Troisième symphonie de Gustav Mahler de John Neumeier


Quel bon pressentiment j’ai eu ce jour de février où j’ai pris des places au parterre pour la première représentation de ce ballet. La semaine avait pourtant mal commencé.
Arrive vendredi. Dixième rang, comme le parterre est vide l’ouvreuse nous fait avancer. Je suis au centre on ne peut pas mieux voir. Suffisamment près pour voir les expressions des danseurs, suffisamment loin pour avoir le recul nécessaire pour voir la construction chorégraphique.

Entrée au répertoire réussie! Ce ballet est un enchantement pour les oreilles et pour les yeux. Neumeier nous emmène dans un voyage poétique. L’écriture musicale de la Troisième Symphonie est déjà un véritable poème. Mahler a utilisé une méthode ma foi assez romantique. Ainsi pour le premier mouvement, il s’est demandé ce que lui contait les rochers et a écrit la musique. C’est un véritable chant de la nature qui nous est offert.
Neumeier adopte la même méthode. La musique de Mahler est un medium pour discuter avec la danse. Neumeier et Mahler ont établi dans une véritable correspondance poétique.

Ce poème se décline en 6 mouvements (Hier/Été/Automne/Nuit/Ange/Ce que me conte l’amour). Je vais parler seulement de ceux qui m’ont particulièrement touchée et intéressée chorégraphiquement.
Le premier mouvement « Hier » est le plus beau. Trente-trois hommes sur scène. Ils sont posés là tels des cailloux. Trois hommes sont debout à l’avant scène. Ce monde immobile s’anime. Les gestes sont rigides, comme si ces corps étaient là, en boule, depuis des heures, les muscles ankylosés par l’immobilité. Peu à peu les mouvements se délient. Un langage chorégraphique se bâtit. Ce langage est unique, il est vraiment propre à Neumeier. S’entremêlent chorégraphies de groupe, duos et trios. Des portés absolument inouïs tant par leur nature que par leur conception. La distribution a été très bien pensée. Nicolas Le Riche, Karl Paquette (mais quand vont ils enfin le nommer étoile?!) Stéphane Bullion, Alessio Carbone et Jérémie Bélingard. Chacun de ces danseurs a une technique incroyable, mais chacun sait surtout interpréter à merveille les intentions du chorégraphe. « Hier » est la partie qui m’a le plus touchée surtout grâce à ses constructions à la fois chorégraphiques et scènographiques.

Le dernière partie offre un spectacle d’une grande sensualité. L’ange apparait à la figure principale. Elle et lui vont s’aimer durant ce court moment qui leur est offert. Clairemarie Osta m’a beaucoup touchée. Je l’ai trouvé très juste dans son émotion. Je pense qu’elle incarne très bien cette simplicité qui est celle du langage chorégraphique de Neumeier.
Simplicité qui n’est bien sûr qu’une apparence… Peut être que le fait que Neumeier soit là et ait assisté aux répétitions a contribué à une si belle interprétation de la part de tous les danseurs. Il me tarde de revoir cette Troisième symphonie car il semble qu’elle ait encore beaucoup à me révéler. Ce ballet parvient à nous emmener très loin, dans un poème musical sans cesse en mouvement qui n’en finit pas de nous toucher.

 

http://www.operadeparis.fr/cns11/live/onp/site/saison/ballets/ballets_details.php?lang=fr&event_id=2&CNSACTION=SELECT_EVENT

Musique Gustav Mahler
Chorégraphie, décor et lumièresJohn Neumeier

Mezzo-soprano Dagmar Peckova

13 mars 2009 à 19h30
Nicolas Le Riche
Clairemarie Osta
Delphine Moussin
Jérémie Bélingard
Stéphane Bullion
Eleonora Abbagnato, Karl Paquette
Nolwenn Daniel, Christophe Duquenne
Mélanie Hurel, Alessio Carbone

 

 

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