Carolyn Carlson

Nouvelles de 2013 n°14

Cette soirée au T.C.E. fut sans doute la plus belle depuis plusieurs mois. Quels sacres ! Voir celui de Nijinsky, a provoqué une émotion particulière, qui n’était rien face à celle ressentie devant le Sacre de Sasha Waltz… Relire ma chronique, clic

Ma semaine fut plutôt studieuse, et j’ai fui les salles de théâtre (si, si c’est possible). Je voulais aller au cinéma, je n’ai pas pris ce temps j’espère en avoir le temps cette semaine. Allez cette semaine va être explosive, voilà trois spectacles que je vais découvrir, faîtes en donc de même !

  • Les sorties de la semaine

On poursuit le Centenaire du TCE  avec la venue à Paris du Tanztheater wuppertal de Pina Bausch, qui vient danser le Sacre du printemps. Sans doute une des plus belles chorégraphies sur cette musique, celle en tous les cas qui ne peut vous laisser indifférent. Au sol, de la terre noire, sur laquelle la danse devient transformée. Les corps semblent sortir de terre, elle leur colle à la peau. On est emporté jusqu’à une danse de l’élue qui vous prend au coeur.
Relire ma chronique sur le ballet donné à Garnier, clic
Infos, tarifs, et réservations, clic

Sacre Pina

Dans un tout autre genre, on va à la Villette pour découvrir un spectacle tout à fait original, We were horses de Carolyn Carlson et Bartabas. Pendant un mois et pour fêter le 10ème anniversaire de l’académie équestre de Versailles, Bartabas s’installe à la Grande Halle de La Villette pour un mois du 7 au 30 juin. Le spectacle est né de la rencontre des deux artistes. 16 danseurs, 9 écuyers pour vous emmener dans une féerie toute particulière. Autour du spectacle, des matinées sont organisées pour découvrir le travail des écuyers, qui comme celui des danseurs, est une discipline quotidienne. Des ateliers pour les enfants et des soirées sont organisés. Les cinéma MK2 Seine et Loire organisent eux aussi des séances autour du travail du plus célèbre des écuyers.
A noter, sur Twitter, vous pouvez gagner 2×2 places en « retweetant » le tweet du concours. Tirage au sort, mercredi.
Plus d’infos et réservations, clic

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Enfin direction Rueil Malmaison pour découvrir ou redécouvrir la compagnie 3ème étage de Samuel Murez, danseur de l’Opéra de Paris. Il a eu ce besoin vital de créer cette troupe pour prendre le temps de chorégraphier, de faire des choses différentes du travail à l’Opéra. Entouré de danseurs de l’Opéra, Ludmila Pagliero, Josua Hoffalt, Jérémy Loup Quer, Takeru Coste, François Alu, Laura Hecquet, Léonore Baulac, Lydie Vareilhes, Hugo Vigliotti, Fabien Révillion. Le spectacle Désordres est donné au théâtre André Malraux du 8 au 12 juin. On y découvrira des pièces déjà dansées par la compagnie et de nouvelles créations. A noter, cet été la compagnie participera au très prestigieux Jacob’s Pillow Festival.
Réservations www.3e-etage.com/tam ou 01.47.3.24.42.

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  • La photo de la semaine : Aurélie Dupont et Jérémie Bélingard par Christian Lartillot

Aurélie Dupont et Jérémie Bélingard par Christian Lartillot

  • La vidéo de la semaine

Digression toute personnelle, un très bel anniversaire cette semaine, à la femme que j’aime le plus au monde, ma maman.

 

Saison 2013 2014 à la maison de la danse de Lyon

L’an prochain, on va à Lyon pour voir de la danse ! Pourquoi ? Et bien parce que ce n’est pas loin de Paris, parce que Lyon c’est beau, parce qu’on y mange et on y boit bien, parce que cette ville consacre beaucoup d’évènements à la danse. Entre l’Opéra et la maison de la danse, il y a de quoi se faire plaisir, à petit prix. Amoureux de la danse contemporaine, bienvenus à Lyon.

La maison de la danse est dirigée par Dominique Hervieu qui met un peu entre parenthèse son talent de chorégraphe pour gérer avec un grand enthousiasme cette grande maison. La saison 2013 2014 réserve de belles surprises. Au niveau des tarifs, des prix doux, sauf sur les grands spectacles très demandés pour financer des festivals de nouveaux créateurs, des spectacles à moins grande visibilité médiatiques.

