Dimanche direction Saint Maur pour assister au Gala Karl Paquette où j’embarque avec moi Palpatine et fais connaissance avec son amie La Pythie.
Comme d’habitude un programme très classique, on ouvre le bal avec le pas de six de Raymonda. Pierre-Arthur Raveau est très en forme et me fait une belle impression
pendant ce pas de six. Grâce, fluidité et légèreté, il donne à voir de belles choses. La variation de la claque est un peu trop molle à mon goût et manque de séduction et de sensualité. J’apprécie la fin de ce pas de six avec les pas de caractère, mais de toutes façons, Raymonda et moi, cela n’a jamais été ça.
On poursuit avec Addagietto d’Oscar Araiz qui est un pas de deux sur la musique de Gustav Mahler. Très joli pas de deux, idéal pour un gala, il est dansé par Laure Muret
et Simon Valastro. C’est très aquatique, avec de jolis portés, mais ce n’est pas la chorégraphie du siècle non plus (cela se saurait).
Karl Paquette arrive en grande forme avec Héloïse Bourdon pour danser le pas de deux du deuxième acte de la Bayadère. C’est toujours agréable de voir La Bayadère, qui reste un de mes ballets préférés. Sans le palais, le tigre et autre, c’est différent, mais Karl Paquette déploit une telle énergie à emporter le public avec lui, qu’on passe un bon moment. Héloïse Bourdon se montre une Gamzatti très noble, toujours avec ce port de tête élégant. Jolis série de fouettés pour elle, manège tout en légèreté pour lui. Les deux danseurs sont très applaudis.
Après un court entracte, retour de tous pour danser les acte I et III de Don Quichotte. Marine Ganio danse avec Fabien Révillon l’acte I. Elle est une Kitri pétillante,
et parvient, malgré le manque de décor à nous plonger un peu dans cet univers espagnol. Pleine de piquant et de malice, j’ai beaucoup aimé ses deux variations, celle des castagnettes et la première avec le grand développé/grand jeté.
Le pas de deux du troisième acte est dansé par Héloïse Bourdon et Karl Paquette. Malgré une prestation un peu plus fragile on passe un très bon moment. Hâte de voir ce que donnera Héloïse Bourdon en décembre prochain dans le rôle de Kitri sur trois actes.
Une belle après midi, merci encore à JMC pour les places.
Chers amis lecteurs, je suis en vacances et c’est un grand bonheur, malgré le froid glacial qui est revenu sur la capitale. La semaine dernière, je suis allée voir ma dernière
Bayadère avec Myriam Ould Braham et ce fut un très beau spectacle (CR à venir cette semaine ! si si !). Trop de travail tue et je n’ai pas pu aller au Palais de Tokyo comme je l’aurai souhaité.
Dimanche, après visionnage des discours politiques, je suis allée au cinéma voir Les Adieux à la Reine, mais j’ai été quelque peu déçue par ce film. La musique de Bruno
Coualis m’a horripilée pendant tout le film et j’ai trouvé que le scénario avait de vraies faiblesses. Les personnages ne sont pas très aboutis. La perception du temps et de l’information sont en revanche intéressante. Cela m’a donné envie de relire le livre de Zweig.
Cette semaine, L’histoire de Manon commence pour ma plus grande joie ! Entre temps je me suis fait un programme d’expos et de cinéma. Au programme, Beauté Animale, Helmut Newton, le musée de l’IMA, l’expo sur Vinci… Ah qu’il est doux d’être en vacances !
La sortie de la semaine
L’histoire de Manon commence cette semaine. Ce ballet inspiré du roman de l’Abbé Prévost (à relire impérativement !). Le ballet a été chorégraphié par Kenneth
MacMillan en 1974 pour le Royal Ballet. Il était alors directeur du Royal Opéra House. Sur la musique de Jules Massenet, l’argument se divise en trois actes. Au premier, Manon est en route avec son frère Lescaut qui veut la placer dans un couvent. Ils s’arrêtent dans une auberge et elle rencontre Des Grieux. Après avoir volé un vieux monsieur, Manon propose à Des Grieux de s’enfuir. Ils se retrouvent dans l’appartement de Des Grieux. Lors d’un absence de ce dernier, Manon reçoit M. de G.M. C’est son frère Lescaut qui l’a amené. Des Grieux est trahi. A l’acte II, Manon est à une fête chez Monsieur de G.M. mais reste tiraillée entre l’amour pour Des Grieux et l’argent. Pendant une partie de cartes, Des Grieux est pris en train de tricher, il s’enfuit avec Manon. La police arrive chez lui, et arrête Manon pour prostitution. Dans la course qui les a mené là, Lescaut, le frère de Manon, a été tué. A l’acte III, Manon a été expulsée en Amérique, pour prostitution. Le gouverneur de la colonie s’éprend d’elle et la veut pour lui. Il provoque Des Grieux en duel, et meurt. Manon et Des Grieux s’enfuient dans les marécages de Louisianne et Manon meurt d’épuisement dans les bras de Des Grieux. Il y a des places au guichet, n’hésitez donc pas à vous déplacer pour avoir des places. Pour ma part, j’irai voir cette semaine la séance de travail (mercredi), puis j’essayerai d’aller à la première, puis le 13, le 16 et le 13 mai pour les adieux de la danseuse étoile Clairemarie Osta.
