Audric Bézard

Wheeldon/McGregor/Bausch, Opéra Garnier

A la fin de l’année, côté ballet, il y a toujours un grand classique à Bastille et une soirée plus contemporaine à Garnier. A Bastille, les bayadères vous transportent dans un univers indien. A Garnier, il s’agit d’une autre ambiance. Soirée mixte, avec 3 chorégraphes : une entrée au répertoire, une création et la reprise d’un chef-d’œuvre. Comment s’articulent les 3 pièces ? Comment cette soirée se vit ? Retour du la soirée du 3 décembre.

Le Sacre Agathe Poupeney

Jamais facile d’associer le Sacre du Printemps de Pina Bausch, chef d’œuvre absolu, dont les mots manquent pour tarir d’éloges cette pièce. Puisqu’il faut toujours patienter avant de voir cette pièce, je commencerai donc ma chronique par elle. Vous pourrez donc vous passez de la suite de la lecture ! C’est la première fois que le Sacre est repris sans Pina. C’est Jo-Ann Endicott qui a mené les répétitions. Karl Paquette tient le rôle masculin avec beaucoup de poigne et de puissance. C’est définitivement dans ce registre qu’il brille de son titre. Quant à l’Elue, le rôle revient à Eleonora Abbagnato, dont on se réjouit de sa présence en scène. L’étoile italienne danse ce rôle pour la énième fois. Elle en connaît les secrets, les difficultés, les forces. Elle livre au public une danse incroyable, épurée de tout artifice. La danse de Pina ne permet de pas de tricher. Il ne s’agit pas là de faire semblant. Avec sa silhouette à la fois frêle et athlétique, Abbagnato est une élue possédée par la danse, dont les mouvements sont mues par une force intérieure très puissante, qui se ressent jusque dans la salle. Les yeux presque révulsés, le corps tremblant, elle sait maintenir la tension à l’instar de la musique qui nous tient aggrippés au rebord de la loge. Il y a un vertige dans le Sacre, un effet paroxystique qui vous attire de manière inconditionnelle. Le cœur bat, sur les barissements des cuivres. Le corps de ballet est somptueux, la transmission s’est faite. On admire la danse d’Alice Renavand, qui semble donner le rythme à l’ensemble du groupe.

Le Sacre du printemps Agathe Poupeney

Que dire alors des deux autres pièces ? Polyphonia de Wheeldon d’abord. C’est une composition de douze tableaux où 4 couples dansent. Duos, quatuor et ensembles se succèdent sur les pièces pour piano de Ligetti. L’ensemble n’est pas désagréable, on peut même dire que c’est plastiquement beau cette espèce d’épure, où les lignes des jambes cisaillent l’espace. La musique est sublime, admirablement jouée par Ryoko Hisayama et Michel Dietlin. Qu’en reste-t-il ? Pas grand chose, peut-être le passage de la valse et le style de Lydie Vareilhes. Un bon Robbins aurait sans doute fait mieux l’affaire.

Polyphonia Wheeldon Julien Benhamou

Alea Sands est un hommage à Pierre Boulez, puisque cette création est sur les Anathèmes II pour violon. Passé l’hommage, où la scénographie fait honneur à la musique, la chorégraphie de Mc Gregor est bien vide. Tous les éléments forts de la pièce sont autres que la danse. La servent-ils ? Pas franchement. Ils cachent une chorégraphie dont on se lasse. On en oublierait presque les merveilleux danseurs qui sont sur scène.

Audric Bézard Agathe Poupeney

Ce fut donc une soirée peu équilibrée, où l’on attend le Sacre avec beaucoup d’impatience. Deux entractes, c’est long aussi… Dommage qu’avec les nouvelles mesures de sécurité on ne puisse pas arriver juste au deuxième, pour assister au chef d’oeuvre de Pina.

