danse classique

Le grand saut, rencontre avec Virginie Kahn

Le grand saut est un documentaire de 52 minutes qui sera diffusé sur Arte le 9 décembre, à 16H50.  Le film raconte la vie de douze jeunes danseurs au CRR de Paris.

Ce film, que j’ai eu la chance de voir, est un petit trésor. Les enfants sont filmés avec tendresse, les angles de vue dans les cours de danse sont différents de ce que l’on peut voir dans les habituels documentaires de danse. Les enfants racontent leur vie de danseur, leurs réussites, leurs déceptions, leurs blessures. C’est un film pétillant, qui raconte une histoire, une aventure. La lucidité des enfants sur leur art est incroyable, leur simplicité aussi. Un an au CRR, avec l’école, les déplacements, la vie de famille à gérer, on suit ces enfants dans cette expérience de vie. On les voit aussi dans des scènes dansées à l’extérieur, qui semblent des parenthèses de rêve. Bravo à tous ces enfants, qui ont fait un travail formidable ! A ne pas manquer !

Pour en savoir un peu plus sur l’envers du décor et ce joli projet, j’ai rencontré sa réalisatrice un soir de novembre. Nous avons eu une discussion passionnante, Virginie Kahn est une amoureuse de la danse, son émerveillement pour les enfants qui pratiquent cette passion, illumine ses yeux.

D’où est né ce film ?

C’était un projet personnel que j’avais depuis longtemps. J’avais déjà fait un film sur la danse : Danse, danse, danse et photographié un spectacle au Conservatoire : Le rêve d’Alice qui est à l’origine du film. j’avais été fascinée par l’investissement des enfants, leur implication, leur responsabilité assumée.
Je suis passionnée de danse depuis longtemps, j’ai voulu être danseuse. Ma fille aînée a fait de la danse au Conservatoire, mais après un an, elle n’a pas voulu continuer. C’était un univers trop professionnalisant à son goût. Elle aimait la danse, mais pas comme cela.

J’ai eu envie de comprendre ce qu’est s’investir dans une passion quand on est encore un enfant. Comment grandit-on avec la danse omniprésente dans sa vie, dans son corps ? Qui sont ces enfants passionnés ? D’où viennent-ils? Par quoi sont-ils motivés ?

Vous avez tourné au CRR. Comment avez-vous choisi les enfants ?

J’ai suivi une classe de douze enfants de 9-11 ans.  Ce n’est pas un film sur le CRR, sur l’institution. Ce qui m’intéresse, ce sont ces enfants.

J’ai choisi de filmer les plus jeunes d’entre eux, ceux qui entrent pour la 1re année au Conservatoire, alors qu’ils ont encore la tête pleine de rêves et d’illusions.

Comment s’est déroulé votre travail avec eux ?

Nous avons  travaillé pendant un an avec eux entre mai 2011 et juin 2012. Le tournage s’est effectué sur 39 jours, avec une toute petite équipe, le film a été tourné entièrement au Canon 5D Mark II de manière à avoir une image cinéma et une caméra peu intrusive.

C’était très important pour moi d’impliquer au maximum les enfants. Je voulais qu’ils se reconnaissent dans le film, qu’ils comprennent ma démarche, pourquoi je filmais de telle manière ou telle autre. Nous avons donc mené des ateliers sur le cinéma avec eux. Le Conservatoire avait accepté d’inclure ce projet dans l’emploi du temps des enfants. Ils ont appris à tenir la caméra, à écrire des interviews, à utiliser une perche pour la prise de son. Nous avons créer des espaces de confiance, où les enfants parlaient de leur amour pour la danse, de leur rapport à la danse. Au début, ils avaient du mal à dire cela avec des mots.

Les enfants étaient tous hyper impliqués dans le projet. C’est aussi leur film, une aventure commune. Les textes des voix-off sont les leurs. Au départ, je ne souhaitais pas qu’il y ait de commentaire, mais à la demande d’Arte j’ai du en composer un pour plus de lisibilité. Je l’ai imaginé en me mettant à la place d’un des enfants, avec ses mots. C’est l’une d’entre eux qui nous racontent leur histoire.

Quels sont les mots qui revenaient le plus à propos de la danse ?

S’évader, rêver, s’envoler. La danse est un échappatoire qui leur procure un bonheur et un plaisir intenses au delà de tout.

Vous avez déclenché des vocations ?

Oui ! Deux enfants ont dit que si ils ne réussissaient pas dans la danse, ils se verraient bien derrière une caméra.