La soliste du Royal Ballet a pris la succession de Wayne Eagling. C’est un souhait qu’elle avait déjà formulé auparavant, en disant que après sa vie de danseuse, elle souhaitait prendre la direction d’une compagnie. A 37 ans elle va apporter un souffle nouveau, un répertoire et une vision de la danse à la compagnie.
Réécouter L’air des lieux consacré à l’école de danse de l’Opéra de Paris diffusé hier à 16h.
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L’Arop a désormais une page Facebook ! On peut pour l’instant y trouver les photos de soirées de présentations, ainsi que les infos pratiques.
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Laurence Gallois pour Télé 2 semaines a rencontré Marie Agnès Gillot à l’occasion de l’émission La Meilleure Danse. Danses avec la plume aussi et c’est par ici.
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Dominique Hervieu chorégraphiera la prochaine comédie musicale de Sylvain Chomet.
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Pour voir le programme du défilé de la Biennale de la danse de Lyon, dirigée par Dominque Hervieu, c’est target= »_blank »>par ici.
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Le Figaro s’est intéressé à la nouvelle formule de Danser. On apprend que dans le prochain numéro de mai, il y aura une interview fleuve de Forsythe !
Si vous avez raté la performance de Vincent Chaillet, Signe blanc, de Noé Soulier, pour la pré ouverture du Palais de Tokyo, merci à Elendae de l’avoir filmée ! Voilà un joli dictionnaire de pantomime pour ceux qui ont encore du mal à suivre les gestes dans les ballets classiques !
Soirée Magique à Bastille ! Sevtlana Zakharova n’est pas une danseuse, c’est une diva qui dégage quelque chose de si puissant que les frissons sont permanents. Placée au 13ème rang d’orchestre, pile au centre, je n’ai jamais eu une telle vue pour voir l’entrée de Nikiya. Dès son arrivée quelque chose se passe dans la salle. Un silence religieux, tout le monde retient son souffle, jusqu’à ce que le grand Brahmane lui retire le voile qui cache son visage. Le mystère dévoilée, c’est parti pour trois actes de bonheur.
Zakharova se montre tout de suite d’une justesse étonnante. Sa bayadère est à l’image de sa danse. Fine, belle sans faux pas et au service de l’émotion. Les scènes de pantomime sont admirablement jouées. Son refus du Brahmane est clair et net, elle ne veut pas de cet homme car Solor occupe déjà tout son corps et son coeur. Sa danse change de façon radicale. Retenue et sobre devant le Brahmane, explosive avec Solor. On voit cela aussi clairement quand le fakir lui annonce le rendez-vous secret, un large sourire se pose alors sur son visage.
Le premier pas de deux est superbe. Stéphane Bullion libère sa danse pour camper un Solor transi d’amour pour cette Nikiya si particulière. Ce qui m’impressionne chez Zakharova, c’est la lisibilité de sa danse et de son jeu. Chaque geste est clair, chaque regard veut dire quelque chose. On retrouve ce dont parlait Laurent Hilaire l’autre soir en rendez vous Arop.
La danse des fakirs est un moment qui me plaît toujours autant, menée par Allister Madin à l’énergie inépuisable.
La scène 2 de l’acte I voit l’apparition de Gamzatti sous les traits de Ludmila Pagliero. Digression. En parlant de traits, pourrait-on charger un peintre de faire les portraits
des danseurs dans le tableau de Solor ? Josua Hoffalt a eu la chance d’avoir le sien, il serait bien que chaque danseur ait son visage, Laurent Hilaire trônant encore sur le tableau. Parenthèse fermée, je reviens à Ludmila Pagliero. Elle campe une Gamzatti très nerveuse. On le voit bien lors de la confrontation qui est très réussie. Si elle se réjouit de découvrir son fiancé, c’est l’amertume qui gagne son âme quand elle comprend qu’il lui a menti. Elle déploie dans sa danse une belle énergie. A l’acte II, elle montre une technique impeccable qui renforce le caractère du personnage qu’elle donne à voir. Le partenariat avec Bullion se passe très bien. Gamzatti est une jeune femme inquiète de voir le regard de Solor se poser sur Nikiya.
