Alice Renavand

Danseurs chorégraphes édition 2013

Ce type de soirée devrait être organisée bien plus souvent tant les personnalités des artistes de la compagnie sont intéressantes et singulières. Chacun a montré un langage bien particulier, une atmosphère, un style. Narratifs ou abstraits, les pièces présentées ont ravi les spectateurs.

Saluts danseurs chorégraphes

La soirée s’ouvrait avec Premier Cauchemar de Samuel Murez. Chorégraphe désormais confirmé et reconnu, sa compagnie 3ème étage est de grande qualité. Tout comme l’extrait de cette pièce. Fumée blanche, lumière bleutée, un homme en pyjama, les cheveux ébouriffés se retrouve entouré d’une armée de cols blancs, aux yeux figés, presque sanguinaires. Ils vont le harceler, tel des automates mués par un seul objectif. C’est admirablement réglé, rien n’est laissé au hasard. Les passages de groupes avec les mallettes de travail sont très bien ficelés. Des lignes de danseurs se succèdent avec une utilisation de l’espace inventive. Murez a l’intelligence de la construction des ensembles. On se croirait dans l’apprenti sorcier avec cette oppression des hommes en costumes, mais qui est amusante pour le spectateur. C’est très réussi, trop court, il faudra donc absolument voir la pièce en entier.

Interprètes : Hugo Vigliotti (Le Rêveur / Alfred), et Lydie Vareilhes, Laura Bachman, Léonore Baulac, Leila Dilhac, Claire Gandolfi, Camille de Bellefon, Emma d’Humière, François Alu, Jeremy-Loup Que, Antonio Conforti, Takeru Coste, Niccolo Balossini, Axel Alvarez et Loïc Pireaux (les bureaucrates).

Premier cauchemar

On passe dans un autre registre, complètement différent, et plus abstrait avec Deux à deux du jeune Maxime Thomas. On est ici dans la recherche de la forme. Le couple évolue ensemble. Au début, ils ne se regardent pas. Puis, ces deux êtres vont entrer en osmose. Les formes très rectilignes s’adoucissent sans perdre leur qualité. Les danseurs dansent comme les notes passent d’une ligne à l’autre sur la partition. Cela se complexifie à mesure qu’on avance, sans que le spectateur ne se perde.

Interprètes : Letizia Galioni et Maxime Thomas.

Letizia Galloni, Maxime Thomas dans Deux à deux

En attendant l’année dernière, est une pièce très graphique. Fond rouge, seule l’ombre de Lucie Fenwick apparait. A la fois élégante et imposante, elle déploie ses bras tels des ailes. Les formes se répètent, puis le corps disparaît dans une lumière éblouissante. On vit une belle expérience visuelle. Grégory Gaillard fait ensuite évoluer Lucie Fenwick dans l’espace, toujours avec une répétition des gestes. C’est très doux, presque suave par moment, plein de poésie.

Interprète : Lucie Fenwick.

Kaléidoscope est une pièce « signature ». Allister Madin a construit ce Kaléidoscope en 4 volets, qui lui ressemblent beaucoup. Le 1er tableau avec Fanny Gorse est très beau. Elle, sublime dans ce costume de mousseline noire transparente, bouge, très sensuelle. Les mouvements du tissu font à eux seuls chorégraphie. Les teintes d’Espagne ajoutent du piquant à ce solo enivrant. J’ai beaucoup aimé le dernier volet de cette pièce. Les garçons tenaient une corde blanche tendue, tandis que les filles dansaient à cette corde comme on danse à une barre. Ambiance très sombre, seule la corde étaient éclairée et les jeux de lumières avec les corps des filles plongeaient le spectateur dans une ambiance à nouveau très sensuelle et plein de volupté. On ne peut s’empêcher aussi de penser aux pièces de Decouflé, et à celle qui porte le même nom. Allister Madin travers un univers puis un autre, danse, cirque, jeux de lumières, tout cela se mélange dans une forme nouvelle.

Interprètes : Fanny Gorse, Caroline Osmont, Gwenaëlle Vauthier, Camille de Bellefon, Allister Madin et Hugo Marchand.