Quelle trame avez-vous choisie pour le film ?

J’ai choisi de les filmer dans trois aspects de leur vie d’enfant. L’école, le conservatoire, et leur vie de famille. Ils ont des emplois du temps chargés. Ils font de la musique, du dessin, parfois les deux et dansent encore en dehors du Conservatoire. Ce n’était pas facile de greffer mon projet.

Comme ce sont des enfants qui dansent partout, tout le temps. C’est pourquoi j’ai aussi imaginé des scènes de danse en extérieur. Pour ces scènes, ils ont repris les danses d’Isadora Duncan qu’ils avaient travaillées pour une conférence dansée encadrée par Elisabeth Schwartz. Ce sont ces chorégraphies que l’on retrouve à la plage, sur la passerelle des Arts et à Montmartre. Je me suis aussi servie de ce qu’ils étaient capable d’apporter, comme cette chorégraphie qu’ils avaient eux-même créée et que j’ai adapté dans un square, place Dauphine.

Et puis j’ai du choisir des personnages, ce qui n’était pas aisé, car cela a créé des rivalités entre les enfants.

Qui sont ces enfants ? Sont-ils tous dans le même moule ?

Non, mais il y a des points communs, d’où mon choix de personnages. Ils sont tous ultra déterminés. Il y en a plusieurs qui n’habitent pas Paris, qui font une à deux heures de transports matin et soir et un qui vit en famille d’accueil.
Certains viennent de milieux culturels – parents danseurs ou musiciens – mais ce n’est pas le cas de tous. Certaines familles ont découvert la danse avec leur enfant, avec sa passion. Une fois de retour dans leur milieu familial, tous ne baignent pas dans l’univers de la danse, comme ce jeune garçon dont les deux frères aînés sont fous de rugby.

Leur histoire personnelle avec la danse est chaque fois différente, mais leur implication reste presque toujours la même. Ils sont dans une ambiance pré-professionnelle. La plupart d’entre eux participe à des concours, l’Opéra est souvent LE rêve ultime à atteindre. D’ailleurs, quatre des douze enfants de la classe y sont aujourd’hui entrés en stage !

Au final, vous avez répondu à votre interrogation d’avant tournage ?

Oui en quelque sorte. Ces enfants sont des amoureux de la danse. Peut-être n’exerceront-ils pas le métier de danseur plus tard, il est trop tôt pour le dire, mais aujourd’hui c’est là qu’est leur rêve. Le plaisir et la passion sont plus forts que tout et c’est ce que je voulais montrer. Ceux qui partent, qui quittent ce cursus, sont ceux pour qui les contraintes ont pris le dessus.
J’espère que les gens qui verront mon film auront envie d’aller danser !

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Danses partagées avec Jérémie Bélingard

Les danses partagées sont un concept très sympathique qui méritait d’être renouvelé plus souvent dans l’année. Cela se passe tous les ans au Centre National de la Danse à Pantin. Le principe ? Découvrir le maximum de styles de danse, hip-hop, danse classique, danse baroque, claquettes, flamenco, etc. Tous les ans, le CND invite des danseurs de l’Opéra de Paris pour partager leur connaissance de la danse classique. Cette année, Jérémie Bélingard était l’étoile invitée.

Je n’ai pas pu assister à l’échauffement, faute de temps, mais je suis arrivée à l’heure pour le cours de 15h30. Je retrouve Danses avec la plume et @chlcht qui sortent déjà enchantées de l’échauffement.

Le cours commence, Jérémie Bélingard déborde d’énergie, s’affole du peu de barres qui sont dans la salle. Après quelques déménagements, on s’installe et le cours peut commencer. Exercice pour se réveiller les pieds et les chevilles face à la barre, puis on enchaîne avec les pliés. Les exercices sont simples mais très vite le danseur nous interrompt dans le travail. Il nous demande de danser à la barre, de ne pas le prendre comme un exercice. Il avoue qu’il est « flemmard » mais que si on fait danser tous ces exercices, ils deviennent un grand plaisir. Ressentir et vivre la danse, sentir son poids du corps qui s’enfoncent dans le sol et qui permet de s’allonger, tel est le credo de Bélingard.
Avec beaucoup de gentillesse et de patience, il montre réexplique, entrecoupe les exercices par des petites anecdotes personnelles.Il corrige certains défauts que l’on voit beaucoup comme le fait de gigoter au niveau du buste, ou encore d’avoir les clavicules (et non les épaules !) en haut.

