La saison des rencontres convergens à l’amphi Bastille reprend enfin avec une répétition publique de La Source. Je n’avais pas de place, inscription tardive à l’Arop dont le contingent de places pour ce genre d’évènement a été réduit, mais je rentre et retrouve quelques balletomanes. Je m’installe avec AS*** mon amie de khâgne, cela faisait longtemps qu’on ne s’était pas vues, mais la classe prépa, ça crée des liens indestructibles (il fallait bien l’être…).
Brigitte Lefèvre entre et nous parle bien sûr de l’actualité. Elle nous donne des nouvelles de ses danseurs qui trouvent très agréable de danser Phèdre. Pour elle, cette saison est sous le signe du merveilleux, cela se poursuit avec la Source.
Puis elle revient sur Roland Petit, en disant qu’il nous a quitté en faisant cette mauvaise plaisanterie. Elle évoque la difficulté à rendre hommage à un grand chorégraphe. C’était très compliqué d’organiser un gala, elle a donc opté pour une soirée cinéma avec la projection du Rendez-vous et de Proust car Roland Petit aimait la façon dont ils avaient été filmés.
Jean Guillaume Bart fait son entrée et Brigitte Lefèvre revient sur leurs premières discussions autour de ce ballet. La première évocation date de 1997. Brigitte ne manque pas de rappeler les qualités de Bart, comme danseur et grand pédagogue. La dernière fois que La Source a été dansée en France, c’était lors de l’inauguration du Palais Garnier, on en a dansé un extrait.
Myriam Ould Braham, Florian Magnenet ainsi qu’Eléna Bonnay, la pianiste, entrent sur le plateau. Myriam est l’esprit de la Source, Florian est Djémil, le jeune chasseur qui vient se reposer tous les jours près de cette source. On va nous montrer un extrait du premier acte où Djémil a été laissé comme mort. Pour plus de précisions sur l’histoire, j’ai fait un résumé plus complet là.
La scène qui est présentée est celle où Naïla rencontre Djémil. Il faut bien comprendre qu’elle n’est qu’une petite chose fragile, une enfant, qui va tomber amoureuse de ce beau
jeune homme. Lui est intrigué par ce personnage merveilleux, il veut la connaître sans lui faire de mal. Elle est douce, délicate, il a arraché sa fleur magique. Quand elle apparaît, elle est un peu comme une bête effarouchée. Jean Guillaume Bart insiste beaucoup sur le travail des extrémités. Il montre, il est minutieux, il corrige. Un élève de mon cours de danse avait eu la chance de prendre un cours avec lui, et je savais qu’il était un pédagogue merveilleux. On aurait dit un sculpteur qui avait de la terre dans les mains. Il la manie, la transforme avec tant de délicatesse. Il utilise plein d’images, car il pense qu’elles sont parfois bien plus efficaces que de grand discours. Il évoque Fred Astaire, compare Naïla à un ruisseau qui doit onduler, tant il est insaisissable. Il revient sur la difficulté de cette scène. Il n’y a pas beaucoup de danse, d’un point de vue technique. Il y a du vide et c’est dur de combler le vide. Il se rappelle avec émotion la variation d’Albrecht, où il n’y a rien à faire à part remplir le vide, remplir la musique et l’espace, avec une intention. Cela s’acquiert avec la maturité, mais une fois qu’on y parvient c’est un bonheur immense. C’est cela qu’il faut chercher dans cette première scène, en se laissant porter par la musique. Jean-Guillaume Bart a d’ailleurs l’oreille fine et est très exigeant. Il ne tolère pas un retard d’un quart de temps. Parlons de la musique du ballet d’ailleurs, c’est un « mix » entre Delibes et Minkus. C’est la seule chose que je redoute un peu dans ce
ballet. Minkus mélangé à Delibes… bon je verrai bien.
Dans cette première scène, Myriam Ould Braham dévoile son personnage avec tendresse. Elle est délicieuse et correspond complètement à ce rôle. Délicatesse et douceur sont les mots qui s’accordent avec sa danse et la personnalité de Naïla. Florian Magnenet est toujours en pleine ascension, donc au top.
Jean-Guillaume Bart décide de nous présenter une autre scène. C’est un pas de deux dont il a fait l’ajout. Dans la création originelle, il y avait très peu de pas pour les hommes, et très peu de pas de deux. Il a donc procédé à des ajouts pour que ces messieurs aient un peu de matière (pour ma plus grande joie!). La salle est comblée et c’est avec de grands applaudissements que la salle les remercie.
Prochain rendez vous le 12 novembre avec Cendrillon. En passant je remercie chaleureusement J*** pour la place qu’elle m’a réservée pour le 12.
Les distributions de la source sont là.
A voir le superbe diaporama d’Anne Deniau avec les photos des coulisses
La Source, du 22 octobre au 12 novembre, séance de travail AROP le 18 octobre, répétition générale le 21 octobre.
Léo Delibes, Ludwig Minkus | Musique |
Marc-Olivier Dupin | Réalisation |
Jean-Guillaume Bart | Chorégraphie |
Eric Ruf | Décors |
Christian Lacroix | Costumes |
Dominique Bruguière | Lumières |
Clément Hervieu-Léger, Jean-Guillaume Bart | Dramaturgie |