Fanny Gorse dans Kaleidoscope

J’ai adoré Smoke Alarm de Julien Meyzindi, surtout pour les mouvements choisis et la matière dans laquelle ils étaient produits. Un homme pyromane se détache de son addiction par amour pour une femme. La danse était très en tension, avec des arabesque qui faisaient office de respiration. Les gestes étaient très dessinés dans l’espace, le pas de deux était très fluide. On sentait beaucoup de travail et de répétitions. Rien n’avait été laissé au hasard, chaque pas était mûrement réfléchi, pour faire sens dans la sortie de la caverne de cet homme fou qui s’assagit par amour. J’ai été transporté par le style de Meyzindi, élégant et princier, comme l’est le danseur.

Interprètes : Alice Renavand et Alexandre Gasse.

Alexandre Gasse dans Smoke Alarm

Encore un changement d’atmosphère Songes du douanier d’Alexandre Carniato et Morgane Dragon. On s’installe dans un tabelau du Douanier Rousseau. Animaux et oiseaux se déplacent dans cet univers. On ne voit que les jambes de Letizia Galloni, transformée en un paon magnifique. Les personnages se font tantôt animaux, tantôt charmants gens du monde discutant en mouvement. Aurélien Houette y est, comme à son habitude troublant, tant il est capable de s’approprier tous les langages. Ce rôle lui donne à nouveau un visage fascinant. Charlotte Ranson est délicieuse, et Carniato prend une allure très animale et juste pour mener cette petite troupe. La pièce porte bien son nom ; ce songe nous balade à travers les couleurs d’un tableau.

Interprètes : Letizia Galloni, Charlotte Ranson, Aurélien Houette et Alexandre Carniato.

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La dernière pièce présentée, Stratégie de l’hippocampe de Simon Valastro,
met en scène une famille avec leur chien. On se croirait dans un film tant les costumes et l’ambiance est bien réalisée. La pièce présente les différents rapports qu’il peut exister dans une famille qu’on ne choisit pas. Beaucoup d’amour peut y naître, beaucoup de désamour aussi. On assiste au repas où les enfants se disputent (Eleonore Guérineau est une petite fille telle qu’on pourrait se l’imaginer dans les livres de la Comtesse de Ségur), au deuil de la mère, incarnée par Eve Grinsztajn, qui s’illustre avec beaucoup de grâce  dans un long solo, très bien écrit qui retrace avec brio, les pensées noires, qui habitent l’esprit de cette femme. Il faut également saluer la prestation de Jean-Baptiste Chavignier

Interprètes : Eve Grinsztajn, Éléonore Guérineau, Alexis Renaud, Hugo Vigliotti et Jean-Baptiste Chavignier.

Stratégie de l'hippocampe

Très jolie soirée, on espère que sous l’ère Millepied ce type de soirée se renouvellera, puisque c’est son souhait de créer un espace de création pour que les artistes puissent exprimer aussi leur idées chorégraphiques. Une belle édition cette année en tous, qui mériterait plus de lumières et de dates. Un seul petit regret, aucune danseuse ne s’est essayé à l’exercice. Peut-être dans deux ans !

Kaguyahime, première avec Alice Renavand

Le ballet de Kylian inspiré du conte Japonais de la princesse Kaguyahimé m’avait fait une forte impression quand il avait été présenté à Bastille il y a trois ans. A Garnier, le ballet a pris une âme plus particulière, car il se déploie avec beaucoup plus de beauté dans ce lieu. Après avoir vu la séance de travail, retour sur la première du spectacle.