Au pays du Lego, Le Ballet de l’Opéra de Paris casse des briques

Le Ballet de l’Opéra de Paris s’est offert un véritable City Break les 27, 28 et 29 mai dernier à Copenhague. Tournée express sur les chapeaux de roues avec 4 Paquita en 3 jours à L’Opéra Royal. Retour sur cette tournée, racontée par Ploutim.

Copenhague

Il est assez magique d’arriver dans un aéroport nickel et surtout lorsqu’il permet de rejoindre le centre de la ville en 10 minutes. Copenhague est une ville à taille humaine et lorsque l’on arrive en ce vendredi soir, un crachin du style breton plonge cette cité nordique dans une atmosphère de vacances de la toussaint. Crachin qui ne décourage pas les Copenhagois pour sortir et boire des tonneaux de bière. Les Danois savent faire la fête sans oublier les braillements éthyliques de l’aurore perceptibles depuis la chambre de l’hôtel. Ambiance digne d’un port des Antilles peuplé de pirates.

Le ballet est logé dans un hôtel du centre au style léché et très classique. Seul un ridicule petit canard en plastique jaune posé discrètement sur la fontaine du lobby ouvre la porte à une tentative d’humour. Confortable et bien situé, il permettra aux danseurs et danseuses de profiter du Nyhavn pendant leur intense et courte escale. Le Nyhavn est un vieux port entourée de bars surmontés de charmantes maisons aux multiples couleurs. Il y fait bon déambuler le soir à l’heure de l’apéro.

La journée de samedi s’annonce radieuse, la ville n’est pas trop chargée de touristes et les monuments sont facilement accessibles. L’un d’eux, le « Louisiana », est un musée d’art contemporain très réussi qui vaut largement le détour. Celui-ci se situe au nord de la ville, offrant de belles œuvres au bord du détroit séparant le Danemark de la Suède. Une bonne journée de visite s’achève avec des jambes bien éprouvées, tout comme les danseurs et danseuses qui après le cours du matin, auront déroulés une Paquita dans l’après midi. Une courte pause et la représentation du soir se profile.

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Le soir arrive, un très beau ciel bleu parsemé de jeunes cumulonimbus digne d’une peinture de Bruegel termine le tableau d’un bon début de soirée. Car ce samedi soir, la « Haute » de Copenhague vient admirer Paquita par l’Opéra de Paris. L’opéra est construit sur la berge du port en face de la « Royale place ». Comble du chic, c’est par bateau que l’on vient à l’opéra. Des chaloupes débordantes de couples en tenue de soirée convergent vers le « grille pain » (surnom donné au bâtiment). C’est follement amusant. La «  Royale Barge » en bois, elle, se fait discrète en venant de la rive opposé et gardée par deux officiers de marine au garde à vous, aviron à la main.

Cet Opéra est un véritable vaisseau très astucieusement conçu et accueille le public de manière naturelle. Son gigantesque auvent en porte-à-faux couve les balletomanes en faisant disparaitre petit à petit le ciel pour laisser place au foyer. Ceinturé de verre et de bois noble, ce foyer vertigineux donne une impression de légèreté. Le public y circule telle des notes de musiques qui virevoltent. La salle est très récente mais garde une conception à l’italienne avec ses charmants angles-morts.

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Le noir se fait, Faycal Karoui au pupitre lance cette Paquita interprétée dans le rôle éponyme par Laura Hecquet. Cette dernière avait déjà fait ses preuves à Montréal en octobre dernier. Son interprétation lui avait permise de poser de solides arguments pour sa promotion au grade de premières danseuses, couronnée par une nomination d’étoile quelque mois plus tard. Le Pas de 3 du premier acte lance sérieusement cette Paquita, le trio Philbert-Park- Louvet s’avérera réussi et fera naitre les premiers papillons dans le cœur du public. L’efficacité de Paquita se vérifie sur l’assistance ; les assiettes cassées de la scène de la paella sortent les danois de leur habituel sérieux. Josua Hoffalt (Lucien d’Hervilly) livrera un solide partenariat à une Laura Hecquet en réussite sur tous les plans du rôle.

