Rencontres

Out of stage project : rencontre avec Deyan Parouchev

Depuis une semaine, Deyan Parouchev a accroché quelques-unes de ses photos issues de Out of Stage Project, au Café Craft, situé au 24 rue des vinaigriers à Paris. L’occasion pour moi, de revenir avec lui, sur la génèse de ce projet et son avenir. Rencontre avec le photographe autour d’un délicieux café.

 Affiche expo Out of Stage Project Craft

Qui êtes-vous Deyan Parouchev ?

Je suis né en Bulgarie, je suis arrivé en France en 1991. Je viens d’une famille d’artistes, peintres et plasticiens, assez connus en Bulgarie. Je garde contact avec mon pays d’origine, j’y passe un quart de l’année, car je suis le fondateur d’une fondation d’art contemporain qui porte le nom de mon père. (Yordan Parushev Foundation)

J’ai fait une école de communication visuelle, j’ai ensuite travaillé dans la post-production vidéo et j’ai commencé la photo, comme un loisir, puis en 2008, avec le développement du numérique, il fallait que je ne fasse plus que cela. Je prenais tout en photo, je voulais fixer les instants. Je vis parfois dans l’angoisse du temps qui file et la photographie est un moyen de figer un instant qui ne se répètera plus. C’est un peu comme mes mémoires. Depuis tout petit, j’avais déjà dans mes mains un appareil photo Canon, cela a du rester dans mon inconscient. J’ai compris vite que c’était mon truc de photographier les visages humains. Pour moi, ce sont des paysages infinis.

Vous êtes aussi très intéressé par le travail vidéo ?

La vidéo c’est 24 photos en 1 seconde ! Pour moi, c’est le même travail. Mon premier film est d’ailleurs un film en Time Lapse. Je suis un grand cinéphile, mais cela va de pair avec la photographie. La photographie c’est plus mystérieux, il faut plus faire travailler son imagination.

A Bordeaux

Comment avez-vous découvert la danse ?

J’ai eu l’occasion plusieurs fois d’être cadreur à l’Opéra de Paris. J’ai pu rencontrer des danseurs, me familiariser avec ce monde merveilleux. J’ai vu beaucoup de spectacles. C’est un art que j’aime vraiment, par son mouvement, ses histoires. Les corps transmettent des émotions sans parler. Cela touche directement le spectateur car c’est le corps qui parle.

Comment a commencé le projet ?

C’est un accident ! J’étais en shooting de mode à Sofia. J’ai un ami qui passe sur le lieu de prise de vue avec une amie à lui, gymnaste. Pendant la pause, elle me demande de lui faire quelques photos. Il y avait un mur avec un X peint en blanc sur le mur. Elle a commencé à bouger, puis a fait un saut qui reprenait cette forme. Au départ, je n’ai pas prêté attention à cette image, j’ai même failli l’effacer ! Et puis, je l’ai transformé en noir et blanc et je me suis rendu compte qu’elle avait beaucoup de force. J’ai trouvé intéressant d’avoir quelque chose de très gracieux dans un décor disgracieux. J’ai aimé ce contraste.

Prise de vue Sofia

Les photos exposées ici, présentent en effet, de très beaux danseurs, de l’Opéra de Paris, de Bordeaux ou d’ailleurs, dans des décors urbains. Racontez-nous la suite.

Je me suis plongé dans les livres de photographies de danse. Mais je n’ai pas trouvé ce que je cherchais. De belles photos de scène, mais rien d’autre. C’est là que j’ai fait le lien avec la photographie du shooting de Sofia. J’ai contacté Allister Madin, il avait un peu de temps. On a improvisé cette série avec le parapluie. J’ai mis mon flash dedans. Il a trouvé ça génial. Alors il a appelé Sarah Kora Dayanova et nous étions partis pour une nouvelle série. Le lendemain, nous avons enchaîné avec troisième shooting sur les toits de Paris, avec Claire Gandolfi. Aujourd’hui, j’en suis à plus de 15 shooting différents, un peu partout en Europe. J’en ai fait à Bordeaux, en Hollande, en Bulgarie bien sûr. Je les ai traînés partout, dans des usines désafectées, des le moteur d’un bateau, dans le siège abandonné du Parti communiste Bulgare. J’encore plein d’idées pour les prochains ! Je veux aussi réaliser un petit film en 2015 qui complèterait ce projet.

L’esthétique des photos est très particulière. Toutes en noir et blanc, avec une atmosphère qu’on retrouve dans chaque cliché. Pouvez-vous nous expliquer cela ?

J’ai fait beaucoup de photographies de mode et de publicité. C’est la lumière des photos de mode que l’on retrouve dans le projet Out of stage ; une lumière très dirigée, très contrastée, hyper léchée. Ce n’est pas une lumière que l’on voit dans la danse en général, surtout que là on est dehors, on n’est pas dans un studio photo. Cela donne un aspect une petit peu étrange, une atmosphère particulière. Le challenge c’est d’amener les danseurs dehors et de sublimer leurs corps avec une lumière mélangée entre la lumière du jour et la lumière de studio.