Kaguyahimé photographie d'Agathe Poupeney

Ce qui fut génial à Garnier, c’est le son des tambours qui résonnait dans toute la salle. Dès le début, les bâtons de pluie, les fracas métalliques, on se plonge dans la dualité du monde terrestre et du monde lunaire de la princesse. C’est le ballet des balançoires, qui laisse entrevoir au fond sur une plate-forme un ombre de lumière. Alice Renavand est d’emblée lumineuse. Le halo blanc s’agrandit, les cinq hommes traversent la scène au ralenti. Le ballet joue avec les contrastes de suspension et d’accélération, entre le monde des hommes et celui de la Lune, le monde occidental et le monde japonais, entre la danse et la musique. La musique siffle pour annoncer l’arrivée sur terre. Les danseurs sont tous sur-investis par cette chorégraphie qui semble les transporter. Vincent Chaillet est puissant et généreux dans sa danse. Il montre de nouveaux de belles qualités avec des arabesques et un dos solide qui emmène le reste du corps. Adrien Couvez est impressionnant par sa façon d’entrer dans le sol et dans l’air. Il déploie une énergie incroyable. Yvon Demol et Alessio Carbone sont eux aussi très engagés dans leurs solos (j’aurai bien aimé revoir Jérémie Bélingard vu en séance de travail qui était lui aussi très beau dans ce répertoire), Aurélien Houette maîtrise à la perfection le sujet, c’est un reptile dansant, il rampe dans l’air, et se saisit de Kaguyahimé impassible.

Les marches sont l’autre force de ce ballet. Elles sont très marquées dans le sol. Chez Kylian, ce sont souvent les pas les plus simples qui sont déclinés à l’infini avec une intelligence dans la construction du ballet. Et si Kaguyahimé n’est pas son ballet le plus déroutant en terme de chorégraphie, il est remarquablement construit.

Allister Madin dans Kaguyahimé de Jiri Kylian photographie de Julien Benhamou

Les passages avec les villageoises accélèrent le rythme. Laurène Lévy est radieuse, c’est un vrai plaisir de voir cette ballerine s’épanouir dans ces langages contemporains (dans Forsythe, elle avait déjà un charisme incroyable). L’affrontement entre villageois et citadins vous prend au vif, vous colle au fond du siège. C’est frénétique. L’espace semble immense, on a du mal à tout voir, cela bouge, les musiciens s’affrontent eux aussi, blancs contre noirs, tout cela pète comme de l’orage, quand le rideau noir s’abaisse, comme si Kaguyahimé en avait assez vu de ce monde terrestre. Solo lent, Alice Renavand est étonnante. Elle oscille entre sensualité et froideur lunaire. Chaque pas est exécuté avec beaucoup de matière. Elle perce l’espace avec son corps, comme la lumière dans l’obscurité. Les cambrures montrent comme une souffrance de cet être lumineux face à la noirceur de la guerre. Tout s’éteint en elle. Seul le Kodo résonne, comme une petite voix intérieure. L’ondulation du rideau noir est le souffle de la princesse qui va disparaître à la rencontre du prince Mikado.

Ébloui par sa beauté, il l’invite à venir à son palais et tente de la capturer. Malgré ses plaintes, marquées par de grands étirements qui se contractent ensuite, Il tente de la retenir. L’éblouissement de la pleine Lune qui arrive, réalisée avec les miroirs, est fabuleuse. Les scénographies de Kylian sont soignées, prennent sens à chaque instant, et il n’y a pas de décor « accessoire » comme on peut le voir chez tant d’autres chorégraphes.
Mikado ne voit donc pas Kaguyahimé partir, qui remonte sur sa Lune, avec sa lenteur.

Vincent Chaillet dans Kaguyahimé de Jiri Kylian photo de Julien Benhamou

Très belle soirée, mon impression première s’est vérifiée, un ballet c’est toujours mieux à Garnier, c’est comme un bijou dans l’écrin. Avec cette musique puissante, on a voyagé à travers ce conte d’orient. Alice Renavand y est divine.
Petit plus de ma soirée, j’avais emmené un ami d’enfance qui n’avait jamais mis les pieds à Garnier. C’est toujours fascinant de voir l’émerveillement dans les yeux de quelqu’un. Des fois on aimerait retrouver cette première émotion.

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  • Distribution du 1er février 2013
Kaguyahime Alice Renavand
Mikado Hervé Moreau
Muriel Zusperreguy, Amandine Albisson, Laurène Lévy, Charlotte Ranson, Caroline Robert
Yvon Demol, Vincent Chaillet, Alessio Carbone, Adrien Couvez, Aurélien Houette
Maki Ishii Musique
Jirí Kylián Chorégraphie
Michael Simon Décors et lumières
Ferial Simon, Joke Visser Costumes

Convergences Kaguyahimé Jiri Kylian

Si Paris prend des allures lunaires, c’est du côté de Bastille que l’on pouvait voir le début de la descente sur Terre de la princesse de la Lune, Kaguyahimé. Une heure de répétition avec Alice Renavand, Caroline Bance et Adrien Couvez, coachés par Elke Schepers et Patrick Delcroix.

