Angelin Preljocaj

Junior Ballet programme contemporain 2011

Junior Ballet 3

© CNSMDP / Laurent Phillipe

Malgré une patte en moins et une sinusite qui me donne l’impression d’avoir un casque à la place de la tête, c’est avec ma belle F*** que je me dirige vers la porte de Pantin pour voir le spectacle du Junior Ballet contemporain. Trois spectacles sont présentés, trois chorégraphes avec trois univers différents mais des problématiques d’écriture et d’interprétation communes.

 

Le langage répétitif est le premier enjeu des trois pièces. Noces codifie les mouvements des couples qui se répètent comme les echos violents d’une réalité trop dure à affronter. Dans la répétition des chutes, des sauts dans les bras de l’autre, il y a la volonté de montrer la confiance aveugle dans l’autre, de cette confiancequ’on met dans
ses noces. J’avais déjà vu cette pièce mais j’en avais gardé un meilleur souvenir. La musique, des chants de femmes russes assez plaintifs, m’a un peu heurtée parfois. La fin de la pièce est mortifère, les poupées apparaissent comme des spectres pendus. Cette pièce a une force indéniable et ne peut laisser indifférent.

Dans Uprising, ce sont des schémas qui vont se répéter. Deux femmes vont se battre à trois reprises. Chaque fois, la même chorégraphie qui se répète et brode autour des
mêmes mouvements. Il y a beaucoup d’emprunts au hip-hop et aux arts martiaux, avec des phrases qui se déclinent, qui se répètent dans des orientations différentes.

Dans Quatre ciels de novembre, si le langage esr très riche et multiforme, c’est avec une même énergie, qui se décline en quatre années que la répétition se fait sentir.
Le chorégraphe est parti de 6 phrases chorégraphiques qu’il a découpées, dont il a changé les rythmes. Parfois un danseur entre sur scène, commence une phrase et repart. La phrase peut être reprise ou poursuivie par un groupe si bien que le regard du spectateur s’habitue peu à peu à ce vocabulaire, très dessiné dans l’espace.

Junior Ballet 4

 

La violence est présente dans les trois pièces. Dans Noces, si la chorégraphie est très violente, je suis parfois déçue par l’interprétation des danseurs. C’est un peu trop propre, un peu lisse. Deux jeunes danseuses sont cependant investies avec plus de soumission, plus d’engagement dans leur danse ; celle en robe noire, dansant souvent à jardin et celle en robe rouge. La violence est au coeur du propos d’Uprising puisque son inspiration est venue après les émeutes en banlieue parisienne. Le combat entre les deux jeunes femmes aboutit toujours à la mise au sol de l’une d’elle. Les pas impliquent beaucoup les genoux, les chutes épuisent l’énergie des danseurs. Les coprs s’atrophient, ne réagissent parfois plus. Avec cela, la scénographie utilise des contrastes entre des lumières éblouissantes, qui aveuglent le spectateur et des semi-obscurités. La variation entre les deux produit cet effet violent où on est baladé d’une ambiance à une autre, avec une certaine agressivité. J’ai beaucoup aimé cette pièce, les danseurs y étaient très investis et on sentait bien cette
joie de danser un pièce avec un langage bien spécifique.

Si la dernière pièce se montre plus subtile, la violence n’en est pas moins présente. Des arrêts brusques. Des danseurs qui entrent dans l’espace d’autres. Des chutes. C’est une
violence sourde comme si la chorégraphie s’imposait aux corps, comme si elle passait sur les corps comme les gris dans le ciel de novembre.

Thomas Lebrun
Création (2011)
Commande du Cnsmdp

Angelin Preljocaj
Noces (1989)
Musique : Igor Stravinski

Hofesh Shechter
Uprising (2006)
Musique : Hofesh Shechter

Daniel Agesilas, direction artistique
Silvia Bidegain, maître de ballet contemporain

 

Le Junior Ballet est en tournée, plus de renseignements ici.

Ce mois ci Ariane Dollfus a écrit un article sur le Junior Ballet dans DANSER. A lire en kiosque et le mois prochain sur le site du magazine.

Pensez à réserver le programme classique !

