© Les étés de la danse
Mardi soir 19h la foule se presse en bas des escaliers du Châtelet. Chacun se prépare à réserver une bonne place pour voir et découvrir le Miami City ballet dont c’est la
première venue en France. Personne ne connaît la compagnie, un nom, un seul peut attirer le balletomane dans la salle, celui d’Edward Villella. Ce petit monsieur, ancienne « étoile » du New-York City Ballet, pour qui Balanchine a crée Tarentella, a monté une compagnie à Miami et leur a transmis tout son savoir et les chorégraphies du Balanchine, de Robbins et de Taylor.
De Balanchine, j’avais vu les programmes présentés par le NYCB lors de sa venue à Garnier, et les quelques œuvres qui sont de temps en temps au répertoire de l’ONP. De Robbins, West Side Story (of course !), Afternoon of a faun, En Sol, Le concert, , In The
night. Parmi tous ces ballets, des coups de cœur, des déceptions. Une chose cependant que j’avais bien comprise, c’était qu’il y avait une technique américaine, qui est bien différente de celle qu’on enseigne ici dans les cours de danse. Quand je vois du Balanchine, je me dis toujours, comment peut-on danser cela, c’est impossible !
J’ai passé une très bonne soirée. J’ai été très surprise par la qualité de cette compagnie. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils ont une pêche d’enfer. Ils ont ces ballets dans les jambes et dans la tête. Ce fut une véritable découverte. Belle idée que d’avoir invité cette troupe sur laquelle je n’aurais pas pariée.
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La répétition s’ouvre avec Ballet Imperial qui est un petit bijou chorégraphique. Les constructions des tableaux n’en finissent pas de se
construire et de se reformer. Diagonales, carrés, lignes dans lesquelles les danseurs surgissent parfois de derrière, s’incorporent, tout va très vite, mais avec une telle rigueur, c’en est époustouflant. Les danseuses portent de jolies robes de mousseline blanche. Sur la tête, une tiare qui rehausse tous ces ports de tête majestueux.
Ce ballet reprend beaucoup des danses traditionnelles. Les danseuses changent de place avec la diagonale d’en face, les rondes sont de mises dans les parties d’ensemble. On
passe sous les bras avec l’aisance qu’il faut dans une danse écossaise. Le tout dans le langage de Balanchine, c’est assez drôle, car finalement il y a plein d’allusions au ballet classique également. Les saluts au couple impérial rappelle les entrées des rois et reines et autres princes des grands ballets classiques. Il y a des moments presque narratifs, où on serait plongé dans une romance princière.
Le ballet est également construit comme la musique. Il faut que je vous parle de la musique ! L’orchestre choisi est un jeune orchestre « L’orchestre Prométhée » et c’est une merveille. Le concerto de Tchaikovski est superbement joué, et le pianiste Francisco Renato (qui joue au Miami City Ballet) est remarquable. Ballet Imperial est un concerto entre les solistes et les ensembles. Les ensembles répondent aux pas de deux ou trios. Les ensembles sont d’une rigueur éblouissante, il n’y a rien qui dépasse c’est parfaitement réglé. Le bruit des chaussons des entrechats 6 est si précis, qu’il s’ajoute comme un instrument sur la partition de Tchaïkovski. C’est très enthousiasmant, c’est comme une feu d‘artifice sur scène. Je suis en revanche plus réservée quant au choix de la danseuse du pas de deux. Mary Carmen Catoya m’a glacée pendant tout le ballet. Sa rigidité dans le haut du buste, ses bras jetés un peu partout sans véritable intention, et surtout son visage qui affichait une tristesse, ne m’ont pas du tout convaincue. Ce n’est qu’une répétition après tout, j’espère que ce sera mieux demain. Patricia Delgado m’a par contre complètement emmenée dans sa danse. Tout lui semble facile, elle vole au dessus des autres, un large sourire sur le visage, elle capte le regard du public dès le premier
pas sur scène.
© Les étés de la danse
Ce premier ballet est un petit trésor que je ne connaissais pas et qui me donne une très bonne première impression. Bien construit, bien dansé, musique impeccablement jouée
c’est un très bon début de soirée.
Que dire du petit bonbon sucré qui suit ? Tarentella est un petit plaisir de 7 minutes dansé par deux interprètes merveilleux que sont Jeanette Delgado et Kleber Rebello. La salle applaudit à tour de bras les passages de l’un et l’autre. Leur musicalité montre une écoute longue et attentive des œuvres, ce qu’on avait d’ailleurs pu voir dans le film de Dominique Delouche. Violette Verdy explique bien que tout se joue dans l’écoute de la musique. Et là, dans ce numéro c’est remarquable. Les tambourins sont frappés au bons
moment. C’est dansé avec beaucoup de joie et d’enthousiasme comme le premier ballet. Les pas de danses traditionnelles se mêlent à un grand pas de deux. Les sauts du Rebello sont amples et légers, on ne l’entend même pas retomber sur sol. Seuls les tambourins et les frottements des chaussons pendant la batterie, accompagnent l’orchestre.
7 minutes de réjouissance. Il fallait bien cela car La Valse qui a suivi m’a particulièrement ennuyée. Il y a dans ce ballet pourtant des éléments chorégraphiques intéressants mais avec la crème qui l’entoure, cela m’a laissée à côté. Imaginez vous un bal de fin d’année comme on peut en voir dans ces écoles américaines. Gants blancs, queues de cheval hautes ajustées d’un ruban de couleur, tutus roses avec des reflets de couleur. Un décor de bal avec lustres à pampilles. Très kitsch en fait. La chorégraphie pourtant je le répète a quelque chose d’intéressant. Beaucoup de jeu avec les mains, avec les regards entre garçons et filles. Il n’y a pas d’histoire, c’est juste un bal. De même que dans Ballet Imperial, les ensembles sont parfaits. Je ne sais pas pourquoi je suis restée complètement à côté. Dans la deuxième partie de la chorégraphie vient se glisser un argument. La figure de la mort apparaît et vient danser avec la soliste qui est vêtue de blanc. La mort lui offre un bouquet de roses violettes, la recouvre d’un manteau noir et lui offre une dernière danse. Au réveil des danseurs, ils trouvent le corps sans vie de la jeune femme. Un dernier ensemble et la valse cesse. Le public a applaudi très chaleureusement ce dernier morceau. Je suis plus réservée, je crois que la musique ne m’a pas non plus emportée dans cet univers.
Cette compagnie est un petit trésor. C’est un choix audacieux de la part des Etés de la danse, qui a fait une programmation de qualité. J’ai hâte de retourner demain au Gala
d’ouverture.
http://www.lesetesdeladanse.com/
- Distributions du 5 juillet
Ballet Imperial
Mary Carmen Catoya Renato Penteado
Patricia Delgado
Renan Cerdeiro Didier Bramaz
Tarantella
Jeanette Delgado Kleber Rebello
La Valse
Jennifer Carlynn Kronenberg Carlos Miguel Guerra
- Présentation vidéo