Aurélie Dupont

Ballerina le film

Ballerina est un dessin animé français produit par la Gaumont qui raconte l’histoire de la jeune Félicie, orpheline bretonne qui rêve de Paris et de devenir danseuse. Accompagnée de son complice Victor, ils partent de l’orphelinat pour réaliser leurs rêves respectifs.

Le dessin animé est charmant ; il reprend le schéma narratif du conte avec un faux dénouement à vous tirer les larmes (si, si dans les salles les enfants ont fait un « oh non » général) et un happy end merveilleux. Le film ne manque pas d’humour grâce à ses cascades en tout genre – mention spéciale au saut dans le grand escalier. Les personnages sont attachants, y compris les « méchants ». On aime le mystérieux maître de ballet et le prétentieux Rudi.

Evidemment le film est rempli de clichés, d’erreurs sur l’histoire de la danse et sur l’architecture de Garnier, mais on se laisse gaiement séduire par cette petite héroïne rousse au coeur solide qui va au bout de ses rêves. Un vrai petit rat en somme !

Germain Louvet, nouvelle étoile de l’Opéra de Paris

Hier soir à l’issue de la représentation du Lac des cygnes, Germain Louvet, sujet du ballet de l’Opéra de Paris a été nommé danseur étoile. Il venait de prendre le rôle de Siegfried aux côtés de la délicieuse Ludmila Pagliero. A tout juste 23 ans, Germain Louvet est propulsé au rang de star de la compagnie avec un bel avenir promis devant lui.

Germain Louvet est un bourguignon de Châlon-sur-Saône qui a commencé la danse à 4 ans. Il entre à l’école de danse de l’Opéra de Paris en 2005, puis il est engagé en 2011 dans le corps de ballet de l’Opéra de Paris. Il monte très vite les échelons et ses concours montre à l’évidence son talent. Il a des lignes superbes et c’est une sensibilité qui touche immédiatement le public. Il reçoit d’ailleurs de prix Carpeaux alors qu’il n’est que quadrille.

Il fait partie des danseurs fétiches de Benjamin Millepied qui ne s’est pas trompé en lui donnant des rôles de soliste. Il est de la création Clear, Loud, Bright, Forward, William Forsythe lui écrit un beau pas de deux avec Ludmila Pagliero. Je me suis surprise à être étonnée de sa place au défilé, je le croyais déjà premier danseur.

C’est grâce à Casse-Noisette avec Léonore Baulac, et Roméo & Juliette, toujours avec Léonore Baulac que l’on découvre son potentiel exponentiel de prince classique. Germain Louvet est de ces danseurs nobles aux lignes parfaites. Sa danse est fluide, c’est un partenaire qui est toujours attentif à sa partenaire. Il a ce charisme des jeunes héros, comme quand il a interprété Roméo au printemps dernier. Si certains le trouvent encore un peu vert, nul doute qu’il saura pleinement s’épanouir dans son nouveau statut.

Aurélie Dupont et Stéphane Lissner avaient depuis longtemps affirmé que Germain Louvet était pour eux le danseur exceptionnel (et la compagnie n’en manque pas). En le nommant avant son titre de premier danseur, Aurélie Dupont souhaite aussi s’affirmer comme directrice de la danse. Elle choisit un danseur dans la lignée de Mathieu Ganio, brillant techniquement qui saura étoffer son répertoire. A mon humble avis Germain Louvet n’a pas fini de nous surprendre.

Je suis personnellement très heureuse de sa nomination. Félicitations à lui !

PS : J’ai pris une place pour le 30 décembre. C’est donc la nouvelle étoile que j’irai applaudir ! Hâte !

Concours de promotion femmes 2016

Les 4 et 5 novembre ont lieu le concours de promotion interne du ballet de l’Opéra de Paris. Cette année le jury était présidé par Stéphane Lissner. Il était composé d’Aurélie Dupont (directrice de la danse), Clotilde Vayer (Maître de ballet associé à la direction de la Danse), Ghislaine Thesmar (Danseuse étoile et pédagogue), Ana Lagune (Danseuse, chorégraphe et pédagogue), Fabrice Bourgeois (maître de ballet – suppléant), Amandine Albisson (danseuse étoile), Josua Hoffalt (danseur étoile), Charline Giezendanner (sujet), Aurélia Bellet (sujet), Alexandre Labrot  (quadrille). Retour sur le concours hommes. La chronique ne reflète que mon avis personnel.

