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Laura Hecquet, nouvelle étoile de l’Opéra de Paris

A l’issue de la représentation du Lac des Cygnes ce lundi 23 mars 2015, Laura Hecquet, tout juste promue première danseuse par le dernier concours de promotion, a été nommée danseuse étoile par le directeur de l’Opéra, Stéphane Lissner sur proposition du directeur de la danse, Benjamin Millepied.

Laura Hecquet

Déjà brillante dans son cygne noir lors du concours, Laura Hecquet avait déjà beaucoup d’une étoile. Elle a les lignes d’une vraie ballerine avec un très beau port de tête. Danseuse discrète, elle ne laissait pas indifférente quand elle est en scène. Pendant 10 ans sujet de l’Opéra de Paris, l’arrivée de Benjamin Millepied lui offre l’unique poste de première danseuse, si convoité depuis quelques années. Maintenant nommée étoile, elle va pouvoir montrer toutes ses qualités de solistes qu’on a pu voir ces derniers mois, notamment dans La Source, ou encore Le Chant de la Terre de John Neumeier.  Bravo à cette belle danseuse à qui on ne peut souhaiter qu’une belle carrière d’étoile, remplie de rôles et de belles rencontres artistiques !

Laura Hecquet

Laura Hecquet en quelques dates 

2000 : entre à l’école de danse de l’Opéra
2002 : est engagée dans le corps de ballet de l’Opéra de Paris
2004 : Coryphée
2005 : Sujet
2006 : Prix de l’AROP
2015 : Première danseuse.

Laura Hecquet et Vincent Chaillet dans Le Chant de la Terre

 

Vidéo de sa nomination

Amandine Albisson, nommée étoile de l’Opéra de Paris

Mercredi 5 mars 2014, à l’issue de la dernière représentation d’Onéguine, Amandine Albisson a été nommée étoile du ballet de l’Opéra de Paris.

Amandine Albisson

Une étoile quitte la scène, une autre prend sa place. La jeune danseuse s’est vue nommée étoile dans sa prise de rôle dans Onéguine. Brigitte Lefèvre a décidé de nommer celle qui est en pleine ascension artistique. Devenue première danseuse lors du concours de 2013, Prix de l’Arop, de nombreuses prises de rôles, voilà une montée vers la voie lactée qui est fulgurante.

Amandine Albisson est entrée à l’Opéra de Paris en 2006, après avoir fait l’école de danse. Elle passe coryphée en 2009, sujet en 2010, première danseuse en 2014.

Je n’ai pas beaucoup vu danser Amandine Albisson, mais elle est une danseuse délicate, aussi à l’aise dans le contemporain que dans le classique. Dans Le rendez-vous j’en garde un excellent souvenir. Elle a une belle carrière qui l’attend, j’en suis persuadée.

Félicitations à la nouvelle étoile ! Que sa route soit longue et remplie de beaux rôles.

Principaux rôles

Polymnie / Apollon (Balanchine), Pas de deux des paysans / Giselle (d’après Coralli et Perrot), Rain (De Keersmaeker), In the Middle Somewhat Elevated (Forsythe), rôle-titre / La Sylphide (Lacotte d’après Taglioni), Suite en blanc (Lifar), La Nymphe / L’Après-midi d’un faune (Nijinski), La Reine des Dryades / Don Quichotte, L’Hiver et l’une des deux Sœurs / Cendrillon, La Princesse Aurore / La Belle au bois dormant (Noureev), La Bohémienne et La Jeune fille / Le Loup, Vivette / L’Arlésienne, La Plus belle fille du monde / Le Rendez-vous (Petit), Afternoon of a Faun (Robbins)Vénus / Psyché (Ratmansky, 2011).

Prix

2009 : Prix du Cercle Carpeaux
2013 : Prix de l’Arop

Les adieux à la reine

Une soirée d’adieux est toujours un grand moment, surtout dans la maison qu’est l’Opéra de Paris. Vingt minutes de standing ovation, l’étoile Agnès Letestu, seule en scène, affiche un visage ému devant l’hommage que lui rend le public. Elle le dit d’ailleurs lors de sa remise de médaille d’Officier des arts et des lettres – remise par Hugues Gall – que c’est comme ça qu’elle voulait ses adieux, dans le rôle de Marguerite Gautier, avec le public. Sur la scène, elle va chercher ceux qu’elle aime ; Clothilde Vayer, qui, dès son arrivée dans le ballet, l’a aidée, dans le rôle du Sacre du Printemps de Nijinski notamment ; Aurélie Dupont ; son compagnon, qui fut administrateur de la danse dans cette grande maison ; Brigitte Lefèvre qui lui a permis tant de choses, et bien sûr celui qu’elle appelle sa « moitié artistique », José Martinez, qui la couvre de roses blanches. Les paillettes n’en finissent pas de tomber, certaines émotions n’en finissent pas de durer.