La Maison de la danse est très en avance sur beaucoup de théâtre et dépoussière avec beaucoup d’efficacité les vieilles habitudes. Elle renouvelle son public, développe des outils de communication très efficaces (comme « la minute spectateur » où Dominique Hervieu présente les chorégraphes aux spectateurs, clic), organise de nombreuses rencontres avec les artistes ainsi que des ateliers de pratique pour les amateurs. Elle collabore aussi avec 800 classes lyonnaises. Elle développe le merveilleux site numeridanse.tv, créé par Charles Picq, ressource merveilleuse qui contient de plus en plus d’archives.

Une belle saison que voilà :

  • Benjamin Millepied, L.A. Dance Project du 17 au 21 septembre

Avant de prendre ses fonctions comme directeur de l’Opéra, Benjamin Millepied continue de tourner avec sa compagnie de jeunes danseurs. On découvrira deux créations, dont une très attendue du jeune chorégraphe Justin Peck, très à la mode en ce moment. Puis, une pièce de Millepied.
Création Emmanuel Gat,
Création Justin Peck
Reflections de Benjamin Millepied
Voir un extrait vidéo pour découvrir les danseurs, clic.

  • Kader Attou du 24 au 28 septembre

The Roots est un spectacle de hip-hop avec une très jolie mise en scène. Le directeur du CCN de la Rochelle mélange les styles et crée un pièce pleine d’humanité.
Le spectacle sera filmé par ARTE Live Web
Voir un extrait vidéo, clic

  • Inanna de Carolyn Carlson du 1er au 03 octobre

Sept femmes pour évoquer une déesse. Avec Inanna, Carlson signe un ballet poétique et très sensuel.
Relire ma chronique, clic

  • Dialogue avec Rothko de Carolyn Carlson le 05 octobre

70 ans, presque pas une ride et encore sur scène. Elle met en scène ce qu’elle avait déjà écrit dans un livre, sa rencontre en 1974 avec le peintre. Un seul soir à ne pas manquer.
Extrait vidéo, clic

  • Ballet National de Marseille du 09 au 11 octobre

Avec Moving Target Frédéric Flamand continue son dialogue avec l’architecture. Cette pièce pour 15 danseurs montre toute la technique du ballet de Marseille associée à une belle scénographie.

  • Les Tiscits du 15 au 18 octobre

Les Franglaises  est un spectacle très drôle dont le principe est de traduire toutes les grands tubes de la pop anglaise en français. Pensez à Singing in the Rain….
Extrait vidéo, clic

  • Via Katlehong du 5 au 8 novembre

Sophiatown, est une création mondiale en résidence et fait partie du cycle Afrique du Sud. Entre danses traditionnelles et musique jazz, cette création promet d’être explosive et pleine de fraîcheur.

  • Dada Masilo du 13 au 17 novembre

Le succès de son Swan Lake n’est plus à démontrer, il faut donc foncer retourner voir cette pièce, que vous pourrez aussi voir à Paris au Théâtre du rond Point.
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  • Mamela Niamza et les Soweto’s finest le 18 novembre

Mamela Niamza va crée pour ces Kids une chorégraphie pour la première fois. Ce qui est annoncé c’est quelque chose de très rythmé, et très urbain.

  • Alonso King du 22 au 29 novembre

Alonso King a une des plus belle compagnie américaine. Ses danseurs, de toutes origines, ont une technique assez impressionnante. On pensera à l’univers du NDT, avec des danseurs comme chez Alvin Ailey. A voir sans aucun doute. Deux pièces seront présentées : Resin et une création.
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  • Compagnie Diptik du 19 au 23 novembre

En Quête est une création de cette compagnie stéphanoise dirigée par Souhail Marchiche et Madhi Meghari, dans un style hip hop qui raconte le déracinement.

  • Cirque Eloize du 5 au 20 décembre

Gros succès qu’ID qui revient une fois de plus en France. A découvrir ou à revoir en famille.
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  • Ivana Müller du 9 au 20 décembre

Partituur est une création participative destinée au jeune public. A chaque soirée, une nouvelle création ! Les enfants ont un casque audio et suivent des consignes.

  • Akoréakro du 7 au 14 janvier

Pffffffff est aussi un spectacle destiné au jeune public. Entre acrobatie et danse, ce spectacle déridera petits et grands.