Emmanuel Thibault en idole dorée est complètement réifié. J’ai encore du mal avec ce style un peu trop froid pour moi, et je crois que j’ai trop en tête la proposition de Mathias
Heymann qui m’avait réjouie il y a deux ans.
La danse indienne vient réchauffer les esprits, Kora Dayanova et Cyril Mitilian donnant la pêche au groupe.
La variation de Nikiya au deuxième acte est un pur moment d’émotion. Chaque regard est puissant. Son dos se courbe sous la douleur de la trahison. C’est très suspendu, très
aérien. Chaque pas est finement pensé. Les jeux de regards entre Solor, Gamzatti et Nikiya fonctionnent bien. Il y a de l’électricité dans l’air. La scène de la mort est superbe. Le regard de Nikiya m’a glacée le sang avant sa chute au sol.
IIIème acte, encore un beau moment. La descente des ombres est toujours aussi envoûtante. J’ai fait très attention à la respiration des danseuses, l’attention qu’elles ont les unes sur les autres, c’est vraiment un travail épatant. Bravo à Sabrina Mallem qui a mené toute la troupe sans vaciller. Les trois ombres sont un instant de lumière. Je suis sous le charme de Charline Giezendanner qui apporte beaucoup de pétillant à la variation. Il y a d’ailleurs beaucoup de joie à ce troisième acte si on le compare à d’autres actes blancs. Les bravos pleuvent et le public est très enthousiaste.
Zakharova et Bullion dansent un pas de deux magique. La diagonale de déboulés et piquées de la russe est euphorisante. Je sors envoûtée de cette représentation. Un grand bravo aussi aux musiciens et chef d’orchestre qui ont fait ressortir toutes les nuances de la partition en s’adaptant à chaque artiste.
Ce soir, je me suis rendue au Gaumont Marignan, pour revoir La Bayadère. J’avais envie de voir pour la première fois le ballet de l’Opéra de Paris au cinéma. L’expérience fut excellente, je vous en parlerai plus longuement dans un compte rendu détaillé. Au moment où la salle de cinéma s’est rallumée, Brigitte Lefèvre est arrivée seule, sur scène. En remerciant d’abord Ludmila d’avoir remplacé Dorothée Gilbert au pied levé, blessée quelques jours auparavant, elle décide ensuite de lire le discours de Nicolas Joël.
Ludmila Pagliero est nommée étoile, dans ce rôle de Gamzatti. La jeune femme est très troublée, se jette dans les bras de la directrice de la danse, et sur ses lèvres on peut lire « merci merci merci » d’une sincérité émouvante. saluts au public, puis, elle se tourne vers son partenaire, Josua Hoffalt, qui la prend dans ses bras avec une joie non dissimulée. Aurélie Dupont applaudit avec son plus grand sourire et regarde sa partenaire avec reconnaissance.
Ludmila Pagliero est arrivée dans le ballet de l’Opéra de Paris en 2003 après une carrière au Ballet national du Chili, puis un passage rapide à l’ABT. Elle a vite monté les échelons, s’est fait sa place, pas toujours facilement, quand on ne vient pas du « moule » Opéra. Heureusement que l’Opéra de Paris est une institution pleine de contradictions, qui sait récompenser au bon moment les artistes. Aussi à l’aise dans du contemporain que dans du classique, avec une technique impeccable, Ludmila Pagliero est une artiste étonnante car souvent là où on ne l’attend pas. Comme ce soir, elle est montée au ciel des étoiles. Elle brillera désormais encore plus ses rôles. Félicitations à elle !
Mardi soir, je suis allée voir la répétition générale. Les générales, c’est toujours bien, surtout quand on n’a pas de places par la suite. Il manque souvent l’émotion
malheureusement. Les clics des photographes, la pression dans la salle, les derniers réglages techniques. Malgré ce que on peut en dire, il y a des générales qui sont bien des répétitions. Mardi soir, l’ambiance était tendue, Josua Hoffalt a raté son manège au troisième acte, Aurélie Dupont semblait retrouver une fragilité dans les arabesques comme il y a deux ans, dans cette même Bayadère. Emmanuel Thibault s’est réservé en marquant presque la variation de l’idole dorée. Les petits rats, eux aussi, très nerveux et sans aucun doute impressionnés, avaient les pattes tremblantes. Seuls Dorothée Gilbert, Mathilde Froustey et Allister Madin m’ont semblé à l’aise dans leurs chaussons, ils étaient aussi dans des rôles bien maîtrisés. La générale m’a permis d’entrevoir ce que pouvait être cette Bayadère.
