Aubane Philbert

Au pays du Lego, Le Ballet de l’Opéra de Paris casse des briques

Le Ballet de l’Opéra de Paris s’est offert un véritable City Break les 27, 28 et 29 mai dernier à Copenhague. Tournée express sur les chapeaux de roues avec 4 Paquita en 3 jours à L’Opéra Royal. Retour sur cette tournée, racontée par Ploutim.

Copenhague

Il est assez magique d’arriver dans un aéroport nickel et surtout lorsqu’il permet de rejoindre le centre de la ville en 10 minutes. Copenhague est une ville à taille humaine et lorsque l’on arrive en ce vendredi soir, un crachin du style breton plonge cette cité nordique dans une atmosphère de vacances de la toussaint. Crachin qui ne décourage pas les Copenhagois pour sortir et boire des tonneaux de bière. Les Danois savent faire la fête sans oublier les braillements éthyliques de l’aurore perceptibles depuis la chambre de l’hôtel. Ambiance digne d’un port des Antilles peuplé de pirates.

Le ballet est logé dans un hôtel du centre au style léché et très classique. Seul un ridicule petit canard en plastique jaune posé discrètement sur la fontaine du lobby ouvre la porte à une tentative d’humour. Confortable et bien situé, il permettra aux danseurs et danseuses de profiter du Nyhavn pendant leur intense et courte escale. Le Nyhavn est un vieux port entourée de bars surmontés de charmantes maisons aux multiples couleurs. Il y fait bon déambuler le soir à l’heure de l’apéro.

La journée de samedi s’annonce radieuse, la ville n’est pas trop chargée de touristes et les monuments sont facilement accessibles. L’un d’eux, le « Louisiana », est un musée d’art contemporain très réussi qui vaut largement le détour. Celui-ci se situe au nord de la ville, offrant de belles œuvres au bord du détroit séparant le Danemark de la Suède. Une bonne journée de visite s’achève avec des jambes bien éprouvées, tout comme les danseurs et danseuses qui après le cours du matin, auront déroulés une Paquita dans l’après midi. Une courte pause et la représentation du soir se profile.

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Le soir arrive, un très beau ciel bleu parsemé de jeunes cumulonimbus digne d’une peinture de Bruegel termine le tableau d’un bon début de soirée. Car ce samedi soir, la « Haute » de Copenhague vient admirer Paquita par l’Opéra de Paris. L’opéra est construit sur la berge du port en face de la « Royale place ». Comble du chic, c’est par bateau que l’on vient à l’opéra. Des chaloupes débordantes de couples en tenue de soirée convergent vers le « grille pain » (surnom donné au bâtiment). C’est follement amusant. La «  Royale Barge » en bois, elle, se fait discrète en venant de la rive opposé et gardée par deux officiers de marine au garde à vous, aviron à la main.

Cet Opéra est un véritable vaisseau très astucieusement conçu et accueille le public de manière naturelle. Son gigantesque auvent en porte-à-faux couve les balletomanes en faisant disparaitre petit à petit le ciel pour laisser place au foyer. Ceinturé de verre et de bois noble, ce foyer vertigineux donne une impression de légèreté. Le public y circule telle des notes de musiques qui virevoltent. La salle est très récente mais garde une conception à l’italienne avec ses charmants angles-morts.

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Le noir se fait, Faycal Karoui au pupitre lance cette Paquita interprétée dans le rôle éponyme par Laura Hecquet. Cette dernière avait déjà fait ses preuves à Montréal en octobre dernier. Son interprétation lui avait permise de poser de solides arguments pour sa promotion au grade de premières danseuses, couronnée par une nomination d’étoile quelque mois plus tard. Le Pas de 3 du premier acte lance sérieusement cette Paquita, le trio Philbert-Park- Louvet s’avérera réussi et fera naitre les premiers papillons dans le cœur du public. L’efficacité de Paquita se vérifie sur l’assistance ; les assiettes cassées de la scène de la paella sortent les danois de leur habituel sérieux. Josua Hoffalt (Lucien d’Hervilly) livrera un solide partenariat à une Laura Hecquet en réussite sur tous les plans du rôle.