  • 10h Quadrilles femmes 

1 poste de coryphée. Classement :

  1. Camille Bon, promue
  2. Claire Gandolfi
  3. Ambre Chiarcosso
  4. Caroline Osmont
  5. Camille de Bellefon
  6. Amélie Joannidès

Variation imposée : La Belle au bois dormant, prologue, variation de la 6ème fée, Rudolf Noureev

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Les variations libres des candidats :

Sofia Rosolini : In the middle somewhat elevated, William Forsythe
Victoire Anquetil : Don Quichotte, acte II, variation de Dulcinée/Kitri, scène de la vision, Rudolf Noureev
Camille Bon : Grand Pas classique, Victor Gsovsky
Ambre Chiarcosso : Raymonda, acte II, variation d’Henriette, Rudolf Noureev
Julia Cogan : The Four Seasons, variation du printemps, Jerome Robbins
Camille de Bellefon : Suite en blanc, la cigarette, Serge Lifar
Eugénie Drion : Suite en blanc, pas de cinq, Serge Lifar
Lucie Fenwick : Vertiginous Thrill of Exactitude, William Forsythe
Claire Gandolfi : La nuit de Walpurgis, George Balanchine
Marion Gautier de Charnacé : Grand Pas, Twyla Tharp
Clémence Gross : Diane et Acteon, Agrippina Vaganova
Awa Joannais : Le Sacre du printemps, variation de l’Elue, Maurice Béjart
Amélie Joannidès : Sylvia, pas de deux, George Balanchine
Héloïse JocquevielVertiginous Thrill of Exactitude, William Forsythe
Caroline OsmontIn the middle somewhat elevated, William Forsythe

Mes impressions : La variation de la 6ème fée a plutôt convenu à cette classe de danseuses. Quelques tremblements dans la diagonale qui remonte avec les piqués et le tour en dedans, mais dans l’ensemble, les danseuses s’en sont bien sorties. Parmi les candidates solides, on aura remarqué Victoire Anquetil (une belle interprétation, de magnifiques ports de bras), Eugénie Drion (elle aussi de beaux bras, elle respire jusqu’au bout des poignets, c’est très élégant), Claire Gandolfi, très à l’aise dans l’exercice, et Amélie Joannidès, toujours aussi pétillante en scène. Camille Bon était la plus solide ce jour là techniquement. On sent un gros travail de préparation, qui a payé. Si jeune et déjà si assurée, avec un port de tête altier… A suivre !
Elle a voulu d’ailleurs confirmer ses qualités techniques avec son choix de variation libre : c’est propre, bien éxécuté et cela lui va bien. Victoire Anquetil passe à côté de Dulcinée, et c’est dommage, car son imposée était vraiment bien. J’ai trouvé Eugénie Drion très belle dans le Lifar, elle n’est pas classée, bon… Un peu comme si le jury l’avait oubliée. Nombreuses sont les candidates à avoir choisi Forsythe. Celle qui brille le plus dans le « style » Forsythe fut Lucie Fenwick. J’ai aussi apprécié la prestation d’Héloïse Jocqueviel ; un peu verte, mais cette fille a quelque chose de touchant, une espèce de délicatesse hors du temps.

Un poste de coryphée, cela doit être très dur pour bon nombre de danseuses qui commencent à avoir de l’ancienneté dans cette classe.

  • 11h40 Coryphées femmes

1 poste de sujet. Classement :

  1. Alice Catonnet, promue
  2. Letizia Galloni
  3. Roxane Stojanov
  4. Sophie Mayoux
  5. Jennifer Visocchi
  6. Juliette Hilaire

Variation imposéeLa Belle au bois dormant, acte I variation d’Aurore, Rudolf Noureev, d’après Marius Petipa.

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Les variations libres des candidates :

Aubane Philbert : Roméo et Juliette, Acte I, variation du bal, Rudolf Noureev
Charlotte Ranson : La maison de Bernarda, variation de la soeur bossue, Mats Ek
Roxane Stojanov : Bhakti III, Maurice Béjart
Jennifer Visocchi : Carmen, variation de la Chambre, Roland Petit
Laure-Adélaïde Boucaud : Dances at a gathering, variation de la danseuse en vert, Jerome Robbins
Alice Catonnet : Emeraudes/Joyaux, 1ère variation, George Balanchine
Letizia Galloni : La nuit de Walpurgis, George Balanchine
Emilie Hasboun : Les mirages, variation de l’Ombre, Serge Lifar
Juliette HilaireLes mirages, variation de l’Ombre, Serge Lifar
Sophie Mayoux : La Bayadère, acte II, variation de Nikiya, Rudolf Noureev

Mes impressions : Le frisson a traversé la salle quand Letizia Galloni est tombée. Oui sur le papier, au vu de ses distributions, de son talent, c’était son année. A part sa chute, on peut tout de même dire que sa variation d’Aurore était parfaite. Quelle délicatesse ! Quelle personnalité ! Sa nuit de Walpurgis était aussi de toute beauté, quel dommage.