On commence par le solo d’Adrien Couvez. Au début du ballet, les hommes du village tombent amoureux de Kaguyahimé et tente de la séduire par des danses. Kaguyahime est côté jardin, les solos partent de cour et sont construits de profil. Les corrections vont vite, Patrick Delcroix demande à Adrien Couvez  de rester plus longtemps en arabesque ou encore de donner un peu plus de hanches dans les déplacements latéraux. Il affirme au bout de cinq minutes « très bien, moi je suis content ».

Affiche Kaguyahime par Anne Deniau

On passe ensuite au dernier solo de Kaguyahimé. Elle a décidé de quitter la Terre et de retourner sur la Lune. Ce solo, ce sont ses adieux. Elle va du devant de la scène au fond, comme pour dire au revoir à la Terre. Elle bouge de façon très lente et est tout le temps en équilibre sur une jambe. C’est là que réside la difficulté de ce passage. Alice Renavand danse avec beaucoup d’implication. Son visage se transforme, devient grave. Dès la fin, Elke déclare « J’ai un problème, parce qu’Alice est déjà très bonne et très au point ! « . Elle la corrige sur quelques points, notamment des conseils pour être plus à l’aise « appuie toi vraiment sur cette hanche, tu peux exagérer cela, tu seras plus stable ». A propos d’un grand battement attitude, elle lui dit qu’il faut « emmener tout le corps, pas seulement la hanche ». Elle la corrige sur ses mains « il faut que tu aies plus d’énergie dans les mains, quand tu fais la lune va jusqu’au bout, avant de refermer tes poings ». Quand elle amrche de dos pour partir vers la Lune, elle lui conseille de ne pas aller trop vite, de contrôler l’arrivée des pieds sur le sol.

On continue avec le duo entre Caroline Bance et Adrien Couvez, qui dansent dans la confrontation des villageois et des citadins. Les costumes sont noirs et blancs, les musiques occidentales et japonaises s’affrontent. C’est très énergique, c’est un passage du ballet que j’apprécie beaucoup. Là il faut corriger certains portés, trouver ses marques. « Adrien aide là, il faut que tu la tires plus vers le haut ». Caroline Bance, recommence essaie, toujours avec un grand sourire, et une belle énergie. On sent qu’elle s’éclate dans ce langage chorégraphique. Ils doivent faire attention à la musique, qui est aussi rapide que la danse et ne pas courir derrière.

Il reste du temps, alors Elke décide de finir sur le premier solo de Kaguyahimé. Alice Renavand danse sur une plate-forme à 2m du sol. Tout est très lent, avec encore beaucoup d’équilibres, très lunaire en somme. Là encore, Alice Renavand connaît déjà bien son rôle et les corrections sont rapides. Les compliments pleuvent « quand tu danses le début, c’est magnifique ! ». Les applaudissements aussi.

Fin de répétition Kaguyahime Amphi Bastille 19/01/2013

Répétition intéressante, même si les interprètes étaient déjà très au point, ce qui est moins passionnant que lorsque qu’un rôle s’apprivoise, qu’un ballet se construit. C’est toujours une mise en bouche alléchante, avant d’aller revoir le ballet.

Relire ma chronique sur le ballet, vu en 2010, clic
Kaguyahimé de Jiri Kylian, du 1er au 17 février. Plus d’infos et réservations, clic.

Convergences Sous Apparence, Marie-Agnès Gillot

Samedi pluvieux, l’amphithéâtre est presque plein pour assister à ce premier rendez-vous de l’année pour les convergences « danse ». Cette année, la danseuse étoile Marie-Agnès Gillot crée une pièce pour les danseurs de l’Opéra de Paris. Beaucoup de mystères autour de cette création, qui se dévoilent peu à peu, mais il ne fallait pas attendre à ce que Marie-Agnès Gillot nous en dise plus.

