Abschied

Rencontre avec Anne Teresa de Keersmaeker

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© ONP

La rencontre a lieu au salon Florence Gould, à l’Opéra Garnier. Je retrouve Amélie et E***. La chorégraphe et Brigitte Lefèvre mettent du temps à arriver.

Jean -Yves Kaced présente la rencontre qui commence en retard car la répétition n’était pas terminée. Il présente l’entrée au répertoire de cette pièce de la chorégraphe belge, Rain, créée en 2001, sur une musique de Steeve Reich, Music for 18 musicians.

Brigitte Lefèvre : Je crois que Jean-Yves Kaced a tout dit ! C’est très important pour le public de l’Opéra d’avoir Anne Teresa de Keersmaeker ici, avec nous. C’est une chance, je lui fais beaucoup de compliments, mais aussi quand elle n’est pas à mes côtés. Je le pense très sincèrement et je ne vois pas pourquoi je ne dirais pas ce que
je pense. Elle participe de quelque chose d’important. Nous sommes une compagnie dite classique mais pas une compagnie classée ou déclassée. Nous sommes très heureux de faire des ballets du répertoire. Cela donne un contraste encore plus fort pour la danse d’avoir de grands chorégraphes. On n’est pas là pour faire une collection de chorégraphes, il faut bien les choisir avec beaucoup d’attention, de ferveur, après les avoir vus, connus à travers leurs oeuvres et de choisir le moment où c’est possible de leur demander. Un journaliste belge m’a demandé l’autre jour :
« Alors vous vous êtes battus pour avoir Anne Teresa de Keersmaeker? » Je lui ai dit que non. C’est une collaboration. On a réussi à se convaincre. Je crois que ce ballet, Rain, c’est un très beau ballet de danse. C’est un challenge incroyable pour la compagnie, je n’avais même pas réalisé quand je lui avais demandé. Je ne sais pas par quoi commencer, on peut te demander pourquoi et comment t’avais envie de faire de la danse quand tu étais petite ?

Anne Teresa de Keersmaeker : euh..

 Brigitte Lefèvre : D’accord (rires). Bon ben on ne saura jamais pour Anne Teresa a fait de la danse quand elle était petite ! Je sais que tu as
étudié la danse à Mundra .Quand on voit la qualité de la danse d’Anne Teresa, on peut rendre un hommage supplémentaire à Maurice de là où il est, et à cette école.

Comment as-tu eu envie de faire Rain ?

Anne Teresa de Keersmaeker : C’est une pièce qui date de janvier 2001. C’était mon troisième rendez-vous avec Steeve Reich. En 1983,j’ai commencé
avec Far of the 4 mouvement, c’était sa toute première composition.  C’est un compositeur américain vivant. La pièce qui a suivi, Drumming. Ce qui était exceptionnel c’est que mon parcours s’est fait en mariage avec la musique et avec les compositeurs vivants ou non vivants, la plupart sont  morts que ce soit Bach, Beethoven, Mozart, Montoverdi. Il y en a quelques uns qui sont encore vivants, comme Reich. La composition de Reich est une pièce qui fait 65 minutes. C’est rare de trouver des oeuvres courtes qui permettent de construire une danse, un défi chorégraphique. C’est avant tout une danse de groupe. C’est vraiment danser ensemble, mais en même temps, qui unit cette notion d’harmonie entre eux, où chaque danseur a un trajet individuel qui es très articulé, très spécifique. Pour moi Rain c’est un peu comme une jubilation. C’est tout le travail que j’ai fait pendant des années sur l’organisation de l’espace, les patrons sous jacents de géométrie, un vocabulaire qui est en même temps très féminin et très masculin. Comment à partir d’une phrase chorégraphique on peut faire des transformations sans fin. C’est des
phrases très abstraites, très formelles, mais en fait  qui visent quelque part, presque une narration sous jacente et je suis convaincue que les idées les pus abstraites peuvent être
incorporée par la danse. Quelque chose qui dévoile une très grande forme émotionnelle. Ce n’est pas la forme comme un but en soi, mais comme une ouverture possible vers une émotion simple et vraie.

