Pierre Rigal

Soirée Paul Rigal Millepied Lock

Du 3 au 20 février 2015, le ballet de l’Opéra de Paris présente une soirée mixte avec quatre chorégraphies. Retour sur cette soirée vu à la générale et le 6 février.

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Il va falloir s’habituer aux soirées mixtes pour appréhender la prochaine saison à l’Opéra de Paris. Qu’est-ce qui fait du lien entre les chorégraphes convoqués lors d’une même soirée ? Souvent le style d’écriture, l’époque, l’origine, ou encore un même compositeur. Cette soirée mixte réunit quatre chorégraphes vivants. On ne peut pas dire que ce soit cela qui fasse sens dans la soirée. Néanmoins les pièces se répondent pas par la chorégraphie, mais plutôt par les choix scénographiques. La lumière est travaillée d’une manière particulière dans chaque pièce ; elle crée des espaces pour danser, les referme, cache ou montre les danseurs.

Dans Répliques, la lumière crée des effets de miroir. Elle isole peu à peu les quatre couples et transforme les corps en formes fantômatiques. La pièce de Nicolas Paul est parfaitement construite pour que l’œil du spectateur y voit les mouvements répétés et refletés dans les corps des autres. La pièce m’avait pourtant laissée un souvenir de complexité et de longueur, mais cette fois, sans doute parce que connue, elle m’a au contraire fait l’impression d’une belle lisibilité. Si l’exécution technique est difficile, c’est pour mieux rendre encore cette chorégraphie graphique. Les lignes des corps forment des obliques face au quadrillage de l’espace par les panneaux de mousseline et de la lumière. Dans les deux distributions, on retrouve des danseurs qui ont toutes les qualités pour une telle pièce. Chez les filles, j’ai particulièrement apprécié Letizia Galloni et Ludmila Pagliero. Leurs corps ont une fluidité sans pareille. Quant aux garçons, on admire leur puissance dans les portés et leurs dos dans les contractions du début de la pièce. Seul bémol de la pièce, la musique ; Ligeti n’est pas toujours aisé par son abstraction et ne se mêle pas facilement avec la danse.

Répliques Paul

Brigitte Lefèvre avait invité Paul Rigal à faire une création pour le ballet. Le titre Salut pouvait évoquer de nombreuses choses et me faisait rêver à des instants mystiques. Le rideau s’ouvre sur une scène jaune et un soleil lumineux. La pièce démarre avec une idée amusante : les danseurs saluent le public sur fond sonore d’applaudissements. Les danseurs sont comme des pantins, avec des mouvements très mécaniques. Quelques rires et applaudissements se mêlent au fond sonore qui se transforme peu à peu en musique électronique. De la lumière il y en a chez Rigal, mais le propos reste creux. Les tableaux se succèdent, le soleil change de couleur, le stromboscope nous laisse apercevoir quelques sauts, mais la scénographie ne fait pas tout. Côté chorégraphie, c’est assez pauvre. Les déshabillages et rhabillages semblent durer une éternité ; les courses à l’envers n’ont beaucoup de force dans cette semi-obscurité. Les danseurs semblent noyés dans ce marasme chorégraphique qui ne dit rien et dont l’esthétique est tout même assez vilaine. Le public s’est partagé en bravos et sifflets. Je suis vraiment restée à côté les deux fois.

Salut Rigal

Après l’entracte, on pouvait voir le pas de deux ajouté par Benjamin Millepied à cette soirée. Ecrit pour Aurélie Dupont et Hervé Moreau à l’origine, ce dernier s’étant blessé au bicep, il fut remplacé au pied levé par Marc Moreau. Sur une partition de Philip Glass, le pas de deux chorégraphié par Millepied, spécialiste es Pas de deux, marque par sa fluidité. Les corps s’enchevêtrent, se séparent, se rassemblent. Les deux artistes sont lumineux, c’est sans doute la force de la pièce. C’est joli et bien dansé, mais pas transcendant, ni mémorable.

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La soirée s’achève par la pièce magistrale d’Edouard Lock. Des cercles de lumières apparaissent et disparaissent sur le sol. Dans ces espaces lumineux, une danseuse apparaît, puis deux, puis trois. Habillées de tuniques noires au buste laissant deviner les poitrines, les danseuses débordent de féminité. Les longues jambes se dessinent, les bras rapides tranchent l’espace, les pointes font trembler le sol comme les doigts des deux pianistes sur les touches noires et blanches. Si il y a certes quelques longueurs, la pièce est sans conteste la plus forte de la soirée. Les pas de deux, pas de trois, et les ensembles s’enchaînent. C’est assez hypnotisant. Les hommes se montrent en costume noir et chemise blanche dans des danses pleines de virtuosité. La musique répond à la danse et les deux pianistes s’intègrent dans la chorégraphie. La pièce s’achève sur un pas de deux d’Alice Renavand et Stéphane Bullion majestueux. Les regards, la force de Stéphane Bullion face à la sensualité d’Alice Renavand, c’est tout cela qui prend le spectateur à la fin de ce chemin tracé dans les cercles de lumière. Les pointes vibrent sur le sol, les cheveux d’Alice Renavand se balancent. On est emporté dans ce tourbillon, qui laisse force et fragilité se confronter.

André Auria

Cette soirée mixte ne fonctionne pas très bien malgré une bonne pièce en ouverture et une excellente en fermeture. Au milieu, on oscille entre rejet et indifférence. Dommage car les interprètes ne manquent pourtant pas de personnalités. On attend de les voir dans d’autres pièces plus intéressantes.