 

Les nouvelles du 19 septembre

MAG pour Repetto

 

Que je l’aime ce sac Repetto. Par contre ils se la jouent « Kelly », car il faut le commander pour l’avoir… la prix n’en parlons pas. Pour ne pas y penser, concentrons nous sur l’agenda de la semaine !

  • Le ballet de la semaine : La soirée Lifar Ratmansky

Reprise de la danse cette semaine à Garnier ! Ouf cela commençait à me manquer. La semaine j’avais oublié mon coup de gueule de la semaine. L’opéra a restreint les places pour les séances de travail et autres convergences, et par conséquent je n’ai eu aucune séance de travail par l’Arop… GRRRR le petit rat est furieux mais trouvera bien un moeyn de voir quelques répétitions. La danse reprend, mais ces derniers temps je ne me suis pas pour autant ennuyée. Ce week end fut théâtral. Je suis allée à La Colline voir L’homme inutile ou la conspiration des sentiments mis en scène par Sobel. L’ennui fut à son comble. Je n’ai pas aimé le texte, qui m’a semblé bien vieillot. La mise en scène était pas mal, mais les deux heures me sont restées dans les jambes. Samedi cela allait mieux je suis allée voir In Paris, et j’ai beaucoup aimé ce spectacle multiforme. Hier, la pièce Collaboration au Théâtre des Variétés m’a enchantée. Super comédiens (Strande et
Aumont respectivement dans les rôles de Zweig et Strauss), très beau texte, une mise en scène pas très originale mais efficace. Je vous la recommande vivement. Aujourd’hui, je suis très heureuse car je vais voir Le Petit chaperon rouge de Joël Pommerat, à Montreuil et le soir je file voir Alagna dans Faust. Mercredi retour de la danse ! Alors c’est quoi cette première soirée de spectacles ? Et bien c’est une reprise d’un ballet de Lifar que Claude Bessy a été chargée de remonter et de transmettre à la jeune génération. Les échos d’Amélie et de Fab sont partagés. De la création de Ratmansky, je n’ai pas eu que des bons echos non plus. J’espère vous donner un avis plus enthousiaste après avoir vu la soirée mercredi (déjà il y aura le défilé, c’est déjà pas mal!). Les distributions sont super alléchantes par ailleurs, suivez le lien pour les voir complètement, les deux principales étant celles là :

Distribution des 19, 21

Phèdre
Phedre Marie-Agnes Gillot
Thésée Nicolas Le Riche
Oenone Alice Renavand
Hippolyte Karl Paquette
Aricie Myriam Ould Braham
Psyché
Psyché Aurélie Dupont
Eros Stéphane Bullion
Vénus Eve Grinsztajn
2 Soeurs Mélanie Hurel, Géraldine Wiart


Deuxième distribution

Phèdre

Phedre Agnès Letestu
Thésée Vincent Chaillet
Oenone Sabrina Mallem
Hippolyte Josua Hoffalt
Aricie Mathilde Froustey
Psyché
Psyché Dorothée Gilbert
Eros Mathieu Ganio
Vénus Amandine Albisson
2 Soeurs Mélanie Hurel, Géraldine Wiart
  • La pub de la semaine : l’envol d’Air France

 

 

Quoi de mieux que de reprendre un des plus beaux portés du répertoire pour en faire une pub? Extrait du Parc d’Angelin Preljocaj, le clip d’une minute a été tourné dans le désert de Ouarzazate sur un miroir pour la compagnie Air France. La danse ça donne des ailes et le résultat est plutot beau. Voilà le making of du tournage :

 

  • La fête de la semaine : Blanca Li organise l’évènement !

Sur le site officiel, vous aurez toutes les infos avec précision. Trois jours de fête l’idée est plutôt bonne. Je vous en copie les infos principales.