Après une barre simple, mais efficace, quelques étirements, le danseur nous invite à le rejoindre au milieu. Là encore, des exercices de base, mais il attend de nous qu’on y mette une certaine fougue. Il veut que l’on prenne des risques, tant pis si ça rate, tant pis si on tombe mais il faut danse, suivre la musique, et prendre du plaisir. Avec beaucoup de tendresse, il s’amuse de nos erreurs. Les droitiers obsessionnels qui, même à gauche, font les tours à droite, les bavardes qui les bras en couronnes, continuent l’exercice tout en discutant en se regardant, ceux qui vont trop vite sans écouter la musique. L’ambiance est bonne, on rigole beaucoup, on se régale quand Jérémie Bélingard montre quelques pas et s’envole. On voudrait que ça dure plus longtemps, c’est toujours passionnant de voir un danseur évoluer sous nos yeux et partager son art. Merci encore à Jérémie Bélingard pour cette belle après-midi !

Les danses partagées se poursuivent demain, Jérémie Bélingard y donne de nouveau 2 cours (15h30/17h30). N’hésitez pas à y participer ! Plus d’infos sur le site du CND, clic.

 

Saisons russes au TCE édition 2012

 

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Passé le petit pitch d’introduction sur l’importance du mécénat dans ce genre de soirée, voilà que la soirée commence avec une nouvelle création de Patrick de Bana, le fameux qui avait chorégraphié  Marie Antoinette pour le ballet de Vienne. Ce ballet un peu fade, avec lequel j’avais été clémente avec le recul, m’avait un peu ennuyée mais pas autant que cette Cléopâtre, qui ne m’a pas du tout plu. Il ne suffit pas qu’un cadeau soit bien emballé pour qu’il nous plaise (pensez donc à tous ces Noëls où vous découvrez une horreur dans un si joli paquet…). Décors sublimes et grandiloquents, costumes luxueux, belles lumières, un écrin si délicat pour un bijou en toc. Quoi de mieux en plus que d’excellents interprètes pour réécrire ue chorégraphie d’après Ida Rubinstein. Et bien rien en fait, mais cela n’a pas suffit pour faire une chorégraphie qui ait de l’audace. J’ai trouvé tout terne et sans éclat. Hormis un très beau pas de deux où la danseuse se prépare en coulisses pour aller danser son rôle. Le théâtre dans le théâtre n’est pas une mauvais idée, mais il introduit beaucoup de longueurs. La chorégraphie manque de dynamisme et la
narration n’est pas très lisible. On se perd dans des styles très différents mais qui n’apporte mais pour autant le rythme qui susciterait la curiosité du spectateur. Je ne garde que très peu d’images dans ma tête de ce ballet, si ce n’est la sensualité débordante d’Ilze Liepa, qui a réussi à magnifier des scènes chorégraphiquement creuses.

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S’ensuit Un spectre de la rose, un peu fade, avec un jeune garçon, dont j’ai égaré le nom, qui avait du mal à bondir… La danseuse en revanche était d’une délicatesse
dans les bras et son port de tête… de la vraie dentelle.

Le clou de la soirée était sans conteste L’oiseau de feu. Il ne manquait que l’orchestre pour que ce soit complètement parfait. Alexandra Timofeeva était éblouissante de
justesse. Ses bras, véritables ailes, m’ont captivée. Les ensembles étaient très beaux, notamment le passage des pommes. Le prince, incarné par Ilya Kuznezov, ne déméritait pas. L’air fier, une belle allure, une danse aux sauts plein d’amplitude il a raconté son histoire avec une grande aisance. On se laisse bercer par le conte comme des enfants. C’est assurément le meilleur spectacle de la soirée, à revoir sans modération.

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Merci à A***D. pour la place.

CLÉOPÂTRE – Ida Rubinstein

Nouvelle Chorégraphie: Patrick de Bana sur une idée d’Andris Liepa
Livret: Jean-François Vazelle
Musique: Maurice Ravel, Igor Stravinski, Nikolaï Rimski-Korsakov, Jules Massenet, Gabriel Fauré, Alexandre Glazounov, Omar Faruk Tekbilek
Décors : Pavel Kaplevich, Costumes : Ekaterina Kotova.