  • Hofesh Shechter du 17 au 21 janvier

Sun est une création qui comme toute la danse d’Hofesh Shechter est puissante, presque agressive, qui met en transe ceux qui l’expérimente. Sa danse est très précis, pleine de détail, mais toujours très rythmique, qui nécessite un engagement viscéral des danseurs.
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  • Parcours entre tradition et modernité

Abou Lagraa Univers… L’Afrique du 24 au 26 janvier Danser l’Afrique sur des airs de Nina Simone. Le chorégraphe algérien saura encore vous étonner. Voir un extrait, clic

Denis Plassard, Rites du 28 au 30 janvier. Cette pièce est intrigante puisqu’elle est annoncée comme une création conférence dansée.

DeLaVallet Bidiefono Au delà les 3 et 4 février. Création pour Avignon 2013

Enclave espagnol En plata du 6 au 8 février, est un voyage à travers l’Espagne et ses danses.

Sidi Larbi Cherkaoui et Shantala Shivalingappa :  Play du 12 au 14 février. Attention chef d’œuvre à ne pas manquer. Les deux artistes se rencontrent pour dialoguer par la danse de leurs racines. Voir un extrait vidéo, clic. Le spectacle sera filmé par ARTE Live WEB.

Arushi Mugdal Sutra le 16 février.

  • José Montalvo du 19 au 23 février

Le complice de Dominque Hervieu s’invite dans sa maison pour présenter son Don Quichotte du Trocadéro.
Extrait vidéo, clic

  • Olivier Dubois les 26 et 27 février 

Tragédie est une pièce très forte. 18 danseurs nus, qui vont entrer dans une chorégraphie somptueuse et pleine de complexité. A voir sans aucun doute.
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  • Philippe Decouflé du 18 au 21 mars

Panorama est une dose de bonne humeur dont on ne saurait se passer !
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  • Festival Sens dessus dessous du 25 au 29 mars

Ulf Langeinricht
Catherine Gaudet
Simon Tanguy, qu’on retrouvera aussi dans la programmation du Théâtre de la Ville.
Alain Platel
Patricia Arpegi
N. Hubert et M. Mandel
Raphaëlle Delaunay

  • Pilobolus du 2 au 13 avril

Shadowland est un des gros succès populaires de l’hiver. A découvrir ou à revoir en famille.
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  • Emanuel Gat les 16 et 17 avril

The Goldlangbergs est la nouvelle création du brillant chorégraphe qui m’a époustouflée cet hiver avec Brillant Corners. Elle sera présentée bientôt à Montpellier Danse 2013.
Voir un extrait vidéo des répétitions, clic

  • Thomas Guerry et Camille Rocailleux du 23 au 25 avril

Solonely est une création qui s’approche du cirque qui sera aussi à découvrir en famille.

  • Les ballets de Monte Carlo du 21 au 25 mai 

Jean-Christophe Maillot veint à la maison de la danse présenter son Lac  qui comme tous ses ballets promet d’être sublime. Cette relecture saura encore nous surprendre et nous émouvoir.
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  • Carlotta Ikeda du 4 au 6 juin

Cher Ikkyû est un spectacle qui se découvrira aussi en famille. L’occasion de découvrir le buto à travers un conte s’inspirant d’un personnage réel.
Voir un extrait vidéo, clic

  • CNSMD de Lyon les 12 et 13 juin

Il faut aller découvrir les jeunes danseurs qui danseront du répertoire et une création de Shlomi Tuizer et Edmond Russo.

Pour vous abonner, c’est par ici.

Inanna de Carolyn Carlson

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© Agathe Poupeney

Si la déesse mésopotamienne a inspiré Carlson pour écrire cette chorégraphie pour sept femmes, il ne faut pas s’attendre à y voir raconter son histoire. Carlyn Carlson n’a pas pour habitude de faire une danse narrative. La chorégraphe, danseuse et poétesse donne à voir un spectacle qui met en valeur les différentes facettes d’une femme. Inanna fut une déesse complexe, hermaphrodite, régnant sur le ciel et voulant détrôner sa soeur régnant sur les Enfers, déesse de l’amour physique et de la guerre. Un personnage bien complexe à la mythologie peu connue, il n’en fallait pas moins pour s’emparer du sujet. On est loin d’une construction à la Siddartha, il s’agit plus d’une évocation.

La scène s’ouvre avec une femme à l’accent italien prononcé, vêtue d’une robe de velours rouge. Elle parle de ce qu’est une femme, comment on la perçoit, comment elle même se perçoit, comment on la caricature. Cela fait rire l’assistance, surtout quand elle dévoile son string à strass, d’un goût suspect et volontairement provocateur.