 Brigitte Lefèvre : Alors justement parlons de ta connaissance et ton amour pour la musique. Tu as fait une pièce avec Jérôme Bel, Abschied, absolument magnifique. C’est une histoire de danse. La manière dont la pièce a été construite a fait que tu as souhaité que la plupart de tes danseurs soient là. Chaque danseur  (6 femmes et 3 hommes) qui a dansé cette pièce, a été là. C’est un vrai privilège de voir cette espèce d’échange d’artistes, la chorégraphe étant là. C’est du coup à la fois fatigant précis et comme disait Anne Teresa,  très jubilatoire. Cela va donner quelque chose de très particulier. Cela me fait penser aux conversations avec Pina Bausch, dans le sens où ces des personnalités qui partagent quelque chose.  Il y a un partage de quelque chose d’indispensable, cette structure, ce socle de danse. De ce socle il y a une construction, ensuite il y a une
pensée de la danse, il y aussi quelque chose de poétique, d’émotionnel. On n’est pas là pour jouer au jeu des comparaisons, si vous vous le faîtes c’est votre problème, mais nous c’est pas le notre. La compagnie d’Anne Teresa est magnifique. L’intérêt c’est une extrême transmission, une transformation. C’est une œuvre très singulière. Quand on parle de répertoire, ce serait dommage de ne pas faire vivre notre répertoire académique mais d’être mutilé d’oeuvres contemporaines ce serait dommageable. Quand tu vois Rain, qu’as tu eu envie de dire aux danseurs, qu’est ce que tu leur as dit ?

 Anne Teresa de Keersmaeker : On en est pas encore là. C’est une question difficile. On est dans le concret, je leur demande plus de ceci ou de
cela. Il y a une série de règles générales, comme je le disais qui sont faites pour êtres dansées ensemble. C’est une danse faite pour danser ensemble. Il faut être précis et généreux par rapport aux autres. Il faut être rentré et en soi et en même temps avoir un regard qui prend tout l’espace, et le public, et les musiciens.

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© JMC

Brigitte Lefèvre : Peut-on dire que c’est une danse de solistes ensemble ?

 Anne Teresa de Keersmaeker : Oui, on peut dire ça.  Il n’y a pas de hiérarchie dans cette danse. C’est 10 solistes ensemble. C’est quelque chose de très beau vis-à-vis de cette grande vague  qui dure 65 minutes, très éprouvante physiquement,  pleine de grace et de jubilation. Il y a une très grande complexité. Je suis allée dans un délire très complexe. L’espace se ferme et s’ouvre constamment, en avant plan en arrière plan.  Ce sont des variations infinies.

Brigitte Lefèvre : Il y a une forme philosophique de l’espace pour toi ? C’est toujours très touchant quand on regarde de la danse, c’est la décalcomanie de la soliste par le corps de ballet qui intensifie le trait. Là, on peut suivre l’un puis l’autre, puis il se retrouvent ensemble, un peu comme un jeu finalement ?

 Anne Teresa de Keersmaeker : Oui. C’est comme ça que je travaille. Les danseurs sont là parce que j’en suis un peu amoureuse. Il y a une harmonie
entre eux. Les gens sont là dans leur spécificité. Je travaille beaucoup sur l’organisation de l’espace. Je travaille sur la spirale, c’est une forme qui s’ouvre et se ferme.

Brigitte Lefèvre : Dans la scénographie il y a beaucoup d’inscriptions, de marques au sol, vous verrez enfin pas bien si vous êtes à
l’orchestre.  Est-ce que ce serait envisageable que ça puisse se faire sans ces marques quand les danseurs connaissent bien la pièce ?

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Anne Teresa de Keersmaeker : Non, ce serait trop compliqué. C’est trop concret.

 Brigitte Lefèvre : Parlons un peu des costumes. Toi tu es très élégante.

