Tamara Rojo

World Ballet Festival de Tokyo ( programme b)

Cette année, je passe mes vacances au Japon. C’est un rêve pour moi de découvrir ce pays. Je ne pensais pas alors aller au ballet (je pensais bien aller faire un tour au kabuki) mais la danse m’a rattrapée. Quand Naomi m’a proposé un billet, je ne pouvais pas résister. Après une longue balade dans le trésor agréable parc Ueno je retrouve Naomi devant le Tokyo Bunka Kaikan. Retour sur le programme B du 8 août.

Word ballet festival
Quand les Japonais organisent un gala, ils ne font pas les choses à moitié. Un programme alléchant, les plus grandes étoiles, un bon orchestre, bref on est loin du gala où les stars finissent par s’absenter et où la sono livre un mauvais son. La salle est pleine à craquer, le spectacle peut commencer.

Après une présentation du programme en musique, le premier pas de deux, Diane et Actæon, interprété par Viengsay Valdés et Osiel Gouneo, est un feu d’artifice de technique. D’ailleurs, chaque prouesse est chaleureusement applaudie par le public nippon. Il y a de quoi, surtout devant la coda, avec d’audacieux fouettés. Cendrillon, dansé par Iana Salenko et Vladimir Malakhov, ramène plus de féerie. C’est très élégant et délicat ; il faut dire que Iana Salenko a un port de tête somptueux et de beaux bras. Changement d’ambiance avec One for my baby (chorégraphie de Twila Tharp) dansé par Igor Zelensky.si la musique de Sinatra est distrayante, la danse l’est moins. C’est assez répétitif et monotone, comme une balade triste un dimanche après-midi. Je passe à côté de Peter Gynt : oui 11h de vol la veille ça fatigue un peu. C’est le très beau Dream Adagio de Raymonda qui me replonge dans un monde magique, avec une Lopatkina évanescente à souhait. Un paradigme de raffinement.

Les entractes sont minutieusement réglés, des horloges décomptent le temps restant. Mathias Heymann et Liudmila Konovalova ouvrent la deuxième partie avec le pas de deux de La belle au bois dormant. Comme à son habitude, l’étoile française semblait ne pas toucher terre tant l’on n’entendait aucun bruit lors de ses réceptions. Sa partenaire rayonne et le résultat est très réussi. Après cela, il y avait le très beau No man’s Land chorégraphié par Liam Scarlett. Au piano, Frédéric Vaysse-Knitter accompagne avec talent Alina Cojocaru et Johan Kobborg. Les lignes des deux danseurs se mêlant dans une atmosphère très sombre, les attitudes lassives laissent place à des portés très impressionnants. Un gala n’est pas un gala sans un Corsaire bien éxécuté. C’est chose faite avec Sarah Lamb, dont j’ai particulièrement apprécié les ports de bras et Vadim Muntagirov à la belle technique mais qui n’en fait pas des tonnes dans l’interprétation. Un mélange savamment dosé. Fan d’Oscar, pas de Béjart. Je reste toujours indifférente à ces Danses grecques malgré le charme certain de celui qui est aujourd’hui l’une des figures emblématiques du Béjart Ballet Lausanne. J’étais tellement passée à côté des adieux d’Aurélie Dupont (si, si) que je ne pensais pas être aussi émue en gala. Et bien, Aurélie Dupont et Hervé Moreau, c’est une alchimie certaine qui a su me donner des frissons. C’était très beau.

La troisième partie s’est placée sous le thème des amours passionnées. A part Les bourgeois, pièce de gala sans grand intérêt hormis celui de voir Daniil Simkin bondir toujours plus haut, les pas de deux amourachés se succèdent. C’est tout d’abord le tourbillonnant Romeo & Juliette de Kenneth MacMillan qui donne le ton. Remarquablement dansé par Iana Salenko et Steven McRae. Puis Alicia Amatrian et Friedemann Vogel dansent Légende de Cranko avec beaucoup de finesse et de subtilité. Comme dans Onéguine, la chorégraphie est une vraie dentelle, dont les chemins sinueux nous égarent pour mieux nous émouvoir. Le piano a sauvé La Dame aux camélias. Je n’ai pas aimé l’interprétation exaltée de Tamara Rojo, donnant beaucoup d’épaules comme pour prendre le dessus sur son partenaire. La jolie petite fable de Diana Vishneva et Vladimir Malakhov termine cette partie avec beaucoup de poésie.