PROGRAMME DES COURS DE DANSE INTERACTIFS

Échauffement avec Blanca Li

Bolywood avec Dolsy

Electrodance avec Cerizz

Danse japonaise traditionnelle avec Juju Alishina

Danse balinaise avec Ilse Peralta

Samba avec Fabio Aragao

Capoeira avec Vladimir Frama

Baroque avec Bruno Benne

Charleston avec Mélanie Ohl

Salsa avec Isis Figaro

Merengue avec Patrick Bias

Danse orientale avec Nadim Bashoun

Danse indienne Bharata Natyam avec Mallika Talak

Danse traditionnelle grecque avec Dimitri Sissiaridis

New Style avec Yohann Tété

A la manière de Michael, pour enfants avec Elias Ciamos

Danse traditionnelle turque avec Neziha Turken

Irish Dance avec Sarah Clark

Flamenco avec Veronica Vallecillo

Dance Africaine avec Serge Dupont Tsakap

Danse contemporaine avec Bruno Péré

Danse classique avec Antonio Alvarado

Hiphop avec Janfi


La Nef métamorphosée en gigantesque studio de danse accueille la Fête de la danse de Blanca Li (vidéo), grand rassemblement festif et populaire, qui se propose de faire découvrir au grand public et de manière participative la danse sous toutes ses facettes.

Des chorégraphies d’initiation à la danse, en live ou en vidéo, et des démonstrations permettent une approche de la diversité dansée: de la danse classique à la danse bollywood en passant notamment par la danse contemporaine, l’africaine, le flamenco, la salsa, le hip-hop, l’electro ou la danse balinaise.

Amateur éclairé, professionnel ou simple curieux, chacun est invité à parcourir, de façon ludique et libre, les différentes pistes de danse, libre de se faire observateur ou participant, d’une façon spontanée et festive, pour que la danse ne soit pas qu’un spectacle!

N’oubliez pas de vous inscrire pour participer à la flashmob, en envoyant simplement un mail à l’adresse dancemob@blancali.com.

Et révisez la chorégraphie ! J’y serai le vendredi soir, le reste du week end peut être pas, car il est déjà bien chargé !

Blanca Li dans Madame Figaro. Elle sera dans les mots de minuit sur France 2 le 21 septembre.

  • Le DVD de la semaine : Pina de Wim Wenders

182954 198722663473551 198722423473575 743163 2160296 n

Très attendu, le DVD et le Blu Ray du film de Wim Wenders sort ce mercredi. J’en connais plusieurs qui vont se ruer dessus. J’ai vraiment hâte de revoir la 3D du Sacre qui m’avait tant émue.

  • En vrac

 

Les photos de la série Out of stage de Deyan Parouchev sont sorties en carte postale. Pour le moment elles sont en vente exclusivement chez Cas-Danse, au 17 rue de Chateaudun, 75009 Paris.

***

Letestu parle de son chien ici, MAG de son appart , mais aussi des coulisses de l’émission La meilleure danse.

MAG sera aussi dans le casting d’une émission God save my shoes diffusé le 04 octobre sur Canal plus.

***

Voir les décors originels de La source, c’est en suivant ce lien.

Mes lectures du mois du mai

Bibliotheque_Sainte-Genevieve_-_Interieur_001.jpg

Alors que je prolonge mon bronzage dans les parcs parisiens, rester allongée comme une planche à pain m’a toujours semblé stupide. C’est pourquoi c’est toujours armée d’un ou plusieurs livres que je me rends sur les jolies pelouses parisiennes. Bon alors j’ai fini le tome 1 de Guerre et Paix pendant mes vacances mais trop de boulot en ce moment pour me concentrer sur le tome 2. Du coup, je vais avoir des lectures plus légères ce mois-ci.

  • Des lectures en lien avec ce qu’on va voir …

Autre pavé autre défi, pas le courage pour moi mais tout de même à lire, au moins par extraits si vous ne l’avez jamais fait, Don Quichotte de Cervantès.

LIVRES-0279.JPG

Un très beau livre sur Preljocaj si vous allez voir le Funambule au Théâtre de la Ville : Angelin Preljocaj  Photos de Guy Delahaye avec un texte d’Agnès Freschel aux Editions Actes Sud. Les photos sont toutes en noir et blanc. Elles sont extraites des ballets (principalement) Roméo et Juliette, Near Life Experience, La Sacre du Printemps, Liqueur de chair, MC14/22.