Anne Teresa de Keersmaeker : Ah bon, tu as vu mes bottines [elle porte des chaussures de marche]?

Brigitte Lefèvre : Mais oui ! C’est très beau ça sent le feu de bois (rires).  Tu as réussi à convaincre Dries. C’est un compagnon de route.

 Anne Teresa de Keersmaeker : Dans cette période là oui. J’ai beaucoup travaillé avec lui. C’est un grand maître qui a un grand savoir faire. Il vient d’une grande famille de tailleur à Anvers. Il a horriblement bon goût. C’est une telle élégance de travailler avec lui, parce qu’il est très flexible. Il a un regard d’aigle. Il sait très bien accompagner, il sait donner un coup de pouce. tu as l’idée et puis il dit « ah bon ». Je voulais de la couleur chair pour les costumes. Il est parti de là puis il est allé au rose puis de pousser jusqu’au fushia exubérant, moiré, argenté. C’est très naturel. Il travaille sur les couleurs, les matières, les reflets. Il a une expérience exceptionnelle. Il y a eu tout autant de travail avec le scénographe. L’espace de cordes crée un mouvement, un espace fermé et ouvert.

 Brigitte Lefèvre : On a vraiment de la chance d’avoir ce travail. C’est une autre façon de faire. C’est d’ailleurs une danse qui est techniquement très dure. C’est un série de questionnements auxquels le corps et l’esprit doivent répondre. C’est une autre façon de faire, ils sont d’ailleurs très courageux. Tu danses des fois dans tes pièces ?

Anne Teresa de Keersmaeker: Celui-ci je ne l’ai pas dansé, c’est trop difficile.(rires)

 Brigitte Lefèvre : Les danseurs sont très différents, tant par rapport à l’âge qu’à d’autres choses. Pour revenir aux costumes, je suis allée aux ateliers de costumes. J’ai jeté mon oeil, mon nez pendant les essayages. C’était très touchant de voir ces costumes et en même temps pour le responsable, il n’y avait plus les tissus choisis au
départ. Tout ce qu’il y a autour, avec, est important quand un ballet entre au répertoire. Pour les costumes, il fallait trouver d’autres matériaux, aussi beaux, mais différents. Cela m’a beaucoup intéressée. Parfois on retrouve la même chose avec la danse.

C’est une pièce de 2001, donc il y a une dizaine d’année. Comment tu la situes dans ton travail ?

Anne Teresa de Keersmaeker : C’est une pièce clé. On ne fait pas tous les jours des pièces comme cela. C’est une pièce majeure. La musique est une invitation à la danse. Il y a un sens mélodique et harmonique qui est incroyable.  C’est le point d’orgue sur tout le trajet que j’avais fait. C’était un peu comment combiner des procédés abstraits à une certaine notion de narration, un vocabulaire que j’ai construit moi même et le fusionner avec celui des danseurs. C’était un moment de grâce, en tout modestie.

 Brigitte Lefèvre : Nous avons donc une grosse responsabilité ! Là maintenant, tu vas à nouveau participer au festival d’Avignon. L’année passée tu avais présenté En atendant. Tu es souvent à des moments où on t’attends pas. Comment on peut de l’univers foisonnant de Reich passer à quelque chose de plus minimaliste avec En atendant ?

Anne Teresa de Keersmaeker : Pour faire une longue histoire courte, c’était un gros moment de remise en question. J’ai eu un trajet si intense avec la musique, j’ai eu besoin de me poser des questions simples. Qu’est ce que c’est pour moi la danse, du rapport de la danse avec la musique. Le rapport au corps aussi. C’est très beau, mais ça
peut être encore plus beau avec moins. Que peut faire le corps quand on est démuni de tout, quelle est sa force d’expression la plus radicale possible. C’est une question esthétique et presque écologique. C’est difficile de trouver une musique. J’ai fait un travail sur Bach et après cela c’était difficile de trouver une musique.

Tu sais chanter Bach toi ?

Brigitte Lefèvre fredonne.

 Anne Teresa de Keersmaeker : mais d’autres musiques tu sais chanter?

