Die gelbe Tapete est au théâtre de l’Odéon du 20 au 26 septembre. Le texte de Charlotte Perkins Gilman est mis en scène avec beaucoup de talent par Katie Mitchell. Retour sur la représentation du 25 septembre. Avec Iris Becher, Judith Engel, Cathlen Gawlich, Ursina Lardi,Tilman Strauß, Luise Wolfram et Andreas Hartmann, Stefan Kessissoglou (caméras).
Le texte est le monologue intérieur d’une jeune femme qui tombe en profonde dépression à la suite de son accouchement. Son mari, qui est aussi son médecin, recommande le repos dans une nouvelle maison. Anna est donc installée à l’étage, dans une chambre au papier peint jeune défraichi. Le lit du bébé est enlevé de la chambre, le babyphone éteint. Anna va peu à peu plonger au cœur de ses névroses qui se révèleront psychotiques. Elle va se focaliser sur ce papier peint, où elle y verra des formes, en suivra les motifs, entendra des bruits et ira jusqu’à voir une femme enfermée derrière les pans de la tapisserie. Le texte est d’une humble simplicité et décrit habilement les tourments intérieurs.
La mise en scène est sans doute une très bonne mise en valeur du texte. Nous sommes face à la chambre, qui n’est ouverte que sur un mur, comme dans une maison de poupée. Au-dessus, un grand écran, comme au cinéma. A droite, une autre pièce, mais fermée. Au centre, une cabine de verre. Des cameramen filment les scènes qui sont muettes. Une récitante, installée dans la cabine, est la voix d’Anna, de son monologue intérieur. Les scènes sont remarquablement bien filmées, la réalisation en temps réel est brillante., ce qui est peu habituel chez les metteurs en scène qui utilisent cet outil. On suit cette voix, suave, douce, qui nous fait entrer telle des êtres omniscients dans les pensées les plus intimes du personnage principal. Quand la deuxième pièce s’ouvre, c’est la même chambre, sauf qu’Anna en a déchiré le papier peint pour libérer son double.
La fin tragique de la pièce est haletante. La distance s’amenuise et on finit par ressentir par une moindre mesure, l’enfermement oppressant. Les deux comédiennes (Anna et la récitante ) sont très douées pour faire entrer le spectateur dans l’émotion de ce texte. Une pièce excellent, à la mise en scène audacieuse ; un vrai coup coeur de la rentrée, que je ne suis pas prête d’oublier.
Noël et ses repas gargantuesques ont eu raison de moi. Le petit rat a eu les yeux plus gros que le ventre et après des festivités familiales, c’est mon lit que j’ai rejoint avec fièvre et gastro (ce qui a le mérite d’éliminer une grande partie des excès!).
J’ai regardé mercredi la soirée spéciale danse sur France 2. Si vous ne ‘avez pas vue, je vais vous mettre les liens de rattrapage. On a commencé avec Fais danser la poussière, petit téléfilm bien familial et bien pensant, soulignant tout de même avec justesse, un racisme sévissant de façon forte en France dans les années 70-80 (et je sais de quoi je parle…). Il n’est pas disponible en replay, mais vous pourrez vous en passer. Un jour, un destin, consacré à Rudolf Noureev avait le mérite de faire découvrir le personnage au grand public via un point de vue plutôt français. Assez peu d’images de danse au final, beaucoup d’interviews, de témoignages. Merci à Ariane Dollfus dont la biographie du génie russe a bien éclairé les réalisateurs. Allez hop, si vous ne l’avez pas lu, clic. Pour revoir l’émission, clic.
Je suis partagée sur le dernier documentaire, La danse à tout prix. Monté à la manière d’une real TV, avec des suspenses insoutenables, « Mais qui d’Héloïse, le cygne blanc, Pierre-Arthur, l’oiseau Phényx, François le jeune guerrier ou Léonore le cygne noir aura le concours… », la présentation était assez insupportable. Il avait ceci dit le mérite d’expliquer aux non-initiés le fonctionnement de l’institution, certes, de leur point de vue, on aurait dit que l’Opéra c’était la Star Académy…A 23h40, je ne suis pas sûre que beaucoup de non-initiés étaient devant leur poste. C’était en revanche très plaisant de voir les quatre artistes au travail, surtout lors des répétitions avec les conseils avisés d’Aurélie Dupont et Agnès Letestu. L’émission a réuni 300 000 téléspectateurs. Pour la revoir, clic.
Depuis mon lit, j’ai aussi regardé La danse au travail, coffret DVD assez passionnant, clic. Regarder Guillem danser Forsythe, en répétition, puis en scène… on ne s’en lasse pas. Puis regarder Forsythe travailler aux répétitions d’Impressing The Czar… Je vous conseille vivement ce coffret que je n’ai pas fini d’explorer.
Samedi j’ai retrouvé des forces pour aller au Théâtre de la ville voir Desh d’Akram Khan et je n’ai pas été déçue du déplacement. J’ai passé une soirée remplie de poésie et d’émotions. Si vous en avez l’occasion ne manquez pas ce voyage artistique. Pour relire ma chronique, clic.
