Yannick Bittencourt

Convergences Lac des cygnes

Du 11 mars au 9 avril 2015, l’Opéra de Paris présentera le Lac des cygnes dans la version de Rudolf Noureev. La première sera assurée par Emilie Cozette, Stéphane Bullion et Karl Paquette. Ludmila Pagliero dansera aussi ce rôle ainsi qu’Héloïse Bourdon. Ces grands ballets classiques sont l’occasion de donner la chance à des jeunes de danser, le temps d’une soirée ou deux le rôle de l’étoile. Ce sera le cas pour Sae Eun Park (distribuée le 9 avril) qui est sujet dans la compagnie. Yannick Bittencourt et Jérémy Loup Quer apprennent respectivement les rôles de Siegfried et de Rothbart. Hier à l’amphithéâtre, Elisabeth Maurin, menait la répétition du Lac des cygnes. L’ancienne étoile connaît bien le style Noureev (elle fut nommée étoile dans le rôle de Clara et dansa le Lac de nombreuses fois) et ce fut un délice de la voir expliquer et transmettre tout son art avec un large sourire.

Lac des cygnes

 

Benjamin Millepied arrive à 15h50, traverse la foule qui fait la queue pour assister à la répétition publique. Il présente la répétition, avec son style décontracté. Les danseurs entrent, ainsi que le pianiste et Elisabeth Maurin. La répétition du Lac des cygnes peut commencer. Les danseurs vont répéter le pas de 3 de l’acte III. La répétition commence et très vite, Benjamin Millepied intervient pour corriger les jeunes danseurs . Ce sont les prises dans le pas de deux qui intéressent particulièrement le chorégraphe. Pour lui « il faut toujours se mettre à la place de la fille ». Les mains doivent être élégantes, glisser dans celles du partenaire. Le placement semble aussi très important pour le chorégraphe. Il faut laisser de la place à la fille pour lui laisser l’occasion de s’envoler dans les sauts. Bref, il faut lui faciliter la vie pour la mettre en valeur. Benjamin Millepied se montre très investi, il est enthousiaste et veut tout corriger. Il prend la place du danseur pour montrer, n’hésite pas à refaire lui-même les pas. Dans une de ces interviews, il avait déclaré ne plus vouloir danser ; vraiment M. Millepied ? Il encourage ses danseurs et les félicite avec des petits mots en anglais qui font sourire l’audience.

Yannick Bittencourt et Sae Eun Park par Isabelle  Aubert

De son côté, Elisabeth Maurin transmet le style Noureev. Elle qui a travaillé au côté du maître explique le sens de la danse de celui-ci. Ainsi les bras de l’arabesque doivent exprimer une direction, vers Rothbart, ou vers Siegfried. Elle rappelle les intentions du chorégraphe, « Il faut que tu arrives comme une image » ainsi que sa chorégraphie « là c’est arabesque, puis fermer 5ème, il faut la marquer ». Avec beaucoup d’humour, elle règle les petites difficultés de chacun : « Dans ce pas de trois, on est 4 avec la cape ! ».

Après le pas de trois, on passe à l’entrée du cygne à l’acte II. C’est un passage délicat, car il faut maîtriser la pantomime qui raconte l’histoire de cette princesse prisonnière dans le corps d’un cygne. Quelques années auparavant, le public s’était délecté des explications de Patrice Bart, dans ce même amphithéâtre. Noureev a fait de la pantomime une danse raffinée, pleine de finesse. Qu’on comprenne ou non la pantomime, cette première rencontre doit être magique, électrique entre les deux danseurs. Sae Eun Park et Yannick Bittencourt dansaient pour la première fois ce passage et ils n’ont pas démérité.

Répétition Lac