Les photos sont en noir et blanc pour donner une espèce d’intemporalité. Je n’ai pas envie que l’on puisse dater ces photos. Il n’y a rien dans les photos qui puisse te renvoyer à une époque. Le noir et blanc permet aussi d’unifier les photos les unes par rapport aux autres. Elles sont toutes très contrastées. D’autre part, comme les lieux sont tous très différents, on se perdrait un peu. L’œil est plus réceptif au noir et blanc, et cela permet une lecture de l’image plus facile. J’ai essayé de proposer une esthétique assez universelle, qui peut toucher un large public. Je fais ces photos là pour cela, pour qu’elles rencontrent un public.

Les photos de Deyan Parouchev sont visibles au Café Craft jusqu’en mi-février. Pour plus d’infos, la page Facebook du projet, le site de Deyan Parouchev, et le site du café Craft.

Avant-goût de Darkness is hiding black horses, Teshigarawa

Retour une rencontre AROP avec Saburo Teshigarawa et la répétition publique avec Nicolas Le Riche. Le chorégraphe japonais est venu créer une pièce pour la deuxième fois à l’Opéra Garnier. La première Air, m’avait laissée un très bon souvenir. J’attends avec impatience cette nouvelle création qui mettra en scène dans l’obscurité trois étoiles, Nicolas Le Riche, Aurélie Dupont et Jérémie Bélingard. Première le 31 octobre.

  • Rencontre AROP

Le ballet Darkness is hiding black horses est présenté avec deux pièces qui font partie du répertoire. Glacial Delcoy de Trisha Brown et Doux mensonges de Jiri Kylian. C’est parce que ces trois chorégraphes ont « une certaine idée de la beauté » et recherchent le mystère qu’est la beauté que Brigitte Lefèvre a décidé de les rassembler. C’est une soirée intimiste. Il y a quelque chose dans ces trois pièces avec une relation très spéciale à la musique, aux sons et au silence.

Brigitte Lefèvre : Que souhaites-tu faire pour cette nouvelle création ?

Saburo Teshigarawa : Je suis très content d’être ici. J’ai commencé les répétitions avec les danseurs qui sont des personnalités passionnantes et curieuses de mes méthodes. Nous sommes attentifs les uns aux autres, nous sommes attentifs au corps.
Dans mes créations, je me demande quelle est la réalité de la danse. Comment vit le corps, comment on bouge son corps, comment l’autre bouge son corps.
Pour cette nouvelle création, j’ai suggéré beaucoup de choses. Je donne des déclencheurs pour que mes danseurs bougent. Je ne veux pas qu’ils utilisent leur mémoire, leur mémoire corporelle. Ils en ont beaucoup. Je veux qu’ils soient libres pour ce projet. Je ne leur parle pas de l’histoire de la pièce. Ensuite je les interroge. Comment tu relâches ton corps? Comment tu as ressenti cela ? Comment, c’est toujours la question. Il nous faut rassembler nos points de vue artistiques. Pour cela il faut avoir du temps, et des artistes talentueux. Mais avec Nicolas Le Riche, Aurélie Dupont et Jérémie Bélingard, j’ai la chance d’être avec trois danseurs très talentueux.
Ce que je dis vaut aussi pour le public. Il faut d’abord que je vous parle de ma méthode.

Brigitte Lefèvre : Peux-tu nous expliquer le titre de ta pièce ?

Saburo Teshigarawa : L’obscurité (Darkness) m’intéresse. Quand on ne voit rien, on peut imaginer des choses. Peut être que sur une scène obscure, il y a des chevaux noirs. Peut être 1, 2 ou peut être 100. Ils sont tellement silencieux. Quand ils ouvrent leurs yeux, ils nous regardent.
Cela c’est le début de la pièce. Cela est né de mon imagination. Pour moi, l’obscurité fait partie de la vie. L’obscurité est le pendant de la vie. Vous étiez dans le noir avant que vous soyez né. Puis à la lumière, on pleure. A la fin de la vie, on retourne à l’obscurité. Nous avons aussi de la noirceur en nous. Attention, il ne faut pas interpréter cela de façon psychologisante. L’obscurité pour moi c’est la lumière. L’obscurité est quelque chose de très riche. J’adore la couleur noire. La danse est réaliste, c’est ce que vous verrez sur la scène.

Brigitte Lefèvre : Ta danse est-elle sensorielle ?

Saburo Teshigarawa : Notre sensation n’est jamais garantie. C’est ce qui est beau d’ailleurs. Je ne sais pas si ma danse est sensorielle. Je cherche une qualité de mouvements. Quelque chose qui serait toujours neuf. Par exemple, vous voyez, la fumée ne peut pas se localiser, c’est évanescent, cela ne se répète jamais. Je cherche ce sentiment de fraîcheur dans ma danse. Pour cela je commence par le corps et ensuite le tempo. Je m’attache aux petits détails. Ce sont les détails du corps qui vont apporter les émotions. C’est un petit détail qui va vous faire sourire ou pleurer. Il faut chercher cette flexibilité dans le corps. Les danseurs sont entrés dans cette façon de penser, ils changent aussi leur corps à présent.