La quatrième et dernière partie offre le moment le plus gracieux de la soirée, avec Ulyana Lopatkina dans La mort du cygne. Elle vogue sur la scène tandis que les notes du violoncelle font vibrer ses bras avec la plus grande finesse qu’il soit. Je ne sors pas de cette douceur et, par conséquent je passe à côté de Sylvia, malgré sa belle exécution par Silvia Azzoni et Alexandre Riabko. J’ai préféré la dame de Maria Eichwald à celle de Tamara Rojo : plus fine, plus subtile, accompagnée avec brio par Marijn Rademaker. Ce fut ensuite une joie immense que de voir Isabelle Guérin et Manuel Legris danser La Chauve-souris. Drôles, brillants, débordants d’énergie, ce fut un des moments les plus réjouissants de la soirée ! La soirée se finit en grandes pompes avec Maria Alexandrova et Vladimir Lantratov qui dansent comme il se doit le pas de deux de Don Quichotte.

Superbe moment que ce beau gala ! Je comprends mieux pourquoi les danseurs aiment tant se produire au Japon. Pas un bruit dans la salle, aucun téléphone sorti pendant le spectacle, des applaudissements généreux et une foule enthousiaste à la sortie des artistes. Merci à Naomi pour la place.

Nouvelles du 16 avril

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Chers amis lecteurs, je suis en vacances et c’est un grand bonheur, malgré le froid glacial qui est revenu sur la capitale. La semaine dernière, je suis allée voir ma dernière
Bayadère
avec Myriam Ould Braham et ce fut un très beau spectacle (CR à venir cette semaine ! si si !). Trop de travail tue et je n’ai pas pu aller au Palais de Tokyo comme je l’aurai souhaité.

J’ai assisté à la répétition publique de Roméo et Juliette qui fut vraiment passionnante. J’ai hâte de revoir le ballet.

Dimanche, après visionnage des discours politiques, je suis allée au cinéma voir Les Adieux à la Reine, mais j’ai été quelque peu déçue par ce film. La musique de Bruno
Coualis m’a horripilée pendant tout le film et j’ai trouvé que le scénario avait de vraies faiblesses. Les personnages ne sont pas très aboutis. La perception du temps et de l’information sont en revanche intéressante. Cela m’a donné envie de relire le livre de Zweig.

Cette semaine, L’histoire de Manon commence pour ma plus grande joie ! Entre temps je me suis fait un programme d’expos et de cinéma. Au programme, Beauté Animale, Helmut Newton, le musée de l’IMA, l’expo sur Vinci… Ah qu’il est doux d’être en vacances !

  • La sortie de la semaine

L’histoire de Manon commence cette semaine. Ce ballet inspiré du roman de l’Abbé Prévost (à relire impérativement !). Le ballet a été chorégraphié par Kenneth
MacMillan en 1974 pour le Royal Ballet. Il était alors directeur du Royal Opéra House. Sur la musique de Jules Massenet, l’argument se divise en trois actes. Au premier, Manon est en route avec son frère Lescaut qui veut la placer dans un couvent. Ils s’arrêtent dans une auberge et elle rencontre Des Grieux. Après avoir volé un vieux monsieur, Manon propose à Des Grieux de s’enfuir. Ils se retrouvent dans l’appartement de Des Grieux. Lors d’un absence de ce dernier, Manon reçoit M. de G.M. C’est son frère Lescaut qui l’a amené. Des Grieux est trahi. A l’acte II, Manon est à une fête chez Monsieur de G.M. mais reste tiraillée entre l’amour pour Des Grieux et l’argent. Pendant une partie de cartes, Des Grieux est pris en train de tricher, il s’enfuit avec Manon. La police arrive chez lui, et arrête Manon pour prostitution. Dans la course qui les a mené là, Lescaut, le frère de Manon, a été tué. A l’acte III, Manon a été expulsée en Amérique, pour prostitution. Le gouverneur de la colonie s’éprend d’elle et la veut pour lui. Il provoque Des Grieux en duel, et meurt. Manon et Des Grieux s’enfuient dans les marécages de Louisianne et Manon meurt d’épuisement dans les bras de Des Grieux. Il y a des places au guichet, n’hésitez donc pas à vous déplacer pour avoir des places. Pour ma part, j’irai voir cette semaine la séance de travail (mercredi), puis j’essayerai d’aller à la première, puis le 13, le 16 et le 13 mai pour les adieux de la danseuse étoile Clairemarie Osta.