Brigitte Lefèvre nous accueille avec des nouvelles du ballet. Elle nous raconte en quelques mots la tournée du Ballet aux États-Unis, que nombreux ont qualifié d’historique. Le ballet cette année fait honneur au tricentenaire de l’école française. La saison actuelle va montrer la vivacité de la technique classique. Le tricentenaire c’est montrer à quel point la danse classique est vivante.

Marie-Agnès Gillot entre en scène, pantalon de chauffe multicolore, pointe du Fils Prodigue aux pieds, on distingue encore les traits noirs sur le chausson. Elle est suivie de près par Aurélia Bellet, Alice Renavand, Vincent Chaillet. Caroline Beaugrand se charge de la musique.

La répétition commence, Marie-Agnès Gillot est en création. Elle lâche assez vite le micro pour pouvoir corriger ses artistes. Les filles commencent par répéter une chorégraphie déjà apprise. Elles sont face à face, elle dansent en miroir. Tout de suite, la chorégraphie est assez ondulatoire. Les pointes dessinent des grandes formes au sol ou en l’air. Les regards sont perçants. C’est doux, ça ondule, les jambes sortent des hanches pour paraître encore plus grandes. La danseuse-chorégraphe conseille ses danseurs « C’est bien les filles, je voudrais encore plus de lâché ». Après une petite correction, Vincent Chaillet entre en scène, pointes aux pieds. L’audience est plutôt surprise, on n’a pas l’habitude de voir un garçon les pointes aux pieds. Marie-Agnès Gillot a voulu jouer sur le côté androgyne des individus. Elle se joue de cet accessoire dont elle a une maîtrise si particulière. Le solo de Vincent Chaillet est très technique, on restera bouche bée devant une arabesque superbe, qui s’allongeait à l’infini. Il tourne sur pointes, la force qu’ont les garçons amène une aisance sur les pointes. Ensemble, ils réécrivent une partie du solo, car Vincent Chaillet trouve que « cela se ressemble trop la deuxième fois ». MAG travaille avec une assistante chorégraphe, au premier rang dans le public, et la caméra est l’autre aide-mémoire. « Je croyais que j’avais coupé ça », Marie-Agnès Gillot a la matière dans les mains et elle la modèle. Sous nos yeux, elle a écrire un trio où les bras de Vincent Chaillet sont fortement sollicités. Les corps des filles s’emmêlent et se démêlent autour des bras du garçon. MAG se lève, essaye à son tour, change les paramètres, corrige. Elle n’a pas de glace, ce qui la perturbe un peu, elle ne peut pas voir tout. Elle s’en réfère au public. « C’est mieux comme ça ? « . Vincent Chaillet est debout en seconde, les bras en T. Les filles sont dos au public. Leurs mains caressent le buste de Vincent, puis, elles les replacent devant elle, pour les onduler au dessus de la tête. Elles s’accrochent au T et font un zig-zag avec leur corps. Marie-Agnès Gillot continue cette valse à trois, où les bras s’enroulent. « Allez, un peu d’Apollon Musagète ». Tout ondule, MAG veut « plus de wave dans la cage thoracique ». Les artistes s’amusent des propositions de leur camarade chorégraphe, qui leur fait faire des choses assez acrobatiques, où il faut tout calculer au cm près pour que les danseurs ne se donnent pas de coups. « T’en as d’autres des comme ça ? ». L’ambiance est à l’humour, mais avant tout au travail. Les danseurs refont des petits morceaux en musique, Marie-Agnès Gillot est à genoux et les regarde comme une enfant. Son regard est tendre sur ses artistes, elle veut voir ressortir les formes qu’elle met dans l’espace. La reprise de tout le morceau créé, en musique, est magique, tout fonctionne, les pas et les tours s’enchaînent. On se laisse emmener dans cette vague avec assez de facilité.

 « Les apparences sont innocentes de nos erreurs »… Phrase de départ de la création, ce ballet se donnera du 31 octobre au 10 novembre. A priori, une seule distribution, avec en solistes Laëtitia Pujol, Alice Renavand et Vincent Chaillet.  La pièce est encore bien en création, on en saura plus d’ici une semaine ou deux.