Brigitte Lefèvre : Tu fais un travail d’improvisation ?

Saburo Teshigarawa : Je ne parle pas d’improvisation. Le but c’est la recherche d’une qualité ou d’une matière. Pour cela le tempo est essentiel. Vous pouvez avoir un long moment en dix secondes ou un très court en 5 minutes.

Brigitte Lefèvre : On sait que tu fais tout sur tes créations, la musique, les costumes, les lumières.

Saburo Teshigarawa : Oui en effet, je fais la musique et les lumières. Les danseurs travaillent avec la musique tous les jours. Ils vont travailler en fonction de la musique. Cela va être une recherche que je vais alimenter de questions. Par exemple, est-ce que c’est la respiration ou le poids du corps qui engendre le mouvement ? Les danseurs ont besoin de tout sentir. On recherche ensemble, on va découvrir ensemble.

teshigawara

  • Répétition publique à l’amphi Bastille

La répétition avait lieu trois jours après cette rencontre AROP. L’occasion de voir en mouvement la « méthode ». Nicolas Le Riche s’est prêté à l’exercice, en nous traduisant en même temps, les instructions de l’artiste japonais et en nous expliquant le travail qu’il menait en ce moment au studio.

Teshigarawa a besoin de beaucoup de matériel avant de pouvoir fixer la chorégraphie. Il recherche la qualité du mouvement plutôt que d’imposer sa pièce. Il demande à l’étoile de commencer le travail en faisant des cercles, des lignes courbes avec son corps. Le danseur s’exécute et avec une course circulaire, son corps se met en mouvement. Il semble presque en transe, les yeux à demi-clos. Il fait attention à sa respiration. Il expérimente où l’emmène son poids du corps. Le chorégraphe le dirige dès que la danse devient automatique, faite de gestes déjà pensés. Il essaie que son danseur soit le plus organique possible. Pour cela, il le fait marcher avec le plus d’abnégation possible. La respiration est un concept très important chez Teshigarawa. Il demande de mettre de l’air partout pour créer du mouvement. Mettre de l’air entre les doigts, entre les épaules, sous les bras, partout l’air doit circuler.

Teshigarawa insiste à nouveau sur le fait qu’il ne s’agit pas d’improvisation. Il s’agit de travailler de manière organisée afin de retirer toute la mémoire corporelle. Le geste doit toujours être frais et vivant. Il faut se mettre à nu et oublier ce que l’on a appris. Nicolas Le Riche témoigne de la difficulté qu’il a éprouvée au début. Il explique qu’au début des répétitions, ils avaient très peu de solutions, parce que la liberté en danse, ce n’est pas facile. Le corps est prisonnier, non seulement de mouvements, mais aussi de rythme. Ce que leur a demandé Teshigarawa est  très technique et cela nécessite une grande ouverture d’esprit.

Teshigarawa propose des variations dans ces marches. Il fait faire des rotations pour voir comment cette énergie va se déployer et si le mouvement reste vivant. Il faut se méfier du mécanisme. Pour cela il faut bien utiliser sa respiration. Naturellement, on inspire plus qu’on ne souffle. Il faut jouer avec le souffle, trouver de nouvelles manières de mettre de l’air dans le mouvement.

Voir Nicolas Le Riche bouger avec ces mouvements si simples et si vivants fut un vrai bonheur… Vivement demain !

Nicolas Le Riche par Agathe Poupeney

Plus d’infos et réservations, clic
Extrait vidéo d’une répétition, clic

Le pari audacieux de Samuel Murez

A l’Opéra de Paris, il y a toujours des initiatives individuelles intéressantes. Quoi de plus normal quand on vit au sein d’une telle maison. Samuel Murez y est entré à l’âge de 17 ans. Il danse dans de beaux rôles. On retiendra parmi ceux ci ceux que lui a donnés Forsythe (Approximate Sonata), Laura Scoozy, Mats Ek, Pina Bausch, sans oublier Roland Petit. Mais ce qui préoccupe l’esprit du jeune danseur c’est la chorégraphie. Créer sur les autres, faire ressortir leurs qualités, les mettre dans la lumière. De là, est né 3ème étage. Ce nom, c’est tout simplement celui de l’étage où sont les loges des danseurs. Au départ, un danseur avec cette volonté de mettre ensemble des brillants artistes et de créer quelque chose de nouveau, qui tire la tradition vers la modernité. Au départ, des spectacles qui ressemblent fort à des galas. Puis, une forme nouvelle s’impose avec un spectacle. Désordres, est un tout. Ce ne sont plus des pièces ou extraits isolés que vous verrez au théâtre de Rueil, mais bien un spectacle pensé de bout en bout par l’équipe de Samuel Murez. Ce nouveau spectacle est complètement auto-produit et c’est un nouveau défi que s’est donné le danseur-chorégraphe. Il a loué pour 4 jours le théâtre André Malraux à Rueil-Malmaison. Cet été, il retourne au Jacob’s Pillow Dance Festival pour la deuxième fois. Toutes les dates là-bas sont pleines, les Américains en redemandent ! La qualité du programme n’est plus à démontrer, aux Franciliens de le découvrir ce week-end.