LIVRES-0280.JPG

  • Ouvrir des livres de ma bibliothèque

LIVRES-0277.JPG

 Joël en avait parlé dans un commentaire au billet du mois précédent. Je vous conseille donc la lecture du roman de Nancy Huston, écrivain canadienne qui signe dans La virevolte un roman touchant, plein d’humanité. Lin et Dexter vivent leurs premiers émois de parents en mettant au monde Angela puis Marina. La passion de Lin la rattrape, seule la danse la nourrit, la comble, la fait vivre. L’histoire racontée ici sommairement pourrait vous sembler être le mauvais scénario d’un film mais je n’ai pas le talent de Nancy Huston pour vous conter cette tranche de vie. L’écriture de Nancy Huston laisse place aux silences qui peuvent envahir la vie quotidienne, les ellipses nous rappellent que la vie n’est qu’un instant, tout comme l’est la danse. Juste un souffle, juste un passage sur scène. Comme disait Cunningham, la danse ne laisse rien, pas de tableaux à accrocher dans les musées. « Il faut l’amour de la danse pour tenir bon. Elle ne vous donne rien en retour […]. Elle n’est pas pour les âmes incertaines. « 

LIVRES-0278.JPG

Allez une histoire de la danse, celle que je préfère, celle que j’ouvre au moins une fois tous les six mois quand je cherche quelque chose.

LIVRES-0282.JPG

J’écris toujours la plupart de mes chroniques à la main avant de les taper à l’ordinateur. J’adore le contact du stylo contre le papier, j’adore les carnets (il y en a partout qui traînent chez moi..). J’aime les belles écritures. Celle de Marcel me touche et me plaît beaucoup. Voyez plutôt.

LIVRES-0281-copie-1.JPG

 

Les nouvelles de la semaine du 09 mai

227533_10150174406427488_326751592487_6700946_8347161_n.jpg

En ces temps de printemps et cela rime avec beau temps, les oiseaux reviennent et également dans la vitrine de  Repetto. La marque qui vient d’ouvrir une nouvelle boutique au 36 rue de Passy dans le 16ème, continue son succès en surfant sur la vague du Made in France avec ses jolies ballerines.

  • La sortie ballet de la semaine : Le funambule d’Angelin Preljocaj

funambule-c3-jc-carbonne.jpg

Ça se passe au Théâtre de la ville et c’est jusqu’au 15 mai. Chez mes parents, il y a cette affiche immense où l’on voit Preljocaj sur les toits et j’ai très envie de voir ce ballet. Malheureusement ma semaine est chargée de Bolchoï (malheureusement dit-elle, ahahaha) et de projets personnels, semaine très dansante mais sans Angelin Preljocaj.

Je conseille tout de même le spectacle car il s’inspire du texte de Jean Genet qui raconte son amour pour un fildefériste. C’est l’occasion de voir danser le chorégraphe ainsi que Wilfried Romoli qui danse en alternance avec lui.C’est une pièce intime qui questionne le moi et l’autre sur lequel on projette des désirs, des fantasmes, des attentes. Le théâtre des Abbesses est le lieu intime parfait qu’il faut pour cette pièce.

Autour de l’oeuvre, il se passe aussi des choses. Jeudi 12 mai à 18h30 Preljocaj présentera sa « bibliothèque idéale » à la librairie des Abbesses qui se trouve au 30 rue Yvonne Le Tac dans le 18ème.

texte Jean Genet, Le Funambule (Poésie Gallimard NRF, 1955)
chorégraphie Angelin Preljocaj
scénographie Constance Guisset
création sonore 79 D
musique additionnelle Elliot Godenthal, Piotr llitchTchaïkovski, musique folklorique des Balkans
lumières  Cécile Giovansili
costumes  Angelin Preljocaj

  •   La dédicace de la semaine : Ossipova et Vassiliev

Ami(e)s groupies en tous genre, admirateurs des sauts de Vassiliev, des fouettés triples au 30ème d’Ossipova, c’est le moment de vous procurer le DVD des Flammes de Paris et de les faire dédicacer par les deux stars russes.

Ça se passe à la Galerie de l’Opéra de Paris à la fin de la dernière des Flammes de Paris, le dimanche 15 mai à 17h00. 