Les prochaines convergences seront consacrées à Don Quichotte le samedi 27 octobre, à 16h.

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Plus de photos des convergences, sur la page facebook, clic.

A lire ailleurs : Danses avec la plume, Blog à petits pas, Impressions danse

Nouvelles du 8 octobre

De la semaine passée je retiendrais l’exposition de Pascale Marthine Tayou, qui m’a émerveillée… bon je vous raconte quand même le reste de ma semaine, car j’ai aussi vu d’autres choses qui m’ont interpellée.

Lundi, j’ai commencé ma semaine comme si elle finissait, alors j’ai préféré ma couette et mes livres.

Mardi, je suis allée à l’inauguration de l’exposition Pascale Marthine-Tayou. Cet artiste camerounais propose une réflexion sur ce qui restera de notre époque dans 1000, 2000 ans. Son travail est fait de diverses installations. A chaque fois, plusieurs matériaux sont mêlés, à la fois naturels et récupération d’objets humains. On se retrouve projeté dans son univers, qui est aussi bien visuel que sonore. Certaines installations sont très grandes, regorgeant de détails. Collection privée est en accès libre jusqu’au 30 décembre et je vous la conseille vivement. J’ai mis un peu plus de photos sur ma page Facebook.

Mercredi c’est vers le 104 que je suis allée. Cela faisait bien longtemps que je n’y étais pas allée. J’avais peur de trouver une structure un peu délaissée par les habitants du quartier et occupée par les bobos du quartiers. Et bien je me suis trompée. Le lieu est vivant, les jeunes du quartier viennent pour y danser, les bobos traînent dans la boutique Emmaüs et devant les diverses galeries d’art. Derrière la grande halle principale, on trouve l’exposition Par nature. Cette exposition collective propose un parcours à travers des œuvres monumentales. Des artistes contemporains en quête de nature dans un décor urbain et des œuvres qui interpellent, fascinent. Des œuvres avec lesquelles on vit une expérience, on touche, on écoute, on sent. A faire avec les enfants assurément. Parmi celles-ci, une m’a le plus touchée que les autres, c’est celle de Céleste Bousier-Mougenot, qui a un mis des mandarins diamants dans un espace de 50m². Les oiseaux ont pour seuls perchoirs des guitares et des basses amplifiées (des Gibsons) et cela va produire des sons. Envoutant. J’ai fait quelques photos, que j’ai mises sur ma page Facebook.

Mercredi soir, direction la Villette, sous la pluie (grrrr la pluie) pour voir Géométrie de Caoutchouc d’Aurélien Bory et la Compagnie 111. J’y retrouve Danses avec la plume et nous passons un bon moment devant ce spectacle de cirque original, avec de belles idées. Pour lire la chronique sur le spectacle, clic.

Jeudi, trop de travail, je dois renoncer à un concert proposé par un ami à la Fondation Singer -Polignac. Ce sera donc une journée métro-boulot-dodo…. Je déteste ce genre de journée.

Vendredi, besoin d’air, balade en forêt de Fontainebleau. Poumons rechargés, pour le week-end. Cela tombe bien, samedi matin les pilates me font office d’échauffement pour les Danses partagées qui ont lieu au Centre National de la Danse. Cours de danse classique avec Jérémie Bélingard, rencontre formidable (le contraire vous aurait étonné non?), un très bon moment de partage. Pour revivre ce cours, c’est par ici. Samedi soir, la pluie finit de m’achever. Mes pieds sont trempés (je ne regarde que rarement la météo et les Repetto dans la pluie c’est pas terrible), j’ai froid et je préfère la chaleur des cinémas. Mon amie F*** semble dans les mêmes dispositions que moi et nous renonçons à notre balade nocturne pour aller voir Alyah. J’ai beaucoup aimé ce film qui raconte la préparation d’un jeune juif français au départ vers Israël. Sa vie n’a pas trop de sens entre un frère envahissant, une ex encore trop présente dans son cœur, un père indifférent et ses petits trafics. Les personnages sont dépeints avec une certaine finesse, sans complaisance mais aussi sans jugement sur leurs parcours de vie.