Avant la dernière de la soirée mixte à Garnier, rendez-vous avec Samuel Murez au restaurant de l’Opéra. Rencontre avec un artiste passionnant.

Désordres1

Comment passe-t-on de la danse classique à la création d’une compagnie ?

La danse classique st une forme qu’on a apprise depuis tout petit. On a appris comment doit être notre corps, dans quelle position doit être, qu’est ce qui se passe dans notre corps à ce moment là. Ce sont des idées qui sont ancrées en nous, très précises. Et en même temps, juste avec ces idées là, on ne peut pas faire grand chose d’intéressant. Il faut donc avoir une part de transgression et de folie, qui vont être nécessaires à la créativité. Une pièce avec que des règles et de l’ordre, c’est nul, le contraire, une pièce qu’avec de la folie c’est nul aussi.

J’aime le cinéma, la mise en scène. J’aime que tout soit impeccable pour faire un vrai spectacle avec des effets. C’est pour cela qu’est né 3ème étage.

De quelles contraintes partez-vous pour créer une pièce ?

La contrainte est justement tout le thème du spectacle ! Je joue sur le mot « désordre ». Des ordres et du désordre. Quand on travaille ensemble, au départ c’est très classique, assez virtuose et assez réglé. Après je questionne un peu tout cela, les habitudes, les attentes que l’on peu avoir. Les personnages que je crée évoluent et interagissent avec les danseurs. On arrive vers des formes moins ordonnées, mais cela peut être aussi dans le déroulement du spectacle, avec des parts d’improvisation.

La reproduction en danse ce n’est pas intéressant. Il y a toujours quelqu’un qui a fait mieux ou différemment. La chose qui m’intéresse c’est quand j’ai l’impression que rien n’est écrit et que l’interprète est en train de recréer quelque chose. Je travaille sur l’intention et sur l’effet théâtral.

Comment faites-vous pour mettre les danseurs dans cet état qui fait qu’ils puissent créer dans une chorégraphie écrite ?

Je travaille sur les effets. Je vais changer la musique ou la lumière ou même la chorégraphie jusqu’à ce que l’effet que j’ai en tête soit atteint. Il y a beaucoup de paramètres, il faut tout régler au millimètre, surtout quand on change de salle, qu’on n’a pas l’éclairage qui va bien, etc. Il y a donc forcément une part de liberté pour les danseurs, et cela permet qu’ils se surprennent eux-mêmes.

Qui sont ces danseurs qui sont avec vous dans cette aventure ?

Des artistes que j’admire beaucoup. Chacun à sa façon a du génie. Mais pas seulement parce qu’ils font bien des pas, ça ce n’est pas intéressant. Ils m’emmènent très loin. Pas tous par la même chose. Josua par exemple, c’est par sa précision, sa rigueur, sa pureté d’intention, de retenue. Ludmila, par son obsession du détail. Il y a des choses chez eux qui me touchent. Pour moi, ils sont différents. Ils ont quelque chose en plus. Takeru est un homme de théâtre, capable d’emmener toute une salle avec lui. C’est une vraie star, il fait vivre des personnages d’une façon extraordinaire. Il captive le public. Hugo sait quant à lui un rôle de soliste brillament.

C’est la première fois que le spectacle est auto-produit. L’intention est donc différente des précédents spectacles …

J’ai voulu faire quelque chose de différent. Je voulais être proche de Paris pour ce premier spectacle. Je veux amener un public différent. Le but c’est d’avoir une expérience différente de la danse. Quand on va voir un film, il y a tout un univers autour du film. Les trailers, les affiches, les bandes annonces, les rumeurs, puis vient le making off, les bonus. Les spectateurs interagissent avec cela. Dans la danse, ce n’est pas le cas. Je voulais donc que le public qui vienne ne débarque pas au hasard, juste pour aller au théâtre. Je veux faire naître la curiosité et l’envie. Je veux que la danse dialogue avec les gens de la société, pas qu’elle soit cloisonnée dans les 4 murs d’un théâtre. L’artiste d’aujourd’hui ne doit plus être dans sa tour d’ivoire, il doit s’ouvrir au monde extérieur. C’est pour cela que j’ai fait des bandes-annonces dans les cinémas, pour créer du lien avec le public, faire des conférences, faire une vraie expérience du spectacle.

Comment s’organise le travail de 3ème étage ?

On travaille dès qu’on a du temps de libre. J’y passe personnellement tout mon temps libre. Le matin, les jours off, les week-ends.