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© Marco Brescla

Les 21, 24 avril, 10 et 13 mai.

Manon Clairemarie Osta
DesGrieux Nicolas Le Riche
Lescaut Stéphane Bullion/Benjamin Pech (les 2 dates de mai)
La Maîtresse de Lescaut Alice Renavand/Nolween Daniel
Monsieur de G. M. Stéphane Phavorin
Madame Viviane Descoutures

Les 23, 25, 28 avril, 2 mai

Manon Aurélie Dupont
DesGrieux Josua Hoffalt
Lescaut Jérémie Bélingard
La Maîtresse de Lescaut Muriel Zusperreguy
Monsieur de G. M. Aurélien Houette
Madame Viviane Descoutures

Les 26, 30 avril, 4 et 8 mai

Manon Isabelle Ciaravola
DesGrieux Mathieu Ganio
Lescaut Benjamin Pech, Alessio Carbone, Yann Saïz
La Maîtresse de Lescaut Nolwenn Daniel
Monsieur de G. M. Guillaume Charlot
Madame Amélie Lamoureux

Les 3 et 7 mai

Manon Agnès Letestu
DesGrieux Florian Magnenet
Lescaut Stéphane Bullion/Yann Saiz/Audric Bézard
La Maîtresse de Lescaut Alice Renavand/Aurélia Bellet
Monsieur de G. M. Stéphane Phavorin
Madame Viviane Descoutures

Les 9 et 11 mai

Manon Ludmila Pagliero
DesGrieux Christophe Duquenne
Lescaut Alessio Carbone
La Maîtresse de Lescaut Eve Grinsztajn
Monsieur de G. M. Arnaud Dreyfus
Madame Amélie Lamoureux
  • La directrice de la semaine : Tamara Rojo

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©Johan Persson

La soliste du Royal Ballet a pris la succession de Wayne Eagling. C’est un souhait qu’elle avait déjà formulé auparavant, en disant que après sa vie de danseuse, elle souhaitait prendre la direction d’une compagnie. A 37 ans elle va apporter un souffle nouveau, un répertoire et une vision de la danse à la compagnie.

A lire

The Telegraph Tamara Rojo named ENB’s new artistic director

Photos de Tamara Rojo dans ses principaux rôles.

London Dance Tamara Rojo Director in waiting

The Guardian Tamara Rojo to be artistic director of ENB

Ballet News ENB announces Tamara Rojo as its new Artistic Director

The Art Desk Tamara Rojo, prima ballerina, become ENB’s director

The Guardian Where will Tamara Rojo take ENB ?

BBC Tamara Rojo appointed to English National Ballet role

Dance Tabs Interview de Tamara Rojo

Site officiel de Tamara Rojo

  • En vrac

Réécouter L’air des lieux consacré à l’école de danse de l’Opéra de Paris diffusé hier à 16h.

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L’Arop a désormais une page Facebook ! On peut pour l’instant y trouver les photos de soirées de présentations, ainsi que les infos pratiques.

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Laurence Gallois pour Télé 2 semaines a rencontré Marie Agnès Gillot à l’occasion de l’émission La Meilleure Danse. Danses avec la plume aussi et c’est par ici.

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Dominique Hervieu chorégraphiera la prochaine comédie musicale de Sylvain Chomet.

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Pour voir le programme du défilé de la Biennale de la danse de Lyon, dirigée par Dominque Hervieu, c’est target= »_blank »>par ici.

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Le Figaro s’est intéressé à la nouvelle formule de Danser. On apprend que dans le prochain numéro de mai, il y aura une interview fleuve de Forsythe !

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French Morning s’intéresse quant à lui à la tournée de l’Opéra de Paris aux Etats
Unis
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  • Le bonus vidéo

Si vous avez raté la performance de Vincent Chaillet, Signe blanc, de Noé Soulier,  pour la pré ouverture du Palais de Tokyo, merci à Elendae de l’avoir filmée ! Voilà un joli dictionnaire de pantomime pour ceux qui ont encore du mal à suivre les gestes dans les ballets classiques !