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© Agathe Poupeney

Dans le mythe d’Inanna, elle descend aux Enfers, en passant sept portes. A chaque porte, elle enlève un vêtement ou un bijou, se retrouvant ainsi nue face à sa soeur, démunie de tout pouvoir pour s’emparer des Enfers. Les sept femmes de cette pièce vont ainsi finir nues face au public. Avant, c’est un recueil de poésie, qui s’ouvrent sous nos yeux. Des tableaux se succèdent, qui prennent des couleurs différentes, qui parlent de choses différentes. Certains vous marquent, d’autres vous heurtent. Côté chorégraphie, rien de bien neuf sous le soleil. Carlson propose une danse fluide, comme une belle écriture calligraphique dans l’espace.

Parmi les tableaux qui m’ont particulièrement touchés, il y a celui où elles entrent en kimono. C’est un instant très intime, on presque l’impression d’entrer dans un gynécée
très privé. Les mouvements lents, dans les tissus de soie sont un passage très doux. Deux femmes dansent tandis que les autres sont allongées en bas d’une sorte de montagne. Le passage qui a suivi par contre m’a tapé sur le système. Des femmes, qui parlent, dans toutes les langues, le ton monte, chaque voix veut se faire entendre, et cela devient vite une cacophonie. On se sent un peu exclu de cette conversation incompréhensible, même si parfois entre deux langues inconnues on perçoit des mots familiers.

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© Agathe Poupeney

Il y a deux danseuses qui m’ont particulièrement marquée. Tout d’abord, la danseuse japonaise qui avait un regard très perçant et une danse à la technique exemplaire. Son solo m’a beaucoup touchée. C’est avec beaucoup d’énergie qu’elle déploie une danse dans laquelle les formes tournent, les bras s’enroulent et se déroulent. On est absorbé par le charisme de cette danseuse qui semble peindre sur une toile avec son corps. La scénographie met par ailleurs bien en valeur les corps. Lumières de couleurs chaudes ou froides, mais bien affirmées, la chorégraphie ressort aisément. Des clichés inspirés de la photographe Francesca Woodman apparaissent aussi parfois en fond. Dessus, des femmes, qui renvoient nécessairement à nos sept danseuses.

L’autre danseuse qui m’a complètement emportée est une brune aux cheveux noirs et longs (sur la photo des saluts, en kimono doré). Son solo est lui aussi un moment de grâce. Elle déploie une puissance dans sa danse, notamment dans ses tours et sauts.

Certains passages sont poétiques, d’autres plus humoristiques, comme celui des chaussures à talons. Elles entrent de dos, se tordant les chevilles, perchés sur des sandales ou escarpins trop hauts. Symbole de féminité mais aussi de souffrance (qui n’a jamais eu ampoules, d’entorses, de mal de dos en voulant rendre la jambe plus fine…), Carolyn Carlson se joue des clichés. De même avec de mystérieuses balles qui se baladent sous les vêtements. Tantôt poitrine, tantôt fesses, les formes féminines se déclinent, et parfois, cette balle prend même la place d’un pénis. Fantasme ? Ou bien renier sa féminité ? Carlson pose des problématiques sans forcément y répondre mais propose une vision de la femme, multiple certes, mais finalement assez
complète.

Les pétales de rose qui tombent sur cette sculpture, les rires, les pleurs, les faiblesses, tout est montré, de ce qui fait un individu. Finalement, les montrer à nu c’est peut être dévoiler ce qu’il y a au fond de leur âme, de les montrer sans artifice, seul un masque pour cacher quelque chose qui appartient à chacun.

A lire ailleurs : Blog à petits pas.

Le spectacle a été capté le 17/02/2012 par ARTE LIVE WEB, il sera donc bientôt disponible sur leur plate forme.

Merci à Emilie pour l’invitation.

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Chorégraphie pour 7 femmes

Hommage à Francesca Woodman

Chorégraphie Carolyn Carlson

Musique originale Armand Amar

Musique additionnelles Bruce Springsteen, Tom Waits

Lumières Rémi Nicolas

Scénographie Euan Burnet-Smith

Costumes Manue Piat

Masques Monique Luyton

 

Avec Chinatsu Kosakatani, Isida Micani, Sara Orselli, Sonia Rocha, Cristina Santucci, Sara Simeoni, Alessandra Vigna.