C’est un vrai travail de groupe. Je prends les idées de tout le monde. Je ne m’assois pas avec une feuille blanche. J’ai un groupe de folie, mon ingé son est formidable, les musiciens avec lesquels je travaille me font des créations géniales. Mon éclairagiste comprend tout de suite où je veux en venir. Je fais appel à des accessoiristes, des costumières. On travaille ensemble, toute l’année. On se connaît bien. Du coup, les situations qu’on vit ensemble, dans les moments nombreux que l’on partage peuvent se retrouver dans une pièce. Une galère, un moment de joie, peut donner quelque chose en scène. Chacun donne des idées. Il faut beaucoup de mauvaises idées avant de trouver une bonne. L’œil de chacun est intéressant.

Le groupe s’enrichit ensemble. Je crois que quelqu’un comme François Alu s’est beaucoup construit aussi grâce au groupe. Il a regardé le travail de Josua pendant longtemps. Il a écouté les nombreuses corrections. Le groupe laisse peut être le temps d’éclore des choses. A l’Opéra, cela va vite et moi je veux prendre le temps de créer. Une création peut mettre un an à se faire, si elle doit se transformer, de spectacle en spectacle, il faut prendre ce temps. Des fois, il y a des choses qui ne sont pas prêtes. Il faut essayer, refaire, reprendre, aller en plateau, travailler en résidence, réessayer.

De votre travail, on a vu des extraits aux Danseurs-chorégraphes. C’est un travail très abouti ou on sent une grande rigueur. Comment parvenez-vous à ce résultat ?

Je suis un obsessionnel du détail. Il faut que tout soit en place. La lumière, la mèche de cheveux du danseur au fond côté cour de la scène, la façon aussi de se placer dans la lumière. Tout cela est très important. C’est ce qui fait la réussite. Je suis très exigeant, mais je crois que mes danseurs le sont aussi par conséquent. Je leur demande beaucoup, je leur demande de chercher tellement loin, mais pour créer quelque chose qui soit digne d’eux.

Pour créer quelque chose d’intéressant, qui mérite d’être retenue par le public, comme ont pu l’être les Ballets Russes, il faut du temps, de la liberté, des gens créatifs, de la confiance.

Vos pièces sont très efficaces. On ne s’y ennuie pas et on reste captivé par les personnages, comme dans la pièce Le Rêveur. Comment concevez-vous la trame d’une pièce ?

Je suis aussi dans l’économie. Dans la danse, les gens ont l’impression que plus c’est long, mieux c’est. Mais c’est faux. Des fois on voit une bonne idée d’une minute et la scène dure un quart d’heure. La bonne idée devient de l’ennui car on l’a étirée. Au cinéma, on filme des heures, et puis on coupe pour arriver à 1h40. C’est sain narrativement. J’essaie toujours de réduire le temps. Je vois qu’une pièce fonctionne quand elle perd du temps et que les idées s’enchaînent sans longueurs. J’aime que les pièces soient compactes. Par exemple, Me2 a perdu une minute. Il faut jeter une partie, tout n’est pas bon dans ce que l’on crée. Je veux raconter une histoire aux gens, il faut qu’ils restent dans l’attente de quelque chose, comme quand on voit un film au cinéma.

Comment gérez-vous votre temps entre l’Opéra et ce projet ?

J’adore l’Opéra. C’est une maison extraordinaire. Elle n’a pas son pareil dans le monde entier par plein d’aspect. C’est un honneur d’être là, je ne le perds jamais de vue. Le projet est un autre investissement. Mais ce n’est pas contradictoire. Cela ne s’oppose pas. Au contraire. J’ai l’impression de faire vivre la tradition de l’Opéra avec ce projet. L’opéra m’a formé. J’ai appris à chorégraphier avec tous ces grands noms de la danse, que sans l’Opéra je n’aurais jamais rencontrés. J’y ai appris la rigueur. Je ne rejette pas cela, je prends du recul et je le questionne. Je crois que c’est aussi comme cela que les traditions vivent.

Désordres4

Désordres, un spectacle de Samuel Murez du 8 au 12 juin 2013 au Théâtre de Rueil-Malmaison

Lumières : James Angot
Son : Jérôme Malapert
Avec : Ludmila Pagliero, Josua Hoffalt, François Alu, Léonore Baulac, Takeru Coste, Laura Hecquet, Jérémy-Loup Quer, Fabien Révillion, Lydie Vareihles et Hugo Vigliotti.

Sunday in the park with George, théâtre du Châtelet

Pour la 3ème année, le Châtelet propose une pièce musicale de Sondheim. C’est à nouveau une belle découverte. Le compositeur qui remplit les salles à Broadway, propose une œuvre à la forte personnalité, tant grâce au texte qu’à la musique.