L’entracte permet d’admirer une très belle lumière rasante qui inonde le foyer ainsi que la salle grâce à un astucieux dispositif ouvrant la paroi séparant cette dernière de que celui-ci. Un peu comme si vous supprimiez les murs au fond de la salle de l’opéra bastille.

Le spectacle reprend, et toute la salle se met debout pour saluer Son Altesse La Reine du Danemark : Margareth II. Une charmante femme blonde avec des lunettes, s’incline également pour autoriser ses sujets à s’assoir. Cette dernière est francophile comme en témoigne la nationalité française de son époux.

Lors du deuxième acte on remarquera le touchant engagement des élèves de l’école de danse de Nanterre qui participaient à la tournée. Petite mention personnelle à la Féline électrique amie, Fanny Gorse pour sa belle interprétation de Dona Serafina.

Applaudissements nourris au final et Dieu sait que les Danois sont honnêtes comme le témoigne l’absence de tourniquets ou moindre contrôle pour accéder au métro.

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A l’issue du spectacle, les danseurs du Royal Danish Ballet ont eu l’agréable idée d’inviter nos artistes à faire la bamboula dans les murs du Det Kongelige Teater. Cet ancien opéra est l’équivalent de leur Palais Garnier à eux où ont généralement lieux les ballets de la compagnie locale. Carlsberg et musique auront réussi à faire danser nos parisiens y compris la nuit. Sage entretien de l’échauffement pour la dernière Paquita du lendemain.

Dimanche enfin, tandis que le directeur de la Danse de l’Opéra de Paris allait visiter ce charmant musée  « Louisiana » avec « Madame », les danseurs bouclaient la représentation finale quelques heures avant de grimper dans l’avion qui les ramenaient à Orly en début de soirée.

Ce dernier jour permettra de découvrir enfin la « Petite sirène » qui n’est en faite qu’une ridicule coulée de bronze cernée de touristes. Heureusement à Copenhague, les « canons » ne sont pas que dans les forteresses. Le quartier « Christiania », sorte de territoire indépendantiste mêlant art de rue et festival de rock montre une vision très contrasté avec le peuple et les autres quartiers de Copenhague. Une dernière Carlsberg et il est déjà temps de repartir.

Weekend riche et sportif en somme. Le Ballet de l’Opéra avait au final toute sa place au Danemark, pays de cocagne ou la perfection frôle l’indécence.

Où aller ?

Musée le « Louisiana »

Cadre de rêve pour des œuvres exceptionnelles. Muséologie très efficace mettant en valeurs Giacometti, Calder et autres célèbres artistes danois dans une quiétude absolue. N’oubliez pas la pause café avec un cake aux carottes sur la pelouse avec vue sur la mer.

Gl Strandvej 13, 3050 Humlebæk, Danemark (25minutes en train depuis le centre de CPH)

Designmuseum (Musée du Design)

Etonnant musée dans lequel on peut s’imprégner de la culture créative danoise.

Bredgade 68, 1260 København, Danemark

Le Château Christianborg Slot

Visite incontournable, ce palais vous offrira de multiples couleurs en traversant : bibliothèque, salle du trône ou la salle de Bal. Sensations garanties pour les amoureux de « Borgen ». La vue depuis le campanile, « Tårnet » , permettra un point de vue utile de la ville.

Prins Jørgens Gård 1, 1218 København, Danemark

 Christiania (Fristaden Christiania)

Quartier de Copenhague au Danemark, autoproclamé « ville libre de Christiania »

 

Où déjeuner ?

Slotskælderen Hos Gitte Kik

Lieu parfait pour déguster les fameux Smørrebrød. Etape culinaire idéale et chaleureuse après la visite du Palais Christianborg Slot. Je vous conseil le hareng mariné avec une bonne bière.