 

Danser sa vie au Centre Pompidou

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Mercredi s’ouvrait la nouvelle grande exposition du Centre Pompidou, intitulée Danser sa vie. J’ai fait l’inauguration en deux parties. Le matin je suis allée à Videodanse. C’est un dispositif, qui a permis de numériser de nombreux films de danse, que ce soit des documentaires, des spectacles filmés, ou encore des performances visuelles ayant trait à la danse. Tous les premiers jeudi du mois, vous pouvez d’ailleurs découvrir un ou deux films, selon la programmation, au cinéma du musée (avec le Laissez-passez, l’entrée est gratuite).

Alain Seban (directeur du Centre Pompidou) nous présente assez ému et pas peu fier, le programme qui va avoir lieu durant toute la durée de l’expo. Plus de 150 films à voir et à revoir, allez voir sur le site et faîtes votre sélection.

On commence donc par voir la captation d’un spectacle de Jérôme Bel, Pichet Klunchun and myself (2005). Je n’avais jamais vu ce spectacle, mais il est dans la lignée de ceux fait avec Véronique Doisneau et Cédric Andrieux.

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas son travail, le principe est simple. Faire parler un danseur de son travail, le faire illustrer son propos avec des pas de danse. Avec Cédric Andrieux, qui parle de son parcours via la compagnie de Merce Cunningham ou avec Véronique Doisneau, qui raconte le quotidien d’une danseuse à l’Opéra, Jérôme Bel laissait les artistes seuls en scène, se confier à un public. Là Jérôme Bel se met en scène avec Pichet, pour confronter leurs cultures respectives. Pichet est danseur de Khôn thaïlandais, sorte de danse traditionnelle, anciennement noble, reconverti en attrape touriste par toutes les agences de voyage.

Le dialogue n’est pas inintéressant, mais il me lasse parfois, surtout l’attitude de Jérôme Bel, qui à mon sens joue parfois le faux naïf. Bien sûr qu’il y a besoin de faire comme si, de jouer à celui qui ne connaît rien, mais des fois, il est à la limite et cela m’a mise mal à l’aise. Il tente aussi d’expliquer son point de vue, comme artiste contemporain occidental. Là aussi le point de vue me semble simplet. En gros, en Europe, il y a trois choses importantes pour le développement de l’art contemporain : l’état, les artistes et le public. L’état donne de l’argent aux artistes sans savoir quels sont leurs projets et le public vient voir les artistes, sans savoir ce qu’ils vont voir. Par conséquent, le public étant averti, Jérôme Bel ne comprend pas pourquoi, le public demande parfois à être remboursé (The show must go on…). Il défend aussi sa conception de mettre à égalité le public et l’oeuvre d’art, de rendre l’art accessible à tous. Je ne suis pas forcément en contradiction avec tout ce qu’il dit, mais c’est plutôt la manière dont il le dit… A la fin de la projection, il arrive devant une salle pas très accueillante, il faut bien le reconnaître, mais avec des mots assez froids en retour. Il nous dit que de toutes façons ce n’est qu’un film, que ce n’est pas le spectacle et que les musées et les films c’est enterrer l’art… Je ne vous dis pas l’ambiance de la salle qui se vidait peu à peu…Pas très réussie cette ouverture et c’est bien dommage, car ce dispositif est vraiment super et il y a plein de films à voir. Je ne reste pas pour le petit verre proposé suite à la projection, car j’avais la veille fait un petit vol plané dans un couloir, et radio et kiné m’attendaient…

Je reviens tout de même le soir, en bonne compagnie, pour prendre le temps de visiter l’exposition.

J’ai apprécié cette exposition, mais elle n’est à mon avis pas abordable pour des gens qui ne connaissent pas la danse et c’est un peu là, le reproche qu’on peut lui faire. L’exposition est bâtie autour de trois axes :

  • La danse, comme l’expression de la subjectivité
  • La danse et l’abstraction
  • La danse et la notion de performance.

Ces axes permettent de voir comment la danse a dialogué avec les arts visuels tout au long du XXème siècle, et comment ils se sont influencés.

La première partie, est plutôt intéressante et accessible. On entre en regardant une grande toile de Matisse, tout en ayant à l’oeil ce jeune homme qui fait une performance au
sol. L’ambiance est donnée, on veut un peu déstabiliser le visiteur qui va être trimballé d’une époque à une autre, d’un courant à un autre, d’un art à un autre. Dans les salles, les musiques de Stravinsky et de Debussy s’entremêlent.