Avec :
Ilze Liepa: Ida Rubinstein / Cléopâtre
Artem Yashmenikov: Robert de Montesquioux
Mikhail Lobukhin: Michel Fokine
Mikhail Martynyuk: Vaslav Nijinski
Danila Korsuntsev: Monsieur G.
Natalia Balakhnicheva: Tamara Karsavina
Alexandra Timofeeva: Anna Pavlova
Veronika Varnovskaya: Bronislava Nijinska
Igor Pivorovich: Serge Diaghilev

 

 

L’OISEAU DE FEU

Ballet en un acte et deux tableaux

Musique d’Igor Stravinski
Chorégraphie de Michel Fokine
Décors et costumes d’Anna et Anatoly Nezhny d’après Alexandre Golovine et Léon Bakst

Avec :
Alexandra Timofeeva (L’Oiseau)
Ilya Kuznezov (Le Prince Ivan)
Natalia Balachnicheva (La Princesse)
Igor Pivorovich, les solistes et le Ballet du Kremlin

 

 

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Saisons russes au TCE édition 2012:
 

 

Passé le petit pitch d’introduction sur l’importance du mécé …

Myriam Ould-Braham nommée étoile

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© Agathe Poupeney

Quelle année ! Myriam Ould-Braham a été nommée étoile ce soir dans La Fille Mal Gardée, ballet de Frederick Ashton. On attendait ce titre depuis longtemps pour cette
jeune danseuse, talentueuse et avec des qualités rares. Danseuse atypique, toujours surprenante, ce petit bout de femme a la capacité de prendre les rôles avec un talent certain. La légèreté de ses bras n’est plus à démontrer quand on a vu sa Nikiya, sa force de caractère dans sa Juliette l’an passé, son evanescence dans Naïla. Elle a l’intelligence des grandes étoiles qui savent s’approprier avec un rôle, faire que la technique serve le rôle.

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© Elendae

Après Josua Hoffalt et Ludmila Pagliero, une troisième étoile vient rejoindre la constellation de l’Opéra de Paris. Merci à Elendae pour sa vidéo vite postée, qui même derrière mon écran, me
donne des frissons.

Félicitations à cette très belle ballerine !

 

Dates importantes :

1996 : entre à l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris.
1999 : est engagée à 17 ans dans le Corps de Ballet.
2001 : Coryphée
2002 : Sujet
2005 : Première Danseuse.

Prix Carpeaux en 2002, Prix Massine en 2005 et Prix de l’AROP en 2005.

 

Gala Karl Paquette 2012

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Dimanche direction Saint Maur pour assister au Gala Karl Paquette où j’embarque avec moi Palpatine et fais connaissance avec son amie La Pythie.

Comme d’habitude un programme très classique, on ouvre le bal avec le pas de six de Raymonda. Pierre-Arthur Raveau est très en forme et me fait une belle impression
pendant ce pas de six. Grâce, fluidité et légèreté, il donne à voir de belles choses. La variation de la claque est un peu trop molle à mon goût et manque de séduction et de sensualité. J’apprécie la fin de ce pas de six avec les pas de caractère, mais de toutes façons, Raymonda et moi, cela n’a jamais été ça.

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On poursuit avec Addagietto d’Oscar Araiz qui est un pas de deux sur la musique de Gustav Mahler. Très joli pas de deux, idéal pour un gala, il est dansé par Laure Muret
et Simon Valastro. C’est très aquatique, avec de jolis portés, mais ce n’est pas la chorégraphie du siècle non plus (cela se saurait).

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Karl Paquette arrive en grande forme avec Héloïse Bourdon pour danser le pas de deux du deuxième acte de la Bayadère. C’est toujours agréable de voir La Bayadère, qui reste un de mes ballets préférés. Sans le palais, le tigre et autre, c’est différent, mais Karl Paquette déploit une telle énergie à emporter le public avec lui, qu’on passe un bon moment. Héloïse Bourdon se montre une Gamzatti très noble, toujours avec ce port de tête élégant. Jolis série de fouettés pour elle, manège tout en légèreté pour lui.  Les deux danseurs sont très applaudis.

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Après un court entracte, retour de tous pour danser les acte I et III de Don Quichotte. Marine Ganio danse avec Fabien Révillon l’acte I. Elle est une Kitri pétillante,
et parvient, malgré le manque de décor à nous plonger un peu dans cet univers espagnol. Pleine de piquant et de malice, j’ai beaucoup aimé ses deux variations, celle des castagnettes et la première avec le grand développé/grand jeté.

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Le pas de deux du troisième acte est dansé par Héloïse Bourdon et Karl Paquette. Malgré une prestation un peu plus fragile on passe un très bon moment. Hâte de voir ce que donnera Héloïse Bourdon en décembre prochain dans le rôle de Kitri sur trois actes.

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Une belle après midi, merci encore à JMC pour les places.