Hier soir direction le Théâtre de l’Athénée, théâtre qu’en fait je ne connaissais pas et que j’ai eu la chance de découvrir. Très joli petit écrin, théâtre à l’italienne, refait avec de belles affiches des années 30 qui vous font voyager dans le temps. Je ne sais pas du tout ce que je vais découvrir, mais j’ai confiance en la personne qui m’a conseillée cette soirée.
La première pièce est signée Sharon Fridman et c’est un vrai coup de coeur que j’ai eu pour ce danseur-chorégraphe. Sa pièce, Al menos dos caras, est impressionnante par
sa qualité chorégraphique et sa mise en scène bien ficelée.
La lumière s’allume sur des pieds qui marchent sur un mur. Equilibre, hésitation, la lumière prend plus d’espace et laisse découvrir un jeune qui semble rêveur à la tignasse blonde. Une sorte d’ange qui défie la gravité jusqu’à ce qu’elle le rattrape et ne le lâche plus. Un chute, qui semble accidentelle, un autre homme le rattrape. Notre ange déchu devient une sorte de poupée de chiffon plongée au milieu d’un rêve. L’autre danseur, tente quant à lui de se détacher de ce parasite qui ne le quitte plus. Ils sont connectés, toujours en contact par une partie de leur peau.
Il l’a sauvé, maintenant il ne peut plus s’en détacher. On est déjà sous le charme de la fluidité des deux danseurs. La musique ressemble à un bruit de cigales. Le mur qui servait de poutre à notre équilibriste est un décor ingénieux qui se transforme à volonté. Composé de bois mélaminé, les morceaux sont assemblés dans ce mur mobile comme un tangram. Le décor est retourné et on se croirait désormais dans un petit appartement. La danse se délie, s’accélère aussi. Notre poupée de chiffon ressemble à un pantin déséquilibré dont la gestuelle tente de trouver un rythme sans y parvenir. Le décor encadre le personnage et tourne tel un kiosque à musique, et le tourbillon de la danse commence à prendre de l’épaisseur.
La musique prend un aspect plus mélodique , la danse s’amplifie. Les deux danseurs commencent un pas de deux qui me reste encore en tête, tant leur gestuelle est souple et ample. Je tombe sous le charme de Sharon Fridman, danseur incroyable, dont les chutes au sol, sont toutes plus belles les unes que les autres. Ils se portent tour à tour, glissent sur le dos de l’autre, dessinent des courbes qui contrastent avec le décor rectiligne. C’est très beau, cela prend petit à petit l’aspect d’un combat, la danse se fait plus violente, l’opposition prend place à la complicité. Un troisième homme, devient l’observateur de cette scène qui se charge de noirceur. Au sol, tous les deux, notre troisième se charge de ranger le décor. Noir. Retour de notre ange blond sur son perchoir mobile. Impression de vertige pour le public, tandis que lui, passe d’une plate forme à une autre, sans se soucier, si il va trouver le vide ou une marche. Les deux autres se chargent de bouger ce décor, pour qu’il pose toujours son pied dessus. Après avoir désossé le décor, le duo peut reprendre mais à présent il va être perçu différent, derrière le grillage des murs. Lumières
dorées sur ces corps qui n’en finissent pas de danser, avec toujours cette vague qui traverse leurs corps. Le décor tourne, comme un dernier tour de manège et cela se termine. Ovation du public.
Site officiel de Sharon Fridman
Direction artistique : Sharon Fridman
Chorégraphie et interprétation : Arthur Bernard et Sharon Fridman, Antonio Ramírez-Stabivo
Conception éclairage : Paloma Parra
Musique originale : Luis Miguel Cobo
Costumes: Maite LIop Morera
Scénographie : Oficina 4play arquitectura
Après une pause dans le très joli foyer du théâtre, me voilà de retour au parterre pour découvrir un spectacle de flamenco pas comme les autres, mais dans lequel je n’ai pas réussi à entrer. Tout de suite je suis perturbée par un détail qui va peut être dérisoire, mais dont je n’ai pas réussi à faire abstraction. Côté jardin, un homme derrière une table, avec son macbook règle la musique et produit les effets du spectacle. La pomme scintillante pendant tout le spectacle, mais pourquoi a-ton laissé ce type visible, ce qui ne trouve pas grande justification dans le spectacle. Le spectacle mêle danse-contact, flamenco, chants traditionnels espagnols et effets sonores. Le problème c’est que je n’ai pas vraiment réussi à comprendre le propos. Il y a de très beau passages comme au début ces trois hommes qui dansent mêlant danse-contact et flamenco. Les trois hommes dansent avec la nécessité d’une proximité, de même que dans leurs mouvements, il y a des échos chez les uns et les autres. Les dialogues entre danse et chant sont aussi de beaux moments, même si personnellement ce genre de chants traditionnels n’est pas ma tasse de thé. Le mélange des deux, le mouvement répondant à la voix, le rythme à la mélodie prenait du sens et la construction n’en était que plus solide. Les castagnettes deviennent un instrument de torture, où l’un des deux danseurs va oppresser l’autre, tandis que le troisième va renforcer le rythme avec ses pieds. La scénographie et la mise en scène pêchent un peu. Les lumières n’étaient à mon sens pas du tout exploités. A un moment, il y a une diagonale de lumière, les mains y entrent et on ne voit que cela (et la pomme Apple!). Ce procédé ne dure qu’à peine trente secondes et c’est bien dommage car on aurait envie de voir ces mains et ces pieds « coupés » du reste du corps pour écouter leur rythme. La pièce comporte à l’évidence des longueurs, mais il y a de vraies belles idées et c’est aussi une autre manière de découvrir le flamenco.
Danseurs et chorégraphes : Rafael Estévez, Nani Paños, Antonio Ruz
Musique : Artomatico
Chanteuse : Sandra Carrasco
Ces deux spectacles jouent encore ce soir, foncez-y !