Au milieu de la deuxième pièce, L’après midi d’un faune, dansé par Nicolas Le Riche trône au milieu de photos d’Isadora Duncan, grande prêtresse d’une danse libre de toutes contraintes artificielles.

On retrouve toutes les mouvements qui ont contribué à produire une danse contemporaine libre, avec Laban, Mary Wigman, Kurt Joss. La nature est au centre de cette nouvelle danse, il y a beaucoup de photos de jeunes gens qui dansent, souvent nus dans la nature. Kurt Joss c’est un des maîtres d’une certaine Pina Bausch et cette première partie se referme sur Le Sacre du Printemps, dansé par le Tanztheater en 1978, vidéo qui n’est pas d’ailleurs pas d’une grande qualité.

J’avais assisté à une conférence intéressante au Théâtre de la ville à ce sujet, à relire là. Cela permet de remettre un peu d’ordre dans cette partie d’histoire de la danse.

Dans la deuxième partie de l’exposition, il s’agit de comprendre comment la danse a participé à l’abstraction en art, avec des courants comme celui du Bauhaus. On trouve des extraits de danses futuristes, avec des costumes qui géométrisent le corps, qui le rendent artificiel. On est alors loin d’un corps proche de la nature comme dans la première partie. Il va être question de rationaliser la danse peut être. Comment faire des lignes et des points se demande alors William Forsythe. Laban continue ses recherches et veut lui aussi contraindre la danse dans un vocabulaire que l’on pourrait noter. La pièce sur le Bauhaus est impressionnante, des vieux costumes trônent au centre de la pièce, entourés de croquis de Laban, de dessins pour des mises en scène plus que carrées ! Les couleurs primaires font la loi dans les productions présentes. Cette partie se termine sur Alwin Nikolais, maître en la matière d’abstraction, jugez plutôt.

 

La dernière partie de l’exposition est un peu un fourre-tout à mon sens. On veut y montrer plein de choses, qui ont parfois peu de rapport entre elles. On y voit cependant des oeuvres intéressantes. J’ai beaucoup aimé le Wahrol sur Cunningham, ou l’espace consacré à la danse pop. On y erre un peu, car il y a beaucoup de choses avant. Je crois que la prochaine fois, je commencerai par cette partie, pour mieux comprendre pourquoi cela a été présenté comme cela.

Dans l’ensemble, c’est une belle exposition et c’est un pari risqué de faire une exposition sur la danse. J’ai découvert des tableaux, certains dessins aussi, qui m’ont beaucoup plu. On voit bien les oeuvres et la circulation est facile. A la librairie, il y a de beaux ouvrages, notamment une anthologie de textes sur la danse, qui est formidable

  • A lire, à voir…

Le catalogue raisonné de Jérôme Bel, où il s’explique en partie de ses oeuvres.

A voir, un extrait du spectacle de Jérôme Bel ici.

Le site officiel de Jérôme Bel

Nouvelles de la semaine du 20 juin

Copyright Deyan Parouchev @digitall

© Deyan Parouchev

Suite de la série Sarah Kora Dayanova/Allister Madin par Deyan Parouchev. Pas mal non? qu’en pensez-vous? Le photographe a fait aussi de très belles photos sur les toits de Paris, vous devrez attendre un peu avant que je vous montre.

  • La sortie de la semaine : Pina Bausch au Théâtre de la Ville

Chers lecteurs, je vous aime beaucoup, mais si vous avez une place pour Pina Bausch, je vous déteste. Oui je vous l’accorde c’est très enfantin, mais j’ai mes raisons. Pina Bausch fut la première chorégraphe contemporaine que j’ai découvert et c’est cela qui m’a fait aimer la danse contemporaine. J’ai vu le Sacre en premier, puis j’ai découvert la suite. Café Müller m’a toujours marquée, j’ai une sorte d’attraction/répulsion pour cette pièce, dans laquelle je découvre et apprends toujours quelque chose et qui me met en même temps si mal à l’aise. J’aime les œuvres qui me bousculent. Pina Bausch savait passer d’une émotion à une autre avec talent, parfois en douceur, parfois avec brutalité. Ainsi dans Sweet Mambo, on passait des caresses, à l’oppression, le tout dans une danse si liée, si délicate qu’elle vous emportait dans une longue histoire. Le jour d’ouverture des réservations j’ai appelé 153 fois le Théâtre de la ville (oui, oui j’ai des excès de folie), Joël a gentiment proposé de s’y rendre pour Fab et moi, mais rien à faire, si vous n’êtes pas abonné, et bien vous n’êtes pas abonné. Joël est reparti bredouille, j’ai arrêté d’appeler, vexée. En résumé, il faut s’abonner au théâtre de la ville sachant que si vous ne l’êtes pas déjà, il faut attendre que les anciens le fassent, puis vous passez après. Bref, je ne comprends pas leur système, et eux qui se gargarisent d’avoir un public hétérogène…