 Fortunstræde 4, 1065 København K, Danemark

 Big Apple ApS

Excellente pause déjeuner. Cuisine légère à base de savoureux sandwiches et cocktail de fruits. Je vous conseil la table devant la vitre au ras de la chaussée, cette dernière offre une vue imprenable sur les charmantes danoises.

Kronprinsessegade 2, 1306 København, Danemark

 

Laura Hecquet, nouvelle étoile de l’Opéra de Paris

A l’issue de la représentation du Lac des Cygnes ce lundi 23 mars 2015, Laura Hecquet, tout juste promue première danseuse par le dernier concours de promotion, a été nommée danseuse étoile par le directeur de l’Opéra, Stéphane Lissner sur proposition du directeur de la danse, Benjamin Millepied.

Laura Hecquet

Déjà brillante dans son cygne noir lors du concours, Laura Hecquet avait déjà beaucoup d’une étoile. Elle a les lignes d’une vraie ballerine avec un très beau port de tête. Danseuse discrète, elle ne laissait pas indifférente quand elle est en scène. Pendant 10 ans sujet de l’Opéra de Paris, l’arrivée de Benjamin Millepied lui offre l’unique poste de première danseuse, si convoité depuis quelques années. Maintenant nommée étoile, elle va pouvoir montrer toutes ses qualités de solistes qu’on a pu voir ces derniers mois, notamment dans La Source, ou encore Le Chant de la Terre de John Neumeier.  Bravo à cette belle danseuse à qui on ne peut souhaiter qu’une belle carrière d’étoile, remplie de rôles et de belles rencontres artistiques !

Laura Hecquet

Laura Hecquet en quelques dates 

2000 : entre à l’école de danse de l’Opéra
2002 : est engagée dans le corps de ballet de l’Opéra de Paris
2004 : Coryphée
2005 : Sujet
2006 : Prix de l’AROP
2015 : Première danseuse.

Laura Hecquet et Vincent Chaillet dans Le Chant de la Terre

 

Vidéo de sa nomination

Soirée Forsythe Brown

Si il y a une chose que j’aime dans la danse de William Forsythe, c’est sa capacité à dessiner des formes dans l’espace, avec un questionnement toujours passionnant sur le corps du danseur.  Ainsi devant ses ballets, tout un tableau se remplit de cercles, lignes et polygones en tout genre. Les traits sont plus ou moins épais, ils se tirent, se dessinent avec les différents matériaux que le corps peut offrir. Elastiques, fusain, ou la plume d’un stylo, la palette graphique de Forsythe semble sans limite.

Vincent Chaillet In The Midlle Somewhat was elevated William Forstyhe photo de Julien Benhamou

La musique de Thom Willem a les mêmes couleurs que la danse. Crée pour les pièces la plupart du temps, mais sans lien comme chez Cunnigham, l’univers sonore du compositeur anglais donne à voir des formes musicales diverses et toujours nouvelles. Eclairs, grincements, suspension métallique, un monde se construit qui prend une forme physique lui aussi dans l’espace. La danse et la musique fusionnent sur le corps des danseurs.

J’ai vu deux fois la même distribution lors de la générale et de la première. Les deux fois j’ai vécu les mêmes émotions face à cette soirée qui m’a enchantée.