Agnès Letestu seule en scène

 

La Dame aux Camélias est un ballet néo-classique très théâtral, sur la musique de Chopin, dont on garde en tête les préludes de l’opus 28. J’adore la musique de Chopin, dramatique et narrative qui sied parfaitement à ce ballet. J’aime les robes toutes plus belles les unes que les autres. Ce ballet me fait rêver, car le personnage de Marguerite Gautier me touche profondément. La chorégraphie pourtant est inégale, les passages avec Manon et Des Grieux m’ennuient souvent, même très bien dansés par Eve Grinsztajn et Christophe Duquenne. Pourtant, j’ai l’impression d’être au cinéma, de suivre cette passion amoureuse, de vibrer comme son héroïne. Sans doute, cela vous semblera un peu puérile, mais les émotions sont là et bien réelles.

Agnès Letestu était superbe jeudi soir. Je ne l’avais pas revue dans La Dame aux Camélias depuis bien longtemps. Le raffinement de sa danse, et la pertinence de son jeu ont emmené le public dans l’histoire. Son partenaire, Stéphane Bullion, était lui aussi excellent et sa danse était très intense. Les trois pas de deux révélaient la communion des deux danseurs, leur complicité était sans pareille.

Standing ovation pour l'étoile

J’ai beaucoup pleuré, surtout pendant ces pas de deux. Agnès Letestu m’a bouleversée, et ce, depuis longtemps. Son cygne est sans doute un de mes préférés, avec ses bras remplis d’une matière qu’on voit trop peu chez les danseuses. Sa bayadère reste gravée dans mon esprit. C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai quitté la salle. Beaucoup de souvenirs aussi, car cela fait partie des étoiles que j’ai pu suivre depuis leur nomination jusqu’à leurs adieux. Une soirée partagée avec celles avec qui je fais de la danse depuis longtemps, et avec qui, postée en grand écart contre un mur, je pouvais parler pendant de longues heures d’Agnès Letestu, toujours admirable en tout et pour tout. La danse est un partage, cette soirée en fut remplie.

Standing ovation pour l'étoile

A lire sur les blogs : Impressions Danse, Danse avec la plume, Blog à petits pas, Danse-opéra, Les Balletonautes, La loge d’Aymeric,

Eleonora Abbagnato nommée étoile !!

La danseuse italienne est enfin reconnue à la hauteur de son talent ! Elle été nommée dans Carmen de Roland Petit ce soir, par Brigitte Lefèvre.
Son maître Roland Petit, du haut de sa constellation, doit être fier de celle dont il admirait l’élégance naturelle.

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Eleonora Abbagnato est née en 1978 à Palerme. Elle étudie la danse à Monaco, puis à l’école Rosella Hightower à Cannes. Très tôt, Roland Petit la remarque et la choisit pour danser dans sa Belle au bois dormant, ce qui lui permet d’entrer à l’école de danse. Elle est engagée dans le corps de ballet en 1996. Elle reçoit le prix Carpeaux en 1998, suite à son titre de finaliste à Varna. Elle gravit les échelons très rapidement (elle monte les échelons à chaque concours) et devient première danseuse en 2001. Elle prend une année sabbatique en 2007-2008 et revient sur la scène de Garnier la saison d’après pour la création de José Martinez. Parmi ses grands rôles, on retiendra tout particulièrement sa Giselle, ses rôles dans Kylian (Doux mensonges, clic, Bella Figura), l’élue du Sacre (clic), Anastasia dans Ivan Le Terrible, Kitri, le Parc,Artifact de Forsythe et bien sûr, tous ses rôles dans les ballets de Roland Petit. L’arlésienne (clic), Albertine, la prisonnière, la mort dans le jeune homme, Carmen, Esmeralda.