Sunday_b2

Sunday in the Park with George raconte un moment de la vie du peintre George Seurat, au moment où il a peint L’île de la Grande Jatte. Il peint sa maîtresse, Dot (point en anglais), au soleil, qui doit se figer sous la chaleur. George croque tous les passants du dimanche pour les installer dans son tableau. Malgré le mépris de Jules, peintre reconnu dans les salons officiels, Seurat commence à établir sa vision de la peinture. Harmonie, composition, lumière sont les maîtres mots de son art. Il fait valser les règles de la perspective traditionnelle, pour imposer ses couleurs et sa lumière. Avec son obsession du pointillisme, il réinvente les couleurs, comme les impressionnistes, non pas touche par touche, mais point par point. Ainsi la robe de Dot, n’est pas violette mais bien rouge et bleu. Le tout est une question d’équilibre. A force de son obsession pour obtenir les couleurs parfaites, George délaisse Dot, qui se détourne de lui, bien qu’elle attende déjà un enfant de lui. Elle se tourne vers un boulanger, moins passionnant, mais plus stable pour une vie de famille. George est tiraillé entre sa peinture et son amour pour elle, mais l’art l’emporte.
Au deuxième acte, on fait un bond en avant dans le temps. Cent ans après le tableau de Seurat, son arrière petit-fils, lui aussi artiste, se pose les mêmes questions sur son art que son aïeul. Une réflexion s’installe alors sur les principes qui doivent guider un artiste.

Sunday in the Park With George Acte I

La musique de Sondheim est comme la peinture de Seurat. En pointillé. Le moment sans doute où ce procédé est le plus audible est dans le solo de George « The hat ». Chaque note ressemble à une touche de peinture. Le poudrage de Dot dans l’atelier laisse aussi bien entendre cette unique note qui résonne tout le long de la pièce. Les chants ne sont pas mélodiques, dans le sens où vous n’en sortirez pas avec les airs dans la tête. Les notes se juxtaposent, en pointillés, puis forme un tout harmonieux.

La force de ce « musical » réside aussi dans le texte. Une réflexion s’installe tout au long de la pièce. En interrogeant son personnage principal, George, Sondheim met le spectateur dans une réflexion aussi vis-à-vis de l’œuvre. La constance des morceaux, pas toujours facile à mémoriser, oblige le spectateur à se mettre en position d’interrogation. La deuxième acte vient répondre à certaines questions. Si le tout est harmonieux, il en ressort quelque chose qui échappe et l’on ressort conquis tant par la musique, que par les échanges entre les personnages.

Sunday in the park with George dans l'atelier

La pièce est servie par une mise en scène d’une grande qualité. Le décor est fait d’une grande toile de fond courbée. Sur le plateau, il faut imaginer des disques tournant, sur eux-mêmes et entre eux. Au premier acte, sur la toile de fond est projetée l’île de la Grande Jatte, peinte par Seurat. Les arbres sont en volume sur le plateau et les personnages déambulent dans cet espace. C’est dans l’atelier de George que la mise en scène est al plus belle. Les toiles de Seurat suspendues prennent des couleurs à mesure que la toile avance. Les personnages s’animent la nuit pour chacun donner leur avis sur le travail de celui qui les emprisonne dans le tableau et les rend éternels. Le dispositif n’est jamais vain ni prétentieux. Il sert juste admirablement la pièce.

Les comédiens-chanteurs sont tous excellents. Pas d’ombre au casting, c’est très bien joué et admirablement chanté. Vite,il ne vous reste plus qu’une petite semaine pour vous y précipiter !

Plus d’infos et réservations, clic
Revoir la chronique de Youssef Bouchikhi, avec des images du spectacle, clic

Rencontre avec Laura Gravier Britten, comédienne
J’ai eu l’occasion de rencontrer la charmante comédienne Laura Gravier Britten. Franco-anglaise, du haut de ses 10 ans et demi, elle a tout d’une grande et rêve de scène pour l’avenir. Timide et humble, toujours le sourire aux lèvres, elle m’a raconté  quelques moments de cette aventure. Merci à elle et à ses parents pour l’autorisation de publication.

Comment t’es tu retrouvée dans cette aventure ?

J’ai passé une audition à l’automne. Je devais chanter une chanson du spectacle et j’ai lu un texte avec le ton, en anglais bien sûr.

C’est la première fois que tu jouais dans une comédie musicale ?

Oui. Je fais du chant, de la danse et du théâtre, mais dans un grand théâtre comme le Châtelet c’est la première fois. J’étais stressée avant d’avoir la réponse car j’avais très envie d’avoir le rôle. J’avais passé l’audition pour The Sound of Music, que je n’avais pas eue, donc là je le voulais. J’étais super heureuse d’avoir été choisie.

Comment s’est préparé le spectacle ?

On a commencé par travailler les déplacements sur le plateau. Ensuite on a travaillé le chant avec le chef d’orchestre et le metteur en scène.

Tu as chanté à la première du spectacle, comment te sentais-tu ?

Bizarrement, avant je n’étais pas trop stressée. Une fois sur le plateau, avec tous ces gens dans la salle qui nous regardaient, cela montait un peu. Heureusement, cela allait bien au niveau de ma voix.