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Parlons un peu de la pièce, « …Como el musguitoen la piedra, ay, si, si, si… » est une création de 2009, la dernière création de Pina Bausch. Côté chorégraphie, beaucoup d’éléments
sont repris d’autres pièces, comme Vollmond,  Sweet Mambo, Bambo blues. Il y a la joie de ces ballets, avec la violence qu’il peut cohabiter. Je pense à cette ceinture par laquelle
est attachée une jeune fille. On retrouve aussi l’inspiration d’ailleurs. Ces dernières années, Pina Bausch voyageait et s’inspirait, se nourrissait des cultures d’ailleurs. Agua
(Brésil) et bien sûr Néfés (Turquie), sont pour moi les plus belles réussites de ces voyages. Ce dernier voyage s’inspire des odeurs, et saveurs du Chili. Et toujours ces robes, et
encore plein de couleurs. Cela nous promets deux heures trente de bonheur.

Du 22 juin au 8 juillet 2011, complet pour toutes les représentations

avec Pablo Aran Gimeno, Rainer Behr, Damiano Ottavio Bigi, Aleš Čuček, Clémentine Deluy, Silvia Farias Heredia, Ditta Miranda Jasjfi, Nayoung Kim, Eddie Martinez, Dominique
Mercy, Thusnelda Mercy, Morena Nascimento, Jorge Puerta Armenta, Azusa Seyama, Fernando Suels Mendoza, Anna Wehsarg, Tsai-Chin Yu

  • La distribution de la semaine : L’anatomie de la sensation pour Francis Bacon de Wayne Mc Gregor

Elles sont sur le site de l’Opéra de Paris depuis quelques jours. Les voici les voilà !

Distribution des 29 juin, 2 (20h00), 6, 9 (14h30), 11,14, 15 juillet 2011

Aurélie Dupont
Dorothée Gilbert
Marie-Agnes Gillot
Laurène Lévy
Myriam Ould Braham
Alice Renavand
Jérémie Bélingard
Mathias Heymann
Josua Hoffalt
Simon Valastro
Audric Bezard

 

Cette distribution aligne les étoiles et fait rêver. Aurélie Dupont revient après la naissance de son deuxième fils, aux côtés de son mari (Jérémie Bélingard, ndrl), si ils dansent en duo (ce qu’ils ont rarement voire jamais fait) cela risque d’être très beau. Mathias Heyman s’était révélé extrêmement à l’aise dans l’exercice précédent, Genus, je suppose qu’il en sera toujours le cas cette fois-ci. Marie-Agnès Gillot, que j’ai vue danser une seule fois cette année (soirée des 3B) va dominer la scène, par sa technique et son charisme. Myriam Ould-Braham est la star de cette soirée Mc Gregor puisqu’on pourra la voir dans les deux distributions. J’en connais une qui doit être ravie. On verra le duo Josua Hoffalt/ Alice Renavand, mon dieu que cette distribution est alléchante. Il faudrait que je puisse aller voir ce ballet plusieurs fois, mais je ne crois pas que cela se produire. Je préfère faire la queue tous les jours pour obtenir le sésame pour voir Pina Bausch au TDV… Je vous ai dit à quel point il était impossible d’avoir des places dans ce théâtre ?

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© Anne Deniau / Opéra de Paris

La deuxième distribution est tout aussi alléchante, moins d’étoiles, mais des personnalités pas moins intéressantes. Parmi elles, Mathilde Froustey, occasion unique de la voir dans autre chose que dans un tutu, Amandine Albisson qui par sa force tranquille en impose toujours sur scène. Chez les garçons, je suis ravie de voir Julien Meyzindi, que j’apprécie beaucoup plus dans le registre contemporain que classique même si il fut un Pâris talentueux (Roméo et Juliette, ndrl). Laëtitia Pujol est à contre emploi, mais dans une telle forme depuis quelques mois, qu’elle peut donner quelque chose de très particulier, je ne me suis toujours pas remise de sa Juliette. Emilie Cozette est toujours impeccable en contemporain, elle sera bien mise en valeur dans cette pièce.