Osipova Vassiliev DQ

  • L’égérie de la semaine : Benjamin Millepied pour Yves-Saint Laurent

index.jpg

Le chorégraphe et danseur Benjamin Millepied continue son ascension vers la sphère people et icônes. Après avoir chorégraphié pour le film  Black Swan et devenir la nouvelle french touch aux Etats-Unis, la maison Yves Saint-Laurent l’a choisi pour en faire sa nouvelle égérie. Ouf enfin les danseurs deviennent glamour, il était temps. Marre d’entendre des clichés à la noix sur les danseurs. Oui les danseurs c’est beau, c’est ultra sexy et c’est glamour. A quand un des danseurs de l’Opéra égérie d’une grande marque avec des affiches dans tout le métro parisien (hors MAG et Chaillet mais pour Repetto donc liés encore à la danse). Personnellement je mettrai bien Jérémie Bélingard  pour Eau sauvage de Dior, Aurélie Dupont pour le n°5, Isabelle Ciaravola pour un super mascara Dior ou Lancôme, Chaillet en costard Chanel mode années 50, Letestu pour Trésor de Lancôme, Stéphane Bullion pour le Guerlain homme. Cela ne serait pas très chic?

 

Que-pensez-vous-de-la-nouvelle-egerie-Yves-Saint-Laurent-Be.jpg

  • L’expo photo de la semaine : Répétitions à l’orchestre de Garnier

Jeudi dernier j’étais au Gala Arop pour la venue du Bolchoï à Paris et en me baladant du côté de l’orchestre j’ai aperçu des photos que l’on peut retrouver dans les programmes de Roméo et Juliette, ou de Rain. Il y a notamment de très belles photos d’Agathe Poupeney. Une occasion de plus pour flâner dans les couloirs de Garnier.
Allez aussi découvrir le travail d’Agathe Poupeney sur son nouveau site, tout beau tout neuf !

expoopera-358_bcdbaf.jpg

© Agathe Poupeney / PhotoScene.fr

A noter aussi l’Opéra de Paris se lance dans le diaporama photo. On peut donc admirer les superbes photos d’Anne Deniau, avec Matthias Heymann et Jérémie Bélingard dans L’anatomie de la sensation de Wayne Mc Gregor.  Je vais changer mon fond d’écran moi…

anatomie_1.jpg

© Anne Deniau

  • Le bonus vidéo de la semaine : Alice in Wonderland, the cards.

Mon expatriée préférée a twitté cette vidéo du ballet Alice in Wonderland qui a connu un grand succès outre manche. La chorégraphie est signée Christopher Wheeldon sur une musique originale de Joby Talbot. Je trouve ça très divertissant, et les tutus avec les quatre formes des cartes j’adore!

Un soir à Versailles…. Blanche-Neige de Preljocaj 1/07/2009

Le lieu est déjà un ballet en lui-même… je vous laisse imaginer la suite…

Le conte est retracé fidèlement à travers plusieurs tableaux. Les costumes de JPG sont assez inégaux. La reine, sublime toute de cuir vêtue, est mise en opposition à une Blanche Neige qui semble plus porter une couche culotte qu’une robe d’innocence. Les décors sont minimalistes ce qui est de bon ton pour laisser place à la chorégraphie.