Dimanche, c’est jour du cinéma encore une fois. Cette fois, un peu plus de détente avec Pauline détective. C’est vraiment très bête…

  • Les sorties de la semaine

La sortie de la semaine « danse » est sans aucun doute la pièce Faces de Maguy Marin au Théâtre de la Ville du 13 au 21 octobre 2012. C’est une pièce pour 28 danseurs. Le ballet de Lyon viendrait interpréter cette pièce qui est déjà culte dans l’histoire de Maguy Marin.
Plus d’infos sur le site du Théâtre de la ville, clic.
A réécouter sur le site de France info, clic.

Plus que quinze jours pour découvrir 30×30, le solo de Paul-André Fortier sur l’esplanade de Chaillot. Quel courage d’affronter la pluie qui va tomber cette semaine. C’est tous les jours à 18h, clic.

Amis Marseillais, avant Marseille 2013, capitale de la culture Européenne, certains artistes proposent de découvrir leur travail dans différents lieux. C’est le cas du photographe Eric Boudet qui expose aux Studios Decanis, avec son travail sur la danse contemporaine. Contemporary Dance photography, à voir et revoir.

  • Les rencontres de la semaine

Le vendredi 12 octobre, 18H, rendez vous à la FNAC étoile, pour une rencontre avec Philippe Noisette, Brigitte Lefèvre, Marie-Agnès Gillot et Laurence Equilbey.

Les Aropiens juniors ont rendez-vous à l’école de danse de Nanterre le mercredi 10 octobre à 14h pour une petite visite qui promet d’être passionnante.

La rencontre autour de En apparence, la création de Marie-Agnès Gillot, aura lieu samedi 13 octobre à l’amphithéâtre Bastille à 16h. Vincent Chaillet, Laëtitia Pujol et Alice Renavand seront les danseurs que nous verront répéter.

  • Infos en vrac

La dernière pièce de Pina Bausch Como el musguito, en la piedra, ay si si si …, se joue à New-York. Elle résonne comme le chant d’un cygne. Critique du NYTimes à lire ici.

Si vous voulez revoir la pièce de Jérémie Bélingard Bye Bye Vénus ou la découvrir, cela se passe le 19 octobre au Théâtre de Maison Alfort. Elle sera précédée de la pièce Royaume-Uni d’Angelin Peljocaj. Pour d’infos et réservations, clic.

Le journal La Terrasse s’interroge sur ces danseurs de l’Opéra de Paris qui deviennent chorégraphes. Comment dépasser la peur de montrer son travail quand on a travaillé avec de grands maîtres, comment cultiver son esprit créatif? Marie-Agnès Gillot, Kader Bélarbi, Bruno Bouché ou Nicolas Paul font partie de ceux-là. A lire ici.
Brigitte Lefèvre est elle aussi dans La Terrasse pour une interview sur le Tricentenaire de l’école de danse, c’est ici, clic. Moi je crois que malgré tout, elle va nous manquer notre chère Brigitte…

Nicolas Joël ne renouvelle finalement pas sa candidature à la tête de l’Opéra de Paris. Baisse des subventions et nouvelles orientations politiques ne semblent pas être de son goût. A lire dans le JDD, clic. Le Nouvel Obs parle aussi de cette grogne à l’Opéra de Paris, suite à la réduction des budgets, c’est à lire ici.

Jérémie Bélingard un jour, Jérémie Bélingard toujours… Le danseur étoile est aussi musicien (il était même passé dans Taratata avec son cousin). Il parle de la musique et de ses goût musicaux dans l’émission Dans les oreilles de … sur Nova. A réécouter ici.

Mon ami Youssef Bouchikhi a maintenant une page Facebook consacré à sa chronique. et voilà par là sa dernière chronique.

A voir, une vidéo recommandée par Impressions danse qui parle de l’évolution technique de la danse classique depuis Degas. C’est par ici, clic.

  • Bonus vidéo

Très jolie vidéo du Bolchoï où se donne Apollon Musagète de Balanchine avec Semyon Chudin et Olga Smirnova.