Dimanche dernier, j’ai regardé le documentaire First Position qui sortira en France sous le titre Le concours de danse, le 12 décembre. Pour voir la bande-annonce c’est par là, clic.
Le Youth America Grand Prix est un concours à l’image de celui plus connu peut être en Europe du Prix de Lausanne. C’est un concours international qui regroupe des danseurs âgés de 9 à 17 ans. Dans le jury, de grands noms de la danse, des directeurs de compagnie, près à dénicher un talent. Les danseurs doivent d’abord passer des épreuves éliminatoires, pour se retrouver ensuite à New-York, où ils passent deux variations et alea jacta est.
Le documentaire propose de suivre 6 jeunes danseurs.
Aran Bell a 11 ans, il vit sur une base militaire américaine en Italie avec ses parents. Il a un équilibre surprenant, il ne se déplace qu’en street surf. Il prend ses cours avec Denys Ganio qui en fait un deuxième fils. Le maître est dur avec lui, mais l’adore. Il est certain de sa future grande carrière. Le môme parle de ses objets de torture pour augmenter le coup de pied, pour apprendre à tourner. Il explique à quel point le ballet est important pour lui, qu’il n’a pas de mots pour dire à quel point il aime la danse. Cela m’a fait pensé à Marie-Agnès Gillot qui dit souvent que le mot « aimer » est trop faible quand il s’agit de danser.
Michaela Deprince vient du Sierra Leone et été adoptée avec sa sœur par une famille américaine. Elle a 14 ans, des capacités physiques incroyables, mais souffre encore dans une Amérique métissée des clichés sur la physionomie africaine. Elle développe une grâce touchante, la danse est ce qu’il la fait rêver. La danse salutaire, voilà ce qu’il la sauvée de ces cauchemars d’enfance. Elle veut ouvrir une école de danse au Sierra Leone quand elle sera plus grande.
Rebecca Houseknecht a 17 ans et est une adolescente épanouie. Elle vit dans un monde de princesse, avec sa voiture siglée « dancing princess », sa chambre overpink, sa longue chevelure blonde. Elle va au lycée, au bal de promo avec son petit ami boutonneux. On se croirait dans un teenage movie. Rebecca a de vraies qualités de danseuse classique. De très belles jambes, un port de tête gracieux, une souplesse hors du commun. Elle est très exigeante avec elle-même et perd facilement confiance. Ses professeurs sont bienveillants et l’encouragent avec douceur.
Miko et Jules Forgarty, respectivement 8 et 13 ans, sont tombés dans le ballet lorsqu’il étaient petits. Leur mère japonaise déclare qu’à 2 ans ils savaient déjà danser, que c’était la seule chose qui les faisaient sourire. Exercices de souplesse intensifs, régime brocolis, l’ambiance n’est pas à la rigolade… A tel point que le jeune frère veut arrêter le ballet qui ne lui procure pas tant de plaisir que cela. Miko, elle, ne lâche rien, elle est sous pression en permanence. J’ai été assez mal à l’aise devant la relation de la mère à ses enfants.
Joan Sebastian Zamora a 17 ans et est sans doute le garçon le plus touchant de cette aventure. Beau jeune homme, amoureux de la danse, passion transmise par sa mère, danseuse frustrée, Joan Sebastian vit dans une chambre étudiante avec un ami colombien. Il danse, s’entraîne, rêve devant les vidéos de Carlos Acosta. Il a de belles lignes, une allure princière, il est humble mais sait où sont ses qualités et comment les utiliser. Il a l’intelligence de la danse, qui ne fait pas de lui un pantin sur scène, mais il raconte une histoire dès lors qu’il met le pied en scène.
Si vous n’avez jamais vu l’envers du décor du monde de la danse, ce film vous fera passer cet art pour torture et souffrance. Méfiance, la danse ce n’est pas que avoir une entorse, des parents qui vous poussent, des jambes disloquées, des professeurs qui vous tapent sur les jambes si elles ne sont pas tendues. C’est surtout et avant tout, le bonheur d’être sur scène, de voler grâce à ses pointes, de flotter au-dessus, de se surpasser, de s’inventer mille et une histoires grâce aux rôles que la danse offre à ses artistes, d’avoir des sensations indescriptibles. Tout cela, je trouve que le documentaire ne le montre pas assez. A vous de jugez ! Sur vos écrans le 12 décembre !