In the middle est le « diamant brut » de Forsythe. Chef d’oeuvre crée en 1987 avec Guillem/Hilaire/Legris, il fait aussi partie du ballet Impressing the Czar. Il faut absolument oublier cela pour rentrer dans la version de 2012. C’est ce que souhaite le maître américain, c’est ce qu’il a demandé à ses interprètes. On recommence et on se réapproprie l’oeuvre, l’imitation n’étant jamais bonne. Attention les yeux, Aurélia Bellet est sublime dans cette pièce et il ne faut pas la manquer. Son pas de deux avec Vincent Chaillet est envoutant, elle est fascinante. Chaillet montre tous ses talents. Cette danse terriblement sensuelle met en valeur les corps des hommes, avec ces lignes très précises dans les jambes tandis que les dos se courbent. Le passage où Chaillet est en 4ème position fondu sur la jambe de derrière, le dos dans l’alignement, puis qui d’un coup se courbe est très euphorisant. Cela vous prend au ventre comme la musique qui se gonfle d’un son qui semble venir de loin. Les danseurs marchent comme des automates, ils encadrent la scène avant d’entrer et de sortir. Ce pièce faite d’un thème, l’excellence technique qui joue avec la gravité, se décline en solo, duo, trio, que les danseurs de l’Opéra exécutent avec un investissement rare, si bien qu’on a eu l’imrpession de ne voir qu’un éclair parfaitement dessiné dans le ciel. Magique !

Soirée Forsythe Brown copyright photo Anne Deniau

Au milieu des pièces de Forsythe, on a eu la bonne idée de remettre ce petit bijou d’O Zlozony O composite de Trisha Brown. Contraste complet. Fond de scène étoilé, bienvenue dans le rêve de Trisha Brown. La danse est comme en apesanteur, faite de courbe qui s’enchaînent et s’entrelacent sans heurs. La pièce a encore gagné en épaisseur et je l’apprécie encore plus qu’il y a trois ans. Ce poème polonais offre à vos oreilles un voyage dans le surnaturel. Chaque séquence de la pièce donne à voir des qualités de mouvements différentes et pourtant il y a une continuité dans le langage proposé.  Le tout dansé magnifiquement par Le Riche Dupont et Bélingard… Cela ne vous suffit-il pas pour partir dans la troisième dimension ?

Jérémie Bélingard dans O Zlozony O Composite de Trisha Brown Merci Agathe Poupeny pour cette belle photo !

 

Univers beaucoup plus solaire avec Woundworks 1 qui ne m’a pas trop emballée. Il y a un aspect frustrant qui fait qu’un a du mal à voir en même temps les deux couples et on a la sensation de rater quelque chose.  Quand votre regard se pose sur l’un, difficile d’aller vers l’autre. Il y a très peu de pauses dans le mouvement et on reste bloqué. Les deux soirs, je n’ai pas décroché mon regard du couple Le Riche /Ciaravola. Le dos de Nicolas Le Riche, les jambes d’Isabelle Ciaravola, cela suffirait presque devant une pièce qui vous laisse quelque peu sur votre faim.

Pas. /Parts de William Forsythe copyright photo Agathe Poupeney

La soirée se termine en beauté avec Pas. / Parts. Comme dans Woundworks 1, le décor se compose simplement de rideaux de mousseline sur lesquels on peut changer les éclairages et créer des ambiances différentes. Alors là tout m’a plu ! Le solo de Sabrina Mallem, le duo Bélingard/Abbagnato, le duo court mais intense et viril de Bélingard / Bézard (si vous êtes cardiaque, évitez….), le solo d’Aurélien Houette, toujours aussi bon dans tout ce qu’il touche, la légèreté puissante de Bertaud, les jambes de Gillot qui défie sans cesse les lois de la gravité et ce chachacha qui vous donne envie de vous lever de votre siège et de de danser !

NB : même au 5ème rang de parterre, il vaut mieux être côté jardin.

Distribution des 30 novembre et 3 décembre 2012

IN THE MIDDLE SOMEWHAT ELEVATED

Aurélia BelletAlice RenavandValentine ColasanteLaurène LévyEléonore Guérineau,Charlotte Ranson
Vincent ChailletMarc MoreauDaniel Stokes
O ZLOZONY O COMPOSITE
Aurélie Dupont
Nicolas Le RicheJérémie Bélingard
WOUNDWORKS 1
Agnès LetestuIsabelle Ciaravola
Nicolas Le RicheHervé Moreau
PAS./ PARTS.
Marie-Agnès GillotNolwenn DanielEleonora AbbagnatoSabrina MallemValentine ColasanteJuliette HilaireCaroline RobertCaroline Bance
Jérémie BélingardAudric BezardAurélien HouetteChristophe DuquenneSébastien BertaudCyril Mitilian

Concours de promotion Opéra de Paris 2012 hommes

Retour à Garnier ce matin, pour voir le concours garçons. Dans l’ensemble, je suis plutôt en accord avec le classement sauf peut être pour les coryphées où Sébastien Bertaud n’est pas classé.