Nouvelles du 26 novembre

La semaine dernière fut riche!

J’ai enfin fini mon Nancy Huston entamé depuis longtemps mais comme d’autres qui traînent à côté de mon lit. Résolution hivernale : arrêter d’entamer 4 livres en même temps!
J’ai vu le spectacle de Junior ballet classique au Cnsmdp. C’est comme à son habitude une soirée très agréable. Mon coup de cœur va très naturellement à la pièce de Kylian dansée avec un bel investissement. Un danseur tonique avec un maturité incroyable et une danse très fluide se démarque nettement des autres. Il fait penser à Hugo Vigliotti. Je vous en fait un compte rendu dans la semaine.
Ma soirée de mercredi fut magique et je ne peux qu’une fois encore remercier A*** pour ce moment unique. Direction le Silencio au 142 rue de Montmartre. J’avais manqué toutes les occasions d’y aller précédemment et là je ne pouvais pas manquer cela : Sharon Fridman dansait… Si vous ne savez pas qui est cet ange venu d’ailleurs, il faut relire ma chronique de cet été, clic. Le lieu est très beau, la déco faite par David Lynch nous fait entrer dans un univers onirique. Même le fumoir est un lieu agréable ! La salle de spectacle ressemble à une salle de cinéma des années 40 avec un arceau métallique au dessus de la scène. Après la performance d’une danseuse du cabaret des filles de joie, place au duo de danseurs. La proximité avec les artistes qu’offre la salle est unique. Sur le côté de la salle des miroirs reflètent la performance. Quel spectacle ! Une fois encore on entre dans cette danse qui allie grâce, fluidité et violence. Est-ce un combat? Font-ils l’amour sur cette musique entraînante? Cet écrin dans lequel ils dansent offre finalement une nouvelle proposition scénique. La scène devient ce nouveau décor remplaçant ainsi la structure amovible utilisée dans la pièce entière. La tension entre Sharon Fridman et Arthur Bernard est telle qu’elle crée comme une forme d’être qui émane d’eux. On est enveloppé par cette danse, envoûtée. A la fin on se réveille d’un songe. Personnellement, je serai bien restée endormie.

La déception de ma semaine dernière revient à Pierre Rigal et son Théâtre des opérations. Un décor très chargé, une scénographie qui cache à mon goût une chorégraphie répétitive dans laquelle je ne suis pas entrée. J’essaierai de finir mon compte-rendu dans la semaine, mais je ne suis pas enthousiaste, j’ai du mal à trouver mes mots.

La remise des prix de la danse Arop était quelque peu décevante, trop peu de monde, un buffet plus léger qu’aux prix lyriques, qui m’a laissé sur ma faim… Heureusement on trouve toujours un ou une balletomane pour bavarder. Ah si j’ai aussi craqué sur la robe noire Chanel de Charlotte Ranson, trop classe ! Ma chronique est à lire là, clic.

Ma deuxième grande émotion de la semaine revient à la pièce de Christophe Honoré, Nouveau Roman, en ce moment au Théâtre de la Colline. L’écriture, la mise en scène, la réflexion sur la littérature en font une excellente pièce que j’aurais bien revue si j’en avais le temps. Pour lire ma chronique, clic.

Allez, qu’est-ce qu’on fait cette semaine ? Let’s see !

  • Les sorties de la semaine

Ballet am Rhein s’installe au Théâtre de la Ville. La compagnie menée par Martin Schläpfer est une jolie troupe qui danse une nouvelle forme de néoclassique. Pour vous faire une idée, voici un petit extrait vidéo, clic.

Plus d’infos et réservations, clic.

Dans un autre genre, si vous avez envie d’aller voir du cirque, direction le Parc de la Villette pour voir Wunderkammer, de la compagnie australienne Circa qui saura vous charmer par ses acrobaties et son humour. Je vais découvrir ce spectacle pour ma part le 28 novembre.

Plus d’infos et réservations, clic

Toujours à l’affiche, ne manquez pas Don Quichotte de Noureev à l’Opéra de Paris.

A lire sur le ballet :

Le Monde, Rosita Boisseau, Un Don Quichotte au style torero bien cambré, olé ! clic.
Le JDD, Nicole Duault, Don Quichotte, le ballet de la chance, clic.
Classique News, clic
Les photos de Julien Benhamou de la distribution Froustey/Raveau, clic
Les photos d’Agathe Poupeney, clic.
Blog à petits pas, clic.
Danse Opéra, clic.

 

  • La photo de la semaine

Julien Benhamou continue son travail sur le portrait des artistes de l’Opéra de Paris. Voici Agnès Letestu, dans les sous-sols de Garnier.

  • En vrac

A partir du 28 novembre, il faut penser à réserver le Junior Ballet contemporain, clic. Attention contrairement au Junior Ballet classique, c’est une manifestation payante.

A lire sur Rue89, un homme qui teste un cours de danse classique, qui fait tomber ses clichés et qui a mal partout, clic. Autre article, la question des étirements après le sport pour éviter les courbatures, clic.

Repetto a donc dévoilé sa collection de prêt-à-porter. A voir ici avec les prix. A découvrir en boutique à partir du 5 décembre, amis cette semaine sur le net.

Quand M faut un happening dans le métro et que Nicolas Le Riche passe par là, clic.

  • La vidéo de la semaine : La fille du Pharaon