reconnu dans le monde entier, qui dansera en toute intimité, pour la première fois au CND, avec la vitalité qui le caractérise.
– Hervé Robbe (Un terrain encore vague – extrait) : une danse suspendue, sorte de parenthèse spatiale et temporelle qui dessine à la marge de nouveaux territoires
imaginaires.
– Les Vagabonds Crew (Alien – extrait) : une pièce nourrie de poésie et science-fiction, d’émotions et prouesses techniques, dans laquelle les cinq danseurs se dévoilent
et analysent leurs propres métamorphoses tel un Alien…

Porgramme 2 – Studio 3
Julia Cima (La danse balinaise – extrait de Danse Hors-Cadre) : Danse Hors-Cadre propose un parcours à travers le patrimoine mondial de la danse.
Julia Cima présentera à cette occasion un extrait, le Baris Tunggal, danse traditionnelle guerrière balinaise.
Joanne Leighton (Solo – improvisation) : conçue spécialement pour le CND, l’improvisation présentée ici mettra en exergue les rapports entre espace et temps. Un tissu
de mouvements ouvrant la voie à de multiples combinaisons.
Claudia Miazzo et Jean-Paul Padovani (Ostinato – extrait) : entre élan et abandon, une exploration de l’univers du tango argentin dans son évolution contemporaine.

Plus d’infos en suivant ce lien.

  • En vrac

A lire dans Les échos, un article de Phillipe Noisette sur les nouvelles
créations de Benjamin Millepied, « chorégraphe pop ».A voir, Millepied fait le mannequin ici.

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Le gala des étoiles pour le Japon a rapporté 35 223,92€.

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Rencontre autour de La Source

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La saison des rencontres convergens à l’amphi Bastille reprend enfin avec une répétition publique de La Source. Je n’avais pas de place, inscription tardive à l’Arop dont le contingent de places pour ce genre d’évènement a été réduit, mais je rentre et retrouve quelques balletomanes. Je m’installe avec AS*** mon amie de khâgne, cela faisait longtemps qu’on ne s’était pas vues, mais la classe prépa, ça crée des liens indestructibles (il fallait bien l’être…).

Brigitte Lefèvre entre et nous parle bien sûr de l’actualité. Elle nous donne des nouvelles de ses danseurs qui trouvent très agréable de danser Phèdre. Pour elle, cette saison est sous le signe du merveilleux, cela se poursuit avec la Source.

Puis elle revient sur Roland Petit, en disant qu’il nous a quitté en faisant cette mauvaise plaisanterie. Elle évoque la difficulté à rendre hommage à un grand chorégraphe. C’était très compliqué d’organiser un gala, elle a donc opté pour une soirée cinéma avec la projection du  Rendez-vous et de Proust car Roland Petit aimait la façon dont ils avaient été filmés.

Jean Guillaume Bart fait son entrée et Brigitte Lefèvre revient sur leurs premières discussions autour de ce ballet. La première évocation date de 1997. Brigitte ne manque pas de rappeler les qualités de Bart, comme danseur et grand pédagogue. La dernière fois que La Source a été dansée en France, c’était lors de l’inauguration du Palais Garnier, on en a dansé un extrait.

Myriam Ould Braham, Florian Magnenet ainsi qu’Eléna Bonnay, la pianiste, entrent sur le plateau. Myriam est l’esprit de la Source, Florian est Djémil, le jeune chasseur qui vient se reposer tous les jours près de cette source. On va nous montrer un extrait du premier acte où Djémil a été laissé comme mort. Pour plus de précisions sur l’histoire, j’ai fait un résumé plus complet .

La scène qui est présentée est celle où Naïla rencontre Djémil. Il faut bien comprendre qu’elle n’est qu’une petite chose fragile, une enfant, qui va tomber amoureuse de ce beau
jeune homme. Lui est intrigué par ce personnage merveilleux, il veut la connaître sans lui faire de mal. Elle est douce, délicate, il a arraché sa fleur magique. Quand elle apparaît, elle est un peu comme une bête effarouchée. Jean Guillaume Bart insiste beaucoup sur le travail des extrémités. Il montre, il est minutieux, il corrige. Un élève de mon cours de danse avait eu la chance de prendre un cours avec lui, et je savais qu’il était un pédagogue merveilleux. On aurait dit un sculpteur qui avait de la terre dans les mains. Il la manie, la transforme avec tant de délicatesse. Il utilise plein d’images, car il pense qu’elles sont parfois bien plus efficaces que de grand discours. Il évoque Fred Astaire, compare Naïla à un ruisseau qui doit onduler, tant il est insaisissable. Il revient sur la difficulté de cette scène. Il n’y a pas beaucoup de danse, d’un point de vue technique. Il y a du vide et c’est dur de combler  le vide. Il se rappelle avec émotion la variation d’Albrecht, où il n’y a rien à faire à part remplir le vide, remplir la musique et l’espace, avec une intention. Cela s’acquiert avec la maturité, mais une fois qu’on y parvient c’est un bonheur immense. C’est cela qu’il faut chercher dans cette première scène, en se laissant porter par la musique. Jean-Guillaume Bart a d’ailleurs l’oreille fine et est très exigeant. Il ne tolère pas un retard d’un quart de temps. Parlons de la musique du ballet d’ailleurs, c’est un « mix » entre Delibes et Minkus. C’est la seule chose que je redoute un peu dans ce
ballet. Minkus mélangé à Delibes… bon je verrai bien.

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Dans cette première scène, Myriam Ould Braham dévoile son personnage avec tendresse. Elle est délicieuse et correspond complètement à ce rôle. Délicatesse et douceur sont les mots qui s’accordent avec sa danse et la personnalité de Naïla. Florian Magnenet est toujours en pleine ascension, donc au top.

Jean-Guillaume Bart décide de nous présenter une autre scène. C’est un pas de deux dont il a fait l’ajout. Dans la création originelle, il y avait très peu de pas pour les hommes, et très peu de pas de deux. Il a donc procédé à des ajouts pour que ces messieurs aient un peu de matière (pour ma plus grande joie!). La salle est comblée et c’est avec de grands applaudissements que la salle les remercie.

Prochain rendez vous le 12 novembre avec Cendrillon. En passant je remercie chaleureusement J*** pour la place qu’elle m’a réservée pour le 12.

Les distributions de la source sont là.

A voir le superbe diaporama d’Anne Deniau avec les photos des coulisses

La Source, du 22 octobre au 12 novembre, séance de travail AROP le 18 octobre, répétition générale le 21 octobre.

Léo Delibes, Ludwig Minkus Musique
Marc-Olivier Dupin Réalisation
Jean-Guillaume Bart Chorégraphie
Eric Ruf Décors
Christian Lacroix Costumes
Dominique Bruguière Lumières
Clément Hervieu-Léger, Jean-Guillaume Bart Dramaturgie