percussions

U Theatre, au Châtelet

U theatre est une troupe taïwanaise qui mêle percussions, danse et arts martiaux. Cette troupe protéiforme existe depuis 1988. Pour Liu Ruo-Yu, la fondatrice de ce collectif, «le spectacle vivant est une représentation de ce que l’existence a de meilleur». Les membres vivent de manière ascétique, dans des montagnes et pratiquent leurs arts quotidiennement. Un spectacle dont cette énergie positive se ressent avec beaucoup de force. Retour sur la première, ce lundi 14 septembre.

© Lin Shengfa

© Lin Shengfa

Le spectacle est une suite de tableaux, aux ambiances très différentes. On passe ainsi de grands moments de percussions, où les rythmes enivrent, à des instants très sereins, très lents, où le temps se suspend. Le tout est un voyage spirituel où l’on est absorbé par la vision de ces corps.

Les premiers tableaux donnent le ton : des vidéos servent de décors, où se succèdent des gouttes de pluie, des vortex ou des planètes. Le sol reflètent les corps, les jupes qui tournent, comme celles des dervishs turcs, les tambours ceinturés au dos des artistes. Les gestes sont minutieusement réglés qu’ils frappent avec énergie les peaux tendues des instruments ou qu’ils bougent avec la plus grande lenteur. Tout le spectacle est impressionnant de précision, tout est chorégraphié. J’ai beaucoup apprécié le travail des mains, d’une grande beauté.

Côté danse, le travail de tours est épatant. Le haut du haut utilise surtout les bras et l’avant du buste. Les pieds permettent des déplacements lents ou ultra rapides. On a parfois la sensation qu’ils marchent sur un fil ou sur une surface très fragile. La retenue dans ces tableaux lents vous suspend à la pointe des pieds des artistes. Cela est renforcé par les instruments à cordes et les voix qui semblent venir de très loin. Quand les danseurs s’envolent dans les airs, avec leurs grandes jupes blanches, du volume se crée. La danse change d’esthétique, elle devient comme plus libre et prend plus d’espace.

Il y a de très beaux tableaux dans ce spectacle, comme celui où des gongs descendent sur scène et où une dizaines d’artistes viennent les frapper. Les sons sont absolument incroyables, ils tournent dans la salle comme les hommes autour de ces grosses lunes d’or. La danse continue en tourbillon pour s’arrêter net, et repart dans une lenteur. Tout s’étire et se retracte, grandit  et meurt avec beaucoup de poésie.

© Hsu Ping

© Hsu Ping

Le U Theatre est au Châtelet jusqu’au 18 septembre, clic. Durée du spectacle 1h15