Les sorties de la semaine
La sortie de la Saint-Sylvestre pour moi se passera à Garnier pour revoir la soirée Forsythe/Brown.
Cette semaine, le ballet de l’Opéra de Paris se repose avant de partir en tournée vers un pays grand et chaud danser Giselle. La compagnie d’Angelin Preljocaj investit les lieux pour quelques jours avec deux pièces, Helikopter et Eldorado. A voir du 5 au 10 janvier 2013.
Le festival 1,2,3 Opéra!donnera sa première édition du 15 au 26 juin et est consacré aux classes du programme Dix mois d’école et d’Opéra. Les classes pourront ainsi présenter leur travail. Pour l’occasion Sébastien Berthaud va chorégraphier une pièces pour 24 enfants de 6ème. J’espère qu’il y prendra beaucoup de plaisir, pour en avoir l’expérience, les enfants sont un matériau et une inspiration d’une richesse rare. Leur ouverture d’esprit est fascinante.
On parle de Don Quichotte dans le Figaro Madame et dans Danse Magazine.
Le NYTimes a vu la soirée Forsythe, voici ce que Roslyn Sulcas en a pensé, clic.
Réécouter Ludmila Pagliero dans le Grand entretien de France Culture , clic.
A lire dans les kiosques, Causette et son article sur Anna Halprin.
Ne manquez pas le 4 janvier, Don Quichotte est rediffusé sur ARTE dans la distribution Dorothée Gilbert Karl Paquette.
Le Bolchoï serait de retour à Paris en 2014 avec un programme Ratmansky.
La vidéo de la semaine : Allister Madin, chef gitan
Bravo à Allister Madin qui a assuré quinze représentations du Chef gitan avec toujours autant de panache (et de virilité…). Olé !
Bonus : mon top 10 de 2012 !
Mon top 10 danse a été facile à faire, je n’ai presque pas eu besoin de réfléchir.
1) Sharon Fridman, découvert cet été au Théâtre de l’Athénée lors du Festival Paris Quartier d’été avec A****. Revu cet hiver au Silencio. Sa danse est fascinante, envoûtante, ensorcelante. Relire ma chronique, clic.
2) May B de Maguy Marin, pas besoin de mots, chef d’œuvre absolu, soirée inoubliable. Relire ma chronique, clic.
3) Desh d’Akram Khan. Oui c’est très récent, mais quand même ! C’était très fort, et peu de pièces cette année m’ont donné autant d’émotions ! Relire ma chronique, clic.
4) Orphée et Eurydice de Pina Bausch, parce qu’on ne peut se lasser de la danse de Pina, parce que l’Opéra de Paris a dansé ce chef d’œuvre avec une grandeur d’âme rare et sincérité. Relire ma chronique, clic.
5) Revelation d’Alvin Ailey. J’ai passé une soirée géniale, j’ai vu le public en folie et j’adore ce ballet, plein de vie ! Je ne l’ai malheureusement pas chroniqué, cela doit traîner dans un de mes carnets.
6) Apartement de Mats Ek, belle reprise de cette pièce drôle, émouvante. Je ne mets que cette pièce, car le Robbins qui l’accompagnait m’a plutôt ennuyée. Relire ma chronique, clic.
7) Les adieux de Clairemarie Osta dans l’Histoire de Manon. Moment très émouvant après une jolie série de ce ballet. Relire ma chronique, clic.
8) Roméo et Juliette de Sasha Waltz avec Mélanie Hurel et Vincent Chaillet. Très jolie prise de rôle dans ce ballet à la scénographie superbe. Les deux jeunes interprètes ont su utiliser le langage de la chorégraphe allemande. Relire ma chronique, clic.
9) Cesena d’ATDK. Cette pièce qui a fait beaucoup de bruit, m’a émerveillée. Le travail de cette chorégraphe me fascine, car c’est une vraie expérience auditive et visuelle qu’elle a fait vivre aux spectateurs. Relire ma chronique, clic.
10) Bayadèreavec Zakharova. La déesse russe m’a happée. J’ai adoré cette soirée, j’en garde un souvenir très joyeux. Relire ma chronique, clic.
ERRATUM : J’ai oublié dans mon top 10, une pièce que j’ai adoré, bien évidemment, 1980 de Pina Bausch ! Voilà mon Top 10 est un TOP 11 je ne serai jamais cartésienne ! Relire ma chronique, clic.
Mon top 5 autres spectacles :
1) L’irrésistible ascension d’Arturo Ui, parce Martin Wuttke est un acteur extraordinaire et la mise en scène d’Heiner Müller est d’une intelligence rare. Relire ma chronique, clic.
2) Medea de Sasha Waltz et Pascal Dusapin. La danse de Waltz, la musique, la mise en scène forte et lisible. Sublime. Relire ma chronique, clic.
3) Nouveau roman de Christophe Honoré au Théâtre de la Colline. Drôle, intelligent, très bien mis en scène, belle écriture. A voir sans modération. Relire ma chronique, clic.
4) La Traviatad‘Andrea Breth, pour sa mise en scène superbe et provocatrice. Relire ma chronique, clic.