L’entracte permet d’admirer une très belle lumière rasante qui inonde le foyer ainsi que la salle grâce à un astucieux dispositif ouvrant la paroi séparant cette dernière de que celui-ci. Un peu comme si vous supprimiez les murs au fond de la salle de l’opéra bastille.

Le spectacle reprend, et toute la salle se met debout pour saluer Son Altesse La Reine du Danemark : Margareth II. Une charmante femme blonde avec des lunettes, s’incline également pour autoriser ses sujets à s’assoir. Cette dernière est francophile comme en témoigne la nationalité française de son époux.

Lors du deuxième acte on remarquera le touchant engagement des élèves de l’école de danse de Nanterre qui participaient à la tournée. Petite mention personnelle à la Féline électrique amie, Fanny Gorse pour sa belle interprétation de Dona Serafina.

Applaudissements nourris au final et Dieu sait que les Danois sont honnêtes comme le témoigne l’absence de tourniquets ou moindre contrôle pour accéder au métro.

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A l’issue du spectacle, les danseurs du Royal Danish Ballet ont eu l’agréable idée d’inviter nos artistes à faire la bamboula dans les murs du Det Kongelige Teater. Cet ancien opéra est l’équivalent de leur Palais Garnier à eux où ont généralement lieux les ballets de la compagnie locale. Carlsberg et musique auront réussi à faire danser nos parisiens y compris la nuit. Sage entretien de l’échauffement pour la dernière Paquita du lendemain.

Dimanche enfin, tandis que le directeur de la Danse de l’Opéra de Paris allait visiter ce charmant musée  « Louisiana » avec « Madame », les danseurs bouclaient la représentation finale quelques heures avant de grimper dans l’avion qui les ramenaient à Orly en début de soirée.

Ce dernier jour permettra de découvrir enfin la « Petite sirène » qui n’est en faite qu’une ridicule coulée de bronze cernée de touristes. Heureusement à Copenhague, les « canons » ne sont pas que dans les forteresses. Le quartier « Christiania », sorte de territoire indépendantiste mêlant art de rue et festival de rock montre une vision très contrasté avec le peuple et les autres quartiers de Copenhague. Une dernière Carlsberg et il est déjà temps de repartir.

Weekend riche et sportif en somme. Le Ballet de l’Opéra avait au final toute sa place au Danemark, pays de cocagne ou la perfection frôle l’indécence.

Où aller ?

Musée le « Louisiana »

Cadre de rêve pour des œuvres exceptionnelles. Muséologie très efficace mettant en valeurs Giacometti, Calder et autres célèbres artistes danois dans une quiétude absolue. N’oubliez pas la pause café avec un cake aux carottes sur la pelouse avec vue sur la mer.

Gl Strandvej 13, 3050 Humlebæk, Danemark (25minutes en train depuis le centre de CPH)

Designmuseum (Musée du Design)

Etonnant musée dans lequel on peut s’imprégner de la culture créative danoise.

Bredgade 68, 1260 København, Danemark

Le Château Christianborg Slot

Visite incontournable, ce palais vous offrira de multiples couleurs en traversant : bibliothèque, salle du trône ou la salle de Bal. Sensations garanties pour les amoureux de « Borgen ». La vue depuis le campanile, « Tårnet » , permettra un point de vue utile de la ville.

Prins Jørgens Gård 1, 1218 København, Danemark

 Christiania (Fristaden Christiania)

Quartier de Copenhague au Danemark, autoproclamé « ville libre de Christiania »

 

Où déjeuner ?

Slotskælderen Hos Gitte Kik

Lieu parfait pour déguster les fameux Smørrebrød. Etape culinaire idéale et chaleureuse après la visite du Palais Christianborg Slot. Je vous conseil le hareng mariné avec une bonne bière.

 Fortunstræde 4, 1065 København K, Danemark

 Big Apple ApS

Excellente pause déjeuner. Cuisine légère à base de savoureux sandwiches et cocktail de fruits. Je vous conseil la table devant la vitre au ras de la chaussée, cette dernière offre une vue imprenable sur les charmantes danoises.