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Je suis personnellement ravie de cette nomination. C’est une danseuse que j’ai toujours appréciée, tant pour sa technique que pour ses interprétations. Toujours juste, avec une humilité très particulière quand elle salue sur scène, elle a un regard qui vous fait frissonner. C’est un grand bonheur de voir cette artiste enfin élevée au rang d’étoile !

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Plus de photos de la nomination, clic
Plus de photos d’Eleonora dans Carmen, ici.

Rencontre avec Ludmila Pagliero et Josua Hoffalt

La semaine dernière, l’AROP proposait à ses membres une rencontre avec Ludmila Pagliero et Josua Hoffalt, jeunes étoiles nommées l’an passé. Récit de ce portrait en questions de ces deux jeunes danseurs.

Brigitte Lefèvre : Nous fêtons nos 300 ans. Le 11 janvier 1713, Louis XIV fondait l’académie nationale de danse. Et voilà nos deux nouvelles étoiles. J’ai une admiration pour quelque chose qui se fait à la Comédie Française, ils numérotent les sociétaires. J’aurais bien aimé savoir les combientièmes étoiles sont Ludmila et Josua. A l’Opéra, chacun sait qui je dois nommer, qui je n’aurais pas du, etc… J’ai été intéressée par l’artiste singulier qu’est Josua Hoffalt. Il a une personnalité très affirmée. Sa nomination était très attendue. Ce qui est évident c’est que Josua est porteur d’une nouvelle génération. Laurent Hilaire qui le préparait sur la Bayadère était heureux de voir l’enthousiasme que ça provoque.
J’ai une énorme admiration pour Ludmila. D’abord parce qu’elle vient de l’extérieur. Elle a un courage absolu. Elle a fait le choix de l’Opéra de Paris, en restant elle-même. J’ai trouvé formidable qu’elle danse Bayadère au pied levé.
Pourquoi avez-vous fait de la danse  ? Quel est votre parcours ?

Josua Hoffalt  : C’était un peu le hasard. Je faisais du tennis, de la gymnastique, du piano. Et puis je suis allé voir le gala de fin d’année d’une copine. J’ai trouvé ça nul. A la rentrée suivante, c’est ma grand-mère qui m’a inscrit au cours de danse avec mes cousines, avec qui je m’entendais super bien et du coup, ça ne me dérangeait pas si c’était pour passer du temps avec elle. J’avais 8 ans. On me rabâche (très humblement) que j’ai du talent. Je suis le seul garçon. Les cours ne sont pas hyper drôles. Cela ne me plaît pas forcément.
Puis, j’ai commencé à regarder des vidéos de Baryshnikov. En le voyant, je me suis dit que ça pouvait être sympa. Du coup, j’ai tenté l’école de l’Opéra. Cela se passe plutôt bien. Je ne suis plus le seul garçon. Mes camarades sont Vincent Chaillet, Alexandre Labrot, Emilie Hasboun, Laura Hecquet et Mathilde Froustey. Je suis resté 4 ans à l’école sans redoubler. Mon entrée dans le corps de ballet a été rapide. L’accès aux rôles est très motivant. Mes blessures m’ont servi. J’ai pris du recul, j’ai regardé les autres. C’est très instructif. Quand je suis devenu premier danseur, j’ai véritablement changé de métier. J’ai du répartir mes efforts différemment. Ma nomination est arrivée au meilleur moment.

Ludmila par Sébastien Mathé

Ludmila Pagliero : Au début, quand j’ai commencé la danse, j’étais déçue. La prof avait un bâton pour nos jambes, il n’y avait pas de piano. Je disais à ma mère que j’avais « besoin de m’exprimer avec mon corps » mais ce cours ne me plaisait pas. J’ai fait du jazz et là ça a été le bonheur. La prof est allée voir ma mère et lui a dit qu’il fallait que je fasse du classique. J’ai donc repris et après 3 mois, j’ai intégré l’école de danse du théâtre Colon. J’y suis restée 8 ans. Au début c’était dur, il y avait ds examens et moi je n’avais pas les bases. Je me faisais engueuler. Puis les félicitations ont commencé à venir, assez rapidement en fait. Le ballet de Santiago m’ a proposé un contrat à 15 ans et demi. C’était un peu la panique chez moi. J’étais triste de quitter ma famille, si jeune, mais tellement heureuse d’être sur scène. J’y suis restée trois ans, ils m’ont nommée soliste, ce qui était une façon de tester mes capacités. C’est un petit ballet, on danse toujours la même chose, il n’y avait pas de chorégraphe, pas de danse contemporaine. Du coup, je décide de partir à New-York, dans le but qu’un directeur me voit. J’ai passé un concours j’ai gagné le grand prix et l’American Ballet Theater m’a proposé un contrat d’un an. Dans le même temps, un ami m’a dit d’essayer l’Opéra de Paris. J’y suis allée, sans pression, parce que personne ne me connaissait. Je rentre chez moi. Et là dans la nuit, le téléphone sonne, l’Opéra me propose un contrat de trois mois. Il fallait que je décide tout de suite. J’ai choisi Paris. On dansait Ivan Le Terrible. Je me suis demandée si j’allais être renouvelée, on m’a dit oui pour la saison. J’ai travaillé beaucoup, beaucoup plus. J’ai observé beaucoup, j’ai été très humble. Je n’ai jamais senti que je perdais mon temps ici. C’est une maison où on ne s’ennuie jamais.