Je suis incapable de dire si j’ai apprécié ce ballet. Il faut dire que rien que le lieu suffisait à me remplir d’émotions (à croire que je suis royaliste…). La scène est sur un bassin à droite du château, si on se place dos au château. Quel bonheur cela doit être de danser là! Encore mieux qu’à Garnier! Ou presque… ce que j’aime à Garnier c’est son folklore. Si l’ennui nous guette on peut toujours regarder le plafond, les balcons, les
réactions des spectateurs. A Versailles le spectacle est encore plus grandiose. Le Trianon, le coucher du soleil, les jardins, le
château devenant couleur miel… tout est un ravissement pour les yeux.
Mes digressions habituelles ne surprendront plus les lecteurs de ce blog. Le ballet Preljocaj prend des risques indéniables. d’abord il s’inscrit dans la tradition de réécriture de classiques littéraires qui eut son essor à la fin du 19ème siècles avec bien entendu Marius Petipa à sa tête. Tradition mainte fois reprise notamment par Noureev et bien d’autres. Beaucoup de Chorégraphes contemporains ont revisité ces ballets. Je pense à
Giselle dont celle de Mat Ek est à mon sens la plus réussie, à La
Belle
, pensons alors à celle de JC Maillot (ballet de Monte Carlo), au Sacre et là je ne saurai choisir même si ma préférence va
à la grande Pina Bausch (à qui la représentation de ce soir a été dédicacée). Ce qui est très étonnant dans le choix de Preljocaj c’est que ce conte n’a jamais fait l’objet d’une grande création. En cela je le trouve audacieux. Quand on reprend un mythe tel que l’est Blanche Neige c’est un risque,
c’est même un grand défi. Le défi est en partie relevé mais il reste de grandes zones vides de sens. La Reine ne danse quasiment jamais, bloquée dans son costume et perchée sur 10 cm de talons.
La première scène du miroir est longue et sans intérêt. Je ne parle pas des spectateurs qui se demandent tout le long de la pièce comment ce « miroir magique » marche…. sans commentaire… oui oui j’ai toujours du mal avec les voisins peu silencieux!
En fait je crois que le problème vient de la théâtralité que j’ai trouvé très mauvaise tout au long du ballet. Cela en est même effrayant… La jeune danseuse qui dansait Blanche Neige était pleine de grâce, mais aucune expression n’émanait de son doux visage.
Parlons un peu chorégraphie , car c’est tout de même le noyau du ballet, son essence en quelque sorte. Preljocaj me bouscule sans
cesse. J’adore Le Parc, je déteste Les quatre saisons, j’adore MC12/14, son Sacre du printemps m’a mise mal à l’aise.
J’ai donc une relation complexe avec ce chorégraphe. Je le trouve talentueux, très riche d’idées que je trouve très bonnes et j’aurai aimé travaillé sur les thèmes qu’il propose. Il est parfois trop encensé par la critique et je n’aime pas que l’on s’emballe trop vite pour un travail. Une partie de son travail m’éblouie une autre me révolte et m’exaspère. Une véritable schizophrénie! Le problème avec Blanche Neige c’est que je ne sais pas où le situer. J’ai trouvé certains passages très bien. L’entrée des sept nains est très belle. Un mur, des mineurs qui en sortent.
Chorégraphie réglée sur des baudriers. Ils flottent dans les airs parfaitement harnachés, se déplaçant dans tous les sens sur leur mine, à la recherche de la moindre pépite. La musique de Mahler (2ème symphonie, bravo pour ce choix Monsieur Preljocaj!) remplit l’espace scénique avec une telle force qu’elle devient un mouvement, un geste à part entière. Neumeier a bien raison de dire que cette musique c’est déjà de
la danse. Écoutez la danse et regardez la musique comme dirait l’autre.
Autre passage intéressant, celui de la pomme. Elle montre bien toute la violence du conte. Blanche Neige est forcée par la Reine, elle est comme violée. On peut en faire une lecture simple où la Reine oblige Blanche Neige à perdre une partie d’elle même qui pourrait être sa virginité afin d’être de vraies rivales. C’est la seule scène théâtrale qui sauve la crédibilité de l’histoire.
Le plus beau passage est à mon sens celui où Blanche Neige est empoisonnée. Le Prince la découvre, inerte, et va refuser cette petite mort. Il va faire vivre ce corps mou, endormi. La scène est superbe. C’est là que réside tout le génie de Prejlocaj. Ce corps presque mort, encore chaud, va danser et
danser encore… tout le malheur de la danse est là…. Cette tragédie du corps qui meurt. avant cela il y a bien sûr des tas de choses qui vont l’affecter. La mort du corps c’est la mort de la danse.  Preljocaj est en lutte à cet instant de la chorégraphie et veut une danse éternelle. C’est un véritable trait de génie et il pose là une vraie problématique de la danse.
Le spectacle finit par un mariage grandiose entre le Prince et Blanche Neige qui n’a absolument aucun intérêt chorégraphique.
Par contre nous sommes à Versailles et qui dit Versailles dit superbe feu d’artifice. A nouveau mon regard d’enfant resurgit et s’émerveille. Versailles est un rêve enchanté… un véritable conte… ne manquez pas les prochains étés de la danse à Versailles….

 

 

http://www.preljocaj.org/