5) Le gros, la vache et la mainate de Bernard Menes, parce que je n’avais jamais autant ri devant une pièce de théâtre.
Mon flop 5 de l’année 2012 :
1) Napoli par le Ballet du Danemark. Relire ma chronique, clic.
2) Kabuki par le ballet de Tokyo. Relire ma chronique, clic.
3) La saison 2011 2012 du Théâtre de la colline, que des purges… Si bien que même les bons spectacles, on ne s’en rappelle plus…
4) La petite, seule erreur de ce début de saison au Théâtre de la Colline
5) Ballet am Rhein, trop de prétention tue la danse. Relire ma chronique, clic.
A noter dans les autres moments remarquables de cette année 2012 : les trois nominations d’étoiles à l’Opéra de Paris (j’ai assisté à 2!!) , bravo donc à Ludmila qui a depuis explosé tout en Kitri, Josua Hoffalt et Myriam Ould-Braham, qui a fait un beau début de saisons dans la soirée Balanchine. L’ouverture d’Elephant Paname, lieu assez magique. On attend avec impatience l’exposition de février qui sera consacrée à Noëlla Pontois. Ma visite aux Ateliers Berthier, lieu fantastique où l’on découvre l’envers du décor. Pour revoir mes photos, clic et ma chronique, clic. Le NDT au cinéma en attendant leur venue la saison prochaine à Paris ! Relire mes chroniques, clic et clic.
Très bon réveillon à tous ! Rendez-vous l’année prochaine !
Si la bâtisse peut sembler un peu triste, à côté du périphérique, il ne faut pas s’y tromper. A l’intérieur, des trésors regorgent. J’avais le souvenir, quand l’Odéon était fermé de venir souvent à Berthier pour voir les pièces. Les camions siglés Opéra de Paris embarquent et débarquent des décors, des costumes. On peut alors s’imaginer tous les spectacles qui se montent, les décors qui reprennent une vie, les costumes qui sont ressortis, triés, rangés. La vie du théâtre en somme, l’avant et l’après le spectacle, qui fait que cela rend les spectacles magiques.
On se dirige vers le bâtiment des costumes. Accueil chaleureux par une des gestionnaires de ce bâtiment. Elle nous explique que les costumes sont stockés ici, triés. Ceux qui ne sont plus en bon état sont mis de côté, mais non jetés. Les défauts sont signalés par une étiquette. Quand on reprend une production, on regarde l’état des costumes, et on décide d’en faire d’autre, souvent pour les rôles principaux. Beaucoup de costumes sont aussi stockés en Tourraine. On nous laisse découvrir trois étages de trésors, de vestes, de robes, de pantalons, de tutus, de paillettes, de plumes et autres sequins. Voici quelques photos de trois étages dans lesquels mes yeux ne savaient plus où donner de la tête ! Les costumes sont aussi régulièrement loués à des théâtres ou pour des films.
Robes complètement délirantes. En s’approchant, on appréciera le travail des dentelles, des assemblages des corsets.
Robes de Manon, l’Opéra de Massenet, pas dans la version punk de cet hiver.
Robes en tulle de Giselle. Plusieurs fines couches de tulle se superposent, on devine les mouvements de légèreté que cela donne sur scène.
Robe rose des courtisanes de Roméo et Juliette. Il faut admirer le travail de broderies des roses cousues sur le buste.
Chaque costume est étiqueté, numéroté, avec le rôle, le nom de la ou les danseuses qui le portent, comme on peut le voir ci-dessus. Après le nettoyage en blanchisserie (il y en a une à Bastille, en cas de trop grand nombre, l’Opéra fait appel à des teinturiers extérieurs) les vêtements arrivent ici et sont rangés et triés, par acte, tableaux, scènes, dans un ordre précis pour faciliter le travail des habilleuses.
Les robes du Parc sont très imposantes et les tissus sont magnifiques. Sur celle là, des cerises sont cousues. Sur une autre, le travail des dentelles est très soigné aux manches.
Mon émerveillement atteint le summum quand j’aperçois les robes de La Dame aux Camélias, avec les noms des étoiles sur les étiquettes. Ciraravola, Letestu, Osta, Pagliero. Sublimes robes ! La petite fille que je redeviens assez vite devant tous ces costumes, rêve d’enfiler une robe et de la faire tourner !
Après ce tour qui m’a mis des étincelles plein les yeux (mais quand a lieu la porchaine vente de costumes ???), direction les hangars de stockage, où on découvre de grands placards sans portes, des renfoncements en somme dans lesquels on met les boites de rangement.
De même qu’à Bastille, il existe à Berthier un atelier de montage de décor, avec un
atelier menuiserie et deux ateliers de peinture. On voit alors de nouveau de grandes toiles peintes façon Renaissance. Dans une pièce, on tombe sur le décor d’Orphée et Eurydice qui s’est refait une beauté.
Le lieu est calme et agréable. Aux murs des affiches de l’Opéra de Paris, des photos en noir et blanc des danseurs de l’Opéra sont suspendues. Jolie balade, merci à D*** de m’avoir fait découvrir ce lieu.