Question du public : Avez-vous suivi des études ? Quand fait-on le choix d’être danseur, plutôt que de faire des études ?

Brigitte Lefèvre : je vous rappelle que les élèves de l’école de danse suivent un cursus scolaire et que la plupart ont le bac.

Josua Hoffalt : J’ai le bac. Pour ma part, j’ai décidé de devenir danseur quand j’ai vu un documentaire sur Nicolas Le Riche. Je me suis identifié à ce mode de vie.

Ludmila Pagliero : En Argentine, c’est compliqué. Il n’y a pas ce que vous avez en France. J’allais à l’école l’après-midi, mais c’était tout séparé. J’ai du prendre la décision de faire l’école par correspondance. Ma mère était très angoissée pour cela. Je ne voulais pas arrêter mes études même si la danse c’était ma priorité.

Question du public : On parle beaucoup du tricentenaire de l’école de danse. Comment vivez -vous cet héritage ? Et comment vivez-vous l’héritage de Noureev ?

Ludmila Pagliero : Rudolf Noureev a laissé quelque chose de très grand pour le monde entier, pas seulement à Paris.

Josua Hoffalt : L’opéra ne se réduit pas à Rudolf Noureev. J’ai envie pour ma part, d’avoir notre époque, avec nos chorégraphes, nos créateurs.

Brigitte Lefèvre : C’est important d’équilibrer les propose. Je ne veux pas qu’on  enferme la génération actuelle dans ce qu’il y a pu avoir avant. Il faut garder de Rudolf la passion qu’il avait de la danse. C’est un héritage qu’il ne faut pas vivre comme un poids mais comme un élan et un choix. Ce n’est pas une obligation.

Ludmila Pagliero : Nous sommes des danseurs classiques et contemporains, dans notre corps et notre tête.

Josua Par Agathe Poupeney

Question du public : Quel conseil donneriez-vous à un jeune enfant qui voudrait faire de la danse ? Comment savoir si c’est une vocation ?

Josua Hoffalt : C’est sûr qu’il faut le physique, mais le mental est très important aussi. A 8 ans on est jeune, je ne sais pas si on peut déjà parler de vocation. Il faut s’armer, car c’est un métier très injuste.

Ludmila Pagliero : J’ai rencontré des petites filles parfois très déterminées. Il faut savoir que l’adolescence est un moment compliqué. Il faut avoir besoin de le vouloir. Il faut beaucoup de force pour ne pas souffrir.

Question du public : Ludmila, est-ce que cela fut difficile de se faire une place ? Vous sentez vous « attachée » à la maison ? Avez-vous l’intention de partir ?

Ludmila Pagliero : Cela a été difficile, mais pas simplement à l’Opéra. Je trouvais Paris difficile à vivre. J’ai eu des gros coup de blues. Je venais pour apprendre, ma place s’est faite petit à petit. Partie ? Si il n’y a pus rien à apprendre je partirais… mais aujourd’hui j’apprends et je ne m’ennuie pas à l’Opéra.

Brigitte Lefèvre : Un artiste est par définition libre.

Question du public : Avez-vous conscience d’être d’une génération différente ?

Josua Hoffalt : Oui bien sûr. Mais cela va vite, il y a déjà des plus jeunes, d’autres qui sont prêt plus tôt. C’est court en fait une génération.

Ludmila Pagliero : Il y a la responsabilité qui grandit avec le départ des générations précédentes. Mais on commence déjà à donner, à transmettre. On est en mouvement constant.