Et puis je me suis bien préparée. On est concentré avec les changements de costumes, le maquillage, la coiffure. On est pris en main, donc on n’a pas trop le temps de penser.

Il y a eu une longue standing ovation à la fin des saluts. Stephen Sondheim était même sur scène.

Oui… j’étais super émue. J’ai ressentie une grande joie. A la fin, Stephen Sondheim est venue me voir. Il m’a serré la main et m’a félicitée. Je ne parlais plus, j’étais sur un nuage.

Comment se sont passés tes rapports avec l’équipe ?

C’était génial. Avec Elisabeth Baranes (en alternance), on était considéré comme des grandes ! On ne nous prenait pas pour des bébés. On discutait beaucoup avec les autres comédiens. Évidemment on était chouchouté. On a piqué plein de fous rires en répétition, c’était vraiment sympa de travailler comme ça. Le metteur en scène disait que de toutes façons, il faut une bonne ambiance pour faire du bon travail.

Pourquoi, conseillerais-tu ce « musical » à quelqu’un ?

Tout d’abord pour les décors ! Je trouve ça vraiment beau ! Ensuite pour l’humour de la pièce. Il y a des moments vraiment drôles, comme au début du deuxième acte, quand on est tous dans le tableau. Là on entend le public qui rigole beaucoup. Et évidemment la musique, même si elle n’est pas évidente au début. J’aime beaucoup la chanter. Mes copines ont aimé les deux Célestes, Dot et George.

Que retiens-tu de cette aventure ?

La bonne ambiance et l’envie de refaire des spectacles !

Rencontre avec Ludmila Pagliero et Josua Hoffalt

La semaine dernière, l’AROP proposait à ses membres une rencontre avec Ludmila Pagliero et Josua Hoffalt, jeunes étoiles nommées l’an passé. Récit de ce portrait en questions de ces deux jeunes danseurs.

Brigitte Lefèvre : Nous fêtons nos 300 ans. Le 11 janvier 1713, Louis XIV fondait l’académie nationale de danse. Et voilà nos deux nouvelles étoiles. J’ai une admiration pour quelque chose qui se fait à la Comédie Française, ils numérotent les sociétaires. J’aurais bien aimé savoir les combientièmes étoiles sont Ludmila et Josua. A l’Opéra, chacun sait qui je dois nommer, qui je n’aurais pas du, etc… J’ai été intéressée par l’artiste singulier qu’est Josua Hoffalt. Il a une personnalité très affirmée. Sa nomination était très attendue. Ce qui est évident c’est que Josua est porteur d’une nouvelle génération. Laurent Hilaire qui le préparait sur la Bayadère était heureux de voir l’enthousiasme que ça provoque.
J’ai une énorme admiration pour Ludmila. D’abord parce qu’elle vient de l’extérieur. Elle a un courage absolu. Elle a fait le choix de l’Opéra de Paris, en restant elle-même. J’ai trouvé formidable qu’elle danse Bayadère au pied levé.
Pourquoi avez-vous fait de la danse  ? Quel est votre parcours ?

Josua Hoffalt  : C’était un peu le hasard. Je faisais du tennis, de la gymnastique, du piano. Et puis je suis allé voir le gala de fin d’année d’une copine. J’ai trouvé ça nul. A la rentrée suivante, c’est ma grand-mère qui m’a inscrit au cours de danse avec mes cousines, avec qui je m’entendais super bien et du coup, ça ne me dérangeait pas si c’était pour passer du temps avec elle. J’avais 8 ans. On me rabâche (très humblement) que j’ai du talent. Je suis le seul garçon. Les cours ne sont pas hyper drôles. Cela ne me plaît pas forcément.
Puis, j’ai commencé à regarder des vidéos de Baryshnikov. En le voyant, je me suis dit que ça pouvait être sympa. Du coup, j’ai tenté l’école de l’Opéra. Cela se passe plutôt bien. Je ne suis plus le seul garçon. Mes camarades sont Vincent Chaillet, Alexandre Labrot, Emilie Hasboun, Laura Hecquet et Mathilde Froustey. Je suis resté 4 ans à l’école sans redoubler. Mon entrée dans le corps de ballet a été rapide. L’accès aux rôles est très motivant. Mes blessures m’ont servi. J’ai pris du recul, j’ai regardé les autres. C’est très instructif. Quand je suis devenu premier danseur, j’ai véritablement changé de métier. J’ai du répartir mes efforts différemment. Ma nomination est arrivée au meilleur moment.

