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Malgré la douleur de mon orteil récemment coupé, je me décide à aller à Pantin. Je retrouve M*** que je connais depuis l’enfance, nous étions dans la même école de danse. Direction l’échauffement avec Nicolas Paul, qui remplace José Martinez, ce dernier étant blessé. Géraldine Wiart l’assiste. Il explique, elle montre. L’échauffement commence en douceur. Tours de tête, arrondi du dos en
tailleur, position du chat pour assouplir le dos, étirements des jambes, le début est au sol. Nicolas Paul passe entre les gens, et semble attentif et bienveillant. Une fois debout, on attaque un échauffement des bras, puis de la synchronisation jambes et bras. Quelques équilibres, que je ne peux malheureusement pas expérimenter, trop mal au pied. Le tout se termine par une marche qui mêle différents déplacements.
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Les années passées, Nicolas Le Riche avait proposé un cours classique et l’apprentissage d’une variation (Siegfried, acte 2 du Lac il me semble). Marie-Agnès Gillot et Vincent Chaillet avaient eux aussi proposé un cours très classique, qui avait mis la pêche à tout le monde. Pas évident pour Nicolas Paul de prendre la place de José Martinez, l’étoile que tout le monde attendait. Il a donc décidé de proposer complètement autre chose, un atelier chorégraphique. Si les soupirs se font entendre et même l’impolitesse de certains les poussent à râler, c’est avec aisance que le danseur-chorégraphe met ses élèves au travail. L’idée est simple mais efficace. Partons d’une photographie, pour commencer Nicolas Le Riche dans Le fils prodigue. Il s’agit en premier de reproduire la pause. Pas évident je dois dire, en équilibre, accroupi, la main droit sur le côté gauche de la tête, le bras gauche passant dans le droit, la main gauche tendue devant (oui ce serait plus simple si je retrouvais la photo me direz vous mais je ne l’ai pas trouvée). Il faut respecter la direction, l’orientation par rapport à un public. Après une
correction dans la bonne humeur, voilà tous les danseurs dans la bonne position. L’exercice consiste à présent à trouver à partir d’une position debout, le chemin le plus naturel pour aller dans cette position. Naturellement, presque toutes les personnes font le même trajet et placent leurs bras et leurs jambes au même moment. Il faut maintenant que chacun avec son langage chorégraphique, avec son vocabulaire, et avec son corps, trouve un chemin pour aller dans cette position, mais en contrariant le chemin naturel. Un fois ce chemin trouvé, Nicolas Paul nous demande d’y mettre des nuances, de varier les rythmes. Peu à peu, les corps se libèrent et se lâchent. Ceux qui ne parvenaient pas à créer, se mettent à écrire des phrases dans l’espace, à se trouver à l’aise dans leurs gestes. Quand chacun a fini d’écrire sa phrase chorégraphique pour aller dans cette pose, nos deux professeurs proposent de passer de cette pose à une position allongée. De nouveau, les apprentis chorégraphes essayent des chemins, des mouvements pour aller d’une pose à une autre. Voilà qu’arrive la deuxième photo.
Il faut passer de la position allongée à cette pose. Géraldine Wiart qui semble aimer s’amuser des contraintes, propose que cela se fasse sans que les mains touchent le sol. Tout le monde va plus vite pour écrire, car Nicolas Paul suggère qu’il faut se créer un langage, pour qu’il y ait une cohérence entre ce que l’on a écrit au début et ce que l’on a écrit auparavant. Peut être des mouvements de bras qui se ressemblent, ou une énergie qui reste la même. La fin de la séance ne tarde pas à venir et il nous est proposé de montrer le travail réalisé. Les timides comme moi restent en retrait tandis que d’autres se lancent pour le plaisir de toute l’assemblée. Nicolas Paul propose de mettre quelques danseurs en musique. Les cordes de Purcell se marient très bien avec ce que chacun a chorégraphié. La fin du cours est très applaudi.
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Si les regrets de certains de ne pas avoir un cours classique pur et dur se sont laissés sentir, j’ai, pour ma part, trouvé ce moment fabuleux. C’était des vraies danses partagées, tout le monde pouvait danser. On était pas là pour se montrer, pour faire une démonstration classique. Chacun a pu s’exprimer et danser dans son langage. Un vrai moment de plaisir et de joie.
on sent comme ça change… c’est ça qui est agréable dans votre billet. On sent combien il se passe qqchose de nouveau dans le (petit) monde de la danse dite « classique » – je trouve ça
fascinant.