Système Castafiore

Système Castafiore : Renée en botaniste dans les plans hyperboles

Renée dort dans du chloroforme. Elle n’est pas encore morte, elle est maintenue en vie. Le décor est blanc, des images sont projetées dessus. Un même discours est répété en anglais sur l’état de la patiente. Des hommes apparaissent, la lumière rend leurs visages invisibles. Sont-ils médecins ? Peut-être. Nous allons plonger maintenant dans le cortex de la jeune femme.

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« Qu’est-ce que je fais dans ton jardin? » Renée arrive dans un jardin, des créatures apparaissent. Renée danse au milieu de toutes sortes d’animaux, caméléon, oiseaux, et autres créatures peu identifiables. Les danseurs s’échappent des modules qui forment le décor, comme des haies bien taillées, et reprennent la chorégraphie où en sont ceux déjà présents sur le plateau. La danse est fluide, faite de bulles d’air. Le noir se fait sur les visages, place aux fantômes dont la jeune femme essaye de se souvenir.

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Les personnages parlent, en premier cette jeune femme. Elle essaye de se souvenir, de reconstituer le puzzle pendant ce temps de latence entre la vie et la mort. Mais rien n’y fait. La diction est ponctuée de gestes qui ne sont en rien du mime. Les voix sont retravaillées, ce sont des collages sonores. Elles viennent d’ailleurs. Les textes sont plutôt passionnants, ouvrent à une vraie réflexion, et pourtant petit à peu, il y a trop de choses sur la scène. Les arts visuels noient le propos, on se perd dans des images un peu vaines, bien que très bien montées, mais la fusion entre les arts ne se fait pas. L’émotion ne vient pas, et très vite on se lasse. La magie ne l’emporte pas, et on reste un peu coi devant ce spectacle qui pourtant promettait de belles choses. Un titre un peu long, qui perd le spectateur, malgré une belle danse et un joli fil rouge.

La page de Chaillot, clic

Merci à Youssef B. pour la place

Nouvelles du 1er octobre

La semaine dernière a débuté avec l’ouverture de la saison à Garnier. Les balletomanes étaient au rendez-vous, sauf moi, mais comme j’avais vu la générale, je me consolais largement avec une soirée canapé.

Mardi, direction le Théâtre de la Ville pour voir La Résistible Ascension d’Arturo Ui, pièce de Bertolt Brecht, mise en scène mythique d’Heiner Müller. Soirée magnifique, j’ai adoré la mise en scène, un pur moment de théâtre. Génial ! Martin Wuttke m’a complètement subjuguée, je crois que je n’avais jamais vu un tel jeu, une telle implication dans un rôle. Le travail sur le corps, sur la voix est hallucinant, on est fasciné par ce comédien. Compte-rendu à venir dans la semaine (je l’espère!).

Mercredi, détour par le musée Rodin pour une conférence présentée par la commissaire de l’exposition Rodin, la chair, le marbre. L’expo présente un parcours chronologique autour de cette thématique. On y voit l’évolution du sculpteur, qui commence par des bustes très traditionnels, qui vont peu à peu s’agrémenter de la technique du « non finito » où les visages semblent surgir du marbre, pour donner une autre illusion de la chair. L’expo a lieu dans la chapelle pendant que l’hôtel Biron refait peau neuve. Vous pouvez aussi aller faire un tour à Meudon, où se situe la maison de Rodin, qui fait aussi partie du musée.
Mercredi soir, retour à Garnier, où je retrouve Elendae, Aymeric et Laura Cappelle pour une deuxième soirée Balanchine. Je n’ai pas passé une aussi bonne soirée que lors de la générale. Agon est définitivement le ballet à voir dans cette soirée, car c’est celui qui a le plus de force chorégraphique.

Jeudi, je rejoins un ami pour aller voir le dernier film d’Alain Resnais, Vous n’avez encore rien vu. J’en ressors très mitigée, partagée entre l’objet cinématographique qu’il produit, qui n’est pas inintéressant, et certains ressorts, qui m’exaspèrent assez. La présence de Sabine Azéma m’est insupportable, elle surjoue, elle efface le rôle d’Eurydice pour en faire une femme hystérique. Je me serais concentrée avec bonheur sur le couple Anne de Consigny/Lambert Wilson. Ce que j’ai préféré c’est le film de Bruno Podalydès inséré dans le film de Resnais.

Vendredi, RAS. boulot, repos.

Samedi, journée sportive, pilates, danse classique. Puis je me dirige vers le théâtre de la colline pour voir la pièce d’Anna Rozière La Petite. Mon dieu que c’était mauvais. Nous avons tenu 40 minutes, moi et les copains collinards… Quelle angoisse ! Un texte dit par une voix off, répété par les comédiens. Un texte assez creux, sur cette petite, dont la mère est morte en couches, et elle, enceinte, dont le bébé ne grandit plus depuis le 5ème mois. Les comédiens hurlent, le texte aligne les clichés « oh je me souviens des cerisiers en fleurs »… N’est pas Tchekov qui veut ! Je vous la déconseille donc fortement !