Ludmila par Sébastien Mathé

Ludmila Pagliero : Au début, quand j’ai commencé la danse, j’étais déçue. La prof avait un bâton pour nos jambes, il n’y avait pas de piano. Je disais à ma mère que j’avais « besoin de m’exprimer avec mon corps » mais ce cours ne me plaisait pas. J’ai fait du jazz et là ça a été le bonheur. La prof est allée voir ma mère et lui a dit qu’il fallait que je fasse du classique. J’ai donc repris et après 3 mois, j’ai intégré l’école de danse du théâtre Colon. J’y suis restée 8 ans. Au début c’était dur, il y avait ds examens et moi je n’avais pas les bases. Je me faisais engueuler. Puis les félicitations ont commencé à venir, assez rapidement en fait. Le ballet de Santiago m’ a proposé un contrat à 15 ans et demi. C’était un peu la panique chez moi. J’étais triste de quitter ma famille, si jeune, mais tellement heureuse d’être sur scène. J’y suis restée trois ans, ils m’ont nommée soliste, ce qui était une façon de tester mes capacités. C’est un petit ballet, on danse toujours la même chose, il n’y avait pas de chorégraphe, pas de danse contemporaine. Du coup, je décide de partir à New-York, dans le but qu’un directeur me voit. J’ai passé un concours j’ai gagné le grand prix et l’American Ballet Theater m’a proposé un contrat d’un an. Dans le même temps, un ami m’a dit d’essayer l’Opéra de Paris. J’y suis allée, sans pression, parce que personne ne me connaissait. Je rentre chez moi. Et là dans la nuit, le téléphone sonne, l’Opéra me propose un contrat de trois mois. Il fallait que je décide tout de suite. J’ai choisi Paris. On dansait Ivan Le Terrible. Je me suis demandée si j’allais être renouvelée, on m’a dit oui pour la saison. J’ai travaillé beaucoup, beaucoup plus. J’ai observé beaucoup, j’ai été très humble. Je n’ai jamais senti que je perdais mon temps ici. C’est une maison où on ne s’ennuie jamais.

Question du public : Avez-vous suivi des études ? Quand fait-on le choix d’être danseur, plutôt que de faire des études ?

Brigitte Lefèvre : je vous rappelle que les élèves de l’école de danse suivent un cursus scolaire et que la plupart ont le bac.

Josua Hoffalt : J’ai le bac. Pour ma part, j’ai décidé de devenir danseur quand j’ai vu un documentaire sur Nicolas Le Riche. Je me suis identifié à ce mode de vie.

Ludmila Pagliero : En Argentine, c’est compliqué. Il n’y a pas ce que vous avez en France. J’allais à l’école l’après-midi, mais c’était tout séparé. J’ai du prendre la décision de faire l’école par correspondance. Ma mère était très angoissée pour cela. Je ne voulais pas arrêter mes études même si la danse c’était ma priorité.

Question du public : On parle beaucoup du tricentenaire de l’école de danse. Comment vivez -vous cet héritage ? Et comment vivez-vous l’héritage de Noureev ?

Ludmila Pagliero : Rudolf Noureev a laissé quelque chose de très grand pour le monde entier, pas seulement à Paris.

Josua Hoffalt : L’opéra ne se réduit pas à Rudolf Noureev. J’ai envie pour ma part, d’avoir notre époque, avec nos chorégraphes, nos créateurs.

Brigitte Lefèvre : C’est important d’équilibrer les propose. Je ne veux pas qu’on  enferme la génération actuelle dans ce qu’il y a pu avoir avant. Il faut garder de Rudolf la passion qu’il avait de la danse. C’est un héritage qu’il ne faut pas vivre comme un poids mais comme un élan et un choix. Ce n’est pas une obligation.

Ludmila Pagliero : Nous sommes des danseurs classiques et contemporains, dans notre corps et notre tête.

Josua Par Agathe Poupeney

Question du public : Quel conseil donneriez-vous à un jeune enfant qui voudrait faire de la danse ? Comment savoir si c’est une vocation ?

Josua Hoffalt : C’est sûr qu’il faut le physique, mais le mental est très important aussi. A 8 ans on est jeune, je ne sais pas si on peut déjà parler de vocation. Il faut s’armer, car c’est un métier très injuste.

Ludmila Pagliero : J’ai rencontré des petites filles parfois très déterminées. Il faut savoir que l’adolescence est un moment compliqué. Il faut avoir besoin de le vouloir. Il faut beaucoup de force pour ne pas souffrir.

Question du public : Ludmila, est-ce que cela fut difficile de se faire une place ? Vous sentez vous « attachée » à la maison ? Avez-vous l’intention de partir ?

Ludmila Pagliero : Cela a été difficile, mais pas simplement à l’Opéra. Je trouvais Paris difficile à vivre. J’ai eu des gros coup de blues. Je venais pour apprendre, ma place s’est faite petit à petit. Partie ? Si il n’y a pus rien à apprendre je partirais… mais aujourd’hui j’apprends et je ne m’ennuie pas à l’Opéra.

Brigitte Lefèvre : Un artiste est par définition libre.

Question du public : Avez-vous conscience d’être d’une génération différente ?

Josua Hoffalt : Oui bien sûr. Mais cela va vite, il y a déjà des plus jeunes, d’autres qui sont prêt plus tôt. C’est court en fait une génération.

Ludmila Pagliero : Il y a la responsabilité qui grandit avec le départ des générations précédentes. Mais on commence déjà à donner, à transmettre. On est en mouvement constant.