Félicitations à tous les danseurs et danseuses qui ont encore une fois passé cette épreuve tout de même assez difficile par son aspect infantilisant, et, qui ne reflète pas toujours certains artistes. Cela reste une belle occasion de voir les danseurs et danseuses du corps de ballet, de les découvrir. J’ai par ailleurs appris, en discutant çà et là, qu’auparavant (je n’ai pas la date) le concours était obligatoire et que si on ne le passait pas, on retombait dans le grade en dessous. Il y eut une époque aussi où on annonçait les résultats dans la salle avec le public.

  • Concours Quadrilles

2 postes à pourvoir

Classement :
1. Jérémy Loup Quer, promu
2. Mathieu Contat, promu
3. Germain Louvet
4. Hugo Marchand
5. Alexandre Labrot
6. Florent Mélac

Variation imposée : La Sylphide, chorégraphie de Pierre Lacotte d’après Taglioni)
Acte II, 1ère variation de James, montrée par Gil Isoart. Vidéo, clic.

Mes impressions : La variation imposée est une démonstration de technique qui permet de montrer sa batterie ainsi que ses tours, et tours en l’air. Il fallait donc veiller à avoir de bonnes réceptions, une maîtrise du nombre de pirouettes car il fallait enchaîner le manège ensuite.
Dans cet exercice, Alexandre Labrot s’en est très bien tiré, tout comme Hugo Marchand et Jérémy-Loup Quer qui se sont fait remarquer par leur légèreté. On sent chez Hugo Marchand beaucoup de volonté et une énergie qui transpire dans ses mouvements. Le visage d’ange de Mathieu Contat me séduit, ainsi que ses entrechats à la fois rapides et plein d’amplitude. Takeru Coste fait une belle prestation malgré un léger déséquilibre dans les tours suivis. Germain Louvet également, même si on le sens tendu pour ce premier concours. Il a de belles qualités. Florent Mélac impose une danse très grande, malheureusement, il glisse et c’est dommage car le reste de la variation était bien menée.
Cette classe fut vraiment intéressante car les danseurs avaient beaucoup de personnalités. On ne s’est pas ennuyé en les regardant. Germain Louvet montre son amplitude de saut dans sa variation de Colas. Florent Mélac propose un Frollo plein de fougue. Jérémy-Loup Quer parvient à rendre intéressante la variation de Marco Spada. Il est très pétillant et piquant. Takeru Coste se retient un peu trop dans Approximate Sonata, c’est dommage car ce langage lui va bien et je pense qu’il aurait du être classé. Mathieu Contant fait une prestation honorable et rattrape bien quelques arrivées de sauts un peu hésitantes.

Mes cinq favoris : Hugo Marchand, Jérémy Loup Quer, Takeru Coste, Alexandre Labrot et Mathieu Contat

Variations libres

Alexandre Carniato, Genus, Mc Gregor
Jean-Baptiste Chavignier, Raymonda, Acte II, Abraham, Rudolf Noureev
Cyril Chokroun, Marco Spada, Acte I, 1ère variation, Pierre Lacotte
Mathieu Contat, Le lac des cygnes, acte III, Siegfried, Rudolf Noureev
Takeru Coste, Approximate sonata, William Forsythe
Alexandre Labrot, Giselle, Acte I, Pas de deux des paysans, Jean Coralli
Germain Louvet, La fille mal gardée, Acte I, Colas, Heinz Spoerli
Hugo Marchand, Suite en blanc, Mazurka, Serge Lifar
Florent Melac, Notre-dame de Paris, Acte I, Frollo, Roland Petit
Antonin Monie, Le lac des cygnes, acte III, Rothbart, Rudolf Noureev
Jérémy-Loup Quer, Marco Spada, Acte I, 1ère variation, Pierre Lacotte
Pierre Rétif, L’arlésienne, dernière variation de Frédéri, Roland Petit
Alexis Saramite, Raymonda, Acte II, Abraham, Rudolf Noureev