De retour à Bastille le lendemain, avec une certaine excitation. Oui, on savait, c’était ce soir que Josua Hoffalt allait être nommé. Après Roméo et Juliette, Cendrillon, un beau Lenski dans Onéguine, voilà peut être le plus beau rôle dans lequel un danseur peut être nommé étoile à l’Opéra de Paris. La salle était pleine à craquer et les balletomanes présents plus excités à l’idée de ce moment. Moi même comme une petite fille, je dois convaincre Y*** de rester au troisième acte. JMC part enquêter auprès des ouvreurs qui
confirment la rumeur.
Josua Hoffalt entre dans cette histoire en campant un Solor très juste. Il n’en fait pas trop, il met juste sa danse au service du rôle. Les trois grands jetés de l’entrée montre
tout de suite la force avec laquelle il s’impose. Il vole, les pieds effleurent le sol. La pantomime est très lisible et le partenariat avec Aurélie Dupont fonctionne bien. Elle n’hésite pas à se jeter dans ses bras dans le premier pas de deux. Allister Madin est un fakir bien soumis et docile à ses différents maîtres. La danse des fakirs me semble encore un peu brouillon, les jambes s’emmêlent un peu. J’apprécie Aurélie Dupont qui sait passer de la froideur avec un prêtre entreprenant, à une certaine chaleur dans le regard quand elle retrouve Solor. L’ondulation du bras quand elle entre dans le temple me fait frémir à chaque fois.
Dans la deuxième scène, on voit apparaître Gamzatti, fille du Rajah. Ce dernier est joué par un Stéphane Phavorin, très convaincant. Dorothée Gilbert rayonne, elle illumine la
scène de son sourire. Combat d’étoiles quand elle découvre que Nikiya est l’amour caché de Solor. J’adore cette scène, je trouve que très réussie, elle est pleine de petits détails croustillants.
Le deuxième acte est d’un kitch qui défie tout conte de Bollywood, mais j’adore ce faux côté indien. Succession de petits divertissements, la danse indienne est
ma préférée, menée par un Julien Meyzindi, très en forme qui peut s’épanouir sur les sons des tambours. S’ensuivent les petites variations de tutus verts et bleus où le travail de lisibilité des bas de jambe est visible, mais l’alignement n’est pas toujours au rendez-vous. La variation de Solor est bien dansée par Josua Hoffalt même si on sent quelques tremblements dans les pirouettes. Gilbert toujours aussi impeccable en Gamzatti, des pieds sublimes avec une technique de pointes qui me surprend toujours. Je préfère le délié du pied au saut sur la plate forme. Emmanuel Thibault me semble bien en dessous de ses capacités et ne me provoque aucune émotion dans l’idole dorée, variation que j’aime tant. Son costume n’arrange pas les choses. On a atteint le bling-bling maximum avec la peinture archi dorée. Je préfère deviner les muscles derrière une couche mordorée sur le corps du danseur. Aurélie Dupont maîtrise sa danse dans la variation de Nikiya, où elle dessine avec plus d’aisance qu’à la générale, les courbes dans l’espace avec son dos. J’aime sa façon de mourir, avec résignation.
Troisième acte, la tension est à son comble. Je n’ai plus de batterie (je songe sérieusement à avoir deux iphones…), donc pas de twitter pour annoncer la nomination. Autant se concentrer sur cette descente des ombres. Joli travail du corps de ballet, avec des jambes toutes à la même hauteur et un belle musicalité. Comme le dit bien Amélie, le problème c’est que dans nos têtes, il y a la nomination et on ne peut s’empêcher de penser à ça. Du coup, je pense que comme beaucoup j’ai un peu survolé l’acte III. On remarquera une Charline Giezendanner déchaînée qui brille parmi les ombres, comme dans le reste du ballet d’ailleurs. La diagonale en arabesque est superbe, le tout avec un sourire généreux.
La suite, et bien c’est beaucoup d’émotions, quelque chose de particulier. De l’émotion pour le danseur, pour ses partenaires, pour le public qui se lève et applaudit avec
beaucoup de chaleur. Encore félicitations à ce beau danseur, qui j’espère s’épanouira encore plus dans Solor et dans d’autres rôles à venir.
Sur son facebook, Josua Hoffalt remercie ses amis et ses followers :
« Merci à tous pour vos marques d’affection . C’est un grand moment pour moi et je suis heureux de pouvoir le partager avec vous. Tous vos messages m’ont touché,
j’espère à présent continuer sur cette lancée, cela me donne beaucoup de motivation pour la suite. A très vite pour pleins de futurs spectacles ! »
A lire Interview de Josua Hoffalt avec vidéo du Pas de deux du premier acte, target= »_blank »>ici.