Je suis allée avec L*** la blogueuse de Dansez manège voir le programme classique (pas si classique) des étudiants du CNSMDP. J’avais vu plusieurs fois le Junior ballet et c’est un vrai
plaisir de voir ces jeunes se débattre et danser de belles chorégraphies. Il y a une énergie particulière qui deviennent de véritables interprètes. C’est en plus un vrai plaisir d’aller dans ce
beau lieu, de voir gratuitement un spectacle de qualité.
Le premier ballet est une création pour le Junior Ballet de Christopher Hampson. Un jeune homme entre sur scène, en tenue classique turquoise (pas si classique ça non plus!). Il est accompagné
par une jeune étudiante au piano. La musique ne me plaît pas beaucoup. Elle est entrecoupée de silences et sa mélodie particulière ne me donne pas envie de danser. Les ballets qui me touchent et
me parlent sont ceux aussi qui me donnent l’envie de danser. Je repense à la conversation que j’ai eue dans la queue avec le couple derrière moi. Le monsieur affirmait son envie de monter sur
scène quand il voyait un ballet tandis que sa compagne n’avait pas du tout le même point de vue et l’idée de monter sur scène la terrifiait. La danse me donne toujours ou presque envie de danser.
Mais là la musique me bloquait un peu. Le jeune danseur semblait nerveux, peu stable sur ses jambes. Le vocabulaire utilisé est néo-classique. La construction scénographique utilise beaucoup les
diagonales. Les bras valsant de haut en bas, ondulant l’espace, adoucissent ces diagonales un peu trop rectilignes. Un très beau duo coupe un peu cette ambiance trop sèche pour moi, avec des
portés majestueux.
Les étudiants du Junior Ballet sont tous différents, avec des qualités différentes. Cela doit être dur de créer quelque chose de cohérent pour des personnalités si différentes. On n’est pas là
dans une compagnie « uniforme », mais des étudiants qui doivent danser ensemble. Et cela marche très bien. Les petites tuniques académiques violettes vont très bien à toutes les danseuses, et
chacune à sa manière s’intègre dans ces lignes virtuelles qui découpent l’espace.
La deuxième pièce est une création de Kylian. C’est le chorégraphe qui me touche le plus aujourd’hui en danse. Je ne sais pas vraiment ce qu’il y a au dessus de lui. Une fois de plus, je n’ai pas
été déçue. Trois jeunes femmes en robes blanches entrent sur scène. Leurs bras sont croisés et tiennent la robe de leurs voisines. Elles avancent, se lient, se délient. Je sais que le point de
départ de Kylian est la musique et c’est épatant la facilité avec laquelle il place des mouvements si précis, si nets et définis sur chaque note. Trois hommes en chemises blanches entrent ensuite
sur scène. Eux aussi sont liés par quelque chose de particulier. Il y a comme une sorte de rituel, quelque chose entre eux de sacré. La danse tout simplement, je crois. Ils sont unis les uns aux
autres par ce mouvement perpétuel, à fois très simple, et en même temps tellement riche chez Kylian. La pièce ne dure que quinze minutes, trop court à mon goût.
La dernière pièce nous colle au fond de nos sièges. Alors oubliez tous vos clichés sur le classique (si je sais qu’il y en a pour qui classique = lac des cygnes), prenez des académiques
métallisés, des spots de lumière, des néons bleu, et un stroboscope. Maquillez les danseurs à la manière du groupe Kiss, un brin d’humour et hop, vous obtenez Megalopolis. Les chorégraphes
anglais, jeunes, ont une inspiration assez numérique, je pense bien sûr à Wayne Mc Grégor. Pas de désarticulation ici, mais des déhanchements, des diagonales et traversées rythmées qui mettent en
valeur des mouvements peu conventionnels. Quinze minutes d’énergie qui donnent la pêche. A voir!
Un grand bravo à Céline Talon qui fait un travail merveilleux avec ces très beaux danseurs.
Je vais voir le programme contemporain dans une semaine. Il me semble qu’ils vont danser eux aussi cette dernière pièce. Allez y c’est gratuit! N’oubliez pas de réserver. resa@cnsmdp.fr
Voilà un autre travail de Larry Keigwin pour vous faire une idée.
Étudiants de 5e année classique
DANIEL AGESILAS, direction artistique
CELINE TALON, maître de Ballet classique
CHRISTOPHER HAMPSON, Cinq Regards (Création)
LARRY KEIGWIN, Megalopolis
JIRI KYLIAN, Evening songs
Vidéo où on voit plusieurs extraits d’Evening songs (filles en robes blanches et hommes en chemises blanches et pantalons noirs).