Distribution des 2(14h30), 5, 8, 9 (20h00), et 12 juillet 2011

Myriam Ould Braham
Laëtitia Pujol
Emilie Cozette
Amandine Albisson
Mathilde Froustey
Sabrina Mallem
Alexandre Gasse
Yannick Bittencourt
Julien Meyzindi
Adrien Couvez
Nicolas Paul

A noter la séance de travail AROP aura lieu samedi 25 à 19h30 à Bastille.

  • L’accord de la semaine : ONP/SNCF, 2 sigles 1 réduction

Amis provinciaux, vous pouvez désormais bénéficiez d’une réduction de 25% si vous venez en week-end à Paris pour voir un spectacle de l’Opéra de Paris.

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Je cite les conditions de vente :

« L’offre est accessible dans toutes les Gares SNCF, Boutiques SNCF, Agences de Voyages agréées SNCF, par téléphone au 36 35 (0,34 €/min)
depuis la France ou au +33 (0) 892 35 35 35 depuis l’International.
La réduction n’est pas vendue à bord des trains. Elle est proposée à la vente pour les trains au départ de toutes les gares ferrovières de région et à destination de Paris pour des voyages liés à des spectacles de la saison 2010-2011 et de la saison 2011-2012 à l’Opéra national de Paris. Le billet doit être un billet aller-retour.

L’offre est disponible en 1ère et 2nde classe, sur le réseau Grandes Lignes SNCF, hors Île-de-France, sur les TGV, les trains TEOZ et LUNEA dans la limite des places
disponibles ainsi que dans les trains INTERCITES en période bleue.

L’offre est valable pour un aller effectué un samedi et un retour effectué un dimanche (à l’occasion de jours fériés en semaine, l’offre est étendue
aux « ponts », le trajet aller ou le trajet retour devront être effectués la veille du pont ou l’un des jours du pont).

Les billets de train sont échangeables auprès des points de vente SNCF sur présentation des billets aller et retour, et non remboursables.

Justificatifs à fournir : afin de justifier sa réduction, le voyageur doit présenter au retour, à bord du train, son billet de
spectacle correspondant à l’un des spectacles à l’Opéra national de Paris du week-end correspondant au voyage (billet cartonné ou billet électronique de spectacle) conjointement avec le billet
SNCF aller et le billet SNCF retour. Dans le cas où le voyageur ne pourrait justifier sa réduction, le billet retour SNCF serait ramené au plein tarif.
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  • La dédicace de la semaine : Carolyn Carlson

L’artiste vient de signer un nouveau recueil d’haïkus, après Le Souffle et l’esprit, voilà Brins d’herbe. La chorégraphe dessine et écrit des haïkus depuis des années qui sont
dans la continuité de sa danse, fluide et graphique.

Elle dédicacera son recueil à la librairie Comme un roman mardi 21 juin à 18h30 (rue de Bretagne dans le marais).

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  • Le festival de la semaine : Montpellier danse 31ème édition

C’est mercredi que commence la nouvelle édition du festival Montpellier Danse. A ne pas manquer si vous êtes dans la région. Vous pourrez notamment voir le spectacle de Bartabas, Le Centaure et le cheval, le Sacre de David Wampach, le flamenco d’Israël Galvan avec La Edad del oro, Didier Théron s’attaque au Boléro de Ravel rebaptisé Shangaï Boléro, je déconseillerai Emanuel Gat en revanche, qui vient avec une nouvelle création Brilliant Corner, il ne faut par contre pas manquer Artifact de William Forsythe dansé par le Ballet Royal de Flandres, la pièce forte de ce
festival.

 

Visuel Montpellier Danse

 

Tant que vous êtes dans le sud, vous pouvez aussi allez faire un tour au Festival de danse et Arts multiples de Marseille. Il a commencé le 16 juin et dure jsqu’au 9 juillet. Pour sa 16ème édition, le Festival propose une programmation alléchante avec du Alvin Aley, le Nearly 90° de Merce Cunningham, Vertical Road d’Akhram Kahn entre autres. Plus d’infos ici.

  • La vidéo de la semaine : Pina, Pina, Pina !

Oui je suis dégoutée de ne pas avoir de place, alors youtube comble ma frustration.J’ai choisi Vollmond, car en cette période de sècheresse, il est temps qu’il pleuve un peu.

A noter aussi que le documentaire Nés pour danser est encore disponible en VOD sur arte. Suivez  le  lien.

A revoir la soirée Coppélia sur France 3 (jusqu’à vendredi seulement).