  • Les sorties de la semaine

Direction Chaillot, pour découvrir Système Castafiore. J’avais manqué cette compagnie l’an passé qui était venu jouer un spectacle au Théâtre Sylvia-Monfort. Vous plongerez dans un univers complètement fantastique, aux lumières et à la mise en scène virtuelle, au milieu de laquelle Marcia Barcellos danse. Disciple d’Alwin Nikolais, on retrouve ces gestes, ces mouvements qui vous emmènent vers un instant de poésie. Les Chant de l’Umaï sera vous charmer. Trois dates, 4, 5, 6 octobre, à ne pas manquer donc.

Plus d’infos et réservations sur le site du Théâtre de Chaillot, clic.

Samedi soir, c’est la nuit Blanche à Paris. Cette nuit faire de nombreuses manifestations un peu partout dans la capitale, est souvent victime de son succès, et il y a beaucoup de monde, parfois trop. Allez, on prend son courage à deux mains, il y a souvent des choses agréables à faire. Déjà les quais de Seine sont piétons et on nous promet un éclairage des berges. Julie Desprairies propose une performance avec 200 volontaires le long des berges. C’est une chorégraphe qui s’interroge sur les liens entre danse et architecture. Le travail sera performé 10 minutes toutes les heures.
Pour rire un peu direction le Théâtre du Rond-Point où on vous proposera des séances de psy éclair, 2 minutes pour résoudre vos problématiques !
A Chaillot, il faut découvrir The Clock, Lion d’or à Venise, horloge de 24h qui montre des extraits de films, pour nous faire prendre conscience de l’illusion de la réalité et du temps. Sur l’esplanade, Paul-André Fortier dansera son solo 30×30.
Profitez de la vue du Belvédère au musée du quai Branly pour admirer la ville Lumière, puis filez voir des films d’animations de Motochimi Nakamura à la maison de la culture du Japon.
Quoi de mieux qu’un peu de lecture, allez donc écouter Proust au Musée d’art moderne de la ville de Paris. Véronique Aubouy a filmé des lecteurs lisant Proust. 105 heures de vidéos pour réentendre La Recherche.
Ensuite filez voir l’installation lumineuse Et Op ! au Palais Royal. cette installation gigantesque propose un parcours au cœur de l’œuvre. Cette œuvre ravira petits et grands. Toujours dans la lumière, ne manquez pas l’installation lumineuse Du Soleil dans la nuit, qui se trouvera sur le toit de la Samaritaine. Au théâtre du Châtelet, ne manquez pas le Light Movie, sorte de ballet de la lumière. On est dans de la peinture dansante, dans une réflexion sur le geste. A voir, cela doit être très beau, et captivant.
A la mairie du 4ème, Michel Blazy, présente une installation avec une mousse blanche. J’avais adoré ses caniches, je ne manquerai pas ce nouveau dispositif, car j’apprécie beaucoup sa réflexion sur la matière.
Pendant ce temps à l’amphi Bastille, on diffuse Die Nacht, puis le pianiste Jonas Vitaud proposera un récital de piano.
Il y tellement de choses à voir et à faire qu’on s’y perdrait. je vous conseille de faire une sélection et de vous y tenir, sinon, vous ne verrez rien. Tous les musées sont ouverts gratuitement à cette occasion. Cependant, je pense qu’il vaut mieux consacrer sa soirée à voir des installations, des projets ‘nuit blanche’, qui sont éphémères.
Pour vous aider à faire votre choix, voici le dossier de presse, clic

  • Le cours de danse de la semaine

Les danses partagées ont lieu ce week end au CND et comme toujours une étoile est l’invitée de ces deux jours. Jérémie Bélingard proposera donc un cours précédé d’un échauffement. Vous pourrez aussi vous initiez à d’autres styles de danse, avec Michel Kelemenis, Yuval Pick, Béatrice Massion ; l’occasion est de partager et d’échanger. Le soir, un petit spectacle présentera les créations des intervenants. Plus d’infos sur le site du CND, clic

  • News en vrac

C’est le magazine japonais Shinshokan Dance Magazine qui nous l’apprend et c’est la twitteuse Naomip qui nous relaie l’information, Aurélie Dupont fera ses adieux en janvier 2015 dans L’histoire de Manon. 

Dans la presse, Philippe Noisette consacre un article sur les pointes, toujours en vogue chez les chorégraphes, Marie-Agnès Gillot va beaucoup les utiliser dans sa création pour l’Opéra de Paris. Découvrez aussi la vidéo-interview de Marie-Agnès Gillot à propos de sa création sur le site de l’Opéra de Paris.

Fanny Gorse est en interview dans la fameuse rubrique Cupcakes and Conversation du site Ballet News.

Le Figaro s’interroge sur la succession de Brigitte Lefèvre. Entre anciennes étoiles ou chorégraphes venus d’ailleurs, le doute reste entier. Clic

Amis de l’AROP, il est temps de voter pour le prix de l’AROP.

Le Miami City Ballet a un nouveau directeur, Daniel Hagerty. A lire ici.

Ludmila Pagliero est l’étoile à suivre pour cette rentrée. Culturebox lui consacre un sujet ici, mais aussi Téléobs .

Réécouter la très bonne émission de France Culture consacrée à Dominique Bagouet, chorégraphe, c’est par ici.

Le 02 octobre la billetterie aux guichets ouvre pour la soirée Gillot/Cunningham. Sur internet, c’est pour Don Quichotte. Il risque d’y avoir la queue ! Prenez votre mal en patience.

  • Bonus vidéo

Vous reprendrez bien un peu de défilé ?

Droits photos : JMC, Karl Biscuit, CND, Capucine Bailly