Adios l’étoile du Paradis

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© Blog à petit pas

Ce fut une soirée très très émouvante, drôle, dansante, espagnole, bref une soirée à l’image de son étoile, José Martinez. Tous les balletomanes de la capitale et les amis de José Martinez s’étaient donné rendez vous pour le voir faire des adieux officiels à la scène de Garnier, car en réalité il reviendra y danser dès la saison prochaine.

Dès l’arrivée dans le grand escalier, les troubadours et autres acrobates annoncent le programme : « Entrez Mesdames et Messieurs ! Venez voir le spectacle ! Soirée d’adieux de José Martinez ». Le spectacle fut truffé de références à José Martinez, à son Espagne natale. Les funambules crient lors du début du premier acte de s’approcher pour voir José Martinez qui fait ses adieux ce soir. Les tutus de répétition au divertissement du début du 2ème acte qui sont d’ordinaire noir et blanc, les danseuses sont cette fois ci en rouge et jaune.

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Et ce soir, bien sûr c’est José Martinez dans le rôle de Baptiste. Et c’est amusant de voir à quel point l’étoile chorégraphe s’est taillé un rôle sur mesure. Il est absolument parfait, les lignes mettent son corps en valeur. Quant à son jeu, les scènes de pantomime sont brillantes, les deux scènes de la chambre sont très émouvantes, est-ce parce qu’il danse avec sa partenaire favorite, Agnès Letestu? Agnès Letestu… ce soir elle avait mangé du lion ! Elle était belle, très à l’aise dans ses bottines, d’une complicité parfaite avec José Martinez. C’est une Garance pleine de délicatesse et très assurée de son pouvoir de séduction, qui ne se construit pas au fur et à mesure du ballet. Au contraire, plus l’amour la gagne plus elle doute de la frivolité de ses autres conquêtes. Sa danse devient plus fine à mesure, comme de la dentelle légère.

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La distribution de ce soir est parfaite. Que dire de Clairemarie Osta, une Nathalie si juste, avec une émotion retenue, une pudeur, qui fait d’elle la meilleure interprète de ce rôle. Vincent Chaillet est un Lancenaire si perfide et calculateur, qu’il fait trembler tout le monde sur la scène. J’aime sa façon d’utiliser tout son dos, pour s’imposer dans ce personnage de dandy. La moustache lui va à ravir. Florian Magnenet m’a coupé le souffle à chaque fois que je l’ai vu. Technique époustouflante, je suis sous le charme de ses sauts et de ce qu’il a accomplit dans ce rôle. Je l’imagine très bien dans un rôle de Basilio, quelque chose de très viril, avec de belles variations , pleines d’envolées.  Il est superbe en Frédéric Lemaître, tant dans la première période, qu’à l’entracte avec Charlotte Ranson (moment où j’ai dû ramasser la mâchoire de Palpatine, tombée sur le sol..) ou dans le ballet Robert Macaire. Son duo avec Sarah Kora Dayanova fonctionne très bien. Tous deux allient charme et séduction, pour le plaisir du public. Kora Dayanova est une ballerine, qui sait retenir ses mouvements, qui s’approprie la variation en y mettant son propre rythme. J’apprécie ses moments de suspension qu’elle installe dans le pas de deux ou dans ses passages en solo.

Yann Saïz en Comte, c’est l’accord parfait entre la rigueur et la maturité. Il assure dans ce rôle, pas si évident, hormis ce cri quand Garance part, qui je le répète est de trop.

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Le spectacle est une vraie réussite ce soir. Pas de couac de rideau (hier j’ai oublié de vous raconter que le rideau de scène s’est malencontreusement baissé lors du 2ème acte… le responsable a du s’en mordre les doigts…), tout s’enchaîne, jusqu’à l’apogée finale. La séparation entre Baptiste et Garance sonne comme une vraie déchirure. Difficile d’imaginer Agnès Letestu sans Martinez… La chute du rideau laisse place à une grande émotion et 30 minutes d’applaudissements chaleureux. Les ballons rouges et jaunes tombent du ciel. José Martinez semble très heureux, si heureux qu’il saute dans la fosse d’orchestre, puis va au parterre pour saluer le public. Son regard passe dans toute la salle, pour dire merci, pour partager ce moment avec tous. C’est un moment très fort, très beau et surtout plein de joie.

Mes mains tremblantes après tant d’applaudissements, je me dirige vers le grand foyer pour voir la remise de médaille. Bernard Stirn fait un discours peu écouté, il faut dire que tout le monde attend les petits fours… le champagne ça hydrate, mais ça donne faim. Brigitte Lefèvre prend le relais, en décidant de s’adresser prioritairement aux danseurs, mais là encore, les oreilles ont l’air peu attentives. Elle rappelle la carrière du danseur, ses grands rôles, lui remet la médaille de commandeur des arts et des lettres. En cadeau, il reçoit un siège de l’Opéra à son nom, à défaut d’une loge, il pourra toujours venir s’y asseoir… Et un costume signé Christian Lacroix, une sorte d’Arlequin, je crois, car le petit Rat est petit… et ne voit pas bien derrière toutes ces grandes personnes. José Martinez prend enfin la parole et le silence se fait tout de suite. Il remercie la ministre de la culture espagnole pour sa présence, il remercie bien sûr tous ses camarades. Il rappelle l’importance du plaisir sur scène. Il fait beaucoup d’humour, et la fête peut enfin commencer ! La soirée est à l’image du danseur, joyeuse, généreuse, inoubliable.

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© Agathe Poupeney /Photoscene.fr

  • Distribution du 15 juillet à 19h30

Baptiste : José Martinez
Frederick Lemaitre : Florian Magnenet
Garance : Agnès Letestu
Nathalie : Clairemarie Osta
Lacenaire : Vincent Chaillet
La Ballerine : Sarah Kora Dayanova
Le Comte : Yann Saïz
Madame Hermine : Caroline Robert
Desdemone : Charlotte Ranson

  • A lire

Le monde, Rosita Boisseau parle d’un retraité hyperactif

ResMusica, La tête et les jambes de José Martinez, par Marie-Astrid Gauthier

La Croix, Marie-Valentine Chaudon revient sur la carrière du danseur

Le Figaro, Ariane Bavelier José Martinez tire sa révérence

Et à lire sur les autres blogs, leurs impressions sur cette soirée : Blog à petits pas, Palpatine, Amélie Danses avec la plume, Joël Riou, Une saison à l’Opéra,
Cams danse opéra

  • A revoir

 

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