Alice Catonnet n’a pas démérité. Son concours était lui aussi très réussi. C’est une Aurore délicate, avec des qualités de ballerine indéniables. Dans Emeraudes, elle a proposé quelque chose de vraiment très intéressant. C’était précis, élégant et très agréable à regarder. C’est une jolie promotion.

Le reste de la classe a proposé des prestations intéressantes. Jennifer Visocchi danse une Carmen très autoritaire qui ne manque pas de sensualité. Roxane Stojanov est sublime dans Bhakti III (absolument sublime). Charlotte Ranson offre un beau moment de Mats Ek : c’est un répertoire qu’elle a beaucoup dansé et elle y est très à l’aise. Juliette Hilaire est émouvante et intrigante dans Les mirages.

  • 14h30 Sujet femmes

1 poste de première danseuse. Classement :

  1. Sae Eun Park, promue
  2. Marion Barbeau
  3. Eléonore Guérineau

Variation imposée : Don Quichotte, Acte II, scène de la vision, variation de Dulcinée/Kitri, Rudolf Noureev, d’après Marius Petipa.
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Variations libres des candidates :

Sae Eun Park : Paquita, acte II, variation du Grand Pas, Pierre Lacotte
Silvia Saint Martin : Other Dances, 1ère variation, Jerome Robbins
Ida Viikinkoski : Notre-Dame de Paris, acte I, variation d’Esmeralda, Roland Petit
Séverine Westermann : La bayadère, acte II, variation de Nikiya, Rudolf Noureev
Marion BarbeauOther Dances, 2ème variation, Jerome Robbins
Héloïse Bourdon : La Maison de Bernarda, variation de la servante, Mats Ek
Fanny GorseOther Dances, 2ème variation, Jerome Robbins
Eléonore GuérineauOther Dances, 1ère variation, Jerome Robbins

Mes impressions : Un certain nombre de passionnés atttendaient la promotion d’Héloïse Bourdon. Mais c’était sans compter sur la prestation techniquement brillante de Sae Eun Park, qui un peu à la manière d’Alice Renavand, a voulu montré ce qu’elle avait dans le ventre.
Héloïse Bourdon est descendu de pointes pendant la diagonale, ce qui lui coûte une éventuelle promotion. D’autres diront que c’est sa variation libre. Je ne crois pas à cette hypothèse, dans la mesure où elle a fait un vrai choix, a voulu montrer qu’elle savait faire plusieurs choses.
Pour ma part, j’ai adoré le concours d’Eleonore Guérineau : je trouve cette danseuse passionnante. Elle dégage quelque chose qui me plait beaucoup, elle a un regard qui capte le public et son travail technique est impressionnant. Toute la classe a signé de belles variations : les Robbins étaient bien éxécutés. Marion Barbeau montre une nouvelle fois son charisme en scène et ses belles lignes. Fanny Gorse est aussi à l’aise dans l’exercice, je trouve étonnant qu’elle n’ait pas été classée.

Bravo à toutes les artistes, promues ou non, qui font la beauté et la grandeur de cette compagnie !

Aurélie Dupont deviendra directrice du Ballet de l’Opéra de Paris

La conférence de presse n’avait même pas commencé, mais les danseurs savaient déjà. Aurélie Dupont remplacera Benjamin Millepied à la direction de la danse en septembre prochain. Elle avait refusé d’être directrice associée (laissant la place à Benjamin Pech) il y a quelques mois, la voilà promue directrice. Alors que la sphère des balletomanes attendait le retour d’un Le Riche ou d’un Legris, c’est donc une femme qui prendra la tête de la compagnie. Retour à la tradition avec quelqu’un 100% maison.

Aurélie Dupont Agathe Poupney

Aurélie Dupont, dans Mlle Julie

World Ballet Festival de Tokyo ( programme b)

Cette année, je passe mes vacances au Japon. C’est un rêve pour moi de découvrir ce pays. Je ne pensais pas alors aller au ballet (je pensais bien aller faire un tour au kabuki) mais la danse m’a rattrapée. Quand Naomi m’a proposé un billet, je ne pouvais pas résister. Après une longue balade dans le trésor agréable parc Ueno je retrouve Naomi devant le Tokyo Bunka Kaikan. Retour sur le programme B du 8 août.

Word ballet festival
Quand les Japonais organisent un gala, ils ne font pas les choses à moitié. Un programme alléchant, les plus grandes étoiles, un bon orchestre, bref on est loin du gala où les stars finissent par s’absenter et où la sono livre un mauvais son. La salle est pleine à craquer, le spectacle peut commencer.

Après une présentation du programme en musique, le premier pas de deux, Diane et Actæon, interprété par Viengsay Valdés et Osiel Gouneo, est un feu d’artifice de technique. D’ailleurs, chaque prouesse est chaleureusement applaudie par le public nippon. Il y a de quoi, surtout devant la coda, avec d’audacieux fouettés. Cendrillon, dansé par Iana Salenko et Vladimir Malakhov, ramène plus de féerie. C’est très élégant et délicat ; il faut dire que Iana Salenko a un port de tête somptueux et de beaux bras. Changement d’ambiance avec One for my baby (chorégraphie de Twila Tharp) dansé par Igor Zelensky.si la musique de Sinatra est distrayante, la danse l’est moins. C’est assez répétitif et monotone, comme une balade triste un dimanche après-midi. Je passe à côté de Peter Gynt : oui 11h de vol la veille ça fatigue un peu. C’est le très beau Dream Adagio de Raymonda qui me replonge dans un monde magique, avec une Lopatkina évanescente à souhait. Un paradigme de raffinement.

Les entractes sont minutieusement réglés, des horloges décomptent le temps restant. Mathias Heymann et Liudmila Konovalova ouvrent la deuxième partie avec le pas de deux de La belle au bois dormant. Comme à son habitude, l’étoile française semblait ne pas toucher terre tant l’on n’entendait aucun bruit lors de ses réceptions. Sa partenaire rayonne et le résultat est très réussi. Après cela, il y avait le très beau No man’s Land chorégraphié par Liam Scarlett. Au piano, Frédéric Vaysse-Knitter accompagne avec talent Alina Cojocaru et Johan Kobborg. Les lignes des deux danseurs se mêlant dans une atmosphère très sombre, les attitudes lassives laissent place à des portés très impressionnants. Un gala n’est pas un gala sans un Corsaire bien éxécuté. C’est chose faite avec Sarah Lamb, dont j’ai particulièrement apprécié les ports de bras et Vadim Muntagirov à la belle technique mais qui n’en fait pas des tonnes dans l’interprétation. Un mélange savamment dosé. Fan d’Oscar, pas de Béjart. Je reste toujours indifférente à ces Danses grecques malgré le charme certain de celui qui est aujourd’hui l’une des figures emblématiques du Béjart Ballet Lausanne. J’étais tellement passée à côté des adieux d’Aurélie Dupont (si, si) que je ne pensais pas être aussi émue en gala. Et bien, Aurélie Dupont et Hervé Moreau, c’est une alchimie certaine qui a su me donner des frissons. C’était très beau.

La troisième partie s’est placée sous le thème des amours passionnées. A part Les bourgeois, pièce de gala sans grand intérêt hormis celui de voir Daniil Simkin bondir toujours plus haut, les pas de deux amourachés se succèdent. C’est tout d’abord le tourbillonnant Romeo & Juliette de Kenneth MacMillan qui donne le ton. Remarquablement dansé par Iana Salenko et Steven McRae. Puis Alicia Amatrian et Friedemann Vogel dansent Légende de Cranko avec beaucoup de finesse et de subtilité. Comme dans Onéguine, la chorégraphie est une vraie dentelle, dont les chemins sinueux nous égarent pour mieux nous émouvoir. Le piano a sauvé La Dame aux camélias. Je n’ai pas aimé l’interprétation exaltée de Tamara Rojo, donnant beaucoup d’épaules comme pour prendre le dessus sur son partenaire. La jolie petite fable de Diana Vishneva et Vladimir Malakhov termine cette partie avec beaucoup de poésie.

La quatrième et dernière partie offre le moment le plus gracieux de la soirée, avec Ulyana Lopatkina dans La mort du cygne. Elle vogue sur la scène tandis que les notes du violoncelle font vibrer ses bras avec la plus grande finesse qu’il soit. Je ne sors pas de cette douceur et, par conséquent je passe à côté de Sylvia, malgré sa belle exécution par Silvia Azzoni et Alexandre Riabko. J’ai préféré la dame de Maria Eichwald à celle de Tamara Rojo : plus fine, plus subtile, accompagnée avec brio par Marijn Rademaker. Ce fut ensuite une joie immense que de voir Isabelle Guérin et Manuel Legris danser La Chauve-souris. Drôles, brillants, débordants d’énergie, ce fut un des moments les plus réjouissants de la soirée ! La soirée se finit en grandes pompes avec Maria Alexandrova et Vladimir Lantratov qui dansent comme il se doit le pas de deux de Don Quichotte.

Superbe moment que ce beau gala ! Je comprends mieux pourquoi les danseurs aiment tant se produire au Japon. Pas un bruit dans la salle, aucun téléphone sorti pendant le spectacle, des applaudissements généreux et une foule enthousiaste à la sortie des artistes. Merci à Naomi pour la place.