Brigitte Lefèvre : Je ne connais que les chansons réalistes !

Anne Teresa de Keersmaeker: Tu connais Edith Piaf?

Brigitte Lefèvre fredonne Non rien de rien

Brigitte Lefèvre : Personne n’a applaudi c’est dur je me défonce!(rires)

 Anne Teresa de Keersmaeker : et les beatles?

 Brigitte Lefèvre : non ! (rires)

Anne Teresa de Keersmaeker: donc j’avais envie de silence. J’allais à Avignon, alors je me suis renseignée. J’ai été fascinée, challenged. Toute la musique avant Monteverdi, je me suis sentie très proche, très éblouie par la beauté de cette musique. Le rien. On se demande dans ce passé lointain ce qui nous unit encore avec ce monde là.
Les traces de l’humanité sont elles marquées dans notre corps ?

 Brigitte Lefèvre : La danse est un art majeur, porteur de ces problématiques. Pour toi la danseur est un art porteur, par rapport aux autres formes d’art?

 Anne Teresa de Keersmaeker : Oui, la danse est plus que d’autres arts, ancrée dans ce qui nous est le plus interne. Le corps, cette chose la plus concrète, peut intégrer les idées les plus abstraites. Il reste toujours le même. On est tous là avec le même corps, avec des différences, d’âge de sexe de vécu. Tout se marque dans notre corps.
C’est ce à quoi on tient le plus. On sait qu’il va disparaître, c’est notre seule certitude. On doit laisser aller le corps.

Brigitte Lefèvre : La danse n’est pas toujours considérée comme un art majeur. C’est un art fragile. Par comparaison au lyrique, où il y a beaucoup de public. Même sur un plan politique, il y a peu de théâtres dirigés par des danseurs. Tu comprends sans rentrer dans une polémique, pourquoi ?

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© JMC

 Anne Teresa de Keersmaeker : J’ai une fascination pour l’Opéra, parce que c’est lié à la voix. La voix c’est la danse la plus intérieure, c’est très intime. La voix reflète l’intérieur du corps. On ne peut rien masquer. C’est tellement intime. D’un autre côté, c’est un art coûteux, c’est l’art le plus bourgeois, depuis ces deux derniers siècles. Il y a énormément d’emballage cadeau. L’opéra c’est un art total, quand c’est beau, il n’y a rien de tel mais souvent c’est chiant. On s’endort !

 Brigitte Lefèvre : Bon on ne va pas froisser Nicolas Joël ! Mais la mise en scène d’Opéra ça ne t’intéresse pas?

 Anne Teresa de Keersmaeker : oui mais c’est pas ma priorité. Il y a une question de répertoire et tout le répertoire n’est pas intéressant. J’aime Bach mais j’aime aussi beaucoup Mozart, mais l’opéra est tellement incrusté dans un codage de traditions. C’est un gros emballage cadeau ! Et c’est difficile d’enlever tout le papier cadeau et en
plus ça coûte cher.

 Brigitte Lefèvre : Il n’y a pas une oeuvre d’opéra qui t’intéresserait?

Anne Teresa de Keersmaeker : Toutes ! Mais ça coûte beaucoup d’argent et le temps pour pouvoir chercher est très réduit.

 Brigitte Lefèvre : pas une en particulier?

 Anne Teresa de Keersmaeker : en ce moment je travaille avec rien de vocal, je suis dans le minimalisme, je suis là dedans. Je suis avant l’Opéra, sans rien de vocal. J’aime beaucoup être là dedans.

Brigitte Lefèvre : Quand on voit du ballet très abouti avec la musique avec la respiration des danseurs,  on a aussi la sensation, comme dans
l’Opéra, que quelque chose est rassemblé. Pour toi, tu imagines qu’un danseur aille au delà, par exemple dans l’expression vocale?

 Anne Teresa de Keersmaeker : Je cherche là dessus. Mais il ne faut pas tout mettre d’un coup. Le jambon, le fromage, etc.. sinon c’est un sandwich pas une création.

J’ai chanté et j’ai dansé avec Jérôme Bel , mais c’était un peu différent.

Brigitte Lefèvre : Tu as dit plusieurs fois que la pièce durait 65 minutes. Je me suis posée la question si il fallait présenter la pièce avec une autre pièce ou non. Et puis c’est une pièce tellement forte, tellement dense qu’on ne peut pas y ajouter autre chose.A 8h30 vous êtes sortis, vous pouvez aller au restaurant, la baby sitter sera ravie. J’entends parfois des réflexions comme quoi c’est trop court.

 Anne Teresa de Keersmaeker : en effet on ne peut pas combiner cela avec autre chose. Ni pour les danseurs, ni pour le public. C’est très intense. C’est juste pour une soirée. Et puis avec la musique live, on reçoit beaucoup.

 Question : Quelle difficulté avez vous rencontrée pour la transmission aux danseurs de l’Opéra de Paris, ils sont très classiques?

Anne Teresa de Keersmaeker : On ne va pas changer l’écriture. C’est surtout un défi. C’est un matériel physique  très intense, surtout pour les filles je crois. Il y a beaucoup de chutes au sol. Il faut comprendre la notion d’auto-organisation. Chaque danseur a un trajet individuel, il y a besoin d’être très alerte avec les autres. C’est un triangle, il y a moi, ma danse, moi par rapport aux autres et moi par rapport au public. J’ai du bâtir cette inspiration. A travers ma danse je supporte, j’accompagne celle des autres. L’articulation avec la musique live aussi c’est un gros travail. J’ai fait un gros travail sur le vocabulaire, sur le relâchement.

Brigitte Lefèvre : Le savoir d’Anne Teresa apporte son langage, mais c’est un nouveau langage. Les danseurs de l’Opéra apprennent s’adaptent, s’approprient. C’est un autre formalisme c’est tout. Ils sont attentifs.

 Question : D’abord une remarque. Vous avez dit qu’il n’y aurait pas d’autres oeuvres qui accompagneraient Rain. Je trouve ça très bien. C’est vrai
que des œuvres comme celle là ou le Sacre c’est important de les voir seules.

 Brigitte Lefèvre : ah mais moi j’ai adoré la soirée des 3B.

 Question : moi aussi ! Mais il serait intéressant de voir le Sacre seul. Je voulais vous demander comment vous aviez choisi les danseurs, il y en a beaucoup, quels ont été vos critères?

Anne Teresa de Keersmaeker : Brigitte a fait une présélection. Ensuite on a fait quatre jours d’audition où je les ai regardé, puis on a choisi 2 casts.

 Brigitte Lefèvre : oui je les connais bien. Il faut aussi sentir leur désir. D’ailleurs c’est drôle parce que ce n’est pas forcément ceux qui avaient le plus envie qui s’en sortent le mieux. Mais c’est bien c’est des aventures de vie. Etre danseur c’est vraiment spécial.

 Question : vous avez parlé de la mort comme seule certitude, sur la conscience de notre corps. Comment la danse vous permet de réfléchir, de gérer cette conscience?

 Anne Teresa de Keersmaeker : Le travail sur la danse est une réflexion, sur la nature de notre corps, la nature de notre esprit. et comment l’un se manifeste dans l’autre et vice-versa. Je pense que le corps est une matérialisation de notre esprit. C’est cela qui m’intéresse, comment concrétiser par le corps? Il y a un très beau poème Amor constante de Quevedo dont la dernière phrase est « les poussières seront mes poussières amoureuses ».

Avec Rain, une des oeuvres majeures d’Anne Teresa De Keersmaeker entre au répertoire du Ballet de l’Opéra. Ancrée dans la musique minimaliste de Steve Reich, la gestuelle organique dessine une pièce forte et d’une grande sensibilité.

Steve Reich Musique
Music For 18 Musicians
Anne Teresa De Keersmaeker Chorégraphie
Jan Versweyveld Décor et lumières
Dries Van Noten Costumes