  • Concours Coryphées

2 postes à pourvoir

Classement :
1. François Alu, promu
2. Yann Chailloux, promu
3. Maxime Thomas
4. Axel Ibot
5. Alexandre Gasse
6. Mathieu Botto

« Mickaël Lafon a su après son accident reprendre courage et confiance. A ce titre, et pour la qualité de sa prestation, le jury tient à le féliciter particulièrement. »

Variation imposée : Etudes, chorégraphie de Harald Lander, Mazurka, montrée par Nicolas Le Riche. Vidéo, clic.

Mes impressions : La Mazurka d’Etudes est la variation parfaite pour ce concours ! Il faut avoir du panache, montrer son excellence en restant léger car toutes les difficultés y sont. Il faut se montrer léger, bref faire comme si on claquait des doigts comme au début de la variation.
Vous vous en doutez si vous connaissez le personnage, François Alu a dominé le concours. C’était une partie de plaisir, rien ne semble difficile. Il place une pirouette de plus que tout le monde partout, saute plus haut, atterrit sans faire un bruit. Maxime Thomas met beaucoup d’enthousiasme et d’énergie. Axel Ibot fait de jolis tours en l’air et de beaux fouettés, avec des réceptions tout en douceur. Grégory Dominiak fait une bonne prestation, malgré de légers déséquilibres à la fin des tours. Yann Chailloux fait lui aussi de belles choses bien qu’il se soit déséquilibré. Sa pirouette qui accélère, puis ralentit montre une bonne maîtrise technique. Hugo Vigliotti glisse aussi par deux fois et c’est dommage car il avait bien ouvert le concours.
François Alu nous a bien fait comprendre le message. Solor c’est son truc et il fait ça à merveille. Il nous en fout plein la vue, il est insolent de facilité, même si cette variation a moins de panache que celle qu’il avait présentée l’an passé. J’aime l’énergie de Vigliotti. Plein d’humour, il me fait penser à Daniil Simkin. Adrien Couvez, souvent choisi pour les pièces de Mats Ek, a fait un bon choix avec cette variation de la cuisine. Axel Ibot fait un Arepo très propre. Il me fait beaucoup penser à celui de Vincent Chaillet quand il avait été promu premier danseur. Le personnage de Don José va bien à Sébastien Bertaud, que j’ai senti un peu tendu dans ses mouvements. Mickaël Lafon fait un bon retour sur scène, ce qui est très positif. Mathieu Botto danse un beau Frédéri, même si je l’ai trouvé un peu timide dans l’interprétation. Maxime Thomas fait un beau concours surtout dans sa variation libre où il est fluide et nuancé dans ses mouvements.

Mes cinq favoris : François Alu, Sébastien Bertaud, Adrien Couvez, Mathieu Botto, Axel Ibot

Variations libres

Hugo Vigliotti, Push comes to shove, Twyla Tharp
François Alu, La Bayadère, Acte III, Rudolf Noureev
Sébastien Bertaud, Carmen, Don José, Roland Petit
Matthieu Botto, L’arlésienne, dernière variation de Frédéri, Roland Petit
Yann Chailloux, Le lac des cygnes, Acte I, variation lente, Rudolf Noureev
Adrien Couvez, Appartement, la cuisine, Mats Ek
Julien Cozette, L’arlésienne, première variation de Frédéri, Roland Petit
Yvon Demol, Sylvia, Acte II, Orion, John Neumeier
Grégory Dominiak, Sept danses grecques, Maurice Béjart
Alexandre Gasse, Notre-dame de Paris, Acte I, Frollo, Roland Petit
Axel Ibot, AREPO, Maurice Béjart
Mickaël Lafon, AREPO, Maurice Béjart
Maxime Thomas, Nouvelle Lune, Andy Degroat

 

  • Concours Sujets

1 poste à pourvoir

Classement :
1. Audric Bezard, promu
2. Pierre-Arthur Raveau
3. Fabien Revillion
4. Allister Madin
5. Yannick Bittencourt
6. Marc Moreau

Variation imposée : La Belle au bois dormant, chorégraphie de Rudolph Noureev d’après Marius Petipa, Acte II, 3ème variation du Prince, montrée par Laurent Hilaire. Vidéo, clic. (à 3′)

Mes impressions : Il fallait avoir les hanches bien ouvertes pour faire cette variation. Entre les tours à la seconde et les ronds de jambes, l’en dehors devait être montré ! Les tours en dedans (oui l’en dedans et l’en dehors en danse classique cela veut dire plein de choses différentes!!) ne devaient pas se finir avec le genou de majorette. Les bras doivent être majestueux (et Désiré c’est LE prince avec un nom pareil!) et le rester dans la petite batterie. Les réceptions doivent être précises, sinon on perd vite le personnage.
Audric Bézard remplit à merveille toutes ces conditions. Allure princière ( moi qui le préfère d’habitude nettement en contemporain), buste élégant, jambes admirables, il a mené cette variation avec brio. Allister Madin est lui aussi majestueux avec une jolie technique. Néanmoins, deux réceptions sont un peu déséquilibrées et c’est bien dommage quand on connaît son potentiel. Pierre-Arthur Raveau a de jolis équilibres mais il semble tendu. Julien Meyzindi et Marc Moreau semblent eux aussi un peu crispés, cela se voit dans leurs appuis. Yannick Bittencourt souffre lui aussi de déséquilibres dans ses tours, mais le reste de la variation est pas mal du tout.
Pour les variations libres, je pense qu’après le passage d’Audric Bézard, les filles de ma loge et moi étions d’accord sur le fait que c’était lui le futur premier danseur. Classe, terriblement sensuel, son Don José m’a absorbée. Florimond Lorieux était bien parti pour son Rothbart, mais sa chute lui fut fatale. Quel courage de reprendre son manège, les secondes ont du lui sembler longues. Yannick Bittencourt montre une forte personnalité dans sa variation. Ses sauts de chats battus sont très amples et fins. Julien Meyzindi me touche beaucoup en Siegfried. Je l’ai trouvé romantique, il racontait une histoire, malgré des fragilités techniques. Allister Madin est un diable maléfique dans Arepo, il a peut être manqué un petit quelque chose. Pierre-Arthur Raveau propose une variation très propre de l’Oiseau de feu.

Mes cinq favoris : Audric Bezard, Allister Madin, Pierre-Arthur Raveau, Marc Moreau, Yannick Bittencourt

Variations libres

Simon Valastro, Rhapsody, Frederic Ashton
Audric Bezard, Carmen, Don José, Roland Petit
Yannick Bittencourt, Other Dances, 2ème variation, Jerome Robbins
Florimond Lorieux, Le lac des cygnes, acte III, Rothbart, Rudolf Noureev
Allister Madin : AREPO, Maurice Béjart
Julien Meyzindi, Le lac des cygnes, acte I, Siegfried variation lente, Rudolf Noureev
Marc Moreau, The Four Seasons, le printemps, Jerome Robbins
Pierre-Arthur Raveau, L’oiseau de feu, 1ère variation, Maurice Béjart
Fabien Révillion, La Belle au bois dormant, Acte II, Désiré, Rudolf Noureev
Daniel Stokes, Other Dances, 2ème variation, Jerome Robbins