Kronprinsessegade 2, 1306 København, Danemark

 

La belle au bois dormant, Ludmila Pagliero Josua Hoffalt

La belle au bois dormant de Rudolf Noureev est à l’affiche de l’Opéra de Paris depuis le 4 décembre et jusqu’au 4 janvier 2013. Ballet fleuve de 3h10, les étoiles se succèdent sur la scène pour assurer toutes les représentations. Ce conte bien connu, est une féerie sur scène qui saura contenter grands et petits. Retour sur la représentation du 10 décembre 2013 assurée pour le couple star par Ludmila Pagliero et Josua Hoffalt.

Ludmila Pagliero et Josua Hoffalt

J’adore la danse classique. Elle m’émeut, elle me touche, elle me fait rêver. Mais je n’aime pas la Belle au bois dormant. Voilà un moment ceci dit qu’on ne l’avait pas vu à l’Opéra, il fallait donc que je persévère un peu. Je vous le dis tout de suite, je n’aime toujours pas La Belle au bois dormant. Et je n’aime pas l’Opéra Bastille ! On est loin, on ne voit rien. Quand il y a autant de petits détails que dans ce ballet, la frustration opère vite.

Ce sera donc une chronique courte, je vous épargne d’un compte-rendu qui serait aussi long que ce ballet. L’émotion n’était pas là pour moi. Je n’aime pas ces décors chargés, ces tutus clinquants, ces perruques (celle des garçons au premier acte on failli me provoquer un fou rire…) ce livret qui est un peu étrange tout de même et des détours chorégraphiques, avec une pantomime bien moins délicate que celle du Lac par exemple. Voilà, peut être ne suis-je pas sensible à ce conte de fée qui endort les jeunes filles pendant leur puberté…

En revanche, on dira comme Pierre Lacotte, que Ludmila Pagliero était « ludmilesque ». Elle montre une belle technique doublée une jolie interprétation de cette jeune princesse. Elle mange la scène avec une assurance sans pareille. Son partenaire Josua Hoffalt était lui aussi très en forme. Il livre de belles variations, il a tout d’un prince et c’est un excellent partenaire. Sa légèreté habituelle est un vent de bonheur ; son aisance n’est plus à démontrer.

Les fées

Parmi les fées du prologue on notera la pétillance de Charline Giezendanner, même cela commence à devenir agaçant de la voir toujours dans ce type de rôle, je suis sûre qu’elle serait brillante dans la fée lilas ou la fée blanche. Fanny Gorse est parfaite en fée violente. Lydie Vareihles et Léonore Baulac sont épatantes. Valentine Colasante est très solide techniquement. La production est très belle, le corps de ballet est très en place.

Au troisième acte, j’ai beaucoup apprécié la prestation d’Aurélia Bellet, qui est décidément une danseuse qu’on ne pas rater sur scène. Son diamant était étincelant tant par l’interprétation que par la solidité technique. Eve Grinsztajn et Axel Ibot forme un joli couple d’oiseaux. Eve illumine et la finesse de sa danse est toujours un plaisir pour les yeux. Le couple de chats est un succès ; Aubane Philbert et Daniel Stokes y sont excellents.

Si vous aimez ce genre de gros chou à la crème allez-y parce que c’est vrai que c’est bon, parce que c’est bien dansé, que le corps de ballet est très en place, que les rôles de solistes sont intéressants et qu’ils changent beaucoup sur toute la série, ce qui va permettre au public de découvrir de nombreux danseurs talentueux. Si comme moi trop de sucre tue le sucre, une soirée est amplement suffisante !

A voir, La belle au bois dormant sur France 3 à 22h40, clic
La belle au bois dormant est en direct au cinéma le 16 décembre, plus d’infos, clic
Plus d’infos et réservations pour La Belle au bois dormant, clic

Les photos sont de  © Sébastien Mathé / ONP.

Extrait vidéo, retour sur quelques années en arrière…