Il est plaisant d’aller au ballet avec des novices, qui ne connaissent rien à la danse. J’aime voir mes amis découvrir quelque chose qu’ils ne connaissaient pas. Je les observe dans le noir, regarder ce qui se déroule sous leurs yeux. J’appréhende un peu l’entracte quand je leur demande « alors ça te plaît? ». Je repense à mon amie F*** dont le visage s’est illuminé et qui m’a répondu « C’est tout ce que j’aime » lors d’un hommage à Jérôme Robbins. Un amoureux que j’avais emmené voir pour la première fois un ballet de Kylian était ressorti bouche bée devant le travail des danseurs. Les jours qui suivaient, étaient rythmés par des « que c’était beau ce ballet ». Cette phrase revenait quand je l’ai emmené en voir d’autres.
Il est tout aussi plaisant, et ce pour des raisons différentes d’aller voir un ballet avec un (ou plusieurs) balletomane, qui comprend notre soif de voir, de comprendre, de vivre des émotions à chaque fois différentes en allant voir un ballet plusieurs fois. J’ai donc passé un week-end Bolchoï avec Pink Lady, tout aussi excitée que moi à l’idée de voir deux Don Quichotte et un Flammes de Paris en deux jours. Pour cela, il nous fallait une sacrée organisation, n’ayant pas de places pour la journée du samedi. Nombre de messages envoyés : 33 plus ceux via Twitter 19 pour une organisation bien réglée.
Pour le Don Quichotte de 14h30, j’obtiens un fond de loge à 8€ très bien placé (deuxième loge de côté n°23). Assise sur le dossier de ma chaise, je vois toute la scène.
J’ai de grandes attentes de ce Don Quichotte « en vrai ». J’avais vu Osi/Vasi au cinéma et c’était remarquable. J’étais restée bouche bée.
Le prologue dévoile la pantomime et le jeu entre Don Quichotte et Sancho Pancha me fait rire d’entrée. J’ai toujours apprécié l’humour guignolesque à la Scapin et les farces de
Sancho Pancha m’amusent comme une enfant. Le premier acte débute, Kitri entre sous les traits de Kryssanova. Ses premiers pas sur scène me semblent raides. Je la trouve un peu coincée dans cette première variation qui doit être une explosion et qui ne produit pas chez moi l’effet attendu. Je trouve qu’il lui manque un air mutin. Ce n’est pas assez caliente à mon goût. Elle a néanmoins de très belles jambes qu’elle sait mettre en valeur dans de jolies arabesques. Elle se décoince et devient plus coquine quand le marquis fait son entrée. La danse des tambourins et des éventails est un moment réjouissant qui participe de la grande fête qu’est Don Quichotte. Mon moment kitch adoré (il y en a plein d’autres dans ce ballet) est l’entrée des toréos. Ca en jette, c’est puissant et c’est mené par un Merkuriev dont la cape et la coupe de cheveux s’accordent à souhait. Merkuriev vous capte de son regard et ne vous quitte plus des yeux. De même avec sa partenaire, qui en passant est géniale, ils ne se lâchent pas, l’intensité est puissante.
Retour de Kitri et de Basilio sur la scène, avec un Lopatin très léger, très juvénile dans le bon sens du terme. J’apprécie son jeu, son interprétation de jeune fougueux. Kitri se lâche au fur et à mesure du premier acte et adopte de plus en plus une attitude espagnole. La diagonale des toréadors est très réussi. On est au comble de la fête et l’acte I annonce de jolies choses pour la suite du ballet. A noter, le cheval sur lequel arrive Don Quichotte a disparu. Pink Lady m’avoue que la veille la scène a failli mal se passer ! Il n’y a que les Russes pour faire venir un vrai cheval sur scène. Est-ce que dans leur Bayadère, Solor arrive sur un vrai éléphant?
L’acte II débute dans une taverne où Kitri et Basilio ont pris la fuite. Dans ce passage, j’adore les passages de danses traditionnelles avec les robes de flamenco qui n’en
finissent pas. Retour du beau Merkuriev qui une fois de plus donne une leçon de caractère. L’arrivée du père de Kitri provoque la scène d’humour que j’aime beaucoup où Basilio fait croire à un suicide. Kryssanva s’y montre belle comédienne, la scène fonctionne bien. Le pas de deux entre Kitri et Basilio.
© Laurent Phillipe / Fedephoto.com
- Distribution du 14 mai à 14h30
Kitri/Dulcinée : Ekatarina Kryssanova
Basilio : Viacheslav Lopatin
Don Quichotte, chevalier errant : Alexeï Loparevich
Sancho Pança : Alexadr Petukhov
Gamache, un riche noble : Denis Savin
Juanita et Piccilia, deux amies de Kitri : Chinara Alizade, Anna Tikhomirova
Espada un toréador : Andreï Merkuriev
La danseuse de rue : Anna Okuneva
Mercedes : Kristina Karaseva
Lorenzo, aubergiste, le père de Kitri : Egor Simachiev
Sa femme : Anastasia Vinokur
Le Duc : Alexeï Fadeechev
La Duchesse : Olga Suvarova
Le Patron de la taverne : Roman Simachev
La reine des Dryades : Anna Nukulina
Trois Dryades : Yulia Grebenshchikova, Olga Marchenkova, Angelina Vlashinets
Quatre Dryades : Svetlana Pavlova, Yulia Lunkina, Maria Prorvich, Maria Vinogradova
Cupidon : Nina Kaptsova
Danse espagnole : Ekatarina Barykina, Liudmila Ermakova, Anna Balukova
Danseuse gitane : Anna Antropova
Boléro : Anna Balukova, Anton Savichev
Première variation du Grand Pas : Maria Vinogradova
Seconde variation du Grand Pas : Chinara Alizade
© Laurent Phillipe / Fedephoto.com
- Distribution du 14 mai à 20h00
Kitri/Dulcinée : Maria Alexandrova
Basilio : Alexandr Volchkov
Don Quichotte, chevalier errant : Alexeï Loparevich
Sancho Pança : Alexadr Petukhov
Gamache, un riche noble : Denis Savin
Juanita et Piccilia, deux amies de Kitri : Anna Rebetskaya, Olga Kishneva
Espada un toréador : Andreï Merkuriev
La danseuse de rue : Anna Leonova
Mercedes : Kristina Karaseva
Lorenzo, aubergiste, le père de Kitri : Egor Simachiev
Sa femme : Anastasia Vinokur
Le Duc : Alexeï Fadeechev
La Duchesse : Olga Suvarova
Le Patron de la taverne : Roman Simachev
La reine des Dryades : Ekatarina Shipulina
Trois Dryades : Yulia Grebenshchikova, Olga Marchenkova, Angelina Vlashinets
Quatre Dryades : Svetlana Pavlova, Yulia Lunkina, Maria Prorvich, Maria Vinogradova
Cupidon : Anastasia Stashkevich
Danse espagnole : Ekatarina Barykina, Liudmila Ermakova, Anna Balukova
Danseuse gitane : Anastasia Meskova
Boléro : Anna Antropova, Anton Savichev
Première variation du Grand Pas : Anna Tikhomirova
Seconde variation du Grand Pas : Victoria Osipova
- Bonus vidéo : Maria Alexandrova
> Il n’y a que les Russes pour faire venir un vrai cheval sur scène. Est-ce que dans leur Bayadère, Solor arrive sur un vrai éléphant? Dans l’opéra-ballet Padmâvatî de Roussel mis en scène par
Sanjay Leela Bhansali (réalisateur bollywoodien) et chorégraphié par Tanushree Shankar au Châtelet en 2008, il y avait un éléphant et un tigre (un python était aussi prévu, mais cela ne s’était pas
fait). L’éléphant, c’était pour qu’Alaouddin fît une entrée spectaculaire. Le tigre, c’était pour qu’une représentation de la déesse Durga fût